Les syndicats se jettent sur l'osselet que leur jette le gouvernement...
a écrit :Les syndicats dans l'expectative vis-à-vis du gouvernement
LES SYNDICATS DANS L'EXPECTATIVE APRÈS L'ANNONCE D'INITIATIVES DU GOUVERNEMENT
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PARIS (Reuters) - Jean-Pierre Raffarin a compris qu'il devait intervenir, se sont félicitées les organisations syndicales, tout en restant dans l'expectative après les initiatives annoncées pour répondre aux attentes sur le pouvoir d'achat.
Satisfaits sur la forme, les syndicats ont souligné dimanche qu'ils restaient vigilants et attendaient des "résultats concrets" non seulement dans la fonction publique - où le gouvernement est l'employeur direct de quelque cinq millions d'agents, toutes administrations confondues- mais aussi pour les 15 millions de salariés du secteur privé.
Pour autant, le mouvement social n'est pas complètement suspendu: la FSU et les deux syndicats lycéens appellent à nouveau à manifester contre le projet Fillon sur l'école mardi, jour où le Sénat commencera à débattre du texte de loi déjà adopté par l'Assemblée nationale.
"Il faut que ces annonces du Premier ministre soient suivies d'effets concrets. On fera le point après les négociations", a déclaré à Reuters le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly. "La suite de la mobilisation sera conditionnée aux résultats."
La suite du mouvement social "dépendra du contenu des propositions qui seront faites le 18 mars (pour le privé) et la semaine suivante (pour les fonctionnaires)", a-t-il dit à Reuters.
"La CGT reste mobilisée et va maintenir la concertation permanente avec les autres confédérations", a renchéri son secrétaire confédéral Jean-Christophe Le Duigou.
"La réunion de la Commission nationale de la négociation collective, le 18 mars, aura un caractère déterminant", a souligné l'économiste de la CGT, en insistant sur le fait que "les salariés veulent des améliorations immédiates de leur pouvoir d'achat".
"DÉBLOQUER LA SITUATION"
En donnant des gages aux revendications massivement exprimées dans la rue le 10 mars, sans renier sa détermination à réformer, le Premier ministre est néanmoins parvenu à enfoncer un coin dans le front syndical.
La méthode, à laquelle il a eu recours à plusieurs reprises depuis le conflit des retraites au printemps 2003, pourrait d'autant plus aisément faire retomber la pression sociale que plusieurs confédérations, CFDT et CFTC en tête, ont clairement pris position en faveur du traité constitutionnel européen.
"Les résultats passeront par la négociation. Il y a eu un temps pour manifester. On nous propose d'étendre les négociations - on les a dans la fonction publique, il faut qu'on les ait dans les branches professionnelles pour le privé - et c'est en fonction des résultats qu'on décide de la suite", a déclaré le secrétaire général de la CFDT François Chérèque, sur Europe 1.
"Il faut débloquer la situation. Une rallonge indiciaire, même si ce n'est pas obligatoirement un rattrapage de l'inflation, faciliterait les choses", a dit à Reuters Yves Missaire, secrétaire général de la fédération CFTC des fonctionnaires.
"On jugera de l'intérêt des propositions du Premier ministre au projet global qui nous sera présenté", a indiqué la secrétaire générale de la fédération CFDT, Marie-Claude Kervella.
"Nous serions prêts à discuter d'une évolution des grilles de la fonction publique si nous sommes certains que le gouvernement a la volonté d'aboutir", a-t-elle cependant ajouté, en souhaitant que "le gouvernement manifeste vraiment son intention d'aller au bout de la discussion et de déboucher sur un vrai projet".
Concernant la fonction publique, les syndicats se sont félicité du "recul" du gouvernement, qui a accepté de rouvrir des négociations salariales qu'il considérait comme closes en janvier.
La réunion salariale avec le ministre de la Fonction publique devrait avoir lieu le 24 mars, a indiqué ce week-end le cabinet de Jean-Pierre Raffarin aux organisations syndicales.
Pour le secteur privé, c'est pratiquement en même temps, le 23 mars, que Jean-Pierre Raffarin détaillera devant le Conseil économique et social son projet sur l'actionnariat salarial.
C'est aussi à la fin du mois de mars que devraient être définitivement votées les réformes sur l'école et sur les 35 heures, deux projets de lois qui ont servi de catalyseurs aux manifestations de ces dernières semaines et sur lesquels le Premier ministre a réaffirmé sa détermination.
De source syndicale, on indique que le ministre de la Fonction publique pourrait "proposer un effort sur 2005 avec une promesse sur 2006". Dans ce cas, le calendrier de ces revalorisations salariales serait primordial, pour éviter un "effet report" sur l'année suivante.
"Décider de mesures qui prendraient effet en fin d'année serait une erreur psychologique", a prévenu la CFTC.
"Nous, à FO, nous considérons que le gouvernement a de la marge car il y a eu neuf milliards d'euros de recettes fiscales supplémentaires" en 2004, a renchéri Jean-Claude Mailly.
Pour le secteur privé, les organisations syndicales ont déploré le "flou" des initiatives annoncées et ont souligné que l'intéressement des salariés aux bénéfices de leur entreprise ne peut se substituer à des revalorisations salariales.
"Les salariés veulent des améliorations immédiates du pouvoir d'achat et la réunion du 18 mars doit déboucher sur une augmentation rapide des salaires", a affirmé la CGT.
Le secrétaire général de l'Unsa, Alain Olive, a même douté de la volonté du gouvernement "de peser vraiment sur les entreprises privées".
Le Medef, qui réunit lundi son conseil exécutif, répondra "de manière argumentée" mardi lors de la conférence de presse mensuelle de son président Ernest-Antoine Seillière.
Mais la Confédération générale des PME (CGPME) a déjà fait savoir qu'il n'y avait "quasiment pas de marge de manoeuvre pour augmenter les salaires" dans les PME.