aptitudes intellectuelles

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 20 Jan 2006, 14:33

dans le Monde:

a écrit :

[center]De l'Amazonie à Harvard, sur les traces de l'intuition géométrique[/center]

LE MONDE | 20.01.06 |


Son âme devait posséder dès l'origine cette connaissance." Ainsi concluait Socrate, après avoir conduit un esclave à découvrir les relations entre les aires de carrés tracés sur le sable, comme le raconte Platon dans son Ménon (environ 380 avant notre ère). La géométrie est-elle bien une capacité spontanée de l'esprit humain ? Pour le savoir, une équipe franco-américaine — qui cite explicitement Platon — s'est tournée vers des cerveaux supposés plus vierges encore de notions mathématiques que celui de l'esclave de Socrate : ceux des Mundurucus, des Indiens d'Amazonie, qui n'ont que quelques mots pour exprimer des grandeurs fixes (Le Monde du 18 octobre 2004).


Stanislas Dehaene, du service hospitalier Frédéric-Joliot d'Orsay (Inserm-CEA) et ses collègues publient dans la revue Science les résultats d'une série de tests non verbaux appliqués à ces Indiens par le linguiste Pierre Pica (CNRS-Paris VIII). Ces épreuves, du type "cherchez l'intrus", ont été conçues pour évaluer leurs capacités à manipuler, sans forcément en avoir conscience, divers concepts géométriques. Les scores des enfants et des adultes Mundurucus ont ensuite été comparés à ceux d'enfants et d'adultes nord-américains, testés par Elizabeth Spelke (Harvard University).

Les chercheurs poursuivaient ainsi l'étude des capacités mathématiques de ces Indiens, afin de voir si leur lexique très pauvre en la matière allait constituer un handicap. En 2004, Stanislas Dehaene et Pierre Pica avaient en effet montré que, s'ils évaluaient aussi bien que les Occidentaux des quantités indistinctes (des nuages de points), ils avaient beaucoup de difficultés à effectuer des opérations arithmétiques simples (6 — 4, par exemple), probablement faute d'un lexique adapté pour les nombres au-delà de 5.

Conclusion de la nouvelle étude ? Point n'est besoin de disposer de termes comme "triangle", "parallèle", "symétrie", etc., pour maîtriser ces concepts : les résultats montrent en effet que les enfants indiens et nord-américains ont des capacités similaires à distinguer des figures géométriques, des axes de symétrie, des propriétés de distance et des transformations géométriques. Les adultes mundurucus se situent au même niveau, tandis que les adultes de Harvard obtiennent des scores significativement plus élevés.

"Nous voulions explorer les limites de l'intuition géométrique, résume Stanislas Dehaene. Il apparaît que, pour un certain nombre de concepts, c'est une compétence spontanée et rapide — je n'aime pas le terme d'inné, qui n'explique rien, car il laisse en suspens une immense question : celle du lien entre les gènes et les représentations mentales."  De plus, ajoute le chercheur, il est très difficile de distinguer ce qui relèverait d'un apprentissage précoce, même si le test avait été conçu pour éviter de donner des indices, ou une méthode, pour résoudre les questions posées.

Une seconde épreuve consistait à tester les capacités topologiques des Mundurucus, en leur proposant de retrouver, parmi trois boîtes disposées en triangle, isocèle ou rectangle, celle contenant un objet, à partir d'une carte représentant grossièrement la scène. Là encore, les scores sont comparables pour l'ensemble des Mundurucus et les enfants nord-américains, les adultes de Harvard obtenant des résultats plus élevés. Comme si à compétence initiale égale, l'éducation et la familiarité avec les concepts et les cartes amélioraient la performance.

Certains animaux présentent-ils les mêmes capacités ? Probablement pas. "Un oiseau peut apprendre à picorer sur un triangle, note Stanislas Dehaene. Mais dans notre étude, c'est une connaissance qui s'applique sans aucun entraînement. Comme il s'agit de tests non verbaux, il pourrait être intéressant de tenter de les appliquer à d'autres primates, comme le chimpanzé."

Les résultats des Mundurucus prouvent en tout cas qu'"un noyau de connaissance géométrique tout comme une arithmétique de base sont des constituants universels de l'esprit humain", conclut l'article de Science. Cette conclusion reste à affiner, reconnaît Stanislas Dehaene, qui espère aussi explorer la géométrie non euclidienne.

Reste une question importante, que n'élude pas Stanislas Dehaene. Celle de l'"idéal" du primitif "présocratique" représenté par les Mundurucus. De fait, il ne faut pas les voir comme des sujets immunisés contre le monde moderne, prévient le chercheur : "Ce ne sont pas des chasseurs cueilleurs totalement isolés. Des missionnaires les fréquentent et le Brésil essaie d'implanter des écoles. On constate une résistance assez forte de cette culture. Mais grâce aux rapports établis par Pierre Pica, ils sont fiers de contribuer à nos connaissances en répondant à nos tests."



Hervé Morin

canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 14:52

dans Science et avenir en 2004:

a écrit :

[center]Je compte donc je pense… [/center]
 


La pensée existe-t-elle sans le langage ? La question est ancienne et fait plancher depuis des décennies les élèves de philosophie. Une étude menée au Brésil auprès d’une tribu de l’Amazonie tendrait à démontrer que le langage façonne la pensée, au moins dans le domaine des mathématiques.

Peter Gordon, de l’Université de Columbia (New York) s’est intéressé aux Pirahã, une tribu d’environ 200 personnes qui possède un système de numération limité aux mots ‘’un’’, ‘’’deux’’ et ‘’beaucoup’’. Les tests qu’il a mené auprès de cinq hommes révèlent que ces Amazoniens ont du mal à se débrouiller avec des quantités supérieures à trois. Ces travaux ont été publiés aujourd’hui dans la revue Science.

Gordon en déduit que le langage peut affecter la cognition, sans étendre cette conclusion à toute les dimensions de la pensée humaine. Si certains linguistes et psychologues s’enthousiasment pour cette étude, d’autres restent sceptiques. D’autres facteurs pourraient expliquer la maladresse des Pirahã avec les chiffres, notamment le fait qu’ils n’ont pas besoin de ces concepts de grandes quantités dans leur vie quotidienne.

Le débat est relancé. Ouf ! Les étudiants en philo pourront encore plancher longtemps sur la question du langage et de la pensée.

C.D.
(20/08/04)
canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 15:00

un lien vers le labo de Stanislas Dehaene au CEA.

Unité « Neuroimagerie cognitive ». Inserm U 562

voila le champ d'étude de ce labo:

a écrit :

La mission de l'unité INSERM 562 est d'analyser les bases cérébrales des fonctions cognitives, chez l'homme normal et chez certains patients neurologiques, en développant et en exploitant les méthodes modernes de la neuro-imagerie conjointement à l'utilisation de paradigmes expérimentaux issus de la psychologie cognitive.

L'unité regroupant trois équipes, est focalisée sur les applications de la neuro-imagerie dans le domaine des neurosciences cognitives humaines.
Trois fonctions largement spécifiques du cerveau humain seront étudiées : la compréhension du langage écrit et parlé, les processus de calcul et de traitement mathématique, et le traitement conscient sous l'égide des régions préfrontales et sous l'influence des voies ascendantes dopaminergiques et cholinergiques. Pour étudier ces fonctions, l'unité exploitera les méthodes d'imagerie cérébrale modernes mises à sa disposition par le CEA au Service Hospitalier Frédéric Joliot: imagerie par résonance magnétique anatomique, fonctionnelle et de diffusion ; cartographie des potentiels évoqués à 128 électrodes ; et tomographie par émission de positons. Le rapprochement de ces méthodes permettra d'aborder une série de questions :

Identifier les aires cérébrales impliquées dans la fonction concernée avec l'IRM fonctionnelle
Déterminer la nature du codage dans ces aires cérébrales en utilisant des dessins expérimentaux paramétriques et la méthode d'amorçage (priming)
Déterminer la dynamique temporelle des activations avec la cartographie des potentiels évoqués
Préciser la connectivité anatomique qui relie les aires concernées, à l'aide de l'IRM de diffusion
Analyser les conséquences de lésions focales en combinant neuropsychologie et imagerie anatomique et fonctionnelle
Analyser le rôle fonctionnel de voies spécifiques de neurotransmission dans la modulation de ces activations par des signaux d'éveil et de renforcement ;
Intégrer ces observations comportementales, d'imagerie et de neuropsychologie dans des modèles « neuro-réalistes », au niveau soit de l'architecture générale, soit des réseaux de neurones simulés.



a écrit :

L'équipe  dirigée par Stanislas Dehaene, analysera les réseaux du langage, du calcul et du traitement conscient versus inconscient chez le sujet normal en IRMf et potentiels évoqués. Dans le domaine du calcul, elle se focalisera sur la cartographie du sillon intrapariétal et son codage des quantités numériques ; Dans le domaine du langage, elle étudiera le codage phonologique et lexical dans le sillon temporal supérieur ; Enfin, pour aborder le rôle de la conscience, elle étudiera comment le traitement des mots et des chiffres diffère dans des conditions de présentation consciente ou subliminale.
canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 15:03

voila le lien vers un article de Stanislas Dehaene:

Les bases cérébrales d’une acquisition culturelle : La lecture

bonne lecture....justement....
canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 15:10

voila un article d'un autre chercheur sur les rapports entre pensée et language:

La pensée sans langage

les aptitudes intellectuelles existent avant le language meme si le language les porte beaucoup plus haut.
canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 15:15

voila maintenant un article, en anglais malheureusement, de stanisla dehaen, qui montre que la mesure des quantités approximatives et le décompte des nombres précis font appel à des processus mentaux differents:

Approximate quantities and exact number words: dissociable systems
canardos
 
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Message par canardos » 20 Jan 2006, 15:23

pour comprendre comment nous calculons, comment nous manipulons les concepts de nombres interessons à des enfants qui tout en possedant une intelligence normale par ailleurs, par fois une intelligence elevée, sont incapables de comprendre qu'un nombre est plus élevé qu'un autre.

ce trouble s'appelle la dyscalculie developpementale.

un article de Stanislas Dehaene:

la dyscalculie developpementale
canardos
 
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Message par shadoko » 20 Jan 2006, 18:43

a écrit :
Signalons tout de même que les jeunes en question (entre 14 et 16 ans)ont appris sans trop de problème à compter et à effectuer les opérations de base...en français.

Ah, ce n'est pas toi qui t'es mis au langage qu'ils parlaient dans la brousse? Paresseux, va...
shadoko
 
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