par Cyrano » 27 Fév 2006, 10:50
Le râp… c'est de la musique pour foutre sur les nouilles, ça !
Brèves de comptoir 1993. Jean-Marie Gourio. Ed. Michel Lafon
Moi, le rap, j'y connais rien, ce n'est pas ce que j'écoute, ou alors, au hasard, en passant, sur une radio. Mais même si je n'y connais rien au rap, que j'ai rien à en dire, c'est pas pour ça que je ne vais pas en causer.
Donc, Doc, je vais donner un avis sous ton contrôle en quelque sorte : si tu trouves que j'écris des bêtises, tu peux corriger à ton aise, je n'en prendrai pas ombrage !
En lisant ce qu'écrivent Pumsz et Roudoudou, j'ai eu envie de donner mon avis.
Réduire le rap à "nique la police", c'est comme réduire les Beatles aux cheveux longs, ou la musique Punk à une crête rouge, ou Johnny à "aqueu-coucou".
En écoutant parci-par là il me semble qu'il y a de tout dans le rap (comme dans tout genre d'expression), qu'il est même bien difficile de ranger parfois certaines chansons dans une catégorie. C'est fini le temps ou y'avait un type qui blablatait sans fin, pendant qu'un copain faisait pttt pttt dans le micro, et qu'un autre martyrisait un 33 tours, ou bien samplait je ne sais quoi, pendant qu'un autre faisait son show en salissant son survet' sur la scène.
Doc rappelle que Zebda, ce sont des rappeurs. Je vais l'avouer : j'apprécie Zebda (Zebda, je parle de Zebda, pas Zelda, même si j'apprécie Zelda aussi !) – ou bien j'appréciais, pasque maintenant, Zebda c'est devenu plus compliqué…
MC Solaar aussi est un rappeur. IAM, Doc Gyneco, Alliance Ethnik, tout ça c'est du rap. Stomy Bugsy aussi. Ménélik, NTM, Assassin ou Ministère AMER aussi. Akenaton d'IAM aussi. Et les requins du show-biz ont transformé certains rappeurs en bons commerçants de chansons sirupeuses – comment y échapper ? Mais ces noms les plus connus qui me viennent en tête font déjà un sacré mélange des genres.
Dire que le rap c'est « une musique haineuse » (Pumsz), c'est comme dire que le rock était une musique pour drogués. Et demander à une chanson de « proposer des choses et réfléchir sur la société » là, je trouve que c'est la confusion des genres et le plus sûr moyen pour produire une grosse merde ennuyeuse.
« Le rap est fait par des jeunes qui n'arrivent pas à s'exprimer autrement... »
Et pourquoi devraient-ils s'exprimer autrement ?… s'exprimer comment ?… On peut alors dire ça de toutes celles et ceux qui chantent ?… ou qui écrivent ?… "Quadrophenia" des Who posait déjà, un peu, les limites de la rock musique, de la "révolte" par les guitares.
Leny Escudero n'aime pas lui-même écrire des chansons contre, il l'a dit. Il n'aime pas qu'une chanson ressemble à un tract (moi idem, ça m'ennuit). Mais il dit aussi écouter beaucoup de rap… qui sont des chansons contre.
Ça me revient, en parlant de chansons contre, qu'on a eu aussi ce qu'on appelait les protest-songs, ce qui nous donna en France la chanson contestataire… On eut, comme dans tout genre, le meilleur et le pire. Et même dans ma région, y'avait des chanteurs "engagés" qui surfaient sur un mode d'expression dans l'air du temps, avec des chansons bien chiantes (et un tantinet démago pour caresser la fibre révoltée…) :
"Et pendant ce temps au Vietnaaaam
On brûle les enfants au napaaaalm"
(bling-blang, un coup sur les cordes de la guitare)
Mais n'est ce pas ce qui est dit là, sans détour, et très lucidement :
Avis aux nouveaux arrivants qui vendent du vent.
C'est devenu le concept pour aller plus vite de l'avant.
Tu te dis underground, file, toi, ta mère et ta bande.
T'es pas de mon monde, je ne veux même pas qu'on nous confonde.
Avec les faux-tueurs de flics qui tricotent le beat,
Les pseudos tueurs de flics qui clament la révolte gratuite,
Prenant appui sur les victimes, quand ça les arrange.
Tout ça est leur illégitime et moi ça me dérange.
"Je vise juste", NTM (1998)