violences en banlieue : quelle politique

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Message par Puig Antich » 13 Nov 2005, 18:26

a écrit :*** Déclaration de la délégation extérieure du Parti communiste ouvrier
irakien  à propos du mouvement de protestation qui a lieu actuellement en
France

Depuis près de deux semaines, de violents affrontements se déroulent dans de
nombreuses villes de France, troubles que la presse étrangère a qualifié de
« révolte des démunis », de « révolution des insurgés », etc.

En effet, des quartiers se transforment chaque soir, en scène de guerre
entre police et jeunes, en colère contre leurs conditions de vie. Des
centaines de véhicules, de bus et de magasins sont incendiés, à cette
occasion.

Paris et plusieurs grandes villes françaises, où résident la majorité des
immigrés africains et arabes, se sont mues en lieux de relégation et de
désobéissance de jeunes, animés par le sentiment d'exclusion, et confrontés
à la pauvreté et au chômage.

Ce mécontentement est dû à la politique de marginalisation, de privation de
droits sociaux et d'absence de perspectives claires. Il est dû aussi  au
sentiment que la société française s'est divisée en deux mondes
antagonistes. Ainsi, à quelques minutes des quartiers huppés, où se côtoient
une opulence indécente et un luxe inqualifiable, s'étendent les quartiers de
la pauvreté, de la faim, du chômage, de l'insécurité économique et de la
discrimination raciale.  C'est cette colère, accumulée au fil des ans, qui a
brusquement explosée. La révolte est telle que même les écoles et les
crèches n'ont pas échappé aux destructions.

C'est là, la réaction de gens qui ont perdu l'espoir d'accéder à une vie
digne dans un monde, qui regorge de richesses. C'est une réaction à l'égard
des attaques des gouvernements successifs, qui ont détérioré leurs
conditions de vie. C'est une réaction contre les politiques de
ghettoïsation, de relégation, et de constat d'échec des politiques d'
intégration (ou plutôt de non-intégration). Cette colère est venue à bout de
leur patience. Et ce sont les autorités françaises qui en sont responsables.

Les racines de cette révolte trouvent leur origine dans les lois de la
jungle instaurées par le capitalisme contemporain et ses gouvernements. Tous
ces malheurs sont enfantés par une société d'injustice, d'inégalités et de
profonde tristesse. Ils sont enfantés par un système et par un mode de vie
dévoyés que le capitalisme a imposé aux humains, d'aujourd'hui. Aussi, les
damnés n'ont d'autres choix que de protester contre ce monde.

Cependant, en l'absence d'un mouvement radical humaniste, luttant pour l'
égalité et la justice, d'un mouvement et d'une conscience socialiste, c'est
une conscience dévoyée qui s'imposera. Les portes seront alors de plus en
plus grandes ouvertes devant les conflits nationalistes, islamistes et
ethniques. Tout le monde a remarqué le dessein des courants islamique à s'
ériger en porte-parole de ces mouvements contestataires, en présentant les
faits, comme des attaques contre les « musulmans », les « Arabes » et les
« Africains ». Si bien que ces injustices et ces protestations finissent par
prendre un caractère islamiste, nationaliste et ethnique, alors qu'il s'agit
de protestations de masses en colère dans des villes françaises contre la
pauvreté, l'absence de droits sociaux et les malheurs qui assombrissent
leurs vies.



La vérité est qu'en l'absence d'un communisme rénové, n'importe quel courant
réactionnaire et fasciste, ennemis des démunis eux-mêmes, peut détourner
cette protestation à son avantage.



Les damnés de la société sont par conséquent obligés de se rassembler dans
un front humaniste, un front de masses aspirant au bien-être et à la
liberté. En France, un tel front, avec ses forces et ses organisations, s'
incarne dans les organisations ouvrières, radicales, de liberté, et
humanistes. Le cheikh untel, l'islamiste untel ou le nationaliste untel ne
feront qu'exploiter ces situations pour des intérêts, n'ayant aucun lien
avec ceux des damnés de France.

Il faudrait, pour voir satisfaire les justes revendications de ces derniers,
dresser l'identité humaniste face aux identités réactionnaires et
trompeuses.  Les protestations des damnés de France prouvent une fois de
plus que l'humanité a besoin plus que jamais d'une alternative communiste.

Le 9.11.2005

http://www.wpiraq.net

tél. : 07734704742

Traduit de l'arabe par Hakim Arabdiou
Puig Antich
 
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Message par Umber » 13 Nov 2005, 18:36

(Puig Antich @ dimanche 13 novembre 2005 à 20:26 a écrit :
a écrit :*** Déclaration de la délégation extérieure du Parti communiste ouvrier
irakien  à propos du mouvement de protestation qui a lieu actuellement en
France

Les racines de cette révolte trouvent leur origine dans les lois de la
jungle instaurées par le capitalisme contemporain et ses gouvernements. Tous
ces malheurs sont enfantés par une société d'injustice, d'inégalités et de
profonde tristesse. Ils sont enfantés par un système et par un mode de vie
dévoyés que le capitalisme a imposé aux humains, d'aujourd'hui. Aussi, les
damnés n'ont d'autres choix que de protester contre ce monde.


C'est bien vrai tout ça.
Mais j'ai l'impression qu'ils ne cernent pas bien les faits : cette guerre civile contrarie plus les ouvriers que les exploiteurs.
D'autres parts, ça m'étonnerait que des journalistes venant de l'étranger puissent donner un compte-rendu assez précis et vrai de la situation.
Umber
 
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Message par Ottokar » 13 Nov 2005, 19:32

(Vérié a écrit :Quand je demande : "Que faut-il dire et faire ?" J'entend évidemment vis à vis de l'ensemble des travailleurs et de la population ("jeunes révoltés" compris quand il y a de spossibilités de s'adresser à eux ! Si Ottokar a compris que je préconisais de s'adresser prioritairement à ces jeunes pour leur proposer d'autres formes d'actions voire prendre la tete de la révolte (?!), c'est qu'il a mal compris.


Bon alors si c'est cela, LO est "intervenu" ! On a sorti deux éditos, qui ont souvent été distribués au-delà des boîtes habituelles, on en a discuté partout, au boulot, au syndicat, dans la jeunesse scolarisée, etc. On pourrait rajouter une manif squelettique éventuelle et une affiche éventuelle, mais ça n'y change rien et la baudruche se dégonfle.

"Much ado about nothing" comme dirait Zelda et j'aurais "mal compris"... mais avouez que si c'est le cas, j'ai des excuses ! je ne reviens pas sur la carcatérisation de la révolte, il y en 20 pages maintenant !

Au fait bravo Vérié, tu as enfin découvert comment mettre une citation ! :D
Ottokar
 
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Message par zejarda » 13 Nov 2005, 21:32

(pelon @ dimanche 13 novembre 2005 à 12:46 a écrit : Et tout le monde était d'accord avec la LDH pour que la manif soit silencieuse ?
Je ne connais pas les conditions de la manif mais cela ne me plait pas. Manifester pour être à la traine dans ces conditions (en plus de la LDH, avec ses positions réacs sur le voile à l'école) avec même pas une banderolle, j'aimerais en savoir plus.
en tout cas, il n'y avait pas de banderolle, a part celle de la ligue apparue en cours de manif.

Il y avait notre presse visible, des autocolant de la lighe, du PCF et de LO bien visible.

Je n'ai pas plus d'info que cela. j'ai cru comprendre que le gas qui a pris la parole, au début de la marche était de la LDH.
zejarda
 
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Message par Barnabé » 13 Nov 2005, 21:48

Moi en tout cas, une chose me paraît claire, c'est qu'il faut multiplier les initiatives comme celles que raconte Vic_tor, sur les quartier, et sur les boîtes en faisant le lien entre les licenciements, la précarité, et la situation de la jeunesse dans les quartiers.
Je crois qu'il y a une situation dont on aurait tort de ne pas faire le maximum pour se saisir.
Barnabé
 
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Message par pelon » 13 Nov 2005, 21:53

(zejarda @ dimanche 13 novembre 2005 à 21:32 a écrit :
(pelon @ dimanche 13 novembre 2005 à 12:46 a écrit : Et tout le monde était d'accord avec la LDH pour que la manif soit silencieuse ?
Je ne connais pas les conditions de la manif mais cela ne me plait pas. Manifester pour être à la traine dans ces conditions (en plus de la LDH, avec ses positions réacs sur le voile à l'école) avec même pas une banderolle, j'aimerais en savoir plus.

en tout cas, il n'y avait pas de banderolle, a part celle de la ligue apparue en cours de manif.

Il y avait notre presse visible, des autocolant de la lighe, du PCF et de LO bien visible.

Je n'ai pas plus d'info que cela. j'ai cru comprendre que le gas qui a pris la parole, au début de la marche était de la LDH.

Dans ce cas, nos banderolles, c'est notre presse bien en évidence. J'aurais été étonné que nous allions à une manif comme cela sans apparaître. Du jamais vu.
pelon
 
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Message par Barnabé » 13 Nov 2005, 22:03

Sinon dans la série les éditos, voici celui du dernier numéro de convergences révolutionnaires (qui vient de sortir), je ne crois pas qu'il soit déjà posté...
a écrit :Oui, démission ! De qui ?

Mis en ligne le 10 novembre 2005

Absurde ou gratuite, la flambée de violence qui secoue le pays depuis 8 jours au moment où nous écrivons ? Non, sans perspective, ce n’est pas la même chose. Mais ce n’est certainement pas à gauche ni dans le mouvement ouvrier qu’on peut ou doit s’en étonner.

Nous assistons à la révolte d’une fraction de la jeunesse prolétarienne, celle qui est la plus démunie de travail, de cadre de vie social, de culture et d’espoir. Celle aussi du coup, évidemment, qui au quotidien ne voit souvent de porte de sortie que dans la débrouillardise, l’individualisme et la nécessité de ne pas se préoccuper des autres, quand ce n’est pas de les écraser. Ou qui, quand elle laisse éclater son exaspération, comme en ce moment, s’engage dans une révolte aveugle, dans ses méthodes comme dans ses cibles. Mais c’est quand même bien une authentique révolte d’une partie de notre classe.

Pour que les révoltés dépassent la simple volonté d’exprimer la colère et la hargne, il leur faudrait prendre conscience d’être partie prenante d’un mouvement plus large, que leur combat s’intègre dans une lutte d’une autre ampleur. Alors, l’explosion pourrait se transformer en autre chose qu’une émeute et se donner d’autres objectifs que casser pour casser, brûler pour brûler, quoi qu’on brûle, et même si c’est l’école du quartier, les bus de la ville ou la voiture du voisin.

Cette conscience et ces objectifs, ne comptons pas sur la gauche ou les syndicats pour les apporter. Même simplement par l’exemple. Ils ont rarement été aussi éloignés... de se les donner pour eux-mêmes. Rarement été aussi plats. Rarement montré moins de volonté de mener le combat pour la défense des pauvres et des travailleurs. Comment des jeunes en révolte pourraient-ils leur prêter la moindre attention ?

La gauche, y compris la gauche de la gauche, elle, ne pense qu’aux élections. Belle perspective à offrir aux banlieues en ébullition que de bien voter dans un an et demi !

Les syndicats, y compris la CGT, n’ont qu’un objectif en tête : disperser et émietter au maximum les luttes éventuelles des travailleurs. Quelle perspective de convergence pourraient-ils offrir aux luttes de la jeunesse ? Quand des jeunes en décousent avec la police, au risque de se retrouver devant le juge, puis en prison, quelle considération peuvent-ils porter à des gens qui poussent marins de la SNCM ou traminots de la RTM a cesser leur lutte sous la menace d’un dépôt de bilan ou... d’un jugement du tribunal ?

Pour avoir une chance, même une chance seulement, d’être pris en considération par cette partie de la jeunesse prolétarienne, sans tradition, sans conscience de classe et sans boussole politique ou sociale, il faudrait que le mouvement ouvrier ait, à défaut des militants qui lui manquent dans cette fraction du prolétariat, au moins des dirigeants qui montrent qu’ils ont envie eux-mêmes d’en découdre avec ses ennemis, le gouvernement et les patrons.

Alors peut-être pourrait-il proposer aux banlieues d’autres moyens, moins stupides et plus efficaces, d’exprimer leur colère ou de faire entendre leurs revendications. Et faire comprendre aux jeunes que ce n’est pas dans une lutte sans ou même contre le reste de la population, mais avec, qu’ils ont des chances de changer leur sort.

Sinon la révolte d’aujourd’hui soit se dissipera sans résultat autre qu’une démoralisation encore plus grande, soit pire, dressera de plus en plus les révoltés contre l’autre partie de la population et des travailleurs, au risque d’être récupérée par les pires ennemis des uns et des autres.

6 novembre 2005
Barnabé
 
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Message par Cyrano » 13 Nov 2005, 22:09

Barnabé:
"en faisant le lien entre les licenciements, la précarité, et la situation de la jeunesse dans les quartiers."

D'après ce que j'entends autour de moi, quelle que soit la façon dont sont considérés les méfaits vécus par les gens, c'est naturellement ce qu'ils se disent le plus, non? Et les témoignages télé ou radio en rajoutent.
Alors, dire ça (on le dit d'ailleurs), n'est ce pas se faire plaisir, dans un passe temps où chacun repète un peu ce que dit l'autre?

-- Ah la la, si y avait moins de chômage...
-- Ah ça oui, c'est bin vrai, si y'avait plus de boulot...
-- Et puis quand y z'ont un boulot, ça dure 3 mois...
-- A bin oui, si c'était moins précaire...
-- etc...
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