La psychologie évolutionniste

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Wapi » 28 Mars 2005, 13:31

je me permets de remettre ceci, qui concerne ce fil.

a écrit :J'attendais en fait shadoko pour qu'il nous explique cette histoire du théorème de gödel qui a donné lieu à plusieurs intérprétations contradictoires.

Je me demandais aussi, suite à la conférence, ce que la psychologie évolutionniste disait du père alors même qu'elle a mis en évidence une fonction maternelle dans le développement neurophysiogique de l'enfant avant et après la naissance...  C'est la question sur "la voix de la mère" et "la représentation de la voix de la mère" évoquée dans la première partie...


je rappelle également ceci :

a écrit :

Au treizième siècle, le roi Frédéric II d'Allemagne voulut faire une expérience pour savoir quelle était la langue "naturelle" de l'être humain. Il installa six bébés dans une pouponnière et ordonna à leurs nourrices de les alimenter, les endormir, les baigner, mais surtout.., sans jamais leur parler. Frédéric II espérait ainsi découvrir quelle serait la langue que ces bébés "sans influence extérieure" choisiraient naturellement. Il pensait que ce serait le grec ou le latin, seules langues originelles pures à ses yeux. Cependant, l'expérience ne donna pas le résultat escompté. Non seulement aucun bébé ne se mit à parler un quelconque langage mais tous les six dépérirent et finirent par mourir. Les bébés ont besoin de communication pour survivre. Le lait et le sommeil ne suffisent pas. La communication est aussi un élément indispensable à la vie.



il y a eu d'autres obervations depuis...

et que cela soit vrai partiellement pour d'autres animaux ne change rien à l'affaire.

de toutes façon on n'ira jamais vérifier si un petit humain confié exclusivement à une famille de chimpanzés mourrait ou aurait une petite chance de devenir psychotique...

Et comment croire qu'on pourrait dissocier absolument l'apprentissage du langage de celui des mots ?
Wapi
 
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Message par Wapi » 28 Mars 2005, 14:00



Disons qu'il n'est pas impossible que le petit humain élévé parmi les chimpanzés meure, du moins l'immense majorité d'entre eux, et pas seulement faute de soin mais de langage articulé en leur direction. Mais on fera pas l'expérience encore une fois, elle a déjà été faite... et même l'imaginer me fait froid dans le dos...

Je pense, puisque c'est le sujet, que tu as entendu parler de Spitz, qui est à l'origine du "maternalisme" hospitalier, et maintenant un peu extra-hospitalier.

a écrit :                                  René Arped Spitz
(1887-1974)

Sa vie

Psychiatre et psychanalyste d'origine hongroise, René Arped Spitz naît à Vienne en 1887 et meurt à Denver (Colorado) en 1974. Il fit sa carrière aux Etats-Unis où il poursuivit l'oeuvre de Sigmund Freud. Son approche est originale puisqu'elle associe les concepts psychanalytiques et les méthodes traditionnelles d'investigation psychologique et d'observation directe (baby-tests, enregistrements photographiques et cinématographiques, "leurres visuels" etc.).

Ses théories

Ses recherches ont porté sur la naissance de la vie psychique chez le nourrisson. Les stades de développement psychique décrits par Spitz sont assez proches de ceux de Piaget concernant la genèse de l'intelligence. Ses travaux réconcilient, pour un temps, psychanalyse et psychologie expérimentale. Seul l'âge d'apparition de ces stades selon les deux auteurs a été remis en cause par les recherches modernes.

Convaincu de l'influence prépondérante de l'environnement sur la croissance de l'enfant, Spitz a étudié les nourrissons placés en institution et a comparé deux milieux différents. L'un était une crèche pénitentiaire où des mères emprisonnées s'occupaient de leur bébé. Le deuxième était une pouponnière où les enfants, séparés de leurs mères, bénéficiaient de l'hygiène, de la diététique et des soins médicaux assurés par un personnel qualifié. Spitz fut le premier étonné des résultats. Le développement et la santé des nourrissons "de prison" étaient de loin meilleurs que ceux de la pouponnière, surtout lorsque ces derniers avaient vécu quelques mois avec leur mère avant le placement. Ces enfants dépérissaient sur les plans physique et intellectuel dans le cadre d'un véritable syndrome dépressif. Cet état, nommé "hospitalisme" est dû à la séparation précoce d'avec la mère et à son non-remplacement par un "substitut" convenable. En effet, si les besoins corporels des bébés étaient satisfaits, le personnel, trop peu nombreux, ne pouvait combler leurs désirs affectifs et sociaux.

Spitz montrait ainsi l'importance des relations intersubjectives initiales dans le développement du sujet. A partir de ces observations, les travaux de Spitz portèrent sur la "construction du lien objectal". Après une période où le nouveau-né ne fait aucune distinction entre lui-même et son environnement, le sourire intentionnel à sa mère ("premier organisateur psychique") marque le début de la reconnaissance de cette mère comme objet de son amour. Puis l'angoisse du huitième mois ou "peur de l'étranger" ("deuxième organisateur") prouve que l'enfant fait une différence entre ses proches et les autres. Enfin son premier "non" ("troisième organisateur") affirme son identité face à autrui.

Le stade pré-objectal du nouveau-né correspond au stade narcissique primaire de Freud. Le nouveau né vit dans un état fusionnel. Sa vie est végétative. Il ne différencie pas le milieu extérieur qui l'entoure de sa propre personne. Il ne distingue pas les sons qu'il produit de ceux qu'il entend du dehors. Cette perception confuse, non distincte des différents éléments environnants est appelée "syncrétique".

Il n'établit une distinction que vers 3 mois grâce à la maturation de son système nerveux et de ses organes perceptifs. C'est en effet à cet âge qu'il prend plaisir à gazouiller car il se rend compte qu'il a un pouvoir sur les sons qu'il émet, contrairement à ceux qui proviennent de l'extérieur. Le bébé ne perçoit le monde que de façon discontinue quand il est calme et motivé. C'est ainsi par exemple que l'énervement des cris de faim l'empêche de reconnaître le sein ou le biberon lorsqu'on le lui présente. De plus, le nourrisson ne reconnaît le signal de la nourriture que lorsqu'il a faim.

L'activité motrice est globale : ce sont les réflexes archaïques. Le rythme nycthéméral est gouverné par l'alternance faim-sommeil. Il y a entre la mère dont il dépend entièrement et lui-même une unité circulaire faite d'échanges dans les deux sens, appelée "dyade" dans laquelle la vie profonde maternelle constitue l'élément dominant.

A partir du 2ème mois, le bébé s'intéresse à ce qui bouge autour de lui. Il suit des yeux le visage humain qui tourne autour de lui. Le nourrisson passe progressivement d'une perception par le contact à une perception à distance.

A partir du 3ème mois, l'enfant acquiert le sens du relief, de l'espace en trois dimensions. C'est le bon moment pour fixer un boulier au dessus du lit afin que le nourrisson puisse à la fois regarder, toucher et écouter. La bouche est un moyen de perception, d'ingestion et d'exploration. L'enfant porte tout à sa bouche car c'est pour lui un moyen de connaissance.

Le stade précurseur de l'objet ou réponse par le sourire correspond au stade anaclitique de Freud.

Le sourire est le premier comportement actif, intentionnel du nourrisson. Ce sourire volontaire, le bébé l'adresse au visage humain, à condition qu'il soit mobile et composé d'un front, de deux yeux et d'un nez. Le nourrisson sourit au visage de face vers 3 mois. L'enfant reconnaît le visage de sa mère entre 4 et 6 mois.

Il y a la "bonne mère" et la "mauvaise mère". Le nourrisson les perçoit d'abord comme différentes avant de réaliser qu'il s'agit de la même personne. La "mauvaise mère" est celle qui refuse la satisfaction de ses désirs et envers laquelle il dirige son agressivité. La "bonne mère" est celle qui assouvit ses désirs et à laquelle il montre son amour. Progressivement, les frustrations deviennent supportables parce qu'elles annoncent une satisfaction prochaine. Ce renoncement momentané au profit d'une satisfaction ultérieure est à l'origine du principe de réalité.

La mère est donc le point de rencontre de sentiments opposés d'agressivité et d'amour de la part du nourrisson. Cette ambivalence est obligatoire et la mère qui essaierait d'éviter toute frustration à son enfant entraînerait un état de dépendance qui entraverait l'autonomie de ce dernier, en l'empêchant de prendre contact avec la réalité.

L'angoisse du 8ème mois et le début des relations objectales se reconnaissent facilement. L'approche d'un inconnu ou le départ de la mère déclenchent vers 8 mois de la part du nourrisson une réaction de crainte, de repli et de pleurs.

Dans l'apparition de l'angoisse, Spitz distingue 3 étapes :

le prototype physiologique des manifestations d'angoisse, simple état de tension ;
les réactions d'évitement, entre 4 et 6 mois, où l'enfant peut exprimer la peur dans une situation qu'il connaît déjà pour l'avoir vécue un certain nombre de fois et dont il a enregistré le caractère désagréable ou douloureux ;
l'angoisse du huitième mois, perception intra-psychique spécifique.
La perception du "Non" est l'étape suivante. Dès que l'enfant sait marcher, il se trouve confronté à un grand nombre d'interdits et les "non" se multiplient. L'enfant se trouve alors dans une situation délicate : il est écartelé entre son désir et l'interdit frustrant, entre son amour pour sa mère et son agressivité. Il adopte une solution de compromis et s'identifie à l'agresseur.

C'est l'âge du "non", lequel est support de l'agressivité. En secouant la tête, l'enfant indique à l'entourage qu'il est capable de juger, de nier, d'exercer sa volonté, affirmant ainsi sa personnalité.

Ses principaux ouvrages

De la naissance à la parole. (La première année de la vie) P.U.F., éd., Paris, 1968
Le Non et le Oui. P.U.F. éd, Paris, 1962
Wapi
 
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Message par Wapi » 28 Mars 2005, 14:50

[quote=" "]
sinon, il y a deux choses dans "l'hospitalisme" dont tu parles...le retard des enfants est il du au fait que la mere n'est pas la personnelement pour s'occuper de l'enfant ou au fait que les personnel qui s'en occupent ne consacrent pas assez de temps à les caliner et à leur parler.... [/quote]

Si tu as bien écouté la conférence, il y a beaucoup de choses sur "la voix de la mère", et la "représentation de sa voix" ... pré et post partum...

les travaux de spitz doivent être réactualisés, mais il a encore une fois mis le doigt sur quelque chose d'essentiel : l'importance du langage maternel a présent démontrée scientifiquement par la psychologie évolutionniste.

ceci ne devrait pas surprendre un évolutionniste tel que toi...reste à trouver une place pour le père là dedans ...

Pour l'histoire, ce sont les constatations de Spitz qui ont fait rentrer les mères à l'hôpital, dans les services de neo-natalogie par exemple, pour le plus grand bien des enfants... Une avancée médicale considérable...

Personne ne remet en cause à présent l'hospitalisme tel qu'il l'a formulé.

Cela ne veut pas dire que toute "substitution" de la mère par un ou des tiers n'est pas possible, ou qu'elle provoque nécessairement un trouble du développement, mais l'enfant a un très fort besoin au moins de la voix de sa mère, au delà du soin et de l'alimentation, et qu'il est même "programmé" pour cela pendant la gestation de sa mère. Car celle-ci est déjà, à travers sa voix (et donc sa parole) dans la "représentation" de l'enfant même pas né... si c'est pas de l'inconscient tout cela...

Il y a donc bien à l'origine une "fusion" entre l'enfant et sa mère, et une séparation plus ou moins progressive de l'un et l'autre, réelle et "représentée"...

D'où la nécessité de parler, de se parler pour faire circuler les représentations....
mais c'est un autre point.
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Message par Wapi » 28 Mars 2005, 16:02

[quote=" "]
mais je dois etre un pere dénaturé.....[/quote]


Oui... comme tous les pères depuis plusieurs dizaines ou centaines de milliers d'années... mais surtout c'est pas grave.
Wapi
 
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