a écrit :
Mais cependant ces logiciels n'utilisent pas le calcul brut qui à ma connaissance n'a jamais prévalu dans le monde des programmeurs de go, car ce serait totalement inefficace et ferait des programmes ultra-lents jouant finalement des coups absurdes. Et ils possèdent bien l'équivalent des "catalogues d'ouvertures" aux échecs, c'est à dire des catalogues de "jôseki", de séquences standard locales (au go contrairement aux échecs, le plateau est tellement grand qu'on peut se permettre de ne pas terminer une séquence de coups et jouer ailleurs pour revenir sur la séquence inachevée plus tard). En fait les programmes de go miment beaucoup plus le raisonnement humain que les programmes par exemple d'Othello (un jeu très calculatoire où les ordinateurs sont rois).
Je crois qu'il faut s'entendre sur "mimer le raisonnement humain". Les programmes qui jouent au go miment une partie du raisonnement humain: celle qui consiste justement à retenir des séquences et à examiner des possibilités. Cela, que ce soit aux échecs ou au go, tous les joueurs le font, et les ordinateurs aussi (et je classe tout ça dans le "calcul brut", avec une grosse mémoire, si tu veux). Mais si aux échecs, cette partie du "raisonnement humain" est suffisante pour faire gagner un ordinateur en la poussant à l'extrême (catalogue monstrueux de séquences en mémoire, examen d'un nombre faramineux de possibilités par secondes), c'est parfaitement insuffisant au go, parce que le nombre de possibilités est monstrueux au départ; si les ordinateurs se débrouillent localement, ils sont incapables d'avoir une vision globale du jeu, pour le moment.
C'est dans cette vision globale du jeu qu'une autre partie du "raisonnement humain" est beaucoup plus utilisée. Ce n'est d'ailleurs pas vraiment un raisonnement (au sens d'un enchainement de trucs logiques). Quand un joueur regarde un plateau, il est capable de voir d'un coup d'oeil (sans réfléchir) qu'il y a une forte concentration de noirs ici, que les blancs sont "presque reliés" ici où là, il voit des formes globales de la position, et il fonde une grosse partie de sa stratégie dessus (particulièrement en début de partie). C'est précisément parce que notre cerveau est capable de ne pas être logique, mais approximatif et globalisant que nous sommes meilleurs que les ordinateurs au go (qui est un jeu qui se prète particulièrement à cela).
Quand tu dis:
a écrit :
Ce qui fait leur faiblesse, c'est qu'ils sont pour l'instant incapables d'inventer des bons coups dans une situation ou le calcul brut est inconcevable. Et ça même un amateur faible peut parfois y arriver !
tout est caché dans la manière dont on "invente des bons coups"... Aux échecs aussi, il y a de très bons coups. Et les ordinateurs les trouvent souvent. Mais c'est parce que ce n'est pas la même sorte de "bons coups" qu'au go.