Une précision :
Dans mon message du samedi 1 octobre 2005 à 14:47, je parlais de l'effet placebo qui est un effet relationnel, etc. Je m'aperçois que y'a une ligne terminale que j'ai oublié de copier-coller depuis le Word où je prépare mes messages (oui, je suis un laborieux de le réflexion…)
Ce message regroupait des définitions picorées dans un texte de Martin Winckler.
Bientôt, il n'y aura plus que Logan qui s'obstine à ne pas vouloir voir… Je ne sais pas pour quelle raison, je m'en moque :
Logan : «
Les liens que j'ai mis montrent des médecins parlant de l'effet placebo sans évoquer le moins du monde la relation patient-malade.»
«
Sans évoquer le moins du monde»… atteindre un tel niveau de dénie, c'est un métier.
On pourrait alors repartir dans un débat genre psy – ça ira comme ça, à l'impossible nul n'est tenu. Après tout, je vais écrire comme Logan : «
Chacun pourra se faire sa propre idée» en consultant les textes cités. Car il y aussi ceux qui n'écrivent pas et qui lisent.
Je vais citer quelques parties du texte de Martin Winckler où j'avais pioché. Y'a rien à jeter. Les majuscules, les italiques sont de lui, et les textes soulignés en gras sont aussi de lui (ce ne sont pas des sous-titres que je rajoute).
Il répond à une personne qui trouvait que ça y allait un peu fort contre l'homéopathie…
a écrit :[...] L’effet placebo est RE-LA-TION-NEL et il marche avec les enfants de 18 mois (et moins - croyez en mon expérience de père de 6 enfants...), comme il agit avec les animaux, comme il agissait avec le jeune patient handicapé cérébral profond, muet et aveugle, que je suivais quand j’étais médecin de campagne et qui, quand il était malade et agité se calmait dès que je lui parlais parce qu’il sentait que sa mère était rassurée par ma présence... Et rien que le fait de le calmer faisait baisser sa température...
Chaque fois qu’il y a une relation de soin, il y de l’effet placebo.
Et l’effet placebo agissait SUR MOI, lorsque j’avais des angines, jeune adulte, et que je prenais les comprimés antibiotiques que me donnait mon père autrefois : j’étais soulagé en 10 minutes, alors que les comprimés, je le savais, n’avaient pas encore été dissous dans mon estomac.
Et l’effet placebo agit souvent lorsque j’examine un enfant ou un adulte qui a mal au ventre, et qu’il se relève en me disant qu’il se sent déjà mieux une fois que je lui ai expliqué d’où vient sa douleur ; et il agit ainsi très souvent, sans même que j’aie à prescrire quoi que ce soit.
L’effet placebo est véhiculé par la relation - la voix, les mots, les gestes, les attitudes, l’écoute, la présence.
Alors bien sûr que ça marche sur les enfants au stade pré-verbal, et sur les animaux. Et vous n’avez qu’à interroger les vétérinaires pour le savoir. Ils voient très bien que souvent, lorsque le propriétaire d’un animal est rassuré, l’animal va mieux. Avant même qu’il ait pris le traitement - homéopathique ou non.
L’effet placebo, c’est l’effet-médecin, c’est la forme la plus pure, la plus douce de soin. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire d’être médecin pour le véhiculer. Il faut seulement avoir une attitude de soignant, un désir de soigner. C’est un effet qui repose sur la qualité des échanges, ça n’est pas verbal ou intellectuel, c’est re-la-tion-nel... [...]
Oui, beaucoup d’homéopathes sont doués de cet effet-médecin, car souvent ce sont des praticiens qui ont pour désir de ne pas faire de mal... – c’est pour ça qu’ils ont choisi l’homéopathie.
[...] je ne "m’acharne" pas contre l’homéopathie, je dis simplement que l’homéopathie est dotée d’un effet placebo.
L’effet placebo est puissant
L’effet placebo est puissant - plus puissant, quand il est véhiculé par un bon praticien homéopathe, que celui d’un antalgique "efficace" mal prescrit par un mauvais médecin. (L’effet nocebo, ça existe aussi...)
Mais il ne faut pas y voir autre chose que ça, pour une simple raison : diaboliser ou surdiviniser une forme de traitement (l’homéopathie ou l’allopathie), c’est la même chose ; c’est remplacer la raison par la foi.
Diaboliser à l'excès ou surdiviniser, les deux bouts d'un même bâton… Et si le débat "tourne en sucette", pour reprendre l'expression de Bertrand, ce n'est pas parce que on a des partisans de l'homéopathie, non, c'est qu'on se coltine l'autre bout du bâton.
On continue un peu dans le texte de Martin Winckler qui prend soin de distinguer une formation scientifique du scientisme. Aucune allusion.
a écrit :Vision idéologique, réalité scientifique
Alors que ma formation scientifique (mais ni scientiste, ni dogmatique, je crois l’avoir montré à de nombreuses reprises...) me dit que l’homéopathie est dotée d’un effet placebo et non d’un effet pharmacologique mesurable - je serais malhonnête si je prétendais que ça n’a aucune importance pour moi. Si je me taisais, si je me contentais de dire : «Après tout, ils peuvent croire ce qu’ils veulent, l’essentiel, c’est qu’ils y croient», ce serait manquer de respect à ceux qui me lisent. [...]
Oui, vous pouvez croire ce que vous voulez, et vous avez le droit d’utiliser l’homéopathie, mais il est important que moi, je puisse dire que je ne pense pas les mêmes choses. Car ce n’est pas ce que je crois ou ce que vous croyez qui compte, c’est ce sur quoi nous nous mettons d’accord pour soigner ou nous faire soigner. [...]
Et si j’ai croisé des homéopathes qui étaient de grands soignants, j’ai croisé aussi beaucoup d’homéopathes qui étaient des escrocs, mais qu’on ne soupçonnait jamais de l’être... sous prétexte qu’ils étaient homéopathes.
S’ils n’avaient pu abuser de la crédulité des patients, ils n’auraient pas fait de ravages...
J'ai reçu un MP d'un ami, agacé par la discussion, ça il y a de sacrées saloperies dans la pratique de l'homéopathie. Et les conséquences pour la santé sont en général bénignes, lorsque le bobo soigné est bénin. Mais pour certaines maladies guéries, les séquelles peuvent être redoutables. Mon toubib m'avait expliqué, mais je serais incapable de le restituer. Iko avait mentionné ça :
«
Et pourtant combien sont ces enfants à angines à répétition qui guérissent par homéopathie. La rançon de cette gloire c’est que l’homéopathie détient le recors de surinfection par méningite !»
Si quelqu'un est capable de donner des éléments dans ce genre là…
On poursuit dans la réponse de Martin Winckler… Je m'excuse pour les palpitations que ça va provoquer chez quelques uns, mais quelques granules de Materialismum Dialecticum (pas trop diluées) devrait arranger ça…
a écrit :Soigner, c’est souvent irrationnel et fondé sur les sentiments, mais ça n’est pas de la magie
Soigner, c’est souvent irrationnel et fondé sur les sentiments, je suis le premier à le dire, à l’écrire et à le revendiquer dans mes livres. Mais j’affirme aussi que ça n’est pas de la magie : c’est du travail et du respect. [...]
Le respect, c’est la vérité de chacun. Vous me dites que l’homéopathie vous fait du bien. Je n’ai jamais dit le contraire. Je dis seulement : Sachez quelle est la nature de ce qui vous fait du bien. Ne la prenez pas pour autre chose que ce qu’elle est. Ca ne l’empêchera pas d’être efficace, mais ça empêchera que quiconque puisse abuser de votre confiance.
Ouf…
A lire lentement, bien sûr!…