par Cyrano » 17 Mars 2005, 16:13
Un peu, beaucoup, beaucoup trop…
– Fernande: c'est une femme coquette, qui exprime facilement ses émotions. On ne dira jamais d'elle qu'elle est renfermée, au contraire: on dit qu'elle est extravertie. Elle lie facilement contact, elle est chaleureuse. Elle a une vie sentimentale et sexuelle épanouie. Elle n'a jamais fait de dépression et n'a pas du tout l'intention d'en faire. Elle est d'une compagnie agréable. voire même stimulante, même trop: parfois, OK, on n'aurait un peu envie de lui débrancher les piles.
– Mélanie ressemble un peu à Fernande, du point de vue du caractère. Mais il y a un je sais quoi chez elle agace, c'est une Fernande multipliée par deux. Plus qu'extravertie, elle est théâtrale. Elle a le contact facile, trop même. Elle est très chaleureuse, trop, parfois un peu étouffante. Elle a déjà fait quelques petites dépressions, s'en est sorti sans trop de mal.
– Thérèse ressemble à Mélanie, surtout par ses aspects déplaisants: Elle est très, très théâtrale, utilise plutôt les mots dans le sens le plus excessif. Elle a tendance à trop en faire, largement, pour se rendre chaleureuse. Elle a toujours un bobo que ça n'arrive qu'à elle, elle va souvent voir son médecin qui ne lui trouve rien… Elle est souvent dépressive…
On dira de Fernande qu'elle est épanouie. On dira de Mélanie qu'elle est sympa, que sa chaleur est un peu excessive, et que parfois elle a des problèmes. On dira de Thérèse avec sa chaleur si étouffante qu'on la soupçonne d'être factice, que c'est une femme névrosée.
Ce qui est imperceptible chez Fernande est déjà marquée chez Mélanie, et vraiment plus qu'évident chez Thérèse.
Peu, trop peu, pas du tout…
– Paul est un grand gaillard plutôt timide, plutôt rêveur. Il est d'un contact agréable, fort poli. On ne l'entend que très rarement élever la voix. Il est d'une compagnie agréable, il semble épanoui.
– Roger est un type bizarre: parfois on se demande si il est vraiment là, et il nous parle d'un truc qui n'a rien à voir avec la discussion. Il est plus que timide, il est craintif. Il n'a pas de relation sexuelle, du moins il ne semble pas.
– André ne parle pas, ne parle plus. Il semble voyager dans un monde imaginaire. Il est hospitalisé dans un hôpital psychiatrique.
On va dire que Paul est un type épanoui. On dira que chez Roger, ça ne semble pas toujours aller bien… On ne parlera pas d'André, on évitera le sujet, on a entendu un mot, genre "schizophrène", mais ça veut un peut tout dire et ne rien dire..
Ce qui n'est qu'un trait de caractère dont on s'accommode chez Paul, devient chez Roger un comportement fréquent qui met mal à l'aise. Et ces éléments se jouent à donf chez le pauvre André.
D'un bout à l'autre du baton
Dans chacun des deux exemples, on voit que c'est la même structure de personnalité dont il s'agit. Ce qui est faiblement marqué, devient plus manifeste, jusqu'à basculer dans l'excès. Un bout du bâton serait la "normalité": capacité à gérer des relations sociales satisfaisantes. L'autre bout du bâton serait la "pathologie" de sa capacité à être présent au monde.
Les deux groupes d'exemples ci dessus me donneraient presque envie d'aller vers une simplification tirée par les cheveux. Je vais écrire ça sous le contrôle du front unique psy qui peut prendre loisir à rectifier…
On aurait ainsi deux types de comportements présentant des structures de personnalités différentes:
Une structure de personnalité dirigée vers le monde extérieur, jusqu'à aller – si besoin est – vers la redéfinition de la réalité extérieure pour satisfaire aux exigences de sa réalité intérieure.
Une structure de personnalité dirigée vers le monde intérieur, jusqu'à s'y réfugier complètement, pour refuser la réalité extérieure.
La normalité…
Au milieu de tout ça, on a des structures de personnalités qui permettent d'avoir des relations sociales satisfaisantes.
On a à dépasser les influences résiduelles dans sa propre histoire personnelle; on doit divorcer des influences parentales, sociales, culturelles, et leur rendre la visite de bon aloi qu'il sied. On peut ainsi accéder à la conscience de soi, à une perception correcte de la réalité; On peut utiliser la spontanéité des émotions, des envies, dans un cadre social qui les limitera. On pourra alors vivre pleinement l'intimité: avoir une relation à l'autre sans vouloir l'embrigader de force dans nos compulsions personnelles.
On pourra choisir d'accepter ou de se rebeller.
Trois niveaux
Pour la commodité de la compréhension, j'aime bien présenter en trois niveaux, je remets donc ce que j'ai déjà écris:
Niveau 1 : Je fais des bêtises, mais bah ! on peut en rire entre amis… D'ailleurs, toujours le même genre de bêtises, de la petite compulsion : « Vous savez pas ce qui m'est encore arrivé hier ?…. bla-bla-bla »
Niveau 2 : Je ne sais pas pourquoi je me fourre dans des galères qui me bouffent ! Et pourtant, je devrais savoir, depuis l'temps… Là, j'en parle pas, j'ai pas envie d'en rire. Et peut-être vais-je en parler à un ami intime qui me conseillera d'aller voir un psy-quelquechose.
Niveau 3 : Ça ne peut plus durer ! Ça va mal finir cette pitoyable histoire qu'est ma vie. Ça finira à l'asile (je vous le disais bien que j'étais folle). Ou bien à la prison (je voulais pas la tuer, je l'aimais). Ou bien à la morgue (je préfère crever, je ne suis qu'une merde).
Mais qu'est ce qui nous agite donc, un peu, beaucoup, beaucoup trop?