"Le Manifeste" de la LCR

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par gipsy » 22 Mars 2005, 10:33

a écrit :Bilan d’étape de la discussion et du travail autour du Manifeste.



La discussion et le travail sur le Manifeste connaissent une nouvelle étape.

La première avait permis la confrontation de différentes contributions. La deuxième a été une étape d’élaboration collective du moins pour la majorité de la commission qui a abouti au texte publié avec nos amendements, base de départ de la discussion interne et publique.

Maintenant, le projet de la commission commence à prendre une forme plus achevée au moment même où s’ouvre la discussion publique sur un document, de fait, pour une part caduc.

Nos amendements dont les formulations n’ont pas eu le temps d’être suffisamment travaillées, visaient à permettre de cerner les problèmes et de mieux saisir le fil conducteur des divergences que nous avions dans le cadre de la commission. Ils ne visaient pas à discuter dans le détail le texte élaboré par la commission mais à délimiter les points essentiels autour desquels se déclinaient les divergences et que la discussion autour du plan, au tout début du travail, n’avait pas permis de cerner de façon explicite pour tout le monde.

Il apparaît aujourd’hui que le travail de la commission pose à beaucoup de camarades d’importants et légitimes problèmes politiques et que le Manifeste devra probablement être largement réécrit à l’issue de la discussion dans l’organisation.
Nous voudrions dans ce texte dégager les principaux problèmes politiques que pose sa rédaction actuelle et, en conséquence, les axes politiques autour desquels devraient, selon nous, s’orienter un travail de réécriture.

Il s’agit de cerner les divergences, pour faire en sorte que le contenu de la discussion, ses enjeux apparaissent en toute clarté à l’ensemble des camarades.

Il ne s’agit pas d’une discussion entre doctrinaires ou dogmatiques, mais d’une confrontation politique. Elle doit permettre à tous les camarades de saisir le contenu de la nouvelle période et des tâches qui en découlent, comme les enjeux du débat.

Il y a là aussi l’occasion de confronter nos compréhensions de la méthode du matérialisme militant, comme méthode de penser pour la lutte et l’organisation, et non de ratiociner quelques formules toutes faites à l’usage de secte gauchiste et, pour nombre de camarades, l’occasion de se l’approprier.

La discussion sur le manifeste est l’occasion de se réapproprier mais aussi de transmettre les acquis du marxisme en rapport avec notre activité pratique.

Nous voulons confronter, comprendre, apprendre, convaincre, encourager le débat.

Certes, il faudrait que l’organisation soit porteuse d’un projet dans lequel le contenu de classe, le rôle du prolétariat et la nécessaire rupture révolutionnaire soient plus affirmés que dans la mouture actuelle. Nous militons dans ce sens, mais ce travail de rerédaction n’est pas le travail d’un groupe face à l’organisation, il convient d’en faire la préoccupation de toute l’organisation. C’est la condition pour que la discussion soit féconde.



A) Ce que le Manifeste devrait, à notre sens, être



Le Manifeste tel qu’il est mis en chantier est un Manifeste anti-capitaliste, qui laisse planer une ambiguïté sur la question de la participation gouvernementale dans le cadre des institutions bourgeoisies et s’inscrit dans la politique dite d’alternative face à la politique dite d’alternance.

La différence d’appréciation qui est en filigrane de tout le débat peut se formuler ainsi : l’ensemble des raisonnements devrait s’inscrire dans la tradition du matérialisme militant, du socialisme et du communisme, c’est-à-dire dans la continuité de l’histoire des luttes de classe, des luttes d’émancipation. Notre programme est l’expression des conditions objectives de la lutte de classe dont nous sommes sujets et objets, objets en tant que prolétaires, sujets en tant qu’acteurs de notre propre émancipation.

Notre démarche s’inscrit dans une perspective démocratique et révolutionnaire, c’est-à-dire de rupture avec le système et ses institutions pour œuvrer à la construction, aujourd’hui du parti des luttes des travailleurs, demain, parti de la lutte pour le pouvoir des travailleurs.

Le parti est pour nous la forme organisée de la conscience de classe, c’est-à-dire de la conscience que les progrès de l’humanité appartiennent au travail et à ses luttes contre la propriété.

Nous sommes porteurs de l’hypothèse révolutionnaire, le Manifeste doit en illustrer l’actualité.

La nouvelle période qui s’ouvre fait de la construction d’un nouveau parti une tâche concrète et pratique qui ne peut se contenter de proclamations. Elle se réalisera à travers les luttes, les confrontations politiques afin de formuler une compréhension commune de la période et des tâches, pour reprendre l’expression de Trotski, ciment de nouveaux regroupements. Compréhension commune ne signifie pas pensée unique. Les divergences ne sont pas nécessairement figées, elles évoluent, se corrigent à travers l’action politique, les débats... Et au stade actuel de notre travail, il ne s’agit pas de formaliser les divergences mais de les définir pour permettre au travail collectif d’avancer. Du moins si chacun le souhaite.

Nous discuterons de la forme, du caractère  confus du plan comme de la rédaction qui sont liés au fond.

Puis, nous aborderons quatre points qui nous semblent aujourd’hui essentiels dans la discussion :

- définir la nouvelle phase de développement que connaît le capitalisme ;

- établir parallèlement la courbe de développement du mouvement ouvrier ;

- la question de la rupture révolutionnaire, l’attitude vis-à-vis de l’État et en filigrane la question du gouvernement ;

- le parti nécessaire hors des mythes inventés par le stalinisme mais aussi, pour le combattre, par le gauchisme.

Ensuite nous aborderons des questions plus délimitées comme la question de l’écologie, du féminisme, de la laïcité, de la police...



8) Des questions de formes liées au fond

Il y a un point sur lequel le plus grand nombre de camarades s’accordent, le Manifeste est difficilement lisible, voire franchement rebutant. Cette question de forme ne relève pas de la complexité des raisonnements mais bien plutôt du manque de cohérence interne du raisonnement comme de la confusion quant à nos références. Il manque le fil conducteur de la lutte de classe, analysée de façon historique et concrète.

Le manque de clarté de la démarche se retrouve en particulier dans la difficulté à articuler la démarche transitoire, la question du pouvoir, de la rupture révolutionnaire et de la démocratie. C’est ce constat qui nous a conduits à proposer une réécriture des parties 6 et 9. Mais la commission n’en a pas tenu compte.

Il y a sur la question centrale de l’Etat une divergence.

C’est un des points essentiels que le débat dans l’organisation devra éclaircir et sur lequel nous aurons à expliquer et argumenter tout en ayant en tête le besoin de donner aux formules un contenu concret.

De façon générale, la confusion résulte de la confusion qui règne autour de deux questions clés :

- A quoi sert le manifeste ? Le manifeste est-il simplement une "carte d’identité" de la Ligue, tendance d’un hypothétique parti large, ou bien formule-t-il la compréhension de la période et des tâches autour de laquelle se construira un nouveau parti révolutionnaire, construction dont la Ligue se considère aujourd’hui comme l’instrument.

Dans la première optique, le manifeste décrirait le meilleur des mondes souhaitables, nos propositions. Dans la deuxième, il s’attache à décrire les évolutions objectives qui sont les bases matérielles des transformations des consciences, terrain d’action du facteur subjectif, le parti.

- Quel parti voulons-nous construire ? ou quel programme pour quel parti ? Là aussi règne la confusion. Soit le parti de l’alternative contre l’alternance, débouché politique au service des travailleurs soit parti de la lutte de classe, de l’émancipation des travailleurs par eux-mêmes, aujourd’hui parti des luttes, demain parti de la lutte pour le pouvoir des travailleurs.

La confusion se résume dans la partie 10 dans l’idée d’une « nouvelle gauche », terme très ambigu  qui vise à établir un pont là où il s’agit de définir une rupture.

  Nous voulons démontrer que nous sommes la bonne gauche face à la mauvaise au lieu de démontrer que ce sont les raisonnements mêmes et les choix politiques de la gauche, c’est-à-dire au mieux, du réformisme qui ont conduit à la gauche des reniements, des trahisons, des capitulations sociales libérales.

Il n’y a pas deux gauches, la gauche sociale libérale et une nouvelle gauche réformiste, futur parti large dont la Ligue serait une tendance.

Nous sommes les militants d’une troisième gauche, la gauche révolutionnaire, dans le camp des travailleurs, acteurs de la lutte de classe, en rupture avec le réformisme.

Les confusions du manifeste viennent de là confusion qui règne autour de cette question.

L’étape de la discussion qui commence devrait permettre à l’organisation de s’emparer de ces questions afin de clarifier notre démarche.



C) Quatre points essentiels dans la discussion :

1) Prendre la mesure des évolutions libérales et impérialistes

Nous est posée la question suivante : les transformations sociales des vingt dernières années, et surtout depuis la fin de l’URSS, ont-elles mûri les conditions de l’émergence d’une société communiste, ont-elles aiguisé les contradictions du capitalisme, créé les conditions objectives d’un renouveau du mouvement d’émancipation humaine ?

Saisir ces évolutions en particulier du point de vue des rapports entre les classes, c’est aussi vérifier la fonctionnalité de la grille d’analyse du marxisme.

Notre critique de l’économie politique vise à mettre en relief les possibilités concrètes de transformation. On nous reproche volontiers une utopie morale, volontariste, le matérialisme militant en est tout le contraire.

Pour reprendre l’expression du Manifeste communiste « les conceptions théoriques des communistes... ne sont que l’expression générale des conditions réelles d’une lutte de classe existante, d’un mouvement historique qui s’opère sous nos yeux. »

La mondialisation, le libéralisme impérialiste, est une nouvelle phase du développement du capitalisme qui, en gagnant toute la planète, exacerbe ses contradictions comme jamais, en particulier celle, fondamentale, entre la socialisation de la production, sa globalisation, et l’appropriation par un nombre de plus en plus réduit de capitalistes.

Les écrits de Marx gardent une pertinence inégalée pour décrire ces contradictions. Ceux de Lénine aussi. Son analyse de l’impérialisme ne décrit certes pas les rapports capitalistes d’aujourd’hui, mais elle est le point de départ pour comprendre ces transformations comme leur continuité du point de vue de la logique de l’accumulation du capital. L’hégémonie américaine, le libéralisme combiné aux vieux rapports impérialistes de lutte pour le partage du monde, l’émergence des peuples opprimés ont bouleversé la face du monde.

L’ensemble des progrès technologiques qui permettent une mondialisation croissante des échanges matériels et culturels constitue l’infrastructure sur laquelle reposent, en dernière analyse, ces évolutions sociales et politiques.

Ces progrès s’expriment dans les progrès de la classe ouvrière, classe « mondialisée » qui n’a jamais été aussi puissante. S’affirme et se développe, en corollaire, une conscience internationale, mondiale, à partir de laquelle naîtra une conscience internationaliste, conscience de la communauté d’intérêts qui unit les opprimés.

Les besoins insatiables du Moloch financier, la concurrence exacerbée par l’entrée sur le marché mondial de pays comme la Chine ou l’Inde épuisent les forces productives et sapent les bases du réformisme qui étaient, à l’époque de l’impérialisme, constituées par les surprofits, fruit du pillage des peuples coloniaux. Les prolétaires sont mis en concurrence à l’échelle du marché mondial de la force de travail. Le réformisme voit ses bases matérielles se rétrécir.



2) le fil rouge ou la mémoire vivante des opprimés

Les années charnières de cette évolution, la décennie passée, sont dominées par l’effondrement de l’URSS. Ce n’est pas le développement capitaliste qui a triomphé de la bureaucratie. La bureaucratie s’est effondrée sous la pression de ses propres contradictions de caste dominante rêvant de passer de l’appropriation collective des fruits de l’exploitation à l’appropriation privée.

Une période s’est achevée. Elle fut ouverte par la vague révolutionnaire qui suivit la première guerre mondiale et la révolution d’Octobre. Son isolement dont la social-démocratie porte une lourde responsabilité, a enfanté le stalinisme, la contre-révolution. Le mouvement ouvrier vaincu par le stalinisme et le fascisme n’a pu diriger la deuxième vague révolutionnaire, la révolution coloniale, conséquence de la deuxième guerre impérialiste.

Le recul a été jusqu’à son terme au cours des années 90. En même temps, l’effondrement de l’URSS et le redéploiement libéral et impérialiste se conjuguent aussi pour créer et la nécessité et les conditions d’une renaissance du mouvement ouvrier.

Notre tâche est d’essayer de formuler les acquis politiques et théoriques des luttes du mouvement ouvrier que le mouvement trotskyste a permis, par delà ses faiblesses, de sauvegarder, préservant ainsi  le fil conducteur du marxisme révolutionnaire. Aujourd’hui, il s’agit d’unifier, de regrouper en donnant un contenu concret, dynamique et vivant aux idées du socialisme et du communisme.



3) L’État, la démocratie et la rupture révolutionnaire

Cette expérience a connu des moments clé où les contradictions accumulées ont convergé dans des crises révolutionnaires, dont les plus aiguës ont été celles de 1848, 1871 et 1917. Ce sont des moments de rupture où les forces montantes du travail c’est-à-dire du progrès et de la démocratie, se mesurent aux forces réactionnaires de la propriété. Une nouvelle conflagration de ce type est en gestation. C’est à elle que nous devons nous préparer.

La leçon que Marx et Engels tirait de la Commune a été confirmée, souvent cruellement, par l’histoire. La classe ouvrière ne peut se contenter de reprendre telle quelle « la vieille machine d’État », elle doit d’une part « éliminer la vieille machine d’oppression jusqu’alors employée contre elle-même, mais, d’autre part, prendre des assurances contre ses propres mandataires et fonctionnaires en les proclamant, en tout temps, révocables ».

L’État-commune, organe de la démocratie directe, à la fois législatif et exécutif, était « la forme enfin trouvée de la dictature du prolétariat », produit de l’expérience même des masses. Les soviets ont confirmé cette expérience à un degré supérieur.

La formule de dictature du prolétariat n’est plus adaptée au sens où elle renvoie inévitablement à la dictature sur le prolétariat que fut le stalinisme. Le contenu en reste d’une pleine actualité sous le règne omniprésent de « la tyrannie du marché ».

Et de ce point de vue l’emploi du terme autogestion ne décrit pas réellement notre démarche car il esquive la question centrale de l’Etat et du pouvoir. C’est à cela qu’il a toujours servi dans le passé, c’est pourquoi nous devons le récuser.

Décrire aujourd’hui la forme politique ou les formes politiques que pourra prendre la dictature des classes populaires sur le capital et la propriété n’est pas à notre portée. Il nous appartient de formuler les grandes lignes d’une démarche, c’est à dire de faire nôtre cette expérience et aussi d’affirmer la légitimité de la violence révolutionnaire pour rompre les chaînes, détruire l’État d’oppression, le démanteler pour soumettre ses services à la démocratie des assemblées populaires.

Si nous n’avons nulle raison de penser que la classe des salariés n’aura pas la force de mettre en place un suffrage proportionnel intégral, la prise du pouvoir comme son exercice dans la phase de bouleversement révolutionnaire s’appuiera inévitablement sur les formes de représentations directe des travailleurs sur les lieux de travail.

Et bien évidemment le nouveau pouvoir révolutionnaire prendra les mesures démocratiques autoritaires qui s’imposeront pour saper les bases du pouvoir économique et politique des classes parasitaires. Cela signifie qu’il nous faut souligner le fait que l’appropriation sociale signifie l’expropriation du capital financier donc la nationalisation des banques et du crédit, la fermeture des marchés financiers comme la nationalisation des multinationales.

Au cœur de notre programme y compris dans le plan d’urgence sociale et démocratique, il y a la lutte contre la propriété privée capitaliste. Aucune revendication ne peut être dissociée de l’objectif de limiter ses prérogatives, de lui imposer le contrôle des travailleurs, dans l’objectif de la supprimer.

Notons au passage que nous n’avons pas à craindre de dire que nous sommes pour une seule école publique et laïque, donc pour la nationalisation des écoles privées.

Le nouvel Etat sera l’instrument de la liquidation de la domination de la bourgeoisie pour instaurer le pouvoir prolétarien.

Sous cet éclairage, le passage sur la police, rédigé il faut dire tardivement et en marge du travail de la commission, souligne la faiblesse du manifeste sur cette question de l’Etat. Il n’est même pas question de mettre la police sous le contrôle de la population, encore moins de suppression de la police comme corps spécialisé, de la participation de l’ensemble de la population au tâche de maintien et de défense du nouvel ordre social.

Il n’est pas plus question de la justice, de son contrôle, non par l’Etat mais par la population elle-même, de sa gratuité, de l’élection des juges...

De la même façon, même si nous ne sommes pas en mesure de définir un plan de remplacement de l’armée bourgeoise, l’armée de métier, nous définissons la perspective de liquider l’armée permanente.

Nous reprenons aussi à notre compte l’idée de l’extinction de l’État, nous situons la lutte des opprimés dans la perspective de la disparition de la division de la société en classes.



4) Un parti des luttes d’aujourd’hui...... et de la lutte pour le pouvoir des travailleurs, demain

La perspective révolutionnaire est certes légitime mais lointaine, nous objecteront nos meilleurs amis, mais aujourd’hui, à quoi pouvons nous être utiles ? Il faut donner un contenu immédiat, pratique, accessible au plus grand nombre à notre programme.

Tel est ce que nous avons appelé le plan d’urgence sociale et démocratique. Il formule à partir des revendications et des besoins immédiats du monde du travail les perspectives pour y satisfaire en remettant en cause la propriété capitaliste et ses droits, en mettant en avant l’intervention de la population, sa mobilisation, son organisation pour exercer son contrôle sur les entreprises, les services publics et l’État.

Dans le cadre de la société capitaliste, nous sommes le parti des résistances et des luttes, un parti d’opposition du monde du travail.

Nous mettons les mains dans le cambouis dans les syndicats, les associations, en menant avec les travailleurs notre combat sur le terrain social et politique.

Aujourd’hui, cette question du lien entre les luttes sociales et politiques est au cœur des interrogations de bien des salariés confrontés au bilan de l’échec du mouvement du printemps 2003. Il n’y a pas de débouché politique dans le cadre du système et de ses institutions, par contre le mouvement ouvrier doit se donner les moyens d’intervenir sur le terrain politique, d’exercer sa pression, en toute indépendance des gouvernements quels qu’ils soient.

Faire prévaloir les intérêts des classes populaires, aider à leur regroupement, les éveiller à la vie et au combat politiques pour qu’elles assurent elles-mêmes la défense de leurs propres intérêts, en sachant qu’ils s’opposent fondamentalement à ceux de la bourgeoisie, voilà notre politique quotidienne qui trouve son contenu dans le plan d’urgence.

Il n’y a pas opposition entre notre objectif de transformation révolutionnaire et la défense quotidienne des intérêts de la population. Nous sommes révolutionnaires parce que nous savons que ces intérêts sont inconciliables avec ceux des classes dominantes et de leur État. C’est pourquoi aussi nous ne faisons confiance qu’à l’action organisée et coordonnée des travailleurs eux-mêmes.

C’est pourquoi aussi le plan d’urgence n’est pas une série de revendications pour répondre aux besoins les plus immédiats des classes populaires et pauvres, mais la formulation d’exigences qui débouchent sur la nécessité de s’attaquer au pouvoir économique et politique des classes dominantes, de les exproprier.

Comme nous militons pour les comités de grève, les assemblées de grévistes, les collectifs interpro pour faire vivre la démocratie, nous serons prêts à prendre toutes nos responsabilités dans un gouvernement des travailleurs, instrument politique de cette expropriation.

Il ne saurait être question de participer à un gouvernement qui ne serait pas l’émanation directe d’une puissante mobilisation remettant en cause la propriété privée capitaliste et son État et situant son action dans la perspective révolutionnaire des États-Unis socialistes d’Europe pour en finir à l’échelle mondiale avec le règne de l’aristocratie financière. 

Une des principales sources de confusion du manifeste est que la majorité prétend écrire la carte d’identité d’un courant qui se revendique de la révolution mais milite pour un parti large dans lequel les révolutionnaires seraient minoritaires et qui ne ferait pas du débat réforme ou révolution une ligne de démarcation.

Cette construction n’a aucun contenu concret, pragmatique si ce n’est le manque de confiance en nos propres idées.

Le Manifeste devrait tracer la perspective d’un parti révolutionnaire ouvert largement sur le monde du travail.



D) La différence de démarche se retrouve sur la question du féminisme, de l’écologie...

Ces quatre points essentiels définissent l’articulation du raisonnement qui devrait sous-tendre le travail de rédaction du manifeste. La logique différente qu’ils définissent se retrouve dans la façon dont sont abordés différents points comme le féminisme ou l’écologie pour prendre deux exemples. Ils ne sont pas intégrés dans une compréhension globale mais traités en quelque sorte comme des suppléments d’âme du manifeste.

La question du féminisme est posée hors de l’histoire du féminisme, de son développement parallèle et concomitant du mouvement social, hors des progrès réalisés dans le cadre même du capitalisme. Ce dernier aspect est abordé à côté si on peut dire dans la mondialisation et le féminisme. Il y a là un autre exemple des contradictions qui sont au cœur de la démarche du manifeste. Les évolutions objectives sont décrites à part, comme parallèlement à des positions idéologiques, formulées comme des principes hors de l’histoire, c’est-à-dire d’un point de vue moral au lieu de se situer du point de vue de la lutte de classe. Il s’agit d’intégrer le mouvement d’émancipation des femmes dans le mouvement des luttes de classes, c’est-à-dire des luttes d’émancipation de l’ensemble des exploités.

C’est, soit dit en passant, la seule façon d’aborder la question du voile et des rapports à l’islamisme politique, points sur lesquels la confusion du manifeste n’a, semble-t-il, pas trouvé d’autre issue que... l’impasse. La question de la laïcité évacue celle de la lutte contre les religions et l’obscurantisme pour s’en tenir à des positions démocratiques en deçà même du contenu radical de l’idée de laïcité.

On retrouve la même erreur de raisonnement à propos de "l’alternative écologiste". L’argumentation vise à démontrer que la question de l’écologie ne saurait s’intégrer à la question sociale et en fait un domaine spécifique, un nouvel impératif catégorique politique... Nous cédons ainsi du terrain à des préjugés réactionnaires. Il faut dire clairement que les questions que pose l’écologie concentrent les multiples conséquences des contradictions du capitalisme. La critique que fait l’écologie du mode de développement capitaliste s’inscrit pour nous dans la critique de l’économie politique du point de vue des classes exploitées. La critique du productivisme bourgeois est progressiste si elle prend pleinement en compte la question sociale et se situe du point de vue de l’émancipation des classes opprimés et du développement de l’humanité réconciliée avec elle-même et la nature.



E) La différence de raisonnement est en filigrane de bien des désaccords de rédaction.

Elle se retrouve, comme nous le disions en introduction de ce texte, dans bien des formulations.

* Dans la Première partie, par exemple, dés les premières lignes, le cadre en est posé par la référence au zapatisme "coup d’envoi symbolique" de la "renaissance des résistances" dont chacun conviendra qu’elle est au moins un raccourci. Cette référence indique une des causses de la confusion du manifeste, le souci de trouver un terrain commun avec le courant altermondialiste et ses illusions, ses modes. Au lieu de partir des réalités auxquelles l’ensemble de la société est confronté pour formuler notre propre analyse critique et tracer des perspectives pour le mouvement ouvrier, le manifeste recherche un terrain commun avec les confusions altermondialistes qu’il fait siennes.

* On retrouve la même démarche dans l’usage de l’expression « marchandisation généralisée de la force de travail ». La formule est radicale, mais elle ne met pas suffisamment en valeur une idée simple, le développement du rapport d’exploitation capitaliste, le salariat. Elle ne souligne pas que la critique de la marchandisation du monde passe d’abord et avant tout par la critique, que nous faisons par ailleurs, de ce rapport d’exploitation, clé de tout.

L’accentuation et l’extension du salariat, du rapport d’exploitation, est le contenu essentiel de la mondialisation libérale et impérialiste.

* On retrouve encore le même raisonnement dans la tendance (p.8 2eme para.) à faire de la mondialisation un nouveau démiurge responsable de tout en passant sous silence la responsabilité des gouvernements nationaux dans l’offensive bourgeoise, acteurs de cette mondialisation. La mondialisation est bien la mondialisation capitaliste, financière et impérialiste, elle est la résultante des luttes de classes. Cela nous n’osons pas le dire, sans doute par crainte de faire ringard.

Et, conséquence ou/et cause, il y a une surestimation des mouvements altermondialistes.

*Sur la question de l’indépendance, de la démocratie du mouvement ouvrier et des mouvements sociaux, il y a un angle mort de taille : le silence complet observé sur les bureaucraties syndicales. Il y a confusion entre mouvements sociaux et syndicats, l’idée que les directions syndicales ont des intérêts et une politique contradictoires avec ceux des salariés en lutte (cf. le mouvement de mai-juin 2003) n’est pas mentionnée. Il y a des analyses plaquées de l’époque de l’opposition au stalinisme, qui dérivent sur une idée fausse : nous semblons reprendre à notre compte l’opposition entre le travail syndical et le travail politique alors que ce partage des tâches est au cœur du raisonnement réformiste. Ce sont les réformistes qui opposent la défense des intérêts des salariés sur le plan syndical au débouché politique situé, lui, dans le cadre institutionnel.

Cette attitude est aussi celles des bureaucraties, à chacun son terrain !

Notre lutte pour que les travailleurs se réapproprient leurs propres organisations passe par la lutte contre cette conception que partage, par routine et conformisme, bien des travailleurs.

* la référence à « l’égalité citoyenne » est par trop répétée. Le manifeste reprend avec complaisance cette notion née d’une révolution du passé, révolution bourgeoise, en recopiant le discours du PC. Cette notion s’intègre parfaitement dans la politique réformiste du PC pour lui donner une légitimité qui se voudrait « universelle » dans le cadre des institutions républicaines.

L’histoire du mouvement ouvrier nous a appris à ne pas poser la question de la démocratie hors des rapports de classe. C’est pourquoi, comme le fait par ailleurs le manifeste, nous dénonçons l’hypocrisie de la démocratie parlementaire et bourgeoise, la fausse égalité citoyenne, ce mensonge démocratique qui masque l’inégalité de la propriété, du pouvoir économique et social.

Un progrès démocratique est un combat de classe, celui du travail contre le capital. Cette démocratie n’est pas citoyenne, elle est populaire et révolutionnaire.



En conclusion



Le manifeste devrait avoir pour fonction de formuler la continuité et l’actualité du programme socialiste et communiste, l’expérience accumulée du mouvement révolutionnaire y compris l’expérience récente. En particulier, nous ne pouvons fermer les yeux sur l’expérience du Brésil qui exige une clarification levant toute ambiguïté quant à la question gouvernementale et notre attitude à l’égard de l’Etat.

Il a aussi pour fonction de donner un contenu vivant et moderne aux références au matérialisme, aux notions de bases du marxisme, écrire la continuité du marxisme.

Cette tâche ne peut être accomplie qu’à travers un dialogue avec l’organisation.

Le marxisme n’est pas un dogme, notre programme une utopie, ils sont en résonance avec le monde tels le clavecin du Neveu de Rameau de Diderot.

Ils trouvent leur force dans l’histoire dont ils se nourrissent.

Le parti est cet espace de regroupement, d’échange, d’action, de confrontation à travers lequel s’opère cette résonance qui devient énergie, action, transformation...

Le travail collectif engagé autour de la question du Manifeste participe d’une nécessaire renaissance du marxisme, la science des luttes d’émancipation, en la dégageant des dogmes. Il s’agit de nous réapproprier la puissance subversive qu’avaient les idées du socialisme et du communisme avant qu’elles ne soient embaumées. Notre modernité, c’est la capacité à saisir le monde d’aujourd’hui du point de vue révolutionnaire plutôt que de venir sur le terrain des modes alter mondialistes, ou de ménager un nouveau réformisme sans avenir. Cela n’a pas pour corollaire le sectarisme, mais au contraire un débat large et public comme la recherche, chaque fois que c’est possible et nécessaire, de l’unité autour d’objectifs concrets.

Le débat qui s’ouvre dans toute l’organisation et publiquement éclairera les points de vue et devrait permettre leur convergence, afin de définir le projet qui nous réunit en surmontant ambiguïtés et confusion.

C’est dans cette démocratie vivante que nous trouverons la force collective d’affronter les préjugés réactionnaires, le conformisme de gauche, d’assumer avec fierté la continuité historique de notre combat, le trotskisme, dans le même temps que nous assumons nos responsabilités nouvelles.

Il appartient aux camarades de s’emparer du débat pour que tous ensemble nous soyons à même de refonder l’organisation, de prendre l’initiative pour être la force motrice de regroupement autour d’un programme démocratique et révolutionnaire d’émancipations sociale.

le 13/O2/05

Galia, Serge, Yvan
gipsy
 
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Message par gipsy » 22 Mars 2005, 11:04

Et dans le dernier numéro de convergences révolutionnaires:

a écrit :Le projet de Manifeste de la LCR : une déclaration d’amour aux altermondialistes

Mis en ligne le 7 mars 2005

La Ligue communiste révolutionnaire a soumis son projet de Manifeste intitulé « Le monde doit changer de base » au débat public. Convergences révolutionnaires entendant bien être partie prenante de débats qui peuvent avoir lieu au sein de l’extrême gauche, nous entamons donc la critique de ce texte - qui n’est actuellement, il faut le rappeler, qu’un projet en discussion dans la Ligue. Par ailleurs, une réunion-débat sur le sujet, organisée par la Fraction de Lutte ouvrière et la tendance Démocratie révolutionnaire de la LCR, a déjà eu lieu samedi 26 février.

Dans ce premier article nous ne pouvons évidemment qu’aborder certaines des nombreuses questions posées par un texte qui, en dépit d’affirmations répétées, se place, à notre avis, dans le cadre d’une orientation plus réformiste que révolutionnaire.
Quel objectif ?

Si l’on s’en tient à ce qu’annonce le « Mode d’emploi » du Manifeste, il s’agit de proposer au débat interne et public « ce qui devra être la carte de visite de la LCR pour les prochaines années ». A priori, évidemment, rien à redire à la volonté affichée de réactualiser l’exposé d’un programme politique. Reste à savoir quelle orientation ou réorientation politique cela traduit...

La « Résolution sur le Manifeste » adoptée par la Direction nationale de la LCR des 20 et 21 novembre 2004 est plus explicite puisque l’élaboration du texte doit, d’une part, « s’attacher à traiter les principales questions nouvelles [...] issues du mouvement ouvrier et du mouvement social de la dernière décennie » mais aussi, d’autre part, « être une contribution aux débats sur les fondements d’une nouvelle force anticapitaliste ».

Construire une « nouvelle force anticapitaliste » : c’est là en fait toute la finalité du projet. Le débat que la LCR entend lancer à son propos, par delà le contenu formel, devra donc bien porter finalement et essentiellement sur cette orientation, sur la nature de cette « nouvelle force » (révolutionnaire ou non, communiste ou non, prolétarienne ou non), tout comme sur l’existence hypothétique des prétendus « autres forces et militants intéressés à ce processus ». De ces forces sur lesquelles compte donc la LCR ou auxquelles elle entend s’adresser, le Manifeste se garde de faire l’inventaire comme la critique. C’est qu’il vise plus à les courtiser qu’à les convaincre de rejoindre le combat communiste révolutionnaire ; et ce n’est pas le moindre reproche qu’on puisse lui faire.
Du passé faisons table (vraiment) rase

Nous nous en tiendrons aujourd’hui à discuter du premier point. « Traiter les principales questions nouvelles [...] issues du mouvement ouvrier et du mouvement social de la dernière décennie » supposerait au moins, semble-t-il, d’abord d’identifier ces « questions nouvelles », ensuite de mettre en perspective leur nouveauté... ce qui implique en premier lieu de rappeler ce qu’elles n’ont pas de nouveau ! En d’autres termes, cela revient à inscrire cette discussion dans une filiation politique.

Or, si l’on se penche sur le projet à la lumière de ces quelques exigences, minimales mais légitimes, on est pour le moins désappointé ! Oubliés sinon rayés bolchévisme, trotskisme, les débuts de l’Internationale communiste, la Quatrième internationale et son Programme de transition, tout ce socle d’expériences du mouvement révolutionnaire sur lequel s’appuyait quand même jusque là, au moins formellement, la majorité de LCR pour s’affirmer communiste révolutionnaire. Pas un mot même de l’histoire, de l’évolution et de l’état actuel du mouvement ouvrier. Rien pour dire ce que, de tout cela, on projette de conserver ou rejeter. L’histoire et les problèmes du mouvement révolutionnaire auraient-ils commencé il y a 10 ans ? Avant, le néant ? On a évidemment le droit de balancer son passé politique aux oubliettes, mais le faire sans le dire, sans bilan, honteusement, représente tout le contraire de ce qui conviendrait à une véritable discussion sur les problèmes actuels et leur nouveauté supposée.
Altermondialiste, sans réserve ni discussion

Il n’est en fait presque question que de mondialisation et du mouvement altermondialiste. Assurément, l’émergence de ce courant et la place qu’il a prise, ou qu’il prétend prendre, « à la gauche de la gauche », est l’une des nouveautés de la dernière décennie. L’analyse de ce qu’il représente, d’une part, et de la politique du mouvement révolutionnaire à son égard, d’autre part, semblait donc s’imposer, au regard des prétentions du Manifeste. Mais cela n’est précisément pas discuté !

Le projet se contente d’égrener au fil des pages les mérites supposés, et souvent idéalisés, de la mouvance altermondialiste, sans jamais en discuter la nature et les limites, mais en en reprenant, de fait, les analyses les plus discutables.

On peut certes s’amuser à citer Bush en affirmant que « nous voici entrés dans l’ère de la guerre globale, illimitée dans le temps et l’espace », remplacer ainsi l’analyse par l’inflation verbale et sauter allégrement à l’affirmation selon laquelle « la lutte contre la guerre [...] doit constituer une dimension centrale et durable des mobilisations altermondialistes ». Mais est-ce cela traiter « des principales questions nouvelles » de notre époque ?

D’autant que, liée à cette prétendue nouveauté d’une « guerre globale » qui serait l’un des « aspects [...] d’un état d’exception permanent » (sic !), est posée la question de l’évolution des relations entre puissances impérialistes depuis la disparition de l’URSS et la fin de la guerre froide - autre changement profond de la décennie passée. On apprend ainsi que « Les États-Unis [...] contribuent de plus en plus [souligné par nous] à la construction d’un monde où l’exercice de la force nue devient la source prioritaire de toute légitimité ». Plus qu’au siècle dernier, celui des empires coloniaux et des guerres mondiales ? On nous permettra d’en douter. Mais l’exagération n’est là que pour pouvoir conclure qu’il en découle une « montée des rivalités [qui] fragilise le processus de mondialisation et peut donner des marges de manœuvre aux mobilisations altermondialistes et aux pays du Sud ».

Passons sur « le nouvel internationalisme » dont serait porteur l’altermondialisme et dont le « spectre », parait-il, « hante la mondialisation » ! Il nous semble pourtant que « l’esprit rebelle et solidaire » de Porto Alegre et « l’égoïsme glacé » de Davos ne sont pas aussi « rigoureusement incompatibles » que les rédacteurs du Manifeste se plaisent à le croire ! En tout cas Lula et quelques ministres (et ex ou futurs ministres) de bien des gouvernements bourgeois, qui courent d’un forum à l’autre, ne semblent pas s’en être aperçu. Et il n’est pas sûr que l’emploi répété du jargon de Toni Negri (Empire, avec Michael Hardt, 2000) - à coup de « croisades impériales », d’« expéditions impériales », de « militarisme impérial », de « guerres impériales »... - contribue beaucoup à éclairer ces notables altermondialistes égarés. Par contre, cela masque bien souvent une concession à des conceptions qui diabolisent l’impérialisme américain pour parfois mieux oublier les ravages des puissances impérialistes de seconde zone... dont la nôtre évidemment.
La démocratie au-dessus des classes

Concernant le rôle politique de la classe ouvrière, « le phénomène majeur », estime par ailleurs le Manifeste, « est [...] bien la “prolétarisation” d’une partie grandissante du salariat, y compris des paysans formellement propriétaires de leur exploitation, mais entièrement dépendants, de fait, des trusts agro-alimentaires et du crédit ». L’assertion elle-même est discutable, mais le problème ici est plutôt de savoir ce que les camarades déduisent d’une analyse identifiant le prolétariat comme devenu « largement majoritaire dans la population d’un pays » : c’est que « les conditions stratégiques du combat contre le capitalisme sont bouleversées par rapport à la Russie de 1917 ou la Chine de 1949 »... Certes ! Mais en conclure que « la lutte pour la démocratie “ouvrière” tend à exprimer l’aspiration à la démocratie de l’ensemble de la population » est aller un peu vite en besogne et oublier, surtout, combien les illusions démocratiques bourgeoises ont coûté cher au mouvement ouvrier, notamment dans les crises politiques de l’Europe des années 30... Le monde n’a pas commencé il y a dix ans !

À l’inverse reviennent régulièrement les thèmes des «  désillusions du XXe siècle, après l’effondrement des caricatures du socialisme » - les désillusions de qui ? - ou des « expériences négatives d’hier [dont] nous avons des leçons à tirer » - sans jamais préciser vraiment de quelles expériences on parle, quelles leçons on entend en tirer... sauf lorsqu’il s’agit de se démarquer à bon compte (puisque aujourd’hui plus personne ne le défend) du « despotisme bureaucratique [...] stalinien » qui « a constitué une trahison de la révolution, la perversion la plus absolue de ses valeurs émancipatrices ». Sans aucun doute, mais peut-on se contenter d’y opposer le fait que « la démocratie doit être au cœur du projet à refonder », sans discuter de quelle démocratie, dans quel État ?... et sans rappeler le rôle de trahison contre-révolutionnaire et sanglante de la social-démocratie au XXe siècle dont continue plus ou moins à se réclamer la gauche (que le projet de Manifeste nous demande encore de ne pas confondre avec la droite) - y compris une bonne partie de cette gauche prétendue radicale qui, sous les couleurs de l’altermondialisme ou non, prépare aux travailleurs qui auraient trop cru dans les valeurs de la démocratie bourgeoise les trahisons et les désillusions de demain !

Sans faire de mauvais procès, disons tout de même qu’on ne peut qu’être frappé par les trésors d’inventivité sémantique déployés par le Manifeste pour ne pas aborder de front un certain nombre de questions effectivement cruciales pour les révolutionnaires et le mouvement ouvrier, comme celle du caractère de classe de la démocratie, de l’État et du gouvernement, ou celle des tâches de la révolution...

4 mars 2005

Gérard WEGAN
gipsy
 
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Message par gipsy » 22 Mars 2005, 18:27

Qu'est ce que vous en pensez du texte de DR "Bilan d’étape de la discussion et du travail autour du Manifeste."?
gipsy
 
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Message par Barikad » 22 Mars 2005, 18:44

(gipsy @ mardi 22 mars 2005 à 18:27 a écrit : Qu'est ce que vous en pensez du texte de DR "Bilan d’étape de la discussion et du travail autour du Manifeste."?
ben j'en pense que ce texte, au depart, est un element du débat interne. Mais vu qu'il circule dèjà allègrement sur le net .... :whistling_notes:
A ce titre, il est difficilement lisible pour quelqu'un qui ne serait pas à la ligue...
Barikad
 
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Message par gipsy » 22 Mars 2005, 20:02

(Barikad @ mardi 22 mars 2005 à 18:44 a écrit :
(gipsy @ mardi 22 mars 2005 à 18:27 a écrit : Qu'est ce que vous en pensez du texte de DR "Bilan d’étape de la discussion et du travail autour du Manifeste."?

ben j'en pense que ce texte, au depart, est un element du débat interne. Mais vu qu'il circule dèjà allègrement sur le net .... :whistling_notes:
A ce titre, il est difficilement lisible pour quelqu'un qui ne serait pas à la ligue...
Ah? :blink: Pourtant je l'ai trouvé sur http://www.lcr-rouge.org!! :whistling_notes:
gipsy
 
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Message par Barikad » 22 Mars 2005, 20:41

(gipsy @ mardi 22 mars 2005 à 20:02 a écrit :
(Barikad @ mardi 22 mars 2005 à 18:44 a écrit :
(gipsy @ mardi 22 mars 2005 à 18:27 a écrit : Qu'est ce que vous en pensez du texte de DR "Bilan d’étape de la discussion et du travail autour du Manifeste."?

ben j'en pense que ce texte, au depart, est un element du débat interne. Mais vu qu'il circule dèjà allègrement sur le net .... :whistling_notes:
A ce titre, il est difficilement lisible pour quelqu'un qui ne serait pas à la ligue...

Ah? :blink: Pourtant je l'ai trouvé sur http://www.lcr-rouge.org!! :whistling_notes:

haaa, ok, j'ignorais qu'il avait été mis en ligne...
Faut dire que j'ai du mal a me faire à cette maniere de debattre interne/externe. :hinhin:
Bon, sinon, c'est un texte destiné au depart à la DN de la LCR, et plus particulierement à la commision "manifeste". Il date un peu, et depuis un certain nombre d'evenements, l'evolution du débat interne, font que s'il devait etre ecris aujourd'hui, certaines formulations seraient certainement tres différentes.
Ceci etant dit, sur le fond, je partage le point de vue des camarades. Et si je n'etais pas à la ligue, je pourrais tout à fait signer l'article de "convergence" :hinhin:
Barikad
 
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Message par Crockette » 23 Mars 2005, 11:03

C'est vrai que le texte contient bcp de verbiage, de nuances, et c'est un peu lourd redondant à lire.

Pas très motivant. Concerne plutôt les membres en interne. Vous présentez ça au peuple d'en bas, il en aura rien à cirer, c'est pas son problème principal actuellement.
Crockette
 

Message par Dabou » 23 Mars 2005, 13:32

A propos des lapins, il paraît que c'était une des occupations de Trotsky quand il avait du temps libre... Bande d'ignares :-P
Dabou
 
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