La charte d'Amiens

Rien n'est hors-sujet ici, sauf si ça parle de politique

Message par Valiere » 31 Déc 2005, 13:23

" Le Congrès confédéral d'Amiens confirme l'article 2, constitutif de la CGT : " La CGT groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat ".



LA CHARTE D’AMIENS POURRAIT ETRE L’UN DES TEXTES FONDATEURS D’UNE UNIFICATION SYNDICALE


La charte d’Amiens va fêter ses 100 ans en octobre 1906 .

Ce texte fondamental, voté à une large majorité par le congrès de la CGT affirmant une identité révolutionnaire et une indépendance par rapport aux partis a été soit critiquée par ceux qui voulaient transformer le syndicat en courroie de transmission de leur parti soit adaptée au gré des choix de telle direction.

Au moment de la scission confédérale de 1947, chacune des deux principales branches du syndicalisme a choisi l’un des deux principes fondateurs affichés, délaissant l’autre :

Pour la direction de FO, il s’est agi exclusivement d’une indépendance par rapport aux politiques alors que la CGT n’a retenu que la dimension « lutte de classes »...

Aujourd’hui, si les mêmes débats surgissent, le syndicalisme ouvrier n’est plus ce qu’il était : l’éclatement, le morcellement et la division forment une dure réalité dans une désyndicalisation prégnante et préoccupante.

Le non-respect quasi généralisé de la charte d’Amiens a conduit à la situation de crise syndicale de représentation et d’organisation que nous connaissons.

La scission confédérale de 1947 a vu s’affronter une direction liée organiquement au Parti Communiste et une minorité remettant en cause l’indépendance du syndicat par rapport à l’Etat...
Deux lignes divergentes, deux abandons du principe de la charte d’Amiens...
Une minorité révolutionnaire très faible numériquement alors animée par Marcel Valière s’est opposée à ces deux orientations suicidaires, mais en vain...

La CGT s’est scindée en deux voire en trois avec la création de la FEN autonome.
35 ans après cette scission, le syndicat enseignant unifié a éclaté en deux branches au début des années 90...La direction de la FE N liée à une fraction du PS souhaitait une recomposition syndicale permettant la constitution avec la CFDT d’une grande organisation syndicale réformiste.
L’histoire des scissions, recompositions s’est poursuivie avec à chaque fois posée la question de l’indépendance du syndicalisme par rapport aux partis et par rapport à l’Etat...

- Si effectivement le droit de tendances qui existe à la FSU est l’expression d’un pluralisme et d’une démocratie interne : trois des cinq tendances fédérales sont des fractions politiques !?

- A la CFDT, le lien de sa direction avec l’appareil d’Etat déconsidère cette confédération et risque de la transformer en institution intégrée...

- Force Ouvrière, syndicat très jaloux de son indépendance par rapport aux partis comporte en son sein une fraction politique minoritaire, centralisée et bien organisée qui dispose d’un poids important dans l’appareil...

- Quant à la vieille CGT, si sa direction a coupé ses liens quasi organiques avec un appareil communiste en crise, elle ne se reconnaît pas explicitement de la charte d’Amiens....

-Il serait possible de poursuivre l’état des lieux mais il risque d’être fastidieux et je pourrais oublier un protagoniste... Ils sont tellement nombreux ces syndicats : du groupuscule « corporatiste » au syndicat majoritaire dans tel secteur.

Je ne veux pour autant pas faire l’impasse sur le « phénomène » SUD qui regroupe des syndicats très indépendants et d’autres dirigés par une extrême gauche dominée par la LCR.

Un siècle après le congrès d’Amiens, cette charte n’a pas vieilli, d’autant plus qu’elle fut mainte et mainte fois dévoyée et très rarement appliquée.

Il s’agit à la fois de maintenir la mission historique du syndicalisme ouvrier afin de préparer
« L’émancipation intégrale, qui ne peut se réaliser que par l'expropriation capitaliste » et à la fois de garantir son indépendance par rapport à tout parti.

Pour certains commentateurs extérieurs, ou militants ouvriers, la charte d’Amiens se réclame de l’apolitisme...

Qu’en est-il exactement ?

« Le Congrès affirme l'entière liberté pour le syndiqué, de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu'il professe au dehors »

Les instances délibératives du syndicat, à tous les niveaux, de l’AG de section d’entreprise à la direction fédérale et confédérale déterminent librement les orientations et les modalités d’intervention... Chaque syndiqué, responsable ou pas n’oublie pas son engagement politique, s’il en a un, en entrant dans le local syndical : il respecte l’autonomie du syndicat et son indépendance afin que l’outil de transformation sociale qu’est le syndicat soit aux mains et au service des syndiqués....


En 1906 , il n’existait qu’une seule confédération.
En 2006, le syndicalisme est parcellisé , émietté , divisé....

La célébration de la charte d’Amiens est l’occasion pour qu’ensemble les militants et militantes appartenant aux différentes confédérations et fédérations concurrentes discutent de la situation actuelle et mettent en perspective l’unification syndicale !
Douce utopie diront certains ! Peut être ? mais le syndicalisme n’est pas riche de sa diversité et sa « balkanisation » qui se poursuit risque de le transformer en simples appareils régnant sur un désert.
Des appels pressants en faveur de l’unification commencent à circuler et surtout des amorces de courant intersyndicaux commencent à prendre corps....

Et si ensemble nous discutions de l’actualité de la charte d’Amiens, c’est à dire d’un texte fondateur structurant un syndicalisme rassemblé et rassembleur !

Valière
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Message par Sterd » 31 Déc 2005, 17:41

:altharion: La Charte d'Amiens est "historiquement dépassée" depuis au moins 85 ans. C'est dans une lettre de Trotsky à Monatte datée de 1921. Ceux qui continuent à l'invoquer c'est soit par un automatisme stérile, soit ils n'ont compris rien à rien de ce que doit être la politique des révolutionnaires. Trotsky dans sa lettre à Monatte disait : Est-il possible qu'en 1921 nous ayons à retourner aux positions de 1906 et à «reconstruire» le syndicalisme d'avant-guerre... Cette position est amorphe, elle est conservatrice, elle risque de devenir réactionnaire.
C'est maintenant un fait certain. Invoquer la charte d'Amiens est aujourd'hui réactionnaire.

Le texte de cette lettre est disponible sur le site marxists.org
Sterd
 
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Message par Valiere » 31 Déc 2005, 18:52

Tu oublies qu'en 1921 le stalinisme n'était pas triomphant...Un détail comme cette chape de plomb durant soixante ans que le stalinisme a installé...Un détail, lui aussi....
Tu oublies que l'indépendance c'est aujourd'hui essentiellement par rapport à l'Etat
Valiere
 
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Message par Sterd » 31 Déc 2005, 19:02

(Valiere @ samedi 31 décembre 2005 à 18:52 a écrit : Tu oublies qu'en 1921 le stalinisme n'était pas triomphant...Un détail comme cette chape de plomb durant soixante ans que le stalinisme a installé...Un détail, lui aussi....
Tu oublies que l'indépendance c'est aujourd'hui essentiellement par rapport à l'Etat
Non, je n'oublie rien de tout ça. Je n'oublie pas non plus que le stalinisme n'est plus triomphant et je n'oublie pas non plus que la lutte syndicale doit être subordonnée à la lutte politique et que ceux qui prétendent le contraire sont des réacs.
Sterd
 
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Message par Valiere » 01 Jan 2006, 13:30

"Non, je n'oublie rien de tout ça. Je n'oublie pas non plus que le stalinisme n'est plus triomphant et je n'oublie pas non plus que la lutte syndicale doit être subordonnée à la lutte politique et que ceux qui prétendent le contraire sont des réacs. "

C'est une affirmation plus qu'une démonstration...Si les syndiqués avaient attendu il n'y aurait ni anancée syndicale ni syndicats.
Valiere
 
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Message par Sterd » 01 Jan 2006, 14:43

Cette dernière intervention ne veut rien dire.

Proclamer l'indépendance du parti et des syndicats, est totalement réactionnaire et je ne vois pas en quoi une soit disant "avancée syndicale" peut contredire ce fait. Le jour ou un véritable parti ouvrier existera, il est bien entendu que ses militants dans les syndicats devront rendre compte à leur parti de leur politique syndicale, et que la politique du syndicat devra être en tout points subordonnée à la lutte politique menée par le Parti.
Et aujourd'hui aors que les partis ouvriers sont en cors de déconfiture avancée, proclamer cette indépendance c'est laisser les mains libres aux Thibault et consorts de mener la politique qu'ils le souhaitent en traitant leurs possibles opposants de "politiques".

Alors ou, brandir aujourd'hui la chrte d'Amiens, c'estn'avoir rien compris de ce qu'elle pouvait représenter, et que ce qu'elle représentait était fondamentalement borné de façon historique, soit donner des armes à la bourgeoisie quand elle critique les actions syndicales comme étant "politiques".
Il faut au contraire affirmer haut et fort la nécessaire soumission du syndical au politique.

Fermez le ban
Sterd
 
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Message par Valiere » 01 Jan 2006, 18:24

Pour l'instant aucun authentique parti ouvrier n'a vu le jour en France et toute subordination du syndicat au part n'a permis que lier le syndicat à une politique réactionnaire et à remettre en cause le principe : "l'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes"...Quant au ban, tu peux le fermer mais ce n'est qu'une clause de style.
Tu confonds facilement l'indépendance organisationnelle et la dépendance politique qui ne peut exister que si le parti devient démocratiquement majoritaire dans le syndicat...Et là le débat se situe à un autre niveau.
Valiere
 
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