essais nucléaires et cancers

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 24 Jan 2006, 07:59

dans Futura Sciences:


a écrit :

[center]Conséquences des essais nucléaires de surface américains[/center]

Extrait du BE Etats-Unis N°18 - Ambassade de France aux Etats-Unis, le 24/01/2006

Trois experts du National Cancer Institute (NCI) publient dans le numéro de Janvier-Février de American Scientist des estimations relatives aux cancers provoqués par les tests nucléaires atmosphériques.

Selon les auteurs, entre 13.695 et 16.390 américains sont déjà morts des suites de ces essais. Ils estiment que 49.000 cas de cancers de la thyroïde liés l'ingestion d'iode-131 issus des retombées atmosphériques sont susceptibles de se déclarer chez des sujets qui avaient moins de 20 ans entre 1951 et 1957, dont 5 à 10% entraînant des suites fatales. 90% de ces cas supplémentaires auraient pour cause un essai réalisé sur le territoire des Etats-Unis (Nevada Test Site). Par comparaison, le nombre de cancers de la thyroïde ayant une origine non nucléaire s'établirait à environ 400.000 pour cette tranche d'âge.

Les cancers causés par les rayonnements (gamma) sont estimés à 22000, dont la moitié fatals. 1.800 morts par leucémies pourraient être attribuées aux essais nucléaires. Ce chiffre est à comparer au 1,5 million de leucémies mortelles attendues dans la population américaine vivant en 1952.

On estime que 527 tests nucléaires atmosphériques ont été effectués entre 1945 et 1980 (date du dernier test de ce type par la Chine) pour une puissance cumulée de 479 mégatonnes (soit l'équivalent de 30.000 Hiroshima). Les essais de surface ont été bannis par un traité international de 1963 (LTBT).

Les Etats-Unis reconnaissent officiellement 210 essais atmosphériques (154 mégatonnes). 100 détonations de surface, représentant un total d'environ 1 mégatonne, ont eu lieu dans le site principal du Nevada (NTS) entre 1951 et 1962. La plus forte explosion atmosphérique réalisée par les USA est l'essai thermonucléaire BRAVO, dans l'atoll de Bikini le 1/3/1954 (15 mégatonnes). 249 habitants des îles Marshall, 28 météorologues américains et 23 pêcheurs japonais ont été directement exposés à ces retombées.

canardos
 
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Message par canardos » 28 Jan 2006, 08:03

dans Libération:

a écrit :

Nucléaire. Un rapport de députés locaux et d'experts, sur les essais menés entre 1966 et 1974, accuse l'Etat français.

[center]La Polynésie remontée contre les retombées radioactives[/center]


Par GOFF Christian LE
samedi 28 janvier 2006

Papeete correspondance

Quarante ans après, l'Etat continue «à dissimuler des preuves accablantes pour lui dans la recherche de la vérité ainsi que la réparation des préjudices lui incombant». C'est la conclusion du rapport, rendu public cette semaine, de la commission d'enquête de l'assemblée de Polynésie-Française sur les conséquences des essais nucléaires atmosphériques réalisés au Centre d'expérimentation du Pacifique, entre 1966 et 1974, sur les atolls du «grand secret», Moruroa et Fangataufa. La France y a procédé à 46 tirs aériens (193 avec les essais souterrains) jusqu'en 1996.

Rédigé par des députés locaux aidés de scientifiques métropolitains, ce document de plus de 300 pages vient battre en brèche une fois encore la thèse des «essais propres» défendue par le ministère de la Défense. Lequel n'a reconnu que cinq retombées «intempestives» sur des îles habitées : les Gambier en 1966 et 1971, Tureia en 1967 et 1971, et Tahiti en 1974.

«Cette présentation est trompeuse, elle laisse croire que le ministère de la Défense fait preuve de bonne volonté en reconnaissant cinq "erreurs minimes" sur toute sa campagne», s'indignent les élus polynésiens. Selon un rapport militaire confidentiel du 17 mars 1967, le premier tir réalisé le 2 juillet 1966, a entraîné des retombées sur toute la Polynésie, archipel aussi vaste que l'Europe. La faute à des moyens météo «largement insuffisants», incapables de prévoir la direction des vents de très haute altitude (un champignon peut s'élever à plus de 10 000 m). «Il n'est pas exagéré de penser que des retombées ont eu lieu sur Tahiti (où vivent 80 % de la population polynésienne) lors de chaque tir aérien», note la commission d'enquête. Qui se forge une «intime conviction» : les «essais, notamment atmosphériques, ont provoqué un problème de santé publique majeur».

Selon une étude publiée dans le Tropical Medicine and International Health, le taux d'incidence du cancer de la thyroïde en Polynésie-Française s'élève à 5,7 pour les hommes (contre 1,71 à Hawaii et 3,74 en Nouvelle-Zélande) et à 16,8 pour les femmes (contre 1,82 et 2,56). Pour la leucémie, il est de 10,9 pour les hommes (contre 1,17 et 0,93) et 6,6 pour les femmes (contre 1,04 et 0,83).

La commission d'enquête recommande de mettre en place une cellule de suivi médico-social pour les populations qui ont été «au plus près» des essais : anciens travailleurs et habitants. Et aussi de lancer des études épidémiologiques et biologiques, ainsi que la création d'une banque ADN.

Enfin, elle suggère au gouvernement polynésien, dirigé par l'indépendantiste et militant antinucléaire Oscar Temaru, d'appuyer auprès de l'Etat «la mise à l'ordre du jour du Parlement d'un projet de loi qui reconnaisse le principe de présomption», afin d'indemniser les victimes des essais. Selon le haut commissaire (représentant de l'Etat en Polynésie), un «ouvrage complet sur les aspects radiologiques des essais nucléaires sera publié par le ministère de la Défense au second semestre 2006».

canardos
 
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Message par canardos » 28 Jan 2006, 16:34

L'armée française avait menti.

un article du Monde sur le même sujet:

a écrit :

[center]Un rapport conclut à la nocivité des essais nucléaires français[/center]

LE MONDE | 28.01.06 |
PAPEETE CORRESPONDANT


Le rapport de la commission d'enquête de l'Assemblée de Polynésie sur les essais nucléaires, qui devrait être rendu public le 9 février, remet en cause la version officielle défendue par l'armée française. Depuis six mois, la présidente Tea Hirshon et les membres de la commission étudient la période 1966-1974, au cours de laquelle la France a procédé aux tirs de 46 essais atmosphériques au-dessus des atolls de Mururoa et de Fangataufa, en Polynésie.

Le 11 septembre 1966, la France fait sauter sa quatrième bombe dans le Pacifique : Bételgeuse. Selon les commentaires de l'époque, le tir est un succès. Aucune retombée radioactive sur des îles habitées n'est officiellement décelée. Quarante ans plus tard, la commission d'enquête révèle un document classé "confidentiel défense" de 1967 qui indique que "les retombées radioactives consécutives à ce tir ont été mesurées par toutes les stations météorologiques de la Polynésie".

Treize jours plus tard, Rigel explose sur une barge dans le lagon de Fangataufa. Selon les rapports officiels, "le tir n'a pas donné lieu à des retombées sur des secteurs habités". Une carte de 1997 puis une reconstitution officielle montrent même le tracé de l'évolution du nuage radioactif. Il évite soigneusement Tureia, Reao et les Gambiers, les îles habitées les plus proches. Dans son rapport, Tea Hirshon publie un autre document, daté du 17 mars 1967, qui prouve le contraire. Des retombées radioactives avaient été relevées sur de nombreux atolls des Tuamotu, et même sur Tahiti.

La commission assure qu'une dizaine d'essais atmosphériques ont été polluants. A commencer par le tout premier tir, Aldébaran, le 2 juillet 1966. Polluants également, Bételgeuse et Rigel mais aussi Sisius, Altaïr Antarès, Arcturus. Des retombées radioactives ont été signalées après les tirs sur quasiment l'ensemble de la Polynésie. Officiellement, seules cinq retombées "intempestives" ont été reconnues.

Ainsi, le 17 juillet 1974, des retombées radioactives du tir Centaure sont relevées sur l'île de Tahiti. Dans un communiqué de l'époque, l'armée donne des précisions et parle de 0,8 millisiverts (mSv) signalées dans la commune de Mahina (nord de l'île). Rien de plus. Le rapport Hirshon révèle que des communes de la presqu'île avaient également été irradiées. A Teahupoo (sud de l'île), les doses relevées étaient 4 à 6 fois supérieures à celle de Mahina. La norme européenne par an et par personne est de 1 mSv.

Les populations de l'époque ont-elles été exposées ? La commission d'enquête a demandé au laboratoire indépendant Criirad d'effectuer des contrôles radiamétriques — la mesure du rayonnement gamma — et des prélèvements d'échantillons à Mangareva Tureia et Hao. La commission vient de rendre ses conclusions. Elles n'ont pas indiqué "d'anomalies radiologiques qui mettraient aujourd'hui en danger la santé publique". Néanmoins, conclut le rapport, "les résultats mettent en évidence que les essais atmosphériques ont laissé des traces de radioéléments issus des explosions nucléaires aériennes".

Ainsi, le 2 juillet 1966, le niveau de radiation aux Gambiers était 1 000 fois supérieur à celui relevé en France métropolitaine, après le passage du nuage de Tchernobyl. Difficile d'affirmer pour autant que la population a été contaminée. La Criirad conclut prudemment, en se fondant sur les rares documents classés rendus publics : "Certaines retombées ont pu conduire à une irradiation interne ou externe des populations."

La commission s'est également penchée sur le rôle des services météorologiques. Avant chaque essai atmosphérique, la direction générale des centres d'expérimentation nucléaire avait besoin d'informations météorologiques fiables. Mais seuls les vents de haute altitude étaient étudiés avec précision, pas les phénomènes climatiques situés entre 0 et 10 000 mètres. Or ce sont justement ces vents de basses couches qui ont entraîné une partie des retombées radioactives sur l'ensemble de la Polynésie.

Le rapport de synthèse de la campagne de tir de 1967 est instructif sur le rôle des vents de faible altitude : "Le jour d'Antarès (5 juin 1967), le noyau anticyclonique au sol très proche de Mururoa dans le sud crée, de 0 à 2 000 mètres, des vents tournant au sud-est et puis à l'ouest, vers 5 000 mètres. Il en résulte que dans les premières 24 heures, les postes de Tureia, Mangareva, et Hao sont touchés à des niveaux faibles."

La revue antinucléaire Damoclès a publié, en mai 2005, un dossier montrant qu'en juillet 1966, la dose de radioactivité absorbée par les habitants des îles avait été de 5,5 mSv, alors que la norme de l'époque était de 5 mSv (Le Monde du 25 mai 2005). Le ministère de la défense avait relevé que ce dépassement était le seul cas dans toute la campagne des essais nucléaires français en Polynésie (210 essais, dont 41 en atmosphère), et avait assuré qu'un taux de 5,5 mSv "était sans conséquence pour la santé des populations".

L'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) vient de débuter une étude en Polynésie française, où le taux de cancers de la thyroïde est le double de celui de la métropole. "Notre propos est donc de vérifier s'il existe un lien, en Polynésie, entre retombées nucléaires et cancers de la thyroïde ou s'il existe d'autres causes", a déclaré, dimanche 22 janvier, Florent de Vathaire, qui conduit les recherches sur place.



Olivier Gelin
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