par eruditrotsk » 22 Juin 2005, 12:44
J'ai été voir dans l'encyclopédie. le texte est de Paul Fabra, rédacteur d'une chronique dans le journal patronal "Les Echos", autrefois rédacteur au quotidien "Le Monde". Il est finalement dommage de ne pas lire la totalité du texte, car Fabra y montre assez nettement ses intentions... qui sont rien moins que théoriques (la théorie n'étant là que pour bluffer le gogo).
En gros, la chute du régime communiste a démontré l'inanité du marxisme et donc parler de capitalisme suggérait qu'il puisse exister un autre système à lui opposer, appelons-le le communisme, la réalité a montré que ce dernier n'était pas viable, donc il ne faut plus définir le capitalisme par opposition mais l'admettre comme une réalité, évidemment étenrelle. Et du coup, toutes les catégories de Marx passent à la poubelle de l'histoire et l'on se retrouve dans le confort des idées des économistes classiques Smith ou Ricardo, qui évidemment n'avait pas pour objectif de dénoncer le caractère d'exploitation du système capitaliste (exploitation doit aussi passer à la trappe). Et Fabra, qui est un cador en économie (croit-il), nous vend sa nouvelle salade, le capitalisme simple système économique avec ses lois de fonctionnement qui sont en gros de la mécanique avec laquelle il va faut faire avec, sans état d'âme et surtout sans esprit critique.
Alors "l'erreur de Marx" c'est plutôt l'erreur de Fabra - unrenversement dialectique que celui-ci n'apprécierait pas - et de tous les crétins qui s'imaginent (ou font semblant de croire, pour la mauvaise cause de la défense du patronat) que c'est le "communisme" qui s'est effondré en 1989.
Le plus marrant dans le texte c'est qu'il y fait une véritable revue de presse de la définition du capitalisme dans divers dictionnaires réputés en constatant - horreur - que la rubrique (et toutes les rubriques associées) a été longtemps abandonnée à des auteurs... marxistes. Y compris dans l'encyclopédia universalis où c'était autrefois un certain Ernest Mandel (ce dont j'avais le souvenir en posant ma question sur l'auteur de l'article) qui l'avait écrit. Mais en ces temps réacs, il faut maintenant laisser la place aux plumitifs stipendiés de la bourgeoisie pour justifier le capitalisme horizon indépassable, comme il est de bon ton de cracher sur Robespierre quand on discute révolution française ou de parler du positif du colonialisme. Temps maudits !
On attend avec impatience le moment où la vieille taupe de la révolution viendra à nouveau mordre tous ces faux-culs.
A propos de Gill évoqué dans le fil : c'est (ou ce fut en tout cas) un proche du courant lambertiste. Je n'ai pas lu l'ouvrage évoqué, mais j'avais lu ses deux autres antérieurs (sur les catégories économiques en deux volumes, et sur l'impérialisme), cela peut se lire mais c'est (avec quelques corrections des révisions) du niveau de Mandel... Mieux vaut peut-être prendre son courage à deux mains et aller quand même dans Marx dès que possible, en commençant par exemple par l'abrégé de Borschardt (le texte de Marx allégé de ses exemples).