Dans le Nouvel Observateur :
a écrit :Les principales dispositions du projet de loi
NOUVELOBS.COM | 07.02.06 | 17:30
Alors que le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) doit être adopté en conseil des ministres, mercredi 8 février, voici les principaux points du texte.
- Le projet de loi instaure l'obligation de déclaration des parcelles de cultures OGM.
- La mise sur le marché de produits composés, pour tout ou partie, d'OGM est soumise à autorisation, celle-ci étant accordée pour un maximum de 10 ans. Les produits comportant 0,9% d'OGM ou plus doivent obligatoirement être étiquetés.
- Les cultures expérimentales d'OGM en plein champ font l'objet d'une consultation préalable du public, pendant 15 jours et par voie électronique. Quiconque peut soumettre ses remarques à l'administration qui délivre l'autorisation. Le demandeur de cette autorisation n'est pas tenu de répondre.
- Les données transmises au public sont celles qui sont considérées comme "non confidentielles", soit le nom et l'adresse de l'exploitant, les caractéristiques générales du produit et la finalité de la recherche, ainsi que toute information "utile à l'évaluation des effets prévisibles", notamment pour la santé publique et l'environnement.
- L'autorisation de cultures expérimentales en plein champ est délivrée "après examen des risques que représente la dissémination pour la santé publique et pour l'environnement".
- Le projet crée un Conseil des biotechnologies, comité consultatif des autorités administratives chargées de l'évaluation et du suivi des projets OGM, composé en partie de scientifiques reconnus, qui réunit les trois instances actuelles.
- "Tout élément nouveau susceptible de modifier l'appréciation du risque pour la santé publique et l'environnement" doit obligatoirement être déclaré.
- Les mesures de "coexistence" entre cultures OGM et non-OGM seront à déterminer au cas par cas, pour "assurer une absence de préjudice économique" par la dissémination des pollens : distances de sécurité, zones tampon ou obstacles.
- Un fonds d'indemnisation est créé, financé par une taxe à l'hectare de cultures OGM d'un maximum de 100 euros, pour indemniser les cultivateurs non-OGM qui constatent une contamination de 0,9% ou plus de leurs récoltes. Ce fonds est mis en place cinq ans maximum, en attendant un régime adéquat d'assurances privées.
- Les produits OGM comportant des gènes "marqueurs" de résistance aux antibiotiques, qui ont fait l'objet d'un moratoire européen jusqu'en 2005, sont autorisés de facto. Les autorisations de mise sur le marché délivrées avant ce moratoire prendront fin au plus tard le 17 octobre 2006.
Utilisés à des fins de recherche, ils seront éliminés d'ici 2009 "s'ils sont susceptibles d'avoir des effets préjudiciables pour la santé publique et pour l'environnement"
a écrit :
OGM
Le projet de loi adopté en Conseil des ministres
NOUVELOBS.COM | 08.02.06 | 19:49
[...]
Un contre-projet de loi
France Nature Environnement juge le projet de loi "inacceptable car il représente un droit à disséminer sans contrôle des OGM".
Un contre-projet de loi a été proposé par cette fédération française des associations de protection de la nature et de l'environnement.
Estimant "indispensable" une loi sur les OGM, France Nature Environnement a décidé de présenter un projet de loi alternatif, précisant qu'"une pétition est lancée pour soutenir cette initiative".
Ce contre-projet est fondé sur l'idée que "des études de santé transparentes et publiques doivent précéder toute autorisation de diffusion d'un OGM", selon le communiqué.
"France Nature Environnement s'engage pour une loi sur les OGM qui soit l'expression de la volonté générale et non d'intérêts industriels", a commenté Lylian Le Goff, responsable de la mission OGM. "Le contre-projet, porté par de nombreuses associations de défense de l'environnement, a pour seul but de permettre un vrai débat au Parlement et partout en France", a-t-elle ajouté.
Le contre-projet de loi de France Nature Environnement est fondé sur dix principes. Il souligne notamment la nécessité d'appliquer le principe de précaution, d'évaluer de manière rigoureuse le risque, d'étendre le droit à l'information du public, de surveiller les cultures OGM et de protéger les cultures non OGM et d'appliquer le principe "pollueur-payeur" pour établir la responsabilité des producteurs d'OGM et des agriculteurs les cultivant.
a écrit :"Ce n'est ni une réponse globale, ni une bonne réponse"
NOUVELOBS.COM | 08.02.06 | 15:57
''Ce n'est ni une réponse globale, ni une bonne réponse'' Par Arnaud Gossement,
Un des avocats
de France Nature Environnement
Le projet de loi sur les OGM adopté aujourd'hui apporte-t-il réellement "une réponse globale" comme le soutient Jean-François Copé ?
- Pour France Nature Environnement, ce n'est ni une réponse globale ni même une bonne réponse. On comprend bien l'idée principale du gouvernement qui ne veut pas prendre de retard dans la culture OGM par rapport aux autres pays. Mais, c'est une réponse complètement car elle ne protège pas l'agriculteur, ni le consommateur, ni le citoyen en général.
Il est complètement possible d'allier écologie et technologie. Je dirais même qu'il le faut car nous avons besoin d'études sur les OGM pour connaître leurs intérêts ou leurs dangers éventuels et savoir ainsi s'il faut envisager ou non une commercialisation. Et nous avons besoin de ces études pour ne pas brûler les étapes comme le gouvernement le fait aujourd'hui.
Il faut donc bel et bien commencer par la recherche scientifique. Le problème, c'est précisément que les firmes productrices d'OGM sont avant tout des marchands, et qu'ils ne prennent pas le temps d'attendre des études supplémentaires. C'est ça qui est inacceptable.
En quoi l'autorisation de cultiver les OGM à ciel ouvert représente un risque supplémentaire ? Est-ce révélateur, selon vous, d'une volonté d'aller plus vite que la connaissance scientifique à des fins commerciales ?
- Avant de commencer par des cultures à ciel ouvert, il faudrait commencer par des tests en milieu fermé. Aujourd'hui, on passe en milieu ouvert pour des raisons que nous ignorons. La seule chose dont nous sommes sûrs, ce sont les risques que cela comporte : Le risque de contamination sur des cultures non-OGM, les risques possibles de ces organismes sur les animaux, sur les hommes… Une étude sur les conséquences des OGM sur des rats a été effectuée il y a quelques années. Elle est d'abord restée secrète. France Nature Environnement est parvenue à se la procurer grâce à un député. Elle n'est franchement pas rassurante.
Tout ce silence autour des OGM est en effet révélateur des intérêts commerciaux qui priment sur tous les autres dans le dossier OGM. La preuve en est : Les associations de consommateurs n'ont pas été consultées pour l'élaboration de ce projet de loi.
C'est pour cela que France Nature Environnement a lancé un contre-projet qui, lui, est accessible et consultable par tous sur notre site internet. Nous faisons des propositions et tout le monde peut en débattre. Le gouvernement devrait agir ainsi et non pas vouloir imposer un tel texte. Les parlementaires doivent savoir qu'ils ont le choix et que nous ne sommes pas obligés de nous précipiter sur les OGM. Il faut d'abord effectuer des études sur les OGM, et après, si c'est souhaitable, passer à la commercialisation. Chaque chose en son temps.
Une majorité de Français se prononce en faveur d'une interdiction temporaire des OGM. Existe-t-il des études sur le sujet qui fassent l'unanimité ?
- Si effectivement, il n'y avait aucun risque, pourquoi les producteurs d'OGM ne publieraient-ils pas les études qu'ils disent avoir faites ? Pourquoi devons-nous aller devant les tribunaux chaque fois que nous voulons avoir le résultat d'une étude ? Quand on a rien à cacher, on le montre, ça paraît logique. C'est justement ce silence qui est inquiétant.
Nous demandons que ces études soient révélées et après il sera possible d'envisager des cultures à ciel ouvert et pourquoi pas une commercialisation ? Là, c'est du passage en force. L'opinion a donc raison de s'inquiéter à la fois de l'attitude des producteurs d'OGM et de celle du gouvernement. Il y a peut-être une absence de risques mais il faut d'abord le prouver.
Pour l'instant, chaque camp se renvoie la balle. Nous avons fait des études qui prouvent que les OGM se baladent dans la nature en cas de culture à ciel ouvert. Il n'y a pas eu de réactions à ces études. De toute façon, ce n'est pas aux firmes écologistes d'effectuer ces études. Aujourd'hui, seule l'étude menée par Monsanto sur des rats à la fin des années 90 est partagée par tous. Il a d'ailleurs fallu se battre pour la voir. Elle révèle qu'il y a des conséquences graves sur les rats qui ont ingéré des OGM.
Cet aspect secret ne profite à personne. Il faut de la transparence sur le sujet et ça profitera à tout le monde.
Propos recueillis par François Sionneau
(Le mercredi 8 février 2006)
Le communiqué de Greenpeace :
a écrit :Non à une loi qui légalise la contamination génétique
Paris, France — Greenpeace condamne le projet de loi sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) adopté en Conseil des Ministres le 8 février. "Ce texte ne vaut même pas le prix du papier sur lequel il est écrit !", affirme Arnaud Apoteker, responsable de la campagne OGM de Greenpeace.
Ce projet de loi est censé transposer en droit français – avec trois ans de retard – la directive européenne 2001/18 relative aux OGM et devrait être voté par les députés durant le premier semestre 2006. "On craignait que le ministère de la Recherche ne suive les avis de la mission d'information parlementaire, commente Arnaud Apoteker. Mais c'est bien c'est pire ! Non seulement son projet de loi ignore les rares recommandations positives émises par cette mission, mais il se montre encore plus laxiste !"
- Dans le projet de loi, le terme de "précaution" n'apparaît nulle part alors même que l'article 8 du texte introductif de la directive européenne stipule qu'il "a été tenu compte du principe de précaution lors de la rédaction de la présente directive et il devra en être tenu compte lors de sa mise en oeuvre" !
- Le projet de loi ne donne aucun chiffre de contamination, aucune distance de sécurité à respecter entre les champs, etc… Selon lui, les modalités de mise en cultures d'OGM relèveraient de décrets qui seraient pris ultérieurement. En clair, le projet de loi renvoie ces précisions essentielles aux calendes grecques et surtout, il autoriserait le gouvernement d'en décider sans aucune concertation ni aucun débat démocratique.
- Concernant la responsabilité en cas de contamination des cultures non OGM, le projet de loi prévoit de faire porter le chapeau aux seuls exploitants. Il organise ainsi l'impunité totale de l'industrie agroalimentaire, des semenciers, des transporteurs...
- En ce qui concerne l'information du public, le projet de loi accentue l'opacité déjà à l'œuvre. Il renforce ainsi le "caractère confidentiel" de certaines données, notamment des analyses toxicologiques menées sur les animaux. Or justement : certaines d'entre elles, rendues publiques grâce à un arrêt de la justice allemande obtenu par Greenpeace, semblent indiquer que des OGM soulèvent de graves problèmes biologiques chez les rats.
"Il est inadmissible que le ministère de la Recherche, qui évidemment n’a aucune compétence en matière de mise en cultures commerciales d’OGM, s’apprête à légaliser la pollution de l’environnement, à mettre en danger la santé des citoyens, et à condamner à la contamination génétique des Français massivement opposés aux OGM", reprend Arnaud Apoteker.
Dans leur grande majorité en effet, les Français refusent la stratégie du fait accompli que semble vouloir suivre le gouvernement. D’après un sondage BVA/Agir pour l’environnement réalisé fin janvier, 78% d’entre eux souhaitent interdire temporairement les OGM afin d’évaluer précisément leurs impacts sanitaires et environnementaux. "Greenpeace a déjà commencé à mobiliser les citoyens en les incitant à interpeller leurs députés pour qu’ils votent une loi qui les protège des OGM, conclut Arnaud Apoteker. Une chose est sûre : nous ne nous arrêterons pas là."