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mardi 7 février 2006
[center]La recherche sur les cellules embryonnaires devient possible en France[/center]
PARIS (AFP) - La recherche sur les embryons issus de la fécondation in vitro devient possible en France, si le couple parental y consent parce qu'il n'a plus d'autre projet pour cet embryon, avec la publication d'un important décret d'application de la loi de bioéthique.
Dix-huit mois après la publication de la loi, ce décret attendu par les chercheurs définit les conditions dans lesquelles elles pourront être autorisées, par l'Agence de la biomédecine, à faire des recherches sur l'embryon ou les cellules embryonnaires, et à conserver des cellules souches embryonnaires à des fins scientifiques.
"C'est le décret qu'on attendait depuis 18 mois" pour faire des recherches sur des embryons normaux et sur des embryons porteurs de mutations génétiques, explique le biologiste Michel Pucéat (CNRS-Montpellier) qui espère utiliser des cellules souches embryonnaires dans la thérapie de l'insuffisance cardiaque.
A la suite d'un infarctus, des millions de cellules contractiles du coeur sont détruites. Des travaux conduits sur le rat par l'équipe de Michel Pucéat ont déjà montré que des cellules souches embryonnaires transplantées dans le coeur de l'animal pouvaient, en orientant correctement leur devenir, se spécialiser en cellules cardiaques.
L'objectif du chercheur, qui fait partie d'une quinzaine d'équipes déjà autorisées à importer en France des lignées de cellules souches embryonnaires humaines, serait d'arriver au même résultat chez l'homme et de restaurer les fonctions du coeur sans greffe d'organe.
Un dispositif transitoire mis en place depuis un an a permis à ces équipes d'entamer des recherches. Mais elle n'étaient pas autorisées à fabriquer de nouvelles lignées ou colonies de cellules à partir des dizaines de milliers d'embryons congelés dits "surnuméraires" issus de la fécondation in vitro (FIV) depuis vingt ans.
La publication mardi du décret d'application de la loi du 6 août 2004 va leur permettre d'en créer, sous réserve de l'accord du couple parental et d'une autorisation de l'Agence de la biomédecine.
Les cellules souches embryonnaires sont capables d'évoluer - "se différencier" - en cellules spécialisées de n'importe quel tissu du corps (muscles, os, nerfs, ...). D'où l'intérêt qu'elles suscitent chez les chercheurs désireux de réussir à maîtriser cette évolution.
Prélevées sur des "boutons embryonnaires" de quelques dizaines de cellules, au cinquième ou sixième jour du développement de l'ovule fécondé, ces cellules aptes à se multiplier sont ensuite cultivées en laboratoire pour former des colonies de cellules ayant le même patrimoine génétique.
Le protocole de recherche destiné à permettre des "progrès thérapeutiques majeurs" sera autorisé "pour une durée déterminée qui ne peut excéder cinq ans", précise le décret.
Le couple qui "n'a plus de projet parental" pour des embryons congelés peut consentir à ce qu'ils fassent l'objet d'une recherche, après "avoir été informé des possibilités d'accueil de ces embryons par un autre couple ou d'arrêt de leur conservation".
Lorsque pour détecter une éventuelle maladie génétique, les embryons issus d'une FIV font l'objet d'un diagnostic préalable à leur implantation (DPI) dans l'utérus, les parents pourront consentir à ce que "les embryons porteurs de l'anomalie" servent à la recherche sur certaines maladies génétiques, au lieu d'être détruits.
Lors d'une FIV, les parents seront aussi invités à consentir à des recherches sur des embryons qui ne peuvent être ni implantés ni conservés, notamment "parce qu'ils manquent de vitalité", explique le Pr René Frydman, qui avait mis au monde le premier bébé-éprouvette français.