par varatic » 24 Fév 2006, 14:54
Si vos solutions ne peuvent qu'impliquer l'extermination de la majeure partie de l'humanité, vu que la seule manière de nourrir seulement correctement 7 ou 10 milliards d'habitants c'est d'appliquer les techniques mises au point depuis 50 ans.
Le modèle économique néolitique que vous proposez (réduction des échanges, agriculture vivrière) ne saurait nourrir qu'une infime partie de la population. Son application ne peut conduire qu'a une extermination massive.
J'en doute. L'agriculture moderne a été particulièrement inadaptée aux pays en développement. L'introduction de l'agriculture industrielle dans des écosystèmes fragiles a conduit à leur destruction. J'ai pu apprécier l'effet des "techniques mises au point depuis 50 ans" et de l'agriculture industrielle lors de travaux en Asie Centrale (Kazakhstan et Ouzbékistan) en milieu semi-aride donc: dégradation des sols (salinsation), pollution massive des eaux sourterraines. La "solution" n’est pas de « donner à manger » à tout le monde, mais de donner la possibilité à tout le monde de se nourrir soi-même. Des programmes qui soutiennent l’agriculture locale, en faisant participer la population pauvre, représentent des solutions positives du point de vue écologique et social. De nombreuses études nous révèlent que l’agriculture traditionnelle mène à une productivité élevée et qu’elle reste la meilleure des solutions à long terme. Les agricultures traditionnelles des pays du Sud ne non pas figées mais au contraire très innovantes, capables de métissage et de fertilisation croisée entre les différentes traditions comme le montrent les travaux de Serge Valet, exclu du CIRAD (organisme scientifique spécialisé en agriculture des régions tropicales et subtropicales) pour s'y être intéressé dès les années 60 en Afrique au lieu de promovoir les méthodes européennes. Des plantes autochtones, adaptées depuis des milliers d’années aux conditions écologiques locales, représentent, avec le concours de mesures de préservation du sol, d’engrais organiques et des mesures de protection phytosanitaires intelligentes, un moyen de subsistance fiable. Maintenir la diversité des variétés locales y revêt d’une importance capitale.
Pour le reste, le nucléaire est infiniment moins polluant que l'utilisation d'energie fossile, et il me semble bien moins inenvisageable de construire plusieurs milliers de réacteurs nucléaires que de massacrer plusieurs milliards d'habitants par la famine.
Il y a tout de même le problème des déchets ultimes! Le développement massif des centrales n'est pas envisageable à cause des ressources limitées en uranium. Les ressources conventionnelles en uranium connues aujourd'hui, incluant celles raisonnablement accessibles, sont supérieures à 4 millions de tonnes d'uranium. Si l'on considère les besoins actuels pour le parc électronucléaire mondial - qui consomme annuellement environ 50 000 tonnes d'uranium naturel - les ressources conventionnelles représentent environ 50 ans d'approvisionnement. Beaucoup moins si on se met à multiplier les centrales!
La production d'hydrogène, ce n'est pas seulement d'hydrolyse (trop couteuse) mais aussi la thermolyse ou l'utilisation de bactéries OGM.
Pour commencer, la pile à combustible est une découverte vieille de plus d'un siècle : si cela était une solution miracle, il y a longtemps que nous le saurions! Mais donnons lui sa chance.
Nous pouvons en effet aussi stocker l'énergie chimique sous forme d'hydrogène. Il existe de multiples solutions sur le papier, mais aujourd'hui seules la compression et la liquéfaction sont techniquement au point pour faire tenir des quantités pas totalement ridicules dans un volume donné. De l'hydrogène comprimé à 200 bars "contient" 0,4 kWh par litre (un litre contient alors 30 grammes d'hydrogène), et en supposant que le poids du réservoir soit de 50 à 100 fois le poids de l'hydrogène stocké (c'est l'ordre de grandeur de ce que la technologie sait faire aujourd'hui), le poids du dispositif requis pour stocker l'équivalent d'un kg de pétrole (11,6 kWh) est de 17 à 35 kg environ. La liquéfaction permet de disposer de bien plus d'énergie par unité de volume, mais pour liquéfier il faut accepter de sacrifier plus de 50% de l'énergie contenue dans l'hydrogène initial : pas terrible !
Mais il reste le problème de production d'énergie initiale.
Quant à la production de ce précieux hydrogène, plusieurs possibilités existent :
-l'extraire d'hydrocarbures (pétrole, gaz, charbon liquéfié), on parle alors de "reformage" lorsque cette opération est directement faite dans un véhicule (parce qu'elle peut aussi être faite dans des usines, c'est du reste comme cela que l'essentiel de l'hydrogène est fait actuellement),
-le produire par électrolyse de l'eau, mais alors...il aura fallu produire de l'électricité pour électrolyser de l'eau afin d'avoir de l'hydrogène qui lui-même...produira de l'électricité dans une pile à combustible.
-le produire par thermolyse de l'eau comme tu le suggères d'ailleurs, c'est à dire que l'on décompose la molécule d'eau en la portant à très haute température. Il faut bien sur aussi de l'énergie disponible sous une autre forme pour faire cela.
Un jour il sera peut être possible de produire de l'hydrogène à partir de bactéries ou micro-algues. Mais ce procécé n'en est aujourd hui qu'au stade du labo. Et mes collègues piétinent hélas.
Pour les OGM, de même que la totalité de la production de la planète, elles ne servent en effet actuellement qu'au profit des Monsanto. Ces compagnies ne les ont pas crées et mis sur le marché pour le bien de l'humanité, mais pour celui de leurs actionnaires. Mais cela vaut aussi pour le reste de la production humaine.
Cela n'invalide en rien les immenses possibilités qu'elles ouvrent en permettant la création de céréales fixant l'azote de l'air ou toute autre utilisation permettant de réduire l'itilisation de dérivés du pétrole dans l'agriculture.
Un des crédos de l’industrie des OGM est que les plantes transgéniques résistantes aux herbicides nécessiteraient moins de pesticides. Mais la pratique de la culture in vivo des ces plantes récuse incontestablement ce mythe. Ainsi, des statistiques du « US Department of Agriculture » démontrent que le Roundup Ready Soja de Monsanto a nécessité, en 1998, en moyenne 11,4 %, mais souvent plus de 30 % d’herbicides en plus que le soja habituel. Des études récentes, publiées en 2001, font état de perte de productivité lors de la culture du RR Soja (Elmore, Roeth et al., Glyphosate-Resistant Soybean Cultivar Yields compared with Sister Lines, Agronomy Journal, Vol.93, March-April 2001, Seiten 408-412). Après cinq années de culture industrielle de plantes transgéniques aux États-Unis et au Canada, on s’aperçoit que les mauvaises herbes sont devenues résistantes aux herbicides. Afin de maîtriser ces champions de l’adaptation, les paysans doivent utiliser des cocktails de désherbants puissants. Enfin les plantes cultivées modifiées génétiquement ont des rendements plus faibles, se comportent mal au champ et utilisent plus de pesticides (Lim LC and Matthews J. GM crops failed on every count. Science in Society 2002, 13/14, 31-33).