pourquoi la mer n'est-elle pas plus salée?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 11 Jan 2006, 12:07

dans le Figaro:

a écrit :

[center]Pourquoi l'eau de mer est-elle salée ? [/center]

[11 janvier 2006]

Souvenez-vous de votre premier bain de mer. De votre première «tasse» voulue ou subie. Et de votre incompréhension d'enfant... Comment une eau si bleue, si pure, où vivent – visiblement sans s'en plaindre – tant de poissons, de coquillages et de bêtes étranges, peut-elle être aussi imbuvable malgré son aspect plutôt gouleyant ?

La question a traversé les âges donnant naissance à de nombreux mythes comme celui, très répandu, de la meule magique capable de fabriquer du sel à profusion qu'un marin emporte en croisière avec lui mais dont il oublie la formule d'arrêt. Une fois actionnée, la meule se met alors à produire tant et tant de sel qu'il finit par s'en débarrasser en la jetant à la mer. Où elle ne cesse de fonctionner depuis...

L'explication, pour enfantine qu'elle puisse paraître, n'est finalement pas si éloignée de la réalité. Car, on s'en doute, tout ce sel vient bien de quelque part. Plus précisément des continents dont les roches, altérées par les pluies, libèrent en continu des quantités phénoménales d'éléments minéraux (2 milliards de tonnes par an à l'échelle du Globe) lesquels finissent par rejoindre la mer via les fleuves. Un peu comme la fameuse meule qui n'en finit pas de tourner...

Parmi tous ces éléments, il y a bien sûr les ions chlorure (Cl-) et sodium (Na +), constituants de base de notre sel de cuisine, qui sont de loin les plus abondants : respectivement 19 et 10,5 grammes par litre (g/l) d'eau de mer. Mais il ne faut pas non plus oublier le sulfate (2,65 g), le magnésium (1,3 g), le calcium (0,4 g), le potassium (0,38 g) et tout un cortège d'oligoéléments comme l'iode aux vertus si tonifiantes.

Au total, la salinité moyenne de la mer se situe autour de 35 g/l avec, localement, des variations de plus ou moins un gramme selon la température et le volume des pluies. L'Atlantique Nord, par exemple, est moins salé (34 g) que la mer Rouge ou la Méditerranée (36 g) qui, de surcroît, sont des mers fermées.

100 millions d'années pour «saler» l'ensemble des mers

La prédominance des chlorures et des ions sodium s'explique de façon assez simple : ce sont des indésirables. Les animaux marins et les algues s'en débarrassent en les excrétant du mieux qu'ils peuvent. Quant aux roches sédimentaires qui tapissent les fonds océaniques, en particulier les calcaires et les argiles, elles ont une «préférence» marquée pour le calcium, le potassium et, dans une moindre mesure, pour le sulfate et le magnésium.

Résultat : nos inséparables Na + et Cl-, imperturbablement charriés par les fleuves – dont l'eau n'est finalement pas si douce –, s'accumulent lentement dans l'élément liquide. Le seul qui veut bien d'eux dans l'univers impitoyable de Neptune et Poséïdon réunis.

Les scientifiques estiment qu'il faut environ 100 millions d'années pour «saler» l'ensemble des mers de la planète. En partant du principe que celles-ci sont douces au départ, ce qui, soit dit en passant, paraît hautement improbable, l'érosion des continents ayant été à l'oeuvre dès la prime origine...

Le premier à s'être lancé dans ce genre de calcul est un savant irlandais, à la fin du XIXe siècle. En divisant la quantité de sodium totale contenue dans les mers du Globe par les quantités apportées annuellement par les cours d'eau, John Jolly cherchait à déterminer l'âge de la Terre. Mais notre homme s'est retrouvé bien loin du compte, car nous savons aujourd'hui que notre planète est «née» il y a... 4,5 milliards d'années. Conclusion : la totalité du sodium marin a été renouvelée grosso modo 45 fois depuis que le monde est monde.

Fort bien. Mais pourquoi la mer n'est-elle pas devenue, au contraire, plus salée d'année en année ? Comment se fait-il que les océans ne se soient pas transformés au fil du temps en de gigantesques réservoirs à saumure, à l'image de la mer Morte dont la salinité atteint la valeur record de 340 grammes par litre (soit dix fois plus que la moyenne) ? Tout simplement parce qu'il y a des fuites.

Sous l'action de la chaleur, en effet, une partie du sodium se dépose sur les côtes arides des zones tropicales sous forme de sels évaporitiques. Autre point de «sortie» : ce cation omniprésent se substitue au calcium lors de l'altération du basalte des croûtes océaniques pour former des plagioclases sodiques et des feldspaths, lesquels sont des constituants du granit. Enfin, il y a les embruns salés qui en exportent une part minime vers les nuages. Même chose pour les chlorures qui s'évacuent sous forme d'évaporites ou sont «pompés» par les sources hydrothermales situées sur les dorsales océaniques. Au bout du compte, les entrées et les sorties sont équilibrées. La meule magique peut continuer de tourner.

canardos
 
Message(s) : 18
Inscription : 23 Déc 2005, 16:16

Message par bennie » 11 Jan 2006, 13:06

RIEN NE SE CREE? TOUT SE TRANSFORME! :-P
bennie
 
Message(s) : 0
Inscription : 12 Déc 2003, 11:19


Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 1 invité