a écrit : PARIS (AFP)
10 Novembre 2005 22h50
Long réquisitoire de Nicolas Sarkozy contre les "racailles et voyous"
Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a longuement dénoncé jeudi les "racailles" et "voyous" contre lesquels il ne regrette pas d'avoir employé ces termes, et dont il veut débarrasser le pays, au nom des "braves gens qui veulent avoir la paix".
"Ce sont des voyous, des racailles, je persiste et je signe", a-t-il déclaré sur France 2 qui consacrait jeudi une émission spéciale, "A vous de juger", à la crise des banlieues.
Le ministre a utilisé le terme "racaille" trois fois, lui préférant plus souvent celui de "voyou" et estimant aussi que ces adjectifs étaient appropriés pour une "infime minorité" de jeunes.
Se faisant le porte-parole des habitants des cités dans lesquelles il s'est rendu toutes les nuits "depuis 14 jours", le ministre a évoqué leur sentiment d'insécurité, qui les conduit aussi à ne plus voter car "on ne croit plus dans le discours des hommes politiques".
Les gens, a-t-il affirmé, après avoir évoqué la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2002, puis la victoire du non au référendum sur la constitution européenne, lui disent: "débarrassez-nous des trafics, des traficants, de ceux qui demandent aux mineurs de faire le guêt pour le trafic de la drogue (...), qui nous empoisonnent la vie".
"Vous croyez que c'est amusant de rentrer chez soi la peur au ventre ?", a-t-il insisté.
Interrogé sur le vocabulaire qu'il emploie depuis quelques semaines et contre lequel certains casseurs disent être passés aux actes, le ministre a répondu: "J'aimerais bien que l'on vienne me dire bien en face, quelqu'un qui ose frapper un pompier, qui jette des pierres sur un pompier, qui balance du haut de la tour une machine à laver sur un pompier, on l'appelle comment ?".
"Jeune homme ? Monsieur ? On l'appelle un voyou parce que c'est un voyou", a-t-il insisté.
Quant aux critiques adressées par le footballeur Lilian Thuram, "énervé" par ces termes, il a déclaré que le footballeur, qui "gagne très bien sa vie", n'était pas "concerné" par cela et "n'habite plus dans ces quartiers" depuis longtemps.
"Quand je dis il y a des racailles, eux-mêmes s'appellent comme cela. Arrêtez de les appeler des jeunes", a-t-il dit.
Sur la diminution progressive des violences depuis trois jours, le ministre de l'Intérieur s'est gardé de tout triomphalisme: "cela ne veut pas dire que cela ne peut pas repartir car les raisons structurelles ne sont pas résolues", a-t-il dit.
Dans certaines cités, les habitants ont toujours "peur des bandes, des caïds", qui vivent notamment du "trafic de drogue et des voitures volées", a-t-il assuré.
Dans ces quartiers, "où la police fait le tour et ne rentre pas", le premier problème, c'est "le sentiment d'impunité". "Il y a 25 ou 30 ans, on ne faisait pas brûler la voiture de son voisin", a-t-il considéré.
Le ministre de l'Intérieur a également affirmé qu'il n'accepterait "aucun débordement des forces de l'ordre", après la suspension de huit policiers de Seine-Saint-Denis pour des "coups illégitimes" sur un jeune de 19 ans, lundi.
"Chaque fois qu'il y aura quelque chose qui n'ira pas, il faut le signaler. Il faut porter plainte", a dit Nicolas Sarkozy.
Eloquent. Je ne sais pas si quelqu'un l'a posté ailleurs.