Greffe du visage et éthique

[logan]

La greffe partielle de visage continue d'alimenter des débats d'éthique
LE MONDE | 12.12.05 | 13h58

Après la greffe partielle de visage pratiquée, le samedi 27 novembre, au CHU d'Amiens, le conseil national de l'ordre des médecins a été saisi de nombreuses demandes sur les différents aspects éthiques de cette première mondiale chirurgicale. Ces demandes concernent surtout l'intense médiatisation dont cette intervention fait l'objet. L'instance ordinale émettra dans les prochains jours un avis et formulera une série de propositions.

Pour sa part, la Société francophone de transplantation (SFT) a déjà pris position dans la controverse. Réunis du 7 au 10 décembre à Tours (Indre-et-Loire), dans le cadre de leur 5e congrès annuel, les membres de cette société savante n'ont pas contesté le bien-fondé de l'intervention, mais n'ont pas caché leurs inquiétudes.

Ils ont aussi rappelé tout l'attachement qu'ils apportent au respect de règles essentielles en matière de prélèvements et de greffes d'organes et de tissus : caractère anonyme et gratuit du don ; respect de l'intimité du donneur, du receveur et de leurs familles ; la gratuité de l'ensemble du processus ainsi que "sobriété et retenue dans l'information".

Or force est aujourd'hui de constater que si le don a bien été gratuit, il n'a pas été anonyme. Des médias britanniques ont révélé l'identité de la donneuse et, après avoir affirmé que la receveuse souhaitait conserver l'anonymat, les responsables de l'équipe médico-chirurgicale ont révélé qu'ils avaient été à l'origine d'un contrat commercial passé entre leur patiente et un photographe.

Ce contrat, contresigné par deux chefs de services hospitalo-universitaires, avait pour objet de préserver le "droit à l'image" de la femme greffée, tout en prévoyant un partage des sommes résultant de la vente des images de son nouveau visage. La "sobriété" et la "retenue" dans la diffusion de l'information n'ont pas plus été respectées.

"Tout en étant conscients de la nécessaire transparence de l'information, nous regrettons l'emballement médiatique que cette transplantation suscite", soulignent les responsables de la SFT qui ajoutent "souhaiter que cette transplantation n'ait que des conséquences positives sur le développement des prélèvements et des transplantations, si nécessaires à l'ensemble des patients en attente de greffe".
Jean-Yves Nau

[toulaiev]

Lors de la guerre de 1914, les gueules cassées ont reçu des actes chirurgicaux, la greffe comme toute avancée médicale mérite reflexion, humainement, c'est, je crois, à la personne concerné de décider par libre arbitre... En tout cas dans une société sans ethique réelle, où la morale judéo chrétienne n'a pas de sens que préserver ses valeurs propres, seul compte l'avis du patient...

quand à la médiatisation les journaux à grands tirages (pour la cheminée) faut bien qu'ils vendent leurs tonnes de papier...

[Puig Antich]

Ben elle a raison, puis doublement raison d'utiliser l'indignation des bonne soeurs et le sensationnalisme des cons pour se faire un max d'oseille...

[Quartz]

LO N°1950

Première greffe partielle du visage : Une prouesse brillante dans une société qui l’est moins

La jeune femme avait été gravement mutilée par son chien, qui lui avait arraché les lèvres, le menton, une partie du nez et des joues. Elle ne pouvait plus ni parler ni manger normalement, elle était défigurée au point de ne plus pouvoir se montrer, sauf couverte d’un masque. «C’est simplement extraordinaire de voir un nez et une bouche sur mon visage», a-t-elle déclaré après l’intervention qui lui a redonné l’espoir d’une vie presque normale, à visage découvert.

C’est vrai que des prouesses techniques ont été mises en œuvre pour permettre cette première greffe partielle de visage. Les techniques de chirurgie et de microchirurgie ont permis de prélever le triangle du visage de la donneuse, puis de le greffer sur la receveuse en l’attachant aux os de la face, en suturant les vaisseaux sanguins, les nerfs, etc. Les connaissances en immunologie, elles, devraient permettre que ce nouveau visage ne soit pas rejeté par le système immunitaire de la receveuse.

Certes, rien n’est encore acquis. Le risque de rejet de greffe n’est pas écarté et la jeune femme va devoir subir pendant toute sa vie un traitement médicamenteux antirejet. Un risque d’infection subsiste. Et puis il va falloir que ses nerfs activent son nouveau visage, afin qu’il récupère sa mobilité. Ce n’est pas donné, mais c’est un espoir immense, non seulement pour la jeune femme greffée mais aussi pour tous ceux qui, défigurés par des brûlures graves, des accidents, des explosions, mènent une vie de reclus.

En revanche les discussions occasionnées par cette grande première médicale ramènent, elles, plutôt au passé. On entend beaucoup parler des problèmes psychologiques liés à l’acceptation du nouveau visage et, qui plus est, du visage d’une autre femme, décédée. Certes, ces problèmes existent. Mais face à ceux-ci, le dilemme posé entre vivre sans visage ou avec le visage d’un autre est vraiment vite réglé pour les individus concernés!

S’il est une dérive dans cette opération, ce sont les aspects médiatiques et mercantiles qui l’ont accompagnée. Pas tant parce que des reportages ont été faits. S’ils avaient eu pour objectif de faire comprendre et apprécier la prouesse, ils auraient eu une véritable valeur technique et informative. Mais ce n’est pas pour cela que patrons de presse et journalistes se sont précipités sur cette affaire mais pour transformer cet exploit chirurgical en un mélo pathétique et surtout... rémunérateur!

Ainsi, les plus grandes prouesses du génie humain sont invariablement plombées par une organisation sociale basée sur l’appât du fric.

Sophie GARGAN

[Ottokar]

Bref il en faudra plus que cela pour changer la face du monde !

[pelon]

Bref il en faudra plus que cela pour changer la face du monde !

... alors que si le nez de Cléopâtre avait été moins long ...
Ceci écrit, l'article est très bien.

pelon

 

Message(s) : 33

Inscription : 30 Août 2002, 10:35

• Message privé

Haut

[Puig Antich]

Oui, c'est ce que je voulais dire en faisant court.