Le patriarcat en France 2005

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Pascal » 28 Juin 2005, 09:16

(Davidoulia @ mardi 28 juin 2005 à 08:54 a écrit : Et du coup les revendications féministes sont très souvent absentes !


Tout comme les revendications anti-racistes, et même tout comme un bon nombre de revendications ouvrières. Par exemple, les enseignants en 2003 n'ont pas mis en avant l'interdiction des licenciements...

Je trouves que tu poses mal le problème. Comme le disait Zelda, dans les mouvements de grève, c'est sur telle revendication particulière que les travailleurs se battent, telle question qui provoque leur colère. C'est d'ailleurs la même chose pour les revendications féministes : quand des filles tentent de s'organiser dans un quartier contre les violences qu'elles subissent, ce serait absurde de leur reprocher, par exemple, de ne pas intervenir contre l'impérialisme français en Côte d'Ivoire.

Et dans ces luttes, notre tâche n'est pas, à mon avis, de chercher à imposer des revendications, aussi justes soient-elles, mais à contribuer à la victoire de la lutte. Et pour ce qui est de questions comme le féminisme ou la lutte contre le racisme dans une grève, je crois qu'il est plus important, par exemple, de favoriser la prise de parole et de décision des femmes et des immigrés dans les AG par exemple que de faire des proclamations non-suivie d'effets. Et je suis convaincu que l'ouvrière ou la lycéenne qui participe à la direction d'une grève se laissera moins faire, par la suite, par son mec.

D'une façon générale, Davidoulia, je te trouves bien pessimiste. Par exemple lorsque tu écris qu'un ouvrier ne va pas spontanément se battre contre les inégalités de salaire. Justement, il y a quelques années, j'avais un peu suivi une lutte syndicale dans un petit magasin sur cette question. Et bien les réactions des hommes, des travailleurs, c'était "elles ont bien raison de ne pas se laisser faire" ou "c'est dégueulasse que le patron les paye moins". De même, dans la compagnie des bus de ma ville, ce n'est qu'assez récent qu'il y a des femmes conductrices de bus. Et bien les militants de la CGT, des hommes, se battent pour qu'il y ait des toilettes spécifiques à chaque terminus. C'est l'exemple-type de "petits combats", quotidiens, où des militants ouvriers prennent en compte des revendications spécifiques aux femmes.

Je suis bien d'accord que c'est peu par rapport à l'ampleur de la tâche à accomplir ! Mais c'est la même chose lorsqu'un syndicaliste défend un travailleur aux prud'hommes pour licenciement abusif lorsque l'usine d'à côté licencie une centaine d'ouvriers.
Pascal
 
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Message par Davidoulia » 28 Juin 2005, 11:23

a écrit : En aucun les éléments du QCM qui reflètent des inégalités sexuelles persistantes ne sont équivalants à dire société organisées autour d' institutions patriarcales (sinon démontre-le).


Comment expliquer ces inégalités à l'échelle de la société sans utiliser le terme de patriarcat? Je ne vois pas en quoi ce terme vous dérange, à moins que vous n'ayez des réticences à reconnaître ces inégalités.


a écrit :
Mais autant cerner les problèmes avec un peu de rigueur, surtout que ça confirme ce qu'aucune marxiste comme toi ne devrait ignorer: que la société bourgeoise peut prendre acte dans ses lois de certaines évolutions sociales, mais ne peut ni ne veut résoudre les inégalités et les oppressions, surtout quand ces inégalités se combinent avec celles de classes : ce n'est pas un hazard si les femmes fournissent le gros contingent des travailleurs précaires, sur-exploitées etc...


La rigueur ça commence par appeler les choses par leur nom. Non cela n'est pas un hasard, le capitalisme a repris le patriarcat à son compte, je l'ai maintes fois répété.

a écrit : Justement, il y a quelques années, j'avais un peu suivi une lutte syndicale dans un petit magasin sur cette question. Et bien les réactions des hommes, des travailleurs, c'était "elles ont bien raison de ne pas se laisser faire" ou "c'est dégueulasse que le patron les paye moins".


Et oui mais ce sont des femmes qui ont lancé les revendications et elles ont eu la chance d'être écoutées. Si elles n'avaientt pas eu l'idée ou le courage de les lancer, personne ne l'aurait fait à leur place.
On en revient à ce que j'écrivais : c'est en sensibilisant les femmes et plus largement tout le mouvement ouvrier qu'on peut faire avancer les choses, pas en attendant que ça se fasse tout seul.
Tenez, par exemple, à propos du chômage, les prolos peuvent dire que c'est de la faute aux immigrées. Si nous on ne défend pas la notion de classe ouvrière internationaliste, on peut facilement laisser les fachos gagner du terrain. Donc on intervient afin de défendre nos idées. A priori rien ne dis que nos idées vont être spontannée, surtout que le discours raciste est ressorti à tout va par la bourgeoisie et les fachos. Pour le féminisme c'est un peu le même problème, les hommes tirent souvent parti de l'oppression des femmes et cela leur est présenté comme normal alors il faut généralement que les femmes se mobilisent pour qu'il se passe quelque chose.
Davidoulia
 
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Message par Davidoulia » 28 Juin 2005, 12:41

a écrit :Justement le problème c'est que ce n'est pas votre fort à la LCR : par exemple vous parlez de libéralisme au lieu de capitalisme...


Oui mais ça me dérange!


a écrit :Dans de nombreux pays capitalistes avancés, les éléments juridiques sur lesquelles s'appuyaient le patriarcat ont été abolis, et le capitalisme n'a pas nécessairement besoin de cette forme spécifique d'organisation pour survivre.


Même en admettant que les éléments juridiques soient abolis, encore faut il qu'il y ait des éléments juridique permettant de faire disparaître le patriarcat et là il n'y a plus grand chose...

Quant au fait que le capitalisme n'aie pas besoins du patriarcat pour survivre, là n'est pas la question. Le patriarcat arrange le capitalisme donc il le reprend à son compte. Les institutions patriarcales sont aujourd'hui les institutions bourgeoises. Il ne s'agit pas que de diviser. Faire en sorte que les femmes gèrent le travail domestique permet de limiter sa collectivisation, peu ou pas rentable. Et cela n'est pas aux hommes que le capitalisme demande de faire ce travail parce que le capitalisme reprend l'idéologie patriarcale, ce qui sert l'intérêt des capitalistes, généralement des hommes.
Davidoulia
 
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Message par titi » 30 Juin 2005, 09:51

en Espagne, un article du Figaro
a écrit :ESPAGNE Avec la nouvelle loi sur le mariage
Le mâle espagnol obligé de faire le ménage

Torredonjimeno : de notre envoyée spéciale Diane Cambon
[30 juin 2005] 


«Faire la vaisselle ? Je ne l'imagine même pas en rêve !» s'exclame Paco d'un ton outré. Depuis qu'il s'est marié il y a vingt ans avec Loli, cet ouvrier agricole de Torredonjimeno, petite bourgade au coeur de l'Andalousie, n'a jamais aidé sa femme dans les tâches ménagères. La cinquantaine corpulente, les cheveux rasés et le ventre bedonnant, cet Andalou à l'accent roulant n'a jamais lavé une casserole ni touché un balai de sa vie. Aider à préparer le repas du soir, il n'en fut jamais question. Repasser ou faire les courses au marché, il ne l'a envisagé à aucun moment. Autant de «faiblesses» qui seront bientôt sanctionnées par la législation espagnole.


Dès la mi-août, la nouvelle loi sur le mariage stipulera noir sur blanc que les époux se doivent non seulement fidélité et respect, mais aussi entraide dans les tâches ménagères au foyer. Heureusement pour Paco, la future loi ne devrait pas avoir d'effet rétroactif. Elle a pour seul but de faire évoluer les mentalités espagnoles encore fortement imprégnées de machisme. Mais, déjà, la nouvelle loi fait évoluer les idées. Un inventeur de Barcelone, Pep Torres, a conçu une machine à laver d'un genre nouveau. Fonctionnant à partir des empreintes digitales, elle interdit à la même personne de l'utiliser deux fois de suite. Certaines municipalités organisent des stages de cuisine et de repassage pour les hommes qui veulent convoler.


Dans le bar central de Torredonjimeno, où Paco rejoint chaque soir ses copains, les plaisanteries fusent. «Vous êtes sûre que ce n'est pas une loi pour les mariages homosexuels ?» demande Juanito, 30 ans, marié depuis deux ans. Il fait allusion à une autre loi préparée par le gouvernement socialiste pour autoriser les unions gays après la Belgique, les Pays-Bas et le Canada (lire ci-contre). Seul Jamon, la quarantaine, ose avouer en aparté qu'il aide sa femme à débarrasser la table.


Selon une étude du Centre de recherches sociologiques (CIS), 25% des hommes espagnols considèrent que la place de la femme est à la maison, auprès des enfants. D'après la même source, ce sont, dans 75% des foyers, les épouses qui cuisinent et font les courses. Par ailleurs, 77% des femmes ibériques estiment que les charges familiales freinent leur vie professionnelle.


«A Torredonjimeno, le machisme et les traditions ancestrales ont de beaux jours devant eux», s'exclame Javier Checa. Ancien maire de la ville, il a été destitué l'an dernier de ses fonctions par une motion de censure du conseil municipal. Sa faute ? Il avait imposé par arrêt municipal les «jeudis libres pour les femmes». Cette mesure obligeait les hommes à rester chez eux avec leurs enfants chaque jeudi soir, sous peine d'une amende de 5 euros. L'initiative, très controversée, avait été prise pour que les «mâles» s'occupent du foyer pendant que leurs femmes suivent des cours professionnels.


«Ici, sur les 14 000 habitants, plus de la moitié sont des femmes. La grande majorité est au chômage et n'arrivent pas à s'en sortir car elles sont condamnées aux tâches ménagères», s'enflamme l'ancien maire. Il estime que le machisme doit être combattu car il est en grande partie responsable de la violence conjugale, un des fléaux de la société espagnole. «Dans mon petit village, on a enregistré plus de 140 plaintes pour mauvais traitements. Cela n'arriverait pas si les hommes étaient plus éduqués et s'ils ne considéraient pas leurs épouses comme un bien», s'insurge-t-il.


Pas désespéré pour autant, Javier Checa aspire à être réélu. «J'ai été victime d'une conspiration, mais je sais que les électrices sont de mon côté, assure-t-il. La nouvelle loi sur le mariage est un pas fondamental. Il ne faut pas oublier que l'Espagne a vécu quarante ans de dictature franquiste, pendant laquelle le machisme était une valeur inculquée de père en fils». Il y a encore vingt-cinq ans, les Espagnoles étaient privées de tous les droits : interdiction de signer un contrat, d'ouvrir un compte bancaire, d'aller en justice ou de voyager à l'étranger sans l'aval du père ou du mari. La désobéissance et les insultes d'une épouse pouvaient la conduire sous les verrous.


En un quart de siècle, la gente féminine ibérique a certes récupéré ses droits. Le mouvement culturel de la movida et l'évolution des moeurs ont balayé les clichés dans les grandes villes. «Je fais tout ce que ma mère n'a pas pu faire», confie Trinidad, une jeune Madrilène de 34 ans, juriste dans une grande entreprise. Pour elle, la nouvelle loi sur le mariage appartient à un autre temps. «Il me semble tellement évident aujourd'hui que les hommes et les femmes doivent partager les tâches ménagères que cette loi me semble presque démagogique», commente-t-elle.

Pourtant, à 400 kilomètres de Madrid, en plein coeur de l'Andalousie, les jeunes filles de Torredonjimeno prennent la nouvelle législation avec beaucoup de sérieux. «Je me marie cet automne et je compte bien faire appliquer au pied de la lettre cet article à mon fiancé», assure Carmen. Et d'ajouter sur un ton insolent : «A l'inverse de ma mère, j'élèverai mieux mes fils pour qu'ils ne considèrent pas les femmes comme des boniches». La révolution féminine est en marche...
titi
 
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