Vérié : « Au lieu de déformer grossièrement nos positions »… "vos" positions ?…
Je connais tes positions, c'est ce que tu as écris… "vos" positions, je ne connais pas. Bon, je laisse pisser, m'en fout. Dans 10000 pages, on y serait encore.
Ta question, Vérié : «Pourquoi, s'il ne s'agit que de quelques actes de vandalisme commis par des gamins coupés de l'ensemble des autres jeunes, tout un tas de gens prennent soudain conscience que la misère et le chômage frappent les banlieues ?» eh bien, c'est là que tu bigles un peu des yeux…
Car de toute façon, faudra bien expliquer pourquoi on en est arrivé là?! Pourquoi y a-t-il eu une machine à fabriquer ce qu'on voit ? C'est pour ça que j'ai pris l'exemple du bois, dans message précédent. De toute façon, c'est pas apparu par mutation des chromosomes chez certains jeunes.
Et des réflexions comme «Oh bin ça, fallait bien que ça arrive un jour ou l'autre » peuvent s'appliquer quelle que soit la catégorisation des énergumènes. Toujours est-il que si on n'avait pas laissé pourrir les quartiers, si notre monde offrait autre chose que des rêves d'argent facile et offrait une insertion dans la vie, on n'en serait pas là. Si notre monde ne produisait pas des salopards qui s'attribuent des primes valant plus de 1000 ans de smic, on n'en serait pas là. Etc. etc.
Je reviens à un message que Harpo avait cité, en disant qu'une interrogation subsistait :
« savoir l'importance réelle des groupes de jeunes, ce n'est pas anodin [...] Y a-t-il une partie des jeunes qui leur emboîte le pas ?»
La décrue semble bien timide : ça diminue par endroit, ça apparaît en d'autres endroits.
Les rafles stupides de jeunes (de très jeunes) vont-elles provoquer un élargissement de l'affaire - et du coup, une mutation des méthodes ? Et là, on n'aurait plus uniquement de jeunes graines de voyous voulant uniquement ne pas avoir l'air de bouffons. Ça changerait pas qu'un peu la situation, si c'était un quartier entier qui refusait les forces de l'ordre. Et pourquoi pas ? puisque ce sont leurs fils qui passaient par là, qui se retrouvent en comparution, pendant que les plus hardis sont toujours hors d'atteinte.
J'ai entendu ce midi les infos sur Amiens : augmentation de la moyenne d'âge et organisation plus cohérente vis-à-vis de la police. Bon, ça serait à vérifier. Est-ce que les petits "sauvageons" de base trouvent du renfort parmi les vrais caïds, tout heureux de montrer que les banlieues sont leur territoire, qu'il faut pas y toucher ? Ou bien est-ce que des jeunes plus mûrs viennent se mêler à la bagarre ?
Est-ce que la population va se dire que ça suffit, que ce n'est pas des marches pour la paix civile qu'il faut ? Que le couvre-feux imbécile doit être levé, que le combat singulier entra la police et quelques voyous ne mène à rien. Est-ce que il va y avoir soudainement des rassemblements pour réclamer, non pas la paix du quartier, mais les moyens d'avoir la paix, c'est à dire des moyens pour les quartiers – et pas une pétition de principe, pas avec un tract, mais avec une volonté de réponse immédiate (comme les salariés dans une entreprise en grève veulent des faits immédiats)
Est-ce que ça peut se traduire par une agitation dans les entreprises ? d'abord par une agitation où se retrouvent beaucoup de jeunes gens des banlieues, et ensuite ?…
Et tout ça, on ne peut y faire que là où on est. On sait bien qu'on n'arrive pas forcément à mettre une boite en grève.
Ce n'est pas la multiplication des communiqués qui fera changer la situation, ni les déclarations tonitruantes de matadors. C'est l'évolution dans la façon qu'auront les gens de vouloir se sortir de ce bourbier. C'est à ça que nous devons être attentifs.
Et là, où on est présent, je crois qu'on fait notre travail de militants révolutionnaires – même si on n'apparaît pas forcément dans la litanie des collectifs.