le retour du nucléaire en Europe

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 24 Jan 2006, 14:07

dans Libération, deux articles:


-un point sur les politiques des differents états européens...on verra que les "moratoires" et autres "denucléarisation", promis par les gouvernements quand le pétrole était bon marché et le nucléaire peu rentable sont en passe d'etre oubliés....

a écrit :

[center]L'Europe reprend l'air du nucléaire[/center]

Crise du gaz russe et réchauffement de la planète ont relancé le débat sur l'atome dans nombre de pays. Tony Blair a lancé hier une consultation nationale.

par Cédric MATHIOT, avec Odile BENYAHIA-KOUIDER (à Berlin), Eric JOZSEF (à Rome), François MUSSEAU (à Madrid) et Armelle THORAVAL (à Londres)
mardi 24 janvier 2006



     
Et si la flambée du pétrole et les inquiétudes de l'Union européenne sur sa dépendance énergétique faisaient doucement le lit d'un retour du nucléaire ? Le ministre français de l'Economie, Thierry Breton, doit présenter aujourd'hui à ses collègues européens réunis à Bruxelles un mémorandum sur la politique énergétique de l'Union. Paris, qui demande que soit légitimé le recours au nucléaire, ne pouvait rêver meilleur timing. Car si la position de la France, qui tire près de 80 % de son électricité de l'atome, n'a rien d'une surprise, la nouveauté est que l'hypothèse nucléaire (re)gagne sensiblement du terrain chez nos voisins.

Le 19 janvier, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait déjà estimé qu'une politique coordonnée au niveau européen ne devait exclure aucune option, pas même le nucléaire. Hier, c'est Tony Blair qui a lancé une consultation nationale sur l'avenir de l'approvisionnement en énergie du Royaume-Uni, évoquant la relance possible du programme nucléaire britannique.

Le vent de l'actualité porte l'atome. La flambée du prix du baril (qui a atteint hier les 69 dollars à la Bourse de New York) entraîne à la hausse le prix du gaz et préfigure pour nombre de spécialistes la fin de l'énergie bon marché. Scénario qui renforcerait la compétitivité d'une énergie atomique, insensible aux caprices du pétrole.

Plus paradoxal, les contraintes environnementales du protocole de Kyoto servent aussi le nucléaire, qui, parce qu'il ne génère pas d'émissions de gaz à effet de serre, est de plus en plus vendu comme énergie écologique.

Enfin, la succession de crises énergético-politiques entre la Russie et ses voisins européens (lire aussi en page 8), et la vague de froid qui sévit actuellement sur le continent viennent d'illustrer, coup sur coup, la dépendance énergétique de l'Europe. Depuis une semaine, l'Italie est confrontée à une baisse des approvisionnements en gaz du groupe russe Gazprom, premier producteur mondial de gaz. Les autorités de la péninsule ont été contraintes de puiser dans leurs réserves stratégiques pour combler ce manque et ont dû inciter les Italiens à limiter leur consommation. «Il y a une conjonction d'éléments qui font réémerger le nucléaire, estime un industriel. D'autant qu'on arrive au moment où les décisions doivent être prises, concernant le renouvellement des centrales, ou la construction de nouvelles. Jusqu'à présent, il a été facile de débattre, puisqu'il n'y avait pas d'urgence à décider. C'est différent aujourd'hui.» La preuve ? Les moratoires sur le nucléaire en vigueur en Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne ou Belgique, tanguent plus ou moins. Voyage dans l'Europe qui s'interroge sur l'atome.

Grande-Bretagne
Lancement officiel d'une consultation


Le gouvernement britannique sait que le débat sera long et difficile. La Grande-Bretagne doit-elle construire de nouvelles centrales pour garantir son autonomie énergétique et répondre au changement du climat ? Posée dès l'automne par Tony Blair en personne, la question est maintenant sur la table. Hier, le ministère de l'Industrie a annoncé le lancement officiel d'une consultation nationale. «Le lobby environnemental devrait au moins étudier la possibilité que le nucléaire soit le mode de production d'énergie le plus efficace face au changement climatique», a déclaré le secrétaire d'Etat à l'Energie, Malcolm Wicks, qui conduira la consultation ouverte aux Britanniques pendant trois mois.

La semaine dernière, l'institut Mori a publié un sondage, effectué auprès de 1 500 personnes, montrant que 54 % des Britanniques seraient prêts à accepter la relance du nucléaire, si c'est la réponse au changement de climat. Mais 80 % des sondés considèrent que le développement des énergies renouvelables et les économies d'énergie seraient une meilleure réponse au réchauffement de la planète.

La question nucléaire en Grande-Bretagne se pose avec une acuité particulière, car les centrales actuelles sont vieilles et en voie de démantèlement. Il ne reste qu'une petite dizaine de réacteurs en fonctionnement sur douze sites, qui fournissent un cinquième de l'électricité britannique. Faute d'une nouvelle génération de centrales, la part du nucléaire tomberait à 7 % d'ici 2020.

Espagne
Un maintien obligé


En arrivant au pouvoir, en avril 2004, le socialiste José Luis Zapatero avait promis à ses alliés écolo-communistes d'Izquierda verde (ICV) de réduire progressivement le parc nucléaire. Près de deux ans plus tard, son gouvernement a enterré cette promesse. Qui plus est, le ministre de l'Industrie José Montilla a expliqué en décembre que ce serait une «totale absurdité», pour l'heure, de diminuer la dépendance vis-à-vis de l'énergie nucléaire, qui assure plus du quart de la production électrique espagnole. S'il ne peut éviter le démantèlement de la centrale de Zorita, près de Madrid, jugée «dangereuse» par les experts, il va en revanche renouveler les licences d'exploitation de deux des neuf autres centrales.

Tout pousse Madrid à maintenir le nucléaire, même si personne ne parle (pour l'instant) de construire de nouvelles centrales : la hausse du prix du pétrole, la forte demande énergétique (+ 7 % de janvier à juin 2005 ; + 48 % entre 1997 et 2003), une dépendance élevée, le pays important les trois quarts de son énergie primaire. A quoi il faut ajouter les impératifs de Kyoto. Car, tout défenseur de l'environnement qu'il soit, le Premier ministre Zapatero sait que son pays est très en retard sur ce terrain : depuis 1990, l'Espagne a augmenté ses émissions de gaz à effet de serre de 41,7 % (un des pires élèves de l'UE), ce qui rend presque impossible l'objectif fixé par Kyoto de ramener cette hausse à 15 %. Autre raison du maintien du nucléaire : la lenteur de la montée en puissance des énergies renouvelables. Là encore, l'objectif voulant que leur part énergétique s'élève, hors hydraulique, à 12 % en 2010 (soit le double d'aujourd'hui) paraît inaccessible. Si l'énergie éolienne a des résultats tangibles, les biocarburants, l'énergie solaire et la biomasse n'ont pas vraiment décollé.

Allemagne
Sortie programmée, et repoussée ?


Atom nein Danke ! («Atome, non merci !»). En Allemagne, le programme de sortie du nucléaire existe toujours. Dans son contrat de coalition, le gouvernement d'Angela Merkel a écrit noir sur blanc qu'il ne toucherait pas à cette loi. Entrée en vigueur en février 2002, elle prévoit que la dernière centrale nucléaire allemande cessera ses activités aux alentours de 2020. La nouvelle chancelière CDU (chrétienne-démocrate) a été obligée de l'accepter sous peine de ne pas être en mesure de former un gouvernement de grande coalition avec le SPD (social-démocrate). La sortie de l'atome a en effet été la seule grande loi à l'actif du gouvernement «rouge-vert» (1998-2005). Le projet a certes été imposé par les Verts plus que par les sociaux-démocrates. Et certains membres du SPD comme le ministre de l'Economie, Wolfgang Clement, soutien indéfaillible du charbon de la Ruhr, avaient bien tenté d'infléchir cette décision. Mais les Verts n'ont pas lâché prise. Sous la coupe d'«Angie» Merkel, le SPD a décidé de poursuivre sur la lancée des Verts. La CDU ne réclame pas la mise en oeuvre de nouvelles centrales nucléaires, mais elle souhaiterait pouvoir prolonger la durée de vie des 17 centrales nucléaires en activité. Le parti d'Angela Merkel estime que l'électricité produite par les énergies renouvelables est trop onéreuse et que cela pénalise les entreprises allemandes. Surtout, il redoute de plus en plus la dépendance énergétique vis-à-vis des autres pays. L'Allemagne est certes un pays «vert», mais il doit importer de l'énergie nucléaire française et du gaz russe. Selon une étude rendue publique jeudi dernier par le nouveau ministre de l'Environnement, Sigmar Gabriel (SPD), 25 % du marché de l'électricité devrait être produit par les énergies renouvelables en 2025.

Italie
Vingt ans d'abandon remis en cause


Près de vingt ans après avoir abandonné, en 1987, par référendum populaire, la production d'énergie nucléaire, l'Italie dépend de l'étranger à hauteur de 85 % pour ses approvisionnements énergétiques. Du coup, elle n'exclut plus de rouvrir le dossier de l'atome. Depuis plusieurs mois, les membres du gouvernement multiplient les déclarations en ce sens. En novembre, Silvio Berlusconi a publiquement déclaré : «Le nucléaire fait peur à tout le monde, mais il est nécessaire pour notre futur.» «Sans un plan complet de retour au nucléaire, nous ne pouvons pas espérer être à l'abri d'alertes énergétiques», a pour sa part insisté, début janvier, le ministre des Activités productives, Claudio Scajola, commentant la «guerre du gaz» entre l'Ukraine et la Russie. Reste qu'à gauche, l'hypothèse est pour l'heure écartée. Les Verts qui font partie de l'Union, la coalition de Romano Prodi qui pourrait revenir au pouvoir au printemps, rappellent que le référendum avait été approuvé à près de 80 % par les électeurs. «Couvrons l'Italie de panneaux solaires», lance «Il Professore» (surnom de Prodi), qui estime «qu'en termes de coûts et de sécurité, le nucléaire n'est plus possible, même s'il est important de maintenir la recherche pour être à l'avant-garde quand, dans le futur, peut-être dans vingt ans, la science nous apportera des surprises positives». En attendant, l'Italie continue d'importer de grandes quantités d'électricité produites par les centrales françaises. Quant à l'Enel (la société italienne d'électricité), elle est associée au projet français pour la construction de réacteurs de troisième génération (EPR) et s'intéresse à la privatisation des centrales des pays d'Europe de l'Est...


-et en France les Verts se sentent deja lachés par le Parti Socialiste....ce qui ne va pas les empecher de passer des accords électoraux et gouvernementaux....

a écrit :

En France, des anti anéantis par le «lobby»
Les Verts doutent même de la capacité de leurs amis socialistes à relancer le débat.



Par Alain AUFFRAY
mardi 24 janvier 2006

e poids du gaullisme et la ruse de Mitterrand : tels sont, pour Yves Cochet, les forces qui étouffent en France le débat sur le nucléaire. «Il y a eu d'abord, dans les années 60, la force de frappe comme fondement de l'indépendance nationale. Puis, dans les années 70, après le premier choc pétrolier, le gouvernement Messmer a posé le dogme de l'indépendance énergétique garantie par le nucléaire. Les nucléocrates avaient gagné», résume le député Vert de Paris, qui doute de la capacité de ses amis socialistes à remettre en cause ce dogme. Depuis qu'il a solennellement choisi de faire sienne l'option stratégique de la dissuasion, la PS a, selon lui, renoncé à contester le lobby nucléaire.

Et, si François Mitterrand a su montrer sa bonne volonté en ordonnant, après son élection de 1981, l'abandon du projet de centrale nucléaire de Plogoff (Finistère) c'était aussi, selon Cochet, un moyen efficace de casser la mobilisation. De fait, la grande manifestation de 1980 contre Plogoff (près de 100 000 personnes) reste, pour le mouvement antinucléaire français, un sommet inégalé.

Les associations du réseau Sortir du nucléaire et les écologistes hexagonaux se sentent écrasés par un lobby nucléaire qu'ils qualifient «d'Etat dans l'Etat». Ils ne se font pas trop d'illusions sur les chances de voir mis en oeuvre le programme de «sortie du nucléaire en 2030» qu'ils ont approuvé le 14 janvier lors de leur dernier conseil national. Ils y demandent notamment l'abandon du réacteur thermonucléaire expérimental Iter et du réacteur de troisième génération EPR, la reconversion du centre de retraitement de La Hague, l'abandon de l'enfouissement irréversible des déchets et la réorientation des crédits de recherche vers les énergies renouvelables.

Dans les mois à venir, les Verts vont devoir entamer la négociation d'un contrat de gouvernement avec le PS. Yann Wehrling, leur secrétaire national, reste réaliste : «Les socialistes ne voudront pas s'engager sur un calendrier de sortie du nucléaire.» Mais les écologistes ne signeront jamais «un accord qui s'en tiendrait au statu quo». Au minimum, Wehrling espère la fermeture de la centrale de Fessenheim et l'abandon de l'EPR. Sur ce dernier point, Laurent Fabius a été le premier à leur donner satisfaction. Il est vrai, comme le rappelle Cochet, qu'il se veut «meilleur élève de François Mitterrand».

canardos
 
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