par Valiere » 11 Août 2005, 11:16
« Traité d’athéologie »
de Michel Onfray
éditions Grasset
282 pages
dont 20 pages de bibliographie
deux tirages : janvier et juillet 2005
18 € 50
« Dieu » antithèse de la vie
Un croyant humaniste, réflexif peut très bien lire cette oeuvre et y trouver une critique acerbe mais juste du cléricalisme même s’il peut voir ses convictions vaciller ... quant aux libres penseurs structurés, organisés, ils se sentiront réconfortés sauf ceux qui dans leurs temples plagient les religions ...
L’idéologie judéo-chrétienne est prégnante et influence y compris les athées qui devront veiller à s’émanciper totalement, d’où l’importance de bien connaître ceux qui dominent et cherchent à faire régner l’obscurité
L’auteur n’utilise pas des paraboles quant il dénonce les trois monothéismes , il décortique les textes dits sacrés et montre avec force que les religions du livre qui prêchent la haine de la vie, du plaisir, des femmes, des désirs et du corps sont des véritables corsets emprisonnant des millions d’être humains, les empêchant de réfléchir et d’agir.
Ce livre est passionnant mais il ne s’agit pas là d’une oeuvre pour vacanciers, à lire sur la plage : si le style est soigné et si la lecture est aisée, il contient de nombreux termes pouvant renvoyer à l’utilisation d’un dictionnaire...Ce n’est pas là un frein à la lecture mais une invitation à la recherche que le lecteur a envie d’effectuer.
L’auteur annonce un traité d’athéologie qui malgré le refus de mon dictionnaire n’est pas un néologisme et il ne nous trompe pas sur la marchandise.
Le document est structuré et rien n’est laissé au hasard.
C’est ainsi qu’après avoir dressé un tableau de la situation, Michel Onfray nous offre une théorisation accessible et passe à une analyse historique avant de terminer en apothéose sur la théocratie qui « se révèle à cette époque ( de l’Empire chrétien) –comme à toutes les autres qui suivent- le très exact inverse de la démocratie. »
J’ai beaucoup aimé ce livre que je me promets de reprendre après cette première lecture, mais certains passages ont le plus retenu mon attention, notamment parce que j’ai pu y puiser des éléments de connaissance et de réflexion :
- Les contradictions existantes dans les trois livres « sacrés » , de la tolérance affichée, à la haine ou à l’appel au meurtre sont mises en valeur mais aussi prouvées à l’aide de références- l’auteur s’inscrivant dans une démarche scientifique.
- La critique de l’histoire officielle qui évoque et vante le siècle des lumières, en ne retenant que les auteurs humanistes, certes mais déistes ou sous influence.
Les vrais athées comme l’abbé Meslier , « vaguement cité comme une curiosité , un oxymore d’école- un prêtre mécréant !- quand on lui fait l’honneur d’une mention, en passant » sont ignorés.
« L’Université rabâche toujours, pour en rester au seul siècle des Lumières, le contrat social rousseauiste, la tolérance voltairienne, le criticisme kantien ou la séparation des pouvoirs du penseur de la Brède, ces scies musicales, ces images d’Epinal philosophiques. Et rien sur l’athéisme de d’Holbach, sur sa lecture décapante et historique des textes bibliques... »
- L’auteur ne se laisse pas aller à la tolérance, « politiquement acceptable » qui consiste à dénoncer et à combattre, très justement l’excision et à accepter la circoncision au nom de la pratique culturelle:
« Car la mutilation est avérée. D’abord sur le principe juridique : le droit interdit toute intervention chirurgicale sans le motif médical d’une pathologie vraiment fondée. Or le prépuce n’est pas une pathologie à soi seul. Ensuite sur le terrain physiologique... »
J’ai choisi volontairement trois « thèmes » d’ailleurs amplement abordés mais ce livre en contient beaucoup d’autres comme l’éclairage que l’auteur apporte non seulement sur les alliances entre le Vatican et les nazis mais le soutien de fait apporté par l’Eglise au génocide rwandais !
Je diverge parfois avec l’auteur mais très peu, je l’admets, sauf peut être quand il promeut « une laïcité post-chrétienne, à savoir athée, militante... » ...Il faut là, à mon avis, distinguer la laïcité, principe nécessaire pour vivre ensemble et le combat que nous devons mener contre les trois religions et notamment leur forme intégriste.
Cette précision étant apportée, je partage son combat contre les trois monothéismes et leur « philosophie » exigeant l’obéissance , la soumission et enfermant les hommes dans une prison qu’il nous faut abattre.
Valière