Erreur de Marx?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par boloko » 20 Juin 2005, 18:08

Voilà ce que je trouve dans la rubrique Capitalisme de l'encyclopédie Universalis.
Qu'on les marxistes a répondre à cette analyse qui met en avant une erreur de Marx?

a écrit :2. La genèse du profit

    La question, la grande question qui se pose est celle de la genèse de ce profit. Le secret du capitalisme passe par une analyse économique (menée en termes non monétaires) des résultats du calcul actuariel. On n'en abordera ici que les rudiments.

    Les entreprises calculent leur « coût périodique d'investissement » (H). Admettons, à titre d'hypothèse simplifiée, que le coût initial de l'investissement © ait été de 15 000 francs, prix acquitté pour l'achat de l'armoire ; que celle-ci soit destinée à servir pendant vingt ans ; qu'enfin le taux d'intérêt (i) du marché soit de 10%. Pour calculer H, on recourt souvent à la fiction suivante : si notre hôtelier avait choisi de placer en titres d'État perpétuels son épargne de 15 000 F, cette somme lui aurait rapporté indéfiniment un revenu (C × i) de 1 500 F par an. Voilà le minimum que l'investissement doit rapporter pour être considéré comme rentable aux conditions régnant sur le marché. À cela s'ajoute la nécessité de pourvoir au renouvellement de l'armoire. L'amortissement annuel est égal au montant de l'annuité ® qui, au bout de vingt ans, au taux de 10%, remplace une valeur de 15 000 F, soit 261,9 F (on a tenu compte ici des intérêts composés, mais ce raffinement n'ajoute rien au raisonnement qui va suivre : on aurait pu se contenter, à titre purement illustratif, de diviser 15 000 par 20, soit un amortissement annuel de 750 F). La formule générale est la suivante :

(a) H =Ci + R,

soit ici : H = [15000 X (0.1)] +261.9 = 1761.9 F


    De H, coût périodique de l'investissement, on déduit K, le « coût capitalisé » (capitalized cost). Il s'agit du capital qui, placé au taux en vigueur, assurerait le revenu nécessaire pour couvrir le coût périodique :

( 8) K= H/i
ou (formule développée) K= (Ci + R)/i ,

ce qui donne :

1761.9/0.1 = 17619 F.


    De ces chiffres, l'entrepreneur tire les conclusions suivantes. D'abord, si l'adjonction d'une armoire coûtant 15 000 F et destinée à être utilisée comme bien de production pendant vingt ans ne permet pas d'obtenir, par majoration du prix de la location, une recette annuelle supplémentaire (H = Ki) d'au moins 1 761,9 F, l'investissement projeté doit être abandonné. On aurait abouti à une somme supérieure ou inférieure si le taux de profit du marché avait été supérieur (15% par exemple) ou inférieur (5% par exemple). Ensuite, le coût véritable de l'investissement est non pas de 15 000 F, mais de 17 619 F.

    Se servir de ces calculs, objectera-t-on, ne fait qu'illustrer la « logique » propre au capitalisme. En quoi reflètent-ils la nature des choses ?

    Cela revient à se demander quelles réalités économiques se cachent derrière les valeurs monétaires entrées dans ces calculs.

    Le concept de coût périodique de l'investissement aide à saisir la place occupée dans le schéma de l'échange par le capital-objet dans ses relations avec l'épargne initiale. Celui-là, avons-nous dit, fait fonction de support de celle-ci. À l'origine, un échange s'est opéré entre elle et lui. Par le jeu de l'amortissement, on l'a vu, le bien capital se perpétue. Mais cette perpétuation n'est pas une fin en soi. Le bien capital a pour fonction d'assurer la permanence de l'épargne constituée au point de départ une fois pour toutes, c'est-à-dire, en l'occurrence, aussi longtemps qu'elle n'aura pas été détruite par consommation ou par perte. Tout se passe effectivement comme si le capitaliste avait, à l'occasion de l'échange sur le marché, opéré, à l'intérieur de son propre patrimoine, un échange à travers le temps : échangé la valeur de son épargne initiale, par capital productif interposé, contre la série des profits futurs. C'est le taux de profit qui détermine la durée du cycle de reproduction de l'épargne. À un taux de profit de 10% correspond un taux de capitalisation de 1/0,10 = 10 ans. On va voir que c'est bien ce que nous dit l'équation ( 8) ci-dessus. On en déduit successivement : Ki = Ci + R et Ci = Ki - R, ce qui donne notre équation fondamentale :

© C= (Ki-R) X 1/i

où 1/i est le taux de capitalisation. Est mise en évidence l'égalité entre, d'une part, le montant de l'épargne initiale © et, de l'autre, le revenu total (moins l'annuité d'amortissement) encaissé sur dix ans sous forme de profit : C = (1 761 - 261) × 10 = 15 000 F. Au bout de dix ans, si l'opération continue, un nouveau cycle recommence. Dans notre exemple, le capital-objet a une durée utile de vingt ans. Il fait parcourir à l'épargne deux cycles complets. Le capitalisme est l'illustration, dans le domaine de l'économie, du principe lavoisien : rien ne se perd, rien ne se gagne. Sans profit, cette épargne serait, dans le meilleur des cas, enfouie dans un champ. Thésaurisée à titre de « réserve », elle serait alors une richesse stérile jusqu'au moment où on la consommerait (détruirait) pour satisfaire un besoin urgent. Dans une économie d'échange, par le truchement du profit, l'épargne initiale acquiert la permanence à travers une série de cycles en principe infinie.

    Il reste qu'on a du mal à se départir de l'impression qu'une sorte de deus ex machina est tombé à point nommé pour sauver le scénario. Tant qu'on ne sortira pas d'une représentation exclusivement monétaire du processus, un sérieux doute subsistera. Pour se rapprocher de la « réalité » derrière les chiffres, faisons un autre décompte, non plus en argent mais en heures de travail. Mettons-nous dans l'hypothèse où notre investisseur-hôtelier, menuisier de son premier état, aurait lui-même construit l'armoire en cinq journées de huit heures de travail chacune. (Pour simplifier à l'extrême, on admet que non seulement les matières premières, mais les outils dont il se sert lui sont fournis gratuitement. Cela dispense de devoir inclure le « profit » sur ces différents « capitaux » dans le coût de revient du meuble.)

    L'investisseur commettrait une grave erreur s'il en concluait que son investissement est le résultat de quarante heures de travail seulement. Il n'a pu consacrer cinq journées consécutives à la fabrication du meuble que parce qu'il disposait d'une « avance » (épargne) lui permettant, pendant cette semaine, de se nourrir, de se vêtir, de se chauffer, etc. Les aliments, vêtements, combustibles, etc., dont se compose cette épargne ont eux-mêmes nécessité, pour être produits, un certain nombre d'heures de travail. Il convient, de toute évidence, de les ajouter aux quarante heures consacrées à la fabrication proprement dite de l'armoire. À cette condition seulement sera établi le bilan complet, dressé en heures de travail, de l'investissement. On pourrait montrer que, dans l'exemple ultra-simplifié, le nombre d'heures exigées pour rassembler l'épargne nécessaire est également de quarante heures. Si l'hôtelier avait acquis l'armoire par échange, il aurait dû céder au fabricant un produit épargné ayant, dans les mêmes conditions, nécessité pareillement quarante heures de travail. Par ce biais, on retrouve la notion de coût capitalisé. Celle-ci ne procède pas d'une bizarrerie de l'économie monétaire.

    L'investisseur ne sera pas quitte de ses peines s'il se contente, comme mentionné plus haut, de calculer le coût périodique de son investissement pour facturer le profit adéquat qui justifie a posteriori et l'épargne et l'emploi qui en a été fait. Encore faut-il que cet emploi ait les qualités requises pour rendre possible le profit attendu. Supposons qu'au lieu d'avoir fabriqué une armoire (capital dont le service rendu se confond avec celui de la chambre) l'investisseur ait, dans les mêmes conditions simplifiées à l'extrême, construit un ordinateur. Il s'en servira pendant vingt ans pour informatiser sa comptabilité. L'objectif est, par la mise en service de l'ordinateur, d'économiser un certain nombre d'heures de travail précédemment consacrées à la tenue manuelle de la comptabilité, de l'enregistrement des réservations de chambres, etc. Pour que l'investissement se révèle finalement rentable, il faudra que cette économie de travail, calculée sur vingt ans, atteigne, évaluée en nombre d'heures de travail, par rapport au coût capitalisé de l'investissement (estimé aussi en heures de travail), le chiffre révélé par le calcul selon les équations présentées plus haut.

    Si on réintroduit, par commodité, l'expression monétaire, on aboutit à la conclusion générale suivante. Connaissant par définition le coût initial © du bien-capital qu'il projette d'investir, le capitaliste en déduit, sur la base du taux de profit et de la durée d'amortissement (plus un certain nombre de paramètres dont il est inutile de parler ici), le coût périodique d'investissement correspondant (H). De H, il tire le coût capitalisé (K). En résumé, toute la question est de savoir si le produit annuel du bien-capital est tel qu'il puisse être vendu effectivement pour le montant de H. Si tel est le cas, le coût capitalisé K sera couvert par l'exploitation du bien-capital. Si, au contraire, le produit n'est pas capable de rendre le service minimal qu'en attend le marché (selon le principe dégagé au paragraphe précédent du décompte en heures de travail), il faudra abaisser son prix jusqu'à H' (prix auquel le client commence à avoir intérêt à acheter). Mais H' correspond à un coût capitalisé de K' inférieur à K, le coût capitalisé effectivement supporté.

3. Le compte tronqué de Marx


    C'est ce bilan complet que Marx n'avait pas vu. Il répète à satiété - on le comprend sans l'excuser : sa pesante théorie roule entièrement sur ce point ! - qu'un capital-objet, une machine par exemple, ne peut pas « communiquer » aux produits qui sont fabriqués avec son concours « plus que sa propre valeur ». Par exemple, une machine à tisser qui est le produit de trente mille heures de travail ne pourra pas « transmettre » au tissu qu'elle contribuera à fabriquer pendant sa durée de vie plus que la valeur d'un produit de trente mille heures de travail. Marx ne voit pas que ces mots, que nous employons machinalement et qu'il emploie avec la même insouciance, à savoir « la valeur transmise par un bien de production à ses produits », n'ont de sens qu'interprétés par la comptabilité. Or, la réalité des comptes, c'est un coût de l'investissement évalué par K (coût capitalisé) et non par C (coût initial), comme il le croit. Sur cette erreur repose la construction marxiste. C'est elle qui le conduit à cette conclusion paradoxale et absurde : la totalité de la plus-value (source de profit) est engendrée par l'exploitation de la main-d'œuvre.


    Pour Marx, donc, plus une industrie est mécanisée, moins elle est capable de dégager de la plus-value. D'où la « contradiction » - elle n'est que dans son esprit - qu'il croit, dialectiquement, découvrir dans le « mode de production marchand » (son expression pour « capitalisme »). Chaque capitaliste est poussé par son intérêt à augmenter la productivité du travail. Pour y parvenir, il mécanisera sa production. Par le jeu de la concurrence, il en résultera une réduction de la valeur des produits de grande consommation dont dépend la valeur de la « force de travail ». D'où l'augmentation de la plus-value que Marx nomme « relative ». Mais, ce faisant, l'ensemble des capitalistes modifie la « composition organique du capital » : la part du « capital constant » (immobilisé dans l'achat des machines, etc.) a tendance à augmenter au détriment de la part du « capital variable ». Or seul le capital variable, consacré à l'achat de la force de travail, engendre la plus-value. Dans ce schéma, le « mode de production marchand » suscite l'éclosion des conditions propres à le conduire à sa perte. Il lui est impossible de pousser jusqu'au maximum permis par la technique du moment la substitution des machines au travail humain. Au fur et à mesure que la production se mécanise, se tarit, avec l'exploitation de la main-d'œuvre salariée, la source unique de la plus-value. Résultat : toute nouvelle étape du progrès technique est suivie par l'allongement de la durée du travail, la prolétarisation de couches de plus en plus nombreuses de la population, etc.

    À elle seule, l'expression de « plus-value » trahit la confusion de la pensée marxiste. De notre analyse, il ressort qu'il n'y a jamais de « sur-valeur » produite : la comptabilité générale du capitalisme est rigoureuse ; elle ne fait apparaître la valeur du profit qu'en lieu et place de celle d'une épargne préalablement utilisée productivement. Plus sobrement et plus justement, les classiques parlaient de « produit net ». C'était mettre en évidence que le développement du capitalisme favorise le produit au détriment de la valeur.

    Fait remarquable : la pensée classique fonde sur le travail (en ce qui concerne les biens et services reproductibles à volonté) la valeur relative des marchandises les unes par rapport aux autres ; pourtant, l'idée lui vient naturellement qu'une machine est capable d'engendrer un profit sans « exploitation » concomitante de la main-d'œuvre. Dans la première édition (1817) de son livre On the Principles of Political Economy and Taxation, David Ricardo raisonnait sur le cas d'une machine qui durerait cent ans. Il suppose qu'elle pourrait produire, sans l'aide d'aucune main-d'œuvre (« without any labour whatever »), une certaine quantité annuelle de marchandises, tout en laissant un profit de 10%. Dès la deuxième édition, il retire cet exemple non pas, explique-t-il, parce qu'il l'a conduit à formuler des conclusions qui ne seraient pas de portée générale, mais au contraire pour attester qu'il n'en avait pas besoin pour sa démonstration. Il répondait ainsi à l'objection d'un critique médiocre qui avait écrit : quelle confiance faire à une théorie qui doit recourir à une hypothèse aussi éloignée de toute réalité prévisible ? Il est devenu concevable à notre époque de programmer le fonctionnement d'une machine automatique pour une très longue période. Si Ricardo avait maintenu son exemple, Marx, qui le considérait comme son seul véritable challenger, y aurait peut-être regardé à deux fois avant de se lancer dans sa folle théorie. Une grande tragédie de l'histoire aurait été évitée ! Malheureusement, Ricardo n'a pas présenté en termes explicites, ni à cette occasion ni à une autre, une théorie du profit. Il aurait dû, pour cela, se demander si les services rendus pendant un siècle par la machine étaient de nature à permettre, chez leurs utilisateurs, une économie justifiant le coût capitalisé (K) supporté par l'investisseur.

4. Ni surproduction ni baisse tendancielle du taux de profit


    L'économie d'échange a, par elle-même, avant donc que n'intervienne le progrès technique, la capacité d'augmenter presque sans limite la production, et cela par deux voies différentes.

    Premièrement, l'échange est une invitation constante à l'accumulation. Le plus probable est que notre capitaliste ne se contentera pas de son investissement initial. Modeste investisseur, il a placé, l'année 0, son épargne dans l'acquisition d'une armoire. Au bout de vingt ans, il pourra, par le seul jeu de l'échange échelonné dans le temps, en posséder trois. La première aura été amortie et donc remplacée, à quoi s'en ajouteront deux autres s'il a réinvesti la totalité de ses profits pendant le premier, puis le second cycle de reconstitution de l'épargne. Toutes autres choses, bien sûr, doivent être supposées égales, à commencer par la fréquentation de la clientèle de l'hôtel. Les causes de perturbation peuvent être très diverses, et tenir notamment à la gestion de l'entrepreneur, à la qualité de sa vision (si l'hôtellerie périclite, il peut, c'est le cas de le dire, sauver les meubles en les vendant pour en investir le prix dans une autre activité). Jésus parle du bon serviteur, auquel son maître a confié cinq talents et qui a su les faire valoir (il en rapporte cinq autres), et du mauvais qui, par peur, a enfoui dans la terre l'unique talent mis à sa disposition. Le sage Socrate n'ignore pas non plus le principe d'accumulation : selon Xénophon, il considère comme du devoir de l'intendant d'accroître le domaine agricole dont il a la charge.

    C'est ainsi que le phénomène macro-économique de la croissance prend appui sur le dynamisme de l'échange. Or l'échange est toujours une transaction indépendante, un contrat conclu entre deux parties. C'est ici que l'identité « marché-lieu de l'échange » apparaît dans toute sa portée. Le marché est une pluralité de transactions dont chacune se conclut séparément. De là découlent des conséquences fondamentales qui éclairent le fonctionnement du capitalisme. La recherche moderne s'en est à nouveau avisée avec, notamment, les travaux du Prix Nobel 1992, Ronald Coase (né en 1910). Du fait que, sur un marché, si grand soit-il, les échanges s'effectuent toujours deux à deux, Ricardo avait déjà tiré plusieurs idées-forces souvent oubliées après lui :

    - La surproduction ne peut être qu'un phénomène passager (sauf, bien sûr, en cas de fixation autoritaire du prix au-dessus de son niveau d'équilibre).

    - L'accumulation du capital n'a pas de limite. En 1817, Ricardo écrit : « Puisqu'il n'y a pas de limite dans le désir de posséder les éléments de bien-être [...] il ne peut y en avoir dans la quantité de capital nécessaire pour les produire... ». L'énorme développement des capacités productives depuis le début du XIXe siècle corrobore la justesse du raisonnement. D'autant plus saisissante apparaît par contraste l'absence de vision de Keynes. En 1937, ce dernier prévoyait que, dans un délai d'une trentaine d'années, les besoins de capitaux (au sens économique du terme) seraient saturés dans des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis. Le mot le plus fréquemment cité du plus influent des économistes de ce siècle - « À long terme, nous serons tous morts » - est le plus opposé qui soit à la logique du capitalisme. À long terme, nous serons tous remplacés par nos petits-enfants ou nos petits-neveux. C'est cette fatalité-là, pas celle de la mort individuelle, qui est intégrée par une économie capitaliste (bien éloignée, par essence, du « modèle » keynésien).

    - L'accumulation de capital n'est pas en soi une cause d'abaissement du taux de profit. Critiquant Malthus, Ricardo écrit en 1821 : « Il est ici inféré qu'une chute des profits est la conséquence d'une accumulation de capital [...], aucune erreur ne peut être plus grande... ». Keynes renouera avec le sophisme malthusien (qu'on trouve déjà chez Adam Smith) : « Je suis convaincu que la demande de capital est strictement limitée en ce sens qu'il ne serait pas difficile d'en augmenter le stock jusqu'au point où son efficacité marginale [expression keynésienne pour “profit attendu”] tomberait à un niveau très bas ». À ce compte, ni le Japon, ni l'Allemagne, ni la France, ni la Corée, ni aucun autre pays, anciennement ou nouvellement industrialisé, ne se seraient développés comme ils n'ont cessé de le faire depuis une bonne quarantaine d'années.

    La seconde voie par laquelle l'économie d'échange a la capacité d'accroître la production n'est autre que la division du travail. Celle-ci a pour effet direct d'améliorer la productivité. Or une augmentation des unités produites par heure de travail s'analyse comme une diminution de la valeur unitaire de chaque produit. Ce processus a été magnifiquement décrit dans La Richesse des nations, publiée en 1776 par Adam Smith, à propos de la fabrication des épingles. La production en a été multipliée quasi à l'infini (de 1 à 4 800 par personne, dans son exemple) par le fait qu'elle a été décomposée, nous dit-il, en dix-huit opérations distinctes, dont « deux ou trois » rien que pour faire les têtes.

    Smith fait encore cette observation, toujours aussi valable de nos jours : la division du travail ouvre la voie à l'invention des machines. En décomposant une tâche en ses éléments successifs, il est plus facile de découvrir les moyens d'en mécaniser l'accomplissement. Le progrès technique conjugue alors ses effets à ceux de l'échange pour améliorer la productivité et donc pour accroître la production tout en abaissant la valeur.
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Message par ianovka » 20 Juin 2005, 18:16

Et toi, qu'en dis tu ?
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Message par Jacquemart » 20 Juin 2005, 18:25

C'est un sujet très intéressant, mais qui n'est pas facile. D'autant qu'il y a au moins deux problèmes distincts dans le texte (la théorie de la valeur, et la baisse du taux de profit). De quoi souhaites-tu exactement discuter ?
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Message par boloko » 20 Juin 2005, 18:31

En fait, je suis pas un spécialiste du tout.
C'est d'ailleurs pour ca que j'ai été consulté universalis :hinhin:

J'ai crée ce topic car je voulais savoir s'il y avait une réponse de la part des marxistes à la faille que ces économistes semblent avoir trouvé dans l'analyse du capitalisme par Marx.

Selon moi a priori, leurs démonstrations semblent exact.
Les marxistes reconnaissent-ils cette erreur chez Marx?
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Message par ianovka » 20 Juin 2005, 18:40

(boloko @ lundi 20 juin 2005 à 19:31 a écrit : En fait, je suis pas un spécialiste du tout.



:33: C'est pas un peu contradictoire avec ça ?

a écrit :Selon moi a priori, leurs démonstrations semblent exact.


Car comment avoir un avis sur un raisonnement un tant soi peu complexe quand on n'y connait rien (ou si peu) ?
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Message par Jacquemart » 20 Juin 2005, 18:50

Ca va être difficile de discuter de tout cela d'un seul coup, encore plus si tu n'es pas familier de ces raisonnements pas évidents.

En gros, on peut reconnaitre des erreurs très mineures chez Marx, mais qui n'entament pas le raisonnement général. On peut aussi, et surtout, savoir que Marx n'a pas étudié toute une série de phénomènes, pour la bonne et simple raison qu'ils sont apparus après sa mort. Mais là ausssi, ils ne modifient pas sur le fond l'analyse qu'il fait du capitalisme.

Le premier point, le plus important, c'est ce qu'on appelle la "théorie de la valeur", celui qui permet de conclure que le capitalisme, c'est l'exploitation de l'homme par l'homme (du travailleur par le bourgeois).

Sur ce point, les arguments du texte sont ultra-classiques... et complètement bidons.

On en cause en détail si tu veux, mais il faut que tu prennes le problème par un bout, sinon on ne va jamais s'en sortir. :-P
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Message par boloko » 20 Juin 2005, 18:54

a écrit :C'est pas un peu contradictoire avec ça ?


Ouais, mais j'ai dit A PRIORI. sous entendu, j'ai fait de mon mieux pour comprendre, et ce qui en résulte est que je ne vois rien a y redire à cette instant T de mon incultance. :smile:


a écrit :On en cause en détail si tu veux, mais il faut que tu prennes le problème par un bout, sinon on ne va jamais s'en sortir.


A la limite, si t'avais un lien ( ou au pire un titre de bouquin) à me filer qui contredit ce qui est dit là, je suis preneur.
boloko
 
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Message par artza » 21 Juin 2005, 08:11

Je tiens à appuyer le conseil de Wolf.
Fondements et limites du capitalisme de Louis Gill c'est vraiment mieux que toutes les autres actualisations-vulgarisations du marxisme. C'est aux éditions Boréal (des Canadiens) et c'est un peu dur à se procurer. J'ai du passer par la librairie du Québec à Paris rue Gay-Lussac.
artza
 
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Message par boloko » 21 Juin 2005, 15:36

c'est bon, je viens de le trouver sur abebooks.fr, je l'ai commandé pour pas cher d'occasion.

merci de l'info.
boloko
 
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