parlons des orang-outang par exemple, menacés par le braconnage, mais surtout la déforestation de Bornéo. leur diversité géntique s'effondre, meme si elle n'a pas atteint le seuil de non-retour sur la voie de l'extinction:
a écrit :
[center]La génétique révèle un aspect inattendu du déclin des orangs-outans[/center]
Vilem Bischof
Agence France-Presse
Paris Le lundi 23 janvier 2006
Une étude, menée sur les orangs-outans à Bornéo, a révélé le rôle inattendu et d'une ampleur insoupçonnée que joue l'homme dans le déclin de ces primates en appauvrissant leur patrimoine génétique par le fractionnement de leurs populations.
On savait depuis longtemps que la dégradation du milieu naturel et sa transformation en terres agricoles mettaient en danger de nombreux animaux, mais cet aspect de la menace qui pèse sur la survie de l'unique singe anthropoïde d'Asie est signalé et analysé pour la première fois dans une étude publiée mardi, en ligne, par la revue PLoS Biology.
Ce travail, basé sur le traitement par simulation informatique de la plus importante collecte de données génétiques jamais obtenue pour un primate sauvage, a été réalisé par Benoît Goossens (Université de Cardiff, Royaume-Uni), Lounès Chikhi (CNRS/université Paul Sabatier de Toulouse, France) et leurs collègues.
Le matériel a été extrait de poils récupérés dans les nids ou d'excréments ramassés au pied des arbres pour détecter dans les échantillons des marqueurs génétiques appelés micro-satellites (répétitions en tandem de motifs d'ADN).
Deux cents orangs-outans - membres d'une population suivie depuis huit ans dans le cadre d'un programme de recherche lancé par une ONG française, Hutan, à Sabah (partie malaisienne de Bornéo) en collaboration avec le Sabah Wildlife Department (SWD) - ont pu être identifiés.
Leurs «pièces d'identité» ont été insérées dans un modèle statistique pour les comparer à la diversité génétique correspondant à une population stable, en sachant que, plus la taille d'une population chute de manière significative, plus cette diversité diminue, et plus elle porte une «signature» spécifique de cet effondrement.
Pour les chercheurs, le résultat est sans appel. Même la variante la plus optimiste de cette simulation sur ordinateur, relèvent-ils, donne un signal fort et significatif de passage de la population par un goulot d'étranglement.
Deux autres modèles, destinés à estimer respectivement les tailles des populations passées et à dater le début de leur déclin, suggèrent que les orangs-outans étaient nettement plus nombreux jusqu'à l'ouverture de l'exploitation forestière au 19e siècle. Le déboisement accéléré, dans les années 1950 et 1970, de la région, largement transformée aujourd'hui en plantations de palmiers à huile, a encore aggravé la situation.
Un comptage aérien des nids d'orangs-outans, dirigé en 2004 par le scientifique français Marc Ancrenaz, par ailleurs co-auteur de la nouvelle étude, a donné une nouvelle optimiste en apparence, en révélant l'existence de 11 000 à 13 000 individus à Sabah, dont un millier dans la zone de la collecte d'échantillons.
«Le nombre de survivants ne doit pas nous tromper», avertit Benoît Goossens. «La signature d'effondrement génétique qu'ils portent en eux reflète la rapidité de la baisse de leur population, en indiquant, indirectement, qu'elle était au moins deux fois plus importante il y a 20 ans. Heureusement, toute la diversité génétique n'a pas été perdue et il n'est donc pas trop tard pour agir.»
Le nombre total des orangs-outans est inconnu. Les chiffres avancés sont de l'ordre de 27 000 individus dans l'ensemble de Bornéo depuis une chute de 33 % due à la sécheresse et aux incendies de forêt de 1996-97. À Sumatra, mille orangs-outans auraient été tués par an entre 1993 et 2000 dans une population estimée à 12 000 il y a quinze ans.