million dollar baby

[Valiere]

Merci Canardos, j'ai retiré...

[Kane]

Personnellement je pense qu'il s'agit d'un très grand film, tout simplement, à placer directement aux côtés de "Impitoyable", "Bird" ou "Un Monde Parfait"... si l'on devait parler d'un défaut sur la représentation de la famille, il s'agirait surtout d'un certain manichéïsme dans sa description... justifié dans l'optique de l'histoire, ce besoin de combattre et de se livrer de l'héroïne face à cette vision sordide de l'amérique. Comme il a été dit : ça existe et il y a même probablement bien pire ! :ph34r:

Les personnages du film sont fouillés, complexes, avec des respirations comiques parfois (si, si) et une morale à contre courant des beaux films lénifiants habituels sur le rêve américain... mais comme les autres, je ne pourrai pas continuer sans donner des indices sur la dernière partie (bien qu'à mon avis, l'information se soit déjà bien répandu). :boxing:

Cela dit, ce film est un prolongement des précédentes productions de Clint axée sur le thème de la filiation (ici, l'héroïne remplace la fille de Eatwood) et sur le deuil (Easwood remplace le père de l'héroïne) : finalement pas si éloigné de "Mystic River", "Sur la Route de madison", "Impitoyable", "Un Monde Parfait", "Honkytonk Man", "Josey Wales Hors la Loi", "Breezy"... on peut y voir aussi les thèmes du rêve américain (la vision d'une amérique rutilante mise à mal), de la vengeance (sur la vie) et le mythe de "l'homme de nulle part" ressurgir brièvement (mais ne dévoilons rien). :w00t:

Sur la filmographie de Eastwood... dans la vie, l'homme est décrit comme républicain, limite réactionnaire, mais pour avoir lu pas mal de trucs sur le bonhomme, je pense que comme ses film, c'est plus compliqué que cela (sans faire people, des relations houleuses avec une de ses propres filles peut expliquer le thème de la filiation de plus en plus approfondi). :wacko:

Après avoir été traité de facho par la critique pour "L'inspecteur Harry" : oui, c'est un très bon film, très efficace qui n'a pas vocation d'être autre chose qu'un divertissement. Alors oui, les critiques de l'époque l'on pris au premier degré, à cause du succès (forcément suspect) et de la starisation de l'acteur (encore plus douteux alors que les précédents Western Spaghetti pouvaient tout aussi bien être considérés comme moralement discutables). N'oublions pas que le second épisode de la série Harry demandé par Easwood lui-même racontait son combat contre un escadron de la mort policier (écrit par Cimino futur réalisateur de "Voyage au bout de l'enfer")... :huh1:

Mais la réputation s'est accrochée... malgré des films ouvertement pascifistes comme "Josey Wales" (anti-thèse de "L'homme des hautes plaines"), "Bronco Billy" ou "Chasseur Blanc, Coeur Noir". N'oublions pas les critiques sociales dans "Bird" ou "Un monde parfait", la dénonciation de la violence dans "Impitoyable", la vision rétrograde des biens-pensants dans "Sur la Route de Madison", le thème de la peine de mort dans "Jugé Coupable" ou sa vision des puissants dans "Les pleins pouvoirs", des bourgeois dans "Minuit dans le Jardin du bien et du mal" et des excluts dans "Honkytonk Man" et "Bronco Billy"... bref, ce ne sont que des films mais leur message représente forcément une part de son auteur... en les rassemblant on se rend compte que les valeurs développées durant 35 ans n'ont plus grand chose à voir avec le réac' que voulaient y voir ses détracteurs ! Et Eastwood, toujours vert, continue encore aujourd'hui à jouer l'ambiguïté sur ses propres valeurs... pour "Million Dollar" il dira simplement qu'il raconte une histoire sans forcément prendre partie pour ce qui est montré (comprendront ceux qui l'on vu, une nouvelle fois) et que de toutes façons ce n'est pas le problème... personnellement j'ai du mal à croire qu'il réalise depuis si longtemps des films dont il ne partage aucune idée... :rtfm:

Evidemment je suis un fan peu objectif, mais pour finir, "Million Dollar Baby" est sans aucun doute ce que le cinéma a fait de mieux depuis longtemps, de plus honnête et de plus maîtrisé. Un classissisme au service d'un scénario puissant, des acteurs formidables, une photo absolument magnifique (même la musique signée Clint est très belle). Le style épuré de Clint rejoignant les Ford, Hawks et Huston... bref un classique réalisé par un cinéaste majeur au meilleur de sa forme, quoiqu'on en dise :rtfm:

[ianovka]

Que rajouter de plus, je suis tout à fait d'accord avec ce que nous dit Kane, et il le dit bien mieux que je n'aurais pu le faire.
Eastwood est effectivement un très grand et il marquera à n'en pas douter l'histoire du cinéma pendant encore longtemps.

Ah si, une chose à rajouter, il faut voir ce film en VO (ce qu'il faut de toute façon essayer de faire systhématiquement), un copain l'a vu en VF et ça lui a gâché le film.

[Kane]

Pour te répondre Zelda, tu as tout à fait le droit de ne pas aimer (heureusement !), mais voilà, j'aime bien épiloguer

sur l'actrice :

- il faut savoir qu'au départ les premiers producteurs avaient envisagés des actrices très connues faisant partie du top 10 (imaginons Meg Ryan - qui a déjà joué une entraineuse de boxe, Julia Roberts ou autres) et qu'au final nous avons Hilary Shwank qui n'est pas un top model (sans vouloir être méchant, elle ne répond pas spécialement aux canons hollywoodien de type Charlize Theron), n'a pas un visage spécialement lisse puisqu'ici on la retrouve émaciée, pas vraiment pomponnée et tout et tout mais surtout, elle a vraiment bossé pour avoir la morphologie de son personnage (impressionnant quand on la revoit dans Insomnia par exemple)... au final, elle est extrèmement crédible ! =D>

Bref, tout cela pour dire que ce film est tout sauf un film de commande...

"Créances de Sang" non plus, car il faut bien comprendre que Clint dirige la compagnie Malpaso qui produit tous ses films depuis.... le premier ("Un frisson dans la Nuit"). Warner n'intervient pas sur ses choix (d'ailleurs, ils ne voulaient pas non plus de "Mystic River") et c'est donc Clint et lui seul qui décide. Peu de réalisateurs ont ce privilège (il y avait Kubrick avec Warner aussi, Spielberg mais c'est autre chose puisqu'il dirige le studio). Lynch est produit en France, Scorsese et Burton doivent céder de temps en temps face aux studio pour refaire un succès et enchaîner avec un projet plus personnel.......

Si "Créance de Sang" n'est pas un très bon film, surtout pour Clint, c'est notamment par un scénario un peu manichéen qui manque d'ambition et de profondeur. Comme on dit c'est un "film fait de la main gauche", sans prétention et sans discours, un truc de détente où il s'est fait plaisir avant de revenir à des films plus forts... histoire de se ressourcer...

Il avait opéré de la même façon avec "La relève" (flingué en règle également alors qu'il n'a rien à envier à "l'arme fatale") juste avant "Impitoyable" par exemple, "Firefox" avant "Pale Rider", "L'épreuve de Force" avant "Honkytonk man"... :w00t:

Cela dit, sans être un film inoubliable, "Créance de Sang" s'est vu foudroyé parce que l'on attendait un film dans la veine "Un monde Parfait" (polar flamboyant)... les critiques lui sont tombés dessus alors que la plupart des polars servis par les ricains chaque année est inférieur à ce "petit" Eastwood...

Ca me fait penser au syndrome Woody Allen (son dernier film est très mauvais... bien qu'il surpasse nombre de mauvaises comédies, relativisons !)... appliqué également à d'autres comme Robert Altman ou même David Lynch ("Twin Peaks" le film fut détruit à sa sortie, sans raison objective).

Pour répondre à "Minuit dans le Jardin du Bien et du Mal" c'est un film épineux qui partage même les fans... je le trouve personnellement très intéressant dans sa descritpion d'une communauté et d'un fait divers atypique. Mais ceci est un autre débat. :harhar:

Pour Ianovka sur la V.O. :

Je n'ai pas vu la VF mais déjà, "Sur la Route de Madison" n'avait pas le même doubleur pour Clint et cette voix fluette était ridicule !!!! Ici tout tiens sur la brisure de ces voix de héros écorchés par la vie... c'est tout le thème du film !!!! Tout passe par ces intonations rocailleuses à l'émotion brute... alors par pitié, faites un effort pour la V.O. :boxing:

[bennie]

Tout à fait d'accord avec le monde entier. Clint est un géant du cinoche.
Tout simplement à voir absolument....avant qu'on ne vous raconte la fin.

NB Impressionnante l'équivalente féminin de Tyson!!! :wub:

[ianovka]

et qu'au final nous avons Hilary Shwank qui n'est pas un top model (sans vouloir être méchant, elle ne répond pas spécialement aux canons hollywoodien de type Charlize Theron), n'a pas un visage spécialement lisse puisqu'ici on la retrouve émaciée, pas vraiment pomponnée et tout et tout mais surtout, elle a vraiment bossé pour avoir la morphologie de son personnage (impressionnant quand on la revoit dans Insomnia par exemple)... au final, elle est extrèmement crédible !  :boxing:

A propos d'Hilary Swank, je l'avais décourverte (comme pas mal de monde) dans "Boy's don't cry", ou je l'avais trouvée impressionante dans ce rôle d'une jeune fille qui veut être un garçon.

Le film m'avait beaucoup ému, et elle y était pour beaucoup. C'est vraiment une très bonne actrice.

[Davidoulia]

Je n' ai pas aimé ce film.
Le fait de montrer des boxeuses peut participer à lutter contre les clichés machistes.
Mais je déteste la boxe anglaise, ce "sport" ultra-violent, où la victoire par K.O. est permise et qui a déjà tué pas mal de monde. Vous allez me dire que c' est vrai pour d' autres sports mais cela n' est pas par la violence alors que la boxe anglaise c' est de la violence à l' état pur.
Or, dans ce film, cette violence n' est pas vraiment critiquée, elle est presque vantée...
Je m' arrête là pour ne pas raconter la fin.

[Kane]

Je crois que le véritable sujet du film t'a échappé... la boxe est une métaphore de la lutte sociale et du besoin d'accomplissement de l'héroïne. Sa vie est un combat tant dans son environnement privé (son boulot au restaurant, sa famille) que sur le ring. Pour réaliser son rêve elle doit tout donner, et tout prendre aussi (les coups bien sûr). Pour Clint, le rêve américain est à ce prix... et la question que laisse le film est de savoir jusqu'où on peut aller pour avoir ne serait-ce qu'une petite chance de s'en sortir...