un hominidé de 5 million d'années au lac Turkana

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 21 Jan 2006, 07:26

dans le Figaro:

a écrit :

[center]Omo-Turkana, la nouvelle vallée des paléontologues [/center]

En Ethiopie, ce site qui s'étend sur une centaine de kilomètres regorge de pierres et d'ossements. Un hominidé de près de 5 millions d'années vient d'y être découvert. Visite dans ce berceau de l'humanité.
Isabelle Brisson
[21 janvier 2006]

IL FAIT «FRISQUET» aujourd'hui dans le bassin de l'Omo-Turkana, dans le sud de l'Ethiopie, seulement 40 °C au lieu des 50 habituels ! Une rafale de vent nous accueille. Et fait vibrer les tentes de notre campement, installé en plein soleil, sur le site de fouilles de Fejej où nous accompagnons Albert II de Monaco, venu suivre un cours magistral de préhistoire. Une tradition familiale qu'il entend perpétuer. «C'est génétique», déclare le nouveau prince régnant. Son ancêtre le prince Florestan Ier (qui régna de 1841 à 1856) a fouillé les grottes de Grimaldi (près de Vintimille) alors que cette discipline en était à ses balbutiements. Un peu plus tard, un autre de ses aïeuls, le prince Albert Ier (1848-1922) a fondé l'Institut de paléontologie humaine à Paris, après avoir réalisé lui aussi quelques fouilles.


Notre campement a délogé pour un temps les serpents, araignées et scorpions qui occupent cette région semi-désertique. A perte de vue, des cailloux et de l'acacia en buissons rabougris qui couvrent une fine couche de terre brune. Ce site aride du bout du monde est occupé deux mois de l'année par l'équipe de chercheurs animée par Henry de Lumley, professeur et directeur de l'Institut de paléontologie humaine (IPH). Et par quelques chercheurs étrangers qui viennent à l'occasion compléter leur recherche.


Il fonctionne avec le soutien financier du ministère français des Affaires étrangères. C'est cette équipe et Yonas Beyene, ancien élève d'Henry de Lumley, boursier de l'IPH et du gouvernement français, devenu directeur du patrimoine en Ethiopie, qui ont mis au jour les fossiles et les pièces archéologiques révélant des étapes de l'évolution de l'homme.

Sous le soleil brûlant, l'équipe de scientifiques cherche des fossiles dans un rayon de 5 ou 6 kilomètres du campement. Le site FJ-50 a révélé une partie du squelette du plus ancien fossile éthiopien, un Australopithecus anamensis antérieur à celui qui a été trouvé au Kenya. Ce spécimen a pu être daté : la période à laquelle il appartient est comprise entre 4,2 et 5 millions d'années.

Plus vieux que Lucy

C'est-à-dire qu'il est antérieur à Lucy (3,2 millions d'années), mise au jour non loin de là, dans l'Afar, par une équipe composée de Donald Johanson, Maurice Taïeb et Yves Coppens. Henry de Lumley estime que ce nouvel hominidé est peut-être l'ancêtre d'Australopithecus afarensis, lui aussi mis au jour en Ethiopie et daté de 3,5 à 3 millions d'années.

Cette découverte laisse supposer au chercheur que le nouveau venu était peut-être contemporain d'Ardipithecus ramidus, de 4,5 millions d'années. Et que ce dernier appartiendrait à une autre branche parallèle d'hominidés, ce que l'on ignorait jusqu'à présent. Quoi qu'il en soit, s'il marchait déjà debout, A. anamensis ne taillait pas encore d'outils. Pas plus que les autres hominidés, qui apparaissent dès 7 millions d'années, avec Toumaï (Sahelanthropus tchadensis) mis au jour par l'équipe de Michel Brunet.

Les scientifiques ont localisé des couches de tuf volcanique où ils pensent trouver des fossiles. Ce sont les pluies diluviennes qui ont libéré les restes d'A. anamensis. Un morceau de crâne, un morceau de mandibule et une molaire ramassée en deux parties à quelques jours de différence. Voilà pourquoi ici, pendant chaque campagne de fouilles, on n'hésite pas à repasser plusieurs fois sur le même endroit et à tamiser. «Vous devez être très pauvre pour laver la terre ici en pleine chaleur», compatissent les pasteurs nomades du clan Dassanech, avec qui les chercheurs entretiennent d'excellents rapports. En voyant se baisser devant nous l'un des spécialistes, nous pouvons constater qu'il faut vraiment son oeil avisé pour reconnaître un os fossilisé d'un caillou sur ce sol.

Un oeil avisé et de la persévérance. «Quand nous sommes venus ici pour la première fois, en 1992, se souvient le docteur Emmanuel Desclaux, directeur du laboratoire de préhistoire du Lazaret, à Nice, il fallait trois jours en 4 x 4 d'Addis-Abeba. Nous prenions des risques en partant avec une seule voiture, sans téléphone et sans GPS. Il nous est arrivé de perdre nos provisions dans un fleuve en crue après des pluies torrentielles.» La petite ville d'Omoraté, qui est le premier point d'eau, se trouve à 55 kilomètres d'ici. Pour y accéder, il n'y avait pas de route. C'est l'équipe qui l'a tracée en marquant les arbres à la peinture blanche, au cours des six missions précédentes.

Une région démunie

Après un coucher de soleil sur le lac Turkana, à quelques kilomètres en contrebas et une nuit passée dans les logements de toiles multicolores, nous empruntons la route vers Omoraté. Nous emmenons un petit garçon dassanech (d'une ethnie de pasteurs semi-nomades qui vit dans la région). L'enfant, qui s'est blessé dans le dos, est accompagné par ses parents. Ici, après le sida, la dysenterie et la tuberculose, la septicémie survient souvent chez les enfants à la suite de petites blessures. En effet, il n'y a pas de médicaments pour désinfecter les plaies ni de médecin pour les soigner. Cette maladie figure parmi les premières causes de mortalité infantile.

C'est de cela aussi que le Prince Albert II de Monaco va parler avec le responsable du dispensaire d'Omoraté, au nom de la Croix-Rouge monégasque. Il est venu livrer en mains propres une première liste de médicaments réclamés par ce centre et prévoit la formation de médecins, qui manquent cruellement ici. Des médecins itinérants seraient souhaitables, parce que les gens n'ont pas les moyens de se déplacer rapidement dans le sud de l'Ethiopie.


canardos
 
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Message par Wapi » 21 Jan 2006, 14:45

Il est bien cet article, il montre un peu le côté à la fois surréaliste et quand même un peu tragique de ces missions scientifiques sur des terrains où les chercheurs sont obligés de gérer des relation avec Albert de Monaco d'une part et des gens très misérables d'autre part. Mais ainsi va le monde, et donc la recherche dans ce monde ci, avec toutes ses contradictions.

Je ne sais pas si le journaliste fait de l'humour au second degré quand il écrit que
a écrit :
«Vous devez être très pauvre pour laver la terre ici en pleine chaleur», compatissent les pasteurs nomades du clan Dassanech, avec qui les chercheurs entretiennent d'excellents rapports.
... Mais je trouve que le berger, lui, n'en manque pas !

Wapi
 
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Message par Crockette » 21 Jan 2006, 21:51

il ya eu un reportage super sur Arte (eh eh).

d'après les spécialistes qui ont parlé, cet hominidé était parfaitement bipède (c'est une lapalissade j'en conviens encore que...) car ils ont analysé les os du genou et ou du fémur (ils ont fait des calculs d'angle entre les os du fémur et ceux du genou, ces angles étant différent entre les singes et les hominidés).


Ds le reportage ils disent aussi que cette trouvaille révolutionne la théorie de l'environnement, car ces hominidés vivaient dans une forêt, et ils étaient capables de marcher parfaitement en équilibre sur deux jambes tout en étant capables de se ballader dans les arbres. Cet hominidé était polyvalent.

cette découverte a pu se faire grâce à un félin qui avait croqué cet hominidé, et il l'avait consommé dans un endroit où il avait déjà consommé d'autres animaux (c'est ce qui a permis de faire des comparaisons chronologiques).
Crockette
 

Message par canardos » 21 Jan 2006, 23:37

ils sont forts à Arte....la découverte n'est meme pas encore publiée qu'ils ont deja fait un reportage super....

crockette....méfie toi de Arte....

sérieusement, jusqu'à présent on n'avait pas retrouvé grand chose de Australopithecus anamensis à part quelques morceaux de machoire quelques dents et une extremité de tibia...c'est de la forme de cette extremité de tibia que la paléontologiste Brigitte Senut avait conclu à une meilleure bipédie que australopithecus afarensis (Lucy) dont le genou laissait à désirer contrairement à celui de Claire (eric rohmer dixit)....et donc que lucy n'était pas notre ancetre car anamensis pourtant plus ancien était un deja peu plus bipède.

quand à la datation elle est tres approximative, car d'une part le relief est tres torturé dans ce secteur et tu sais qu'on identifie l'age d'un fossile d'apres la couche géologique ou il repose, et d'autre part effectivement un prédateur a pu cacher le corps dans un trou pour le machouiller plus tranquillement, le plaçant ainsi dans une couche géologique plus profonde.....seul moyen alors de recaler les résultats examiner les ossements des autres animaux. d'apres les especes représentées on connait à peu pres la période mais à plusieurs de centaines de milliers d'années près

donc le premier A. anamensis avait été daté entre 3.8 et 4.2 millions d'années ce qui n'est pas tres précis contre 3.2 3.3 à lucy dont on avait retrouvé un squelette complet à 50%, ce qui facilitait le travail..

quand au nouveau anamensis, il est tout aussi incomplet et encore moins facile à dater semble--t-il avec un morceau de crâne, un morceau de machoire inférieure et une molaire, le tout retrouvé en deux endroits différents et son age est estimé entre 4.2 et 5 millions d'années! 800 000 ans d'incertitude!

mais pour en revenir à ton interrogation c'était deja la savane arborée la bas, pas la foret. cela ne remet pas en cause la théorie de la réadaptation d'e primates arboricoles à la savane comme cause de l'évolution de la bipédie

tiens, voila un article sur le premier australopithecus anamensis...pas celui qu'on vient de découvrir

Australopithecusanamensis.pdf
canardos
 
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Message par canardos » 22 Jan 2006, 00:12

tiens, je viens de recevoir cet article au format pdf en français et en anglais sur la bipédie des premiers hominidés.

c'est dans les Compte-rendu PALEVOL de l'académie des sciences

il fait un peu la synthèse des connaissances récentes et tout le monde meme non anglophone peut le lire.

voila le résumé:

a écrit :

[center]L’histoire cachée du fémur des hominidés anciens. [/center]

La paléontologie permet d’explorer dans le temps les innovations générées par l’évolution biologique, mais les taxons paléontologiques peuvent être décrits de façon inexacte par les hommes modernes.

Ces derniers font trop souvent référence à des modèles basés sur des données néontologiques qui, plus abondantes que les données paléontologiques, diffèrent aussi par leur degré d’évolution, relativement plus avancé.

La récente découverte au Kenya des plus anciens fémurs d’hominidés offre la possibilité d’examiner le mode de locomotion des premiers hominidés en s’affranchissant des contraintes habituelles liées aux modèles phylogénétiques et fonctionnels basés de manière rigide sur les espèces actuelles.

Toutefois, il n’a pas été tiré partie de cette opportunité, la structure interne de ces spécimens cruciaux ayant été étudiée et décrite de façon inadéquate.

En conséquence, les reconstructions phylogénétiques proposant d’exclure de la lignée conduisant à l’homme tous les hominidés, à l’exception d’Orrorin, ne sont pas étayées. De plus, il est probable que la locomotion des plus anciens hominidés ait été incorrectement appréhendée.



téléchargez l'article complet:

Early_hominid_femora__The_inside_story.pdf
canardos
 
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Message par Crockette » 22 Jan 2006, 11:32

Là ça commece à être compliqué pour mon petit cerveau...

pour résumer canardos : le pire cauchemar d'un paléontologue, c'est de découvrir des os qui se sont déposés dans une couche sédimentaire non pas à la date du dècès de l'être vivant mais à la date où par exemple un fleuve l'a déposé d'amont en aval...(ce qui peut mettre des millliers d'années ?)

ensuite, la différence entre un hominidé et un singe, c'est la parfaite bipédie de l'hominidé, qui a réussi le miracle de l'équilibre sur deux jambes...
mais ça on peut le déterminer exactement rien qu'en étudiant un fémur ou la rotule du genou ?
Les chercheurs ont dit que tout le poids de l'être humain repose sur le femur, c'est ce qui permet aussi la bipédie ?

Sur la bipédie, ils ont remarqué que l'orang outan était parmi les grand singes, le plus près de la bipédie humaine.

Enfin canardos, d'après ces nvelles découvertes, il semble que la bipédie s'est faîte génétiquement (comme l'évolution de l'os sphénoïde) et non pas par adaptation à un environnement ?

Crockette
 

Message par Matrok » 22 Jan 2006, 13:23

a écrit :Enfin canardos, d'après ces nvelles découvertes, il semble que la bipédie s'est faîte génétiquement (comme l'évolution de l'os sphénoïde) et non pas par adaptation à un environnement ?


Une évolution (= une mutation) se fait toujours génétiquement, sans ça elle ne serait pas héréditaire. Cela n'empêche pas que les mutations qui permettent une meilleure adaptation à l'environnement puissent être sélectionnées selon les mécanismes décrits par Darwin. La théorie d'Anne Dambricourt qui voudrait que l'évolution de l'os sphénoïde ait été programmée génétiquement n'a pas le moindre commencement du début d'une preuve : tout ce qu'elle montre est que cette évolution est remarquablement continue et jusqu'à présent prévisible, mais celà ne prouve pas qu'il y ait là une programmation. Alors comment, et surtout pourquoi la prendre au sérieux ?

Je signale à ce sujet qu'il y a dans le dernier Science et Vie un assez bon dossier sur le retour en loucedé du créationisme. Comme à leur habitude dernièrement, la "une" et les gros titres de l'article laissent songeur, mais le contenu de l'article est franchement bon. Il démonte très correctement les fausses avancées d'Anne Dambricourt, de Laurent Nottale et de quelques autres.
Matrok
 
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Message par canardos » 22 Jan 2006, 13:24

bon, on commence par la base, c'est à dire le darwinisme

a écrit :Enfin canardos, d'après ces nvelles découvertes, il semble que la bipédie s'est faîte génétiquement (comme l'évolution de l'os sphénoïde) et non pas par adaptation à un environnement ?


la sélection des caracteristiques génétiques correspondant à la bipédie est justement le produit de l'adaptation à l'environnement. Dans un environnement de savanne ou la bipédie permet de se déplacer plus vite de voir plus loin et d'emporter avec les mains de la nourriture des batons ou des pierres, plus un singe et bipède mieux il survit et plus il a de chances d'avoir des descendants, et donc plus les caracteristiques génétiques correspondantes seront répandues dans la génération suivante.

les mutations génétiques apparaissent au hasard, elles sont conservées ou éliminées par la sélection, c'est comme ça que les espèces évoluent.



a écrit :ensuite, la différence entre un hominidé et un singe, c'est la parfaite bipédie de l'hominidé, qui a réussi le miracle de l'équilibre sur deux jambes...


ben, le chimpanzéest un hominidé aussi. le terme d'hominidé désigne une famille de grands singes qui ont un ancetre commun vivant il y environ 7 millions d'années.

cette famille qui a été plus nombreuse comprend actuellement le chimpanzé, le bonobo, le gorille et l'homme.

et on n'est pas passé d'une parfaite quadrupédie à une parfaite bipédie d'un coup.
Le chimpanzé est plus quadrupède que bipède, mettons qu'il est deja un mauvais bipède. il a fallu plusieurs millions d'années pour qu'une partie des hominidés deviennent de plus en plus bipedes, une bipédie de plus en plus efficace, qui ne s'appécie pas seulement avec le fémur, mais avec l'étude de l'ensemble du squelette, les pieds, les os des membres inferieur, le bassin, la position du trou occipital du crane.

à cet égard les premiers hominidés à peu pres bipedes étaient encore des singes, dont le cerveau n'était pas plus grand que celui des chimpanzés. Il a fallu encore plusieurs millions d'années pour que l'avantage de disposer de mains liberées pour manipuler et porter des objets n'entraine la sélection d'un plus gros cerveau capable d'en tirer partie.


a écrit :Sur la bipédie, ils ont remarqué que l'orang outan était parmi les grand singes, le plus près de la bipédie humaine.


pas exactement. l'orang outang avec ses tres longs bras, utilise peu ses potentialités bipèdes et vit surtout dans les arbres. Mais justement, cet hominoide un peu plus éloigné de l'homme que les hominidés comme le chimpanzé, peu plus facilement mettre son corps dans l'axe de son bassin et de ses membres posterieurs parce que l'évolution a selectionné chez lui l'aptitude à projeter ses membres inferieurs dans l'axe du corps pour se déplacer d'arbre en arbre et saisir les branches avec ses membres inférieurs.


a écrit :le pire cauchemar d'un paléontologue, c'est de découvrir des os qui se sont déposés dans une couche sédimentaire non pas à la date du dècès de l'être vivant mais à la date où par exemple un fleuve l'a déposé d'amont en aval...(ce qui peut mettre des millliers d'années ?)


pas du tout. quand cela se produit, les corps se déplacent seulement de quelques kilometres ou dizaine de kilometres en général, cela ne prend pas plus de quelques jours, et le corps est déposé dans la bonne couche géologique avec plein d'autres fossiles de la meme période qui facilitent la datation.

non, le cauchemar des paléontologistes, c'est la fragmentation des couches géologiques ou le mauvais gout qu'ont certains prédateurs d'aller déposer des ossements à un niveau géologique indu pour les boulotter en paix.
canardos
 
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