un interview façon brosse à reluire

Dans le monde...

Message par canardos » 10 Fév 2006, 21:21

un politicien bourgeois un peu démagogue et populiste arrive au pouvoir en Amérique Latine et Rouge va aussitot l'interviewer à la maniere de Claire chazal sur TF1 avec Balladur....et tout fier avec ça d'avoir eu une interview "exclusive"

lisez les questions elles comprennent à la fois la réponse et l'éloge!

apres chavez Qunitina le nouveau premier ministre bolivien!

indécrottable!


a écrit :

Interview exclusive de Juan Ramon Quintina


À peine nommé ministre de la Présidence (l’équivalent du Premier ministre en Bolivie), Juan Ramon Quintana a accueilli « Rouge » dans les bureaux du Palais du gouvernement. L’occasion d’évoquer avec nous la composition d’un cabinet ministériel au profil radical, ainsi que les tâches qui attendent Evo Morales et son équipe.

Le cabinet gouvernemental n’apparaît pas comme un cabinet tranquillisant pour les marchés et les États-Unis. C’est un signal politique qu’a voulu envoyer Evo Morales ?

Juan Ramon Quintina - Je crois que ce cabinet regroupe les aspirations au changement dans la vie politique bolivienne, dans la mesure où il est composé de personnalités proches des gens, proches du peuple. Ce sont des gens qui ont travaillé avec les mouvements sociaux, qui ont lutté contre l’ordre néolibéral, et eux, plus que toute autre personne, illustrent les vertus de la résistance. Ils ont la possibilité d’apprendre à gouverner. Ils ont été choisis selon plusieurs critères : c’est une constellation représentative de la société bolivienne. Il y a quatre femmes, ce qui est une première dans l’histoire bolivienne. C’est également un cabinet qui reflète la participation des mouvements sociaux. Il y a aussi une représentativité régionale, des intellectuels et universitaires, ainsi que des entrepreneurs. Autrement dit, nous sommes parvenus à trouver une formule démocratique, plurielle, cohérente, qui illustre ce désir de changement.

La nomination de Andrés Soliz Rada apparaît également comme un signe fort à l’encontre des compagnies pétrolières, dans la mesure où celui-ci a toujours défendu la nationalisation du gaz, sans aucune concession à leur égard.

J. R Quintina - Andres Soliz est un grand combattant qui a toujours lutté en faveur de la souveraineté de l’État sur les ressources naturelles. Il exprime une lutte idéologique contre les formes de domination impérialiste des États-Unis, qu’elles soient explicites ou non. C’est la continuité du désir frustré de nationalisme qui existe depuis les années 1930. Il est l’héritier de ce courant. Ce n’est pas seulement un intellectuel, mais aussi quelqu’un qui a participé aux luttes sociales.

Nous avons été surpris par la nomination de Casimira Rodriguez à la tête du ministère de la Justice. C’est un signe incroyablement fort de nommer à ce poste une femme de ménage !

J. R Quintina - C’est la revendication historique d’une grande majorité de femmes de ménage marginalisées depuis toujours, invisibles pour la société, maltraitées et exclues, traitées comme des animaux dans notre société. Ces femmes n’occupent pas un espace domestique, mais subissent toutes les formes de violence. Casimira Rodriguez illustre la lutte contre cette injustice séculaire, contre celles qui sont une majorité dépourvue de sécurité sociale, de citoyenneté, parfois même de carte d’identité.

En ce qui concerne l’état-major militaire, y aura-t-il des surprises également ?

J. R Quintina - Je crois qu’on va surtout insister sur la ligne imposée par le président, avec des critères de sélection basés sur le respect de l’institutionnalité, le respect d’une conduite éthique et morale, et enfin sur une réserve morale et patriotique pour défendre la nation. Ce sont les critères qui guideront notre choix dans ce domaine.

Vous avez précédemment déclaré que la police et l’armée ne seraient plus un appendice de la Drug Enforcement Agency (DEA), qui coordonne la lutte antidrogue en Bolivie et en Amérique latine, vous maintenez cette posture ?

J. R Quintina - Oui. Un chapitre de l’histoire politique de la Bolivie, ces vingt dernières années, est l’hypothèque de militaires et policiers soumis à des gouvernements étrangers. Notre gouvernement va restaurer la souveraineté, en la récupérant au cœur de l’État, avec l’armée et la police.

Entre-t-on également dans un nouveau cycle de relations avec le Chili ?

J. R Quintina - Oui, nous le croyons, nous sommes optimistes à ce sujet. Deux nouveaux présidents entrent en-semble dans une époque nouvelle pour l’Amérique latine. Il y a un leadership sincère de la part du Parti socialiste au Chili. Le Chili donne des signes de rupture avec le traditionnel conservatisme qui marquait les relations avec la Bolivie. Notre président dispose de la plus forte légitimité historique pour pouvoir résoudre le différend qui nous sépare de ce pays depuis si longtemps.

La nomination de Soliz Rada est-elle également le signe que les relations énergétiques entre la Bolivie et ses voisins vont changer ?

J. R Quintina - Oui, car les changements d’organisation du pouvoir exécutif vont illustrer les profondes transformations de l’État, d’abord sur le plan économique. Nous irons vers une économie mixte, non plus de marché à 100 %. Une économie où l’État sera un acteur central du secteur productif, où il sera l’organisateur de l’économie, au niveau national et à l’étranger, dans le domaine de l’énergie par exemple. Le temps est également venu de mettre en place un gouvernement des pauvres par eux-mêmes, avec une présence des indigènes qui ne soit plus la caricature proposée par Sanchez de Lozada de 1993 à 1997. Il faut également une présence des femmes. Mais ce gouvernement montre des signes d’efficacité en termes d’investissements publics, de lutte contre la corruption, la discrimination et l’impunité. Ce seront les axes de transformation de l’État. Au sein de l’État néolibéral, l’impunité était un mode de gouvernement de l’État. La corruption était l’arme des fonctionnaires publics. L’exclusion était le signe du racisme. Tout cela va changer avec le gouvernement.

L’un des bilans de l’investiture d’Evo Morales paraît être l’affirmation symbolique d’un rapprochement avec Cuba et le Venezuela, au sein de ce que l’on appelle « l’axe du Bien ». Partagez-vous cette perception ?

J. R Quintina - Je crois que la relation entre la Bolivie, La Havane et Caracas prend une nouvelle dimension sur le plan de la coopération en matière d’éducation, de santé, technique, etc. Cela renforce également la ligne nationaliste de notre gouvernement sur le plan énergétique. Il y a une convergence avec certaines politiques de Cuba et du Venezuela. Cet axe va avoir quasiment le même statut, en terme de pertinence, que l’axe Buenos Aires, Brasilia, Montevideo, Asuncion et la Bolivie. Dans la région, notre insertion doit se baser sur l’énergie, tandis que notre coopération avec les Caraïbes a plus à voir avec une coopération sociale. Ces deux axes sont une équation pour l’unité de l’Amérique latine. Il n’y a pas de suprématie d’un des deux axes sur l’autre. Ce sont des axes complémentaires, qui nous permettent de maintenir un équilibre dans la région et d’être moins vulnérables à l’instabilité extérieure. C’est un équilibre vertueux où, pour la première fois de son histoire, la Bolivie possède un poids incroyablement important pour exercer un leadership indigène. Nous allons exporter notre leadership spécifique dans la région.

Va-t-on développer une « diplomatie de la coca », en faveur de sa dépénalisation ?

J. R Quintina - Oui, nous allons insister en Europe, en Asie et ailleurs, sur cette politique que le président a appelé « narcotrafic zéro, mais pas cocalero zéro » . Ce que Evo Morales veut dire, c’est qu’il faut revaloriser la coca à travers ses multiples usages possibles, non seulement commerciaux mais également et surtout médicinaux pour la santé de l’humanité. Il faut donner une connotation humanitaire à la feuille de coca. Cela nous oblige à améliorer notre capacité à industrialiser la coca. Nous devons étendre nos marchés de consommation légale de la coca, en premier lieu avec nos voisins. Du fait de la criminalisation de la feuille de coca ces dernières années, nous ne pouvons donner de la visibilité à ce que l’on pourrait appeler les autres frontières de la feuille de coca. On nous a diabolisés avec cette question, jusqu’à faire douter notre peuple de nos propres croyances sur cette feuille, et de son importance dans notre culture.

En dépit de l’importance de votre poste, vous restez une personnalité mal connue, même en Bolivie. Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

J. R Quintina - J’ai une trajectoire personnelle assez étrange. Quand j’étais petit, je voulais être curé, et finalement, j’ai atterri à l’armée. Une fois à l’armée, j’ai voulu devenir avocat pour défendre les plus pauvres qui étaient maltraités en son sein, et c’est de cette façon que je suis devenu sociologue. En étant sociologue, j’ai voulu travailler sur la sociologie de la violence, et j’ai fini par m’engager en politique. Maintenant que je suis un homme politique, je me demande comment se terminera mon engagement de soldat au service du peuple.

Propos recueillis par Hervé Do Alto

canardos
 
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Message par pelon » 10 Fév 2006, 23:30

Oui j'aime bien entre autres le "restez" de
a écrit :
En dépit de l’importance de votre poste, vous restez une personnalité mal connue, même en Bolivie. Pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs en quelques mots ?

alors qu'il vient d'être nommé ministre.
pelon
 
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Message par DocStarrduck » 24 Fév 2006, 16:38

a écrit :Nous avons été surpris par la nomination de Casimira Rodriguez à la tête du ministère de la Justice. C’est un signe incroyablement fort de nommer à ce poste une femme de ménage !


:blink:

C'est pas un peu sexite de dire ça ?
DocStarrduck
 
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Message par canardos » 24 Fév 2006, 20:14

c'est comme si la lcr avait désigné comme candidate une postière! tellement révolutionnaire cette idée que le journaliste de Rouge n'en revient pas!

:D
canardos
 
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Message par Crockette » 25 Fév 2006, 09:58

mouais c'est vrai que l'interviex et les réponses sont pas terribles...et puis entendre le mot nationalisme ds rouge, bon...no coment.Même si je comprends que les indiens ont en eu ras le bol des hispaniques (enfin ceux d'origine quoi).
Crockette
 

Message par Sterd » 26 Fév 2006, 18:14

(lol84_Oi! @ dimanche 26 février 2006 à 17:00 a écrit :
(Crockette @ samedi 25 février 2006 à 09:58 a écrit : et puis entendre le mot nationalisme ds rouge, bon...no coment.

Une petite citation de Mandel s'impose:


a écrit :Ces camarades (comme le groupe de Lutte Ouvrière en France), qui persistent même encore aujourd'hui en confondant les mouvements de masse dans les pays occupés par le nazisme avec l'impérialisme, disaient entre autres que la guerre en Yougoslavie était une guerre impérialiste parce qu'elle a été conduite par des nationalistes,  bouleversant ainsi complètement la méthode marxiste. Au lieu de définir la nature de classe d'un mouvement de masse par ses racines matérielles, sa composition sociale et la signification de ses objectifs, ils le font uniquement en se basant sur son idéologie. C'est un pas en arrière inacceptable vers l'idéalisme historique. Quand des ouvriers se lèvent contre l'exploitation et l'oppression avec des slogans nationalistes, il faut reconnaître le caractère et la nature justifiée de leur lutte tout en luttant pour changer ces slogans. Pour les sectaires, au contraire,  la lutte est forcément mauvaise puisque les slogans sont mauvais. Or, elle ne devient pas bourgeoise parce que les slogans sont bourgeois, c'est là une approche non matérialiste.

Une énorme confusion est présente dans l'esprit de lol_84. Ami lecteur sauras tu la trouver ?

Pour dire quand même. Ces Ces camarades (comme le groupe de Lutte Ouvrière en France), qui persistent même encore aujourd'hui en confondant les mouvements de masse dans les pays occupés par le nazisme avec l'impérialisme ne qualifiaient pas particulièrement la resistance yougoslave, mais bel et bien la résistance française, qui Parti Communiste en tête et débris de la IV d'alors en queue, s'alignèrent derrière les "bourgeois pensant français" comme De Gaulle.

Alors les leçons ...
Sterd
 
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Message par com_71 » 26 Fév 2006, 18:54

Mandel n'était pas au mieux de sa forme, et sa petite pique contre Lutte Ouvrière en témoigne.

Pour ceux qui voudrait comparer la position de LO avec ce que feint d'en retenir Mandel :
(un article de "Lutte de Classe" n°11 1968 a écrit :...Aucune organisation révolutionnaire ne saurait s’implanter dans un pays colonial ou semi-colonial et y engager le combat pour la révolution socialiste, sans se mettre résolument à la tête de la lutte pour l’émancipation nationale. Ne pas le faire, ce serait transformer la théorie révolutionnaire en bavardage, dont «la pureté» de classe n’aurait
d’égal que l’inefficacité.

Le deuxième danger opposé mais analogue dans ses résultats, serait d’abdiquer
devant le nationalisme, c’est-à-dire – car les idées recouvrent des rapports de classes – d’abdiquer devant la bourgeoisie nationale et devant les représentants politiques radicaux de celle-ci.
C’est justement le caractère «unificateur» du sentiment national, unifiant dans la
même haine anti-impérialiste les masses populaires les plus larges, c’est donc justement ce caractère qui peut être un facteur révolutionnaire de première importance, qui recèle aussi un danger mortel pour le prolétariat révolutionnaire, en masquant les différenciations, les oppositions de classe.
C’est précisément pourquoi, la lutte du prolétariat pour l’émancipation nationale doit
être menée de pair avec une lutte politique continuelle, sans relâche, contre les organisations petites-bourgeoises qui font leur cette même revendication.
Le rôle de l’organisation révolutionnaire est certes, d’exprimer le sentiment national
des masses, mais en en dégageant le contenu de classe. Ceci ne peut se faire que si
l’avant-garde prolétarienne maintient son indépendance politique et son indépendance
organisationnelle.
Le sentiment national peut être, dans un premier temps, le moteur d’un processus
révolutionnaire prolétarien, il n’en est jamais le volant. Si la lutte pour l’émancipation
nationale, dans la mesure où elle est dirigée contre l’impérialisme, est en tout état de
cause à soutenir, elle ne peut aboutir à l’éclosion d’une révolution prolétarienne que si le prolétariat est organisé dans ses organisations propres, s’il se bat sur ses objectifs propres.
Sinon, aucun mécanisme automatique ne fera d’une guerre de libération nationale
une révolution socialiste. Le croire ou le laisser croire, c’est le pire service qu’on puisse rendre, non seulement à la cause de la révolution socialiste, mais aussi, en dernier ressort, aux intérêts d’une émancipation nationale conséquente....
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Mariategui » 26 Fév 2006, 19:42

Chez moi, on dit; "del dicho al hecho, hay un buen trecho"
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