Hé bien justement, sur la Commune, Marx prend sa défense contre les réactionnaires de toute l'Europe, à chaud. Puis la critique à posteriori pour ses insuffisances. Nationalisme, refus de toucher aux banques, etc.
Celà vaut pour 1917. Bien évidemment, contre tous les impérialistes, nous devons affirmer notre solidarité avec Octobre, première expression à grande échelle d'une protestation armée contre ce monde de guerre et de pénurie. Mais, comme le dit Luxembourg dans sa "révolution russe" - et quoi qu'on puisse penser de ses critiques particulières -, être fidèle à la révolution russe, c'est la critiquer. Sinon, celà s'apparente un peu à l'embaumage stalinien dont on recouvrira les révolutionnaires ... une fois leur cadavre refroidi.
a écrit :Là aussi, je crains que tu ne t'exprimes que trop abstraitement. Personne ici ne te contredira sur le salariat comme rapport social de production du capitalisme. Il en va de même avec le servage pour le féodalisme et la claque-dans-ta-gueule pour l'esclavage. Et personne non plus ici ne te dira qu'il s'agissait d'un mode de production socialiste dans le jeune état ouvrier, encore moins dans son évolution. Seulement il se trouve qu'à l'origine, le prolétariat s'était emparé des pouvoirs politiques et économiques, instituant le gouvernement bolchevik et fondant son pouvoir sur les conseils ouvriers. Et en faisant ainsi, c'est l'exploitation qui est combattue, c'est la bourgeoisie et l'aristocratie qui sont expropriées.
Donc tu reconnais 1) que le salariat est un rapport capitaliste ; 2) qu'il n'a pas été aboli en Russie - et ceci nonobstant qu'on pense ou non que c'était une possibilité pratique - pour ma part, je n'y crois pas.
Il y eût effectivement dictature du prolétariat en Russie. Son programme politique, c'est les thèses d'Avril : le pain, la paix, la terre, la liberté, etc. C'était effectivement le seul programme qui pouvait sauver la Russie et même le monde à l'époque, et le prolétariat la seule classe capable de l'appliquer. Les bolcheviks gardent le mérite d'avoir tenté de l'appliquer et de l'avoir fait avec sérieux. Mais, au-delà de ça, avec le recul qu'on a, était-ce réellement possible d'abolir le capitalisme - alors qu'il n'était qu'à l'état embryonnaire, et qu'il s'agissait plutôt de le généraliser, avec son corrolaire : le salariat ? (Seule façon finalement, dans les conditions de l'épôque, de garantir à la société sa survie biologique, sa reproduction, etc.).
Finalement, dire celà, ce n'est pas forcément "se détacher plus encore de notre solidarité avec la révolution de 1917", c'est peut-être une façon de lui être fidèle, en ne présentant pas comme son "enfant bâtard, mais son enfant quand même" le stalinisme, qui a été sa limite, puis sa négation violente...
Sinon sur le terme totalitaire, Trotsky lui-même l'emploi au sujet de la bureaucratie russe. Vers la fin de sa vie je crois. Peut-être même dans le texte où il ensivage vaguement, au cas où se maintiendrait la bureaucratie stalinienne aprés la guerre impérialiste qui allait éclater, de réviser la théorie de l'état ouvrier dégénéré.