Qu'est-ce que l'entrisme ?

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Ottokar » 18 Mai 2006, 08:56

j'ajouterai à ce que dit yanalan que pour Trotsky, il s'agissait d'un raisonnement politique tenant compte d'une période particulière (poussée à gauche), du fait que le PS était encore très largement un parti ouvrier, et même le plus souvent le parti ouvrier le plus nombreux (plus proche du PC des années 50-60 que de la SFIO de l'après-guerre ou du PS des années Mitterrand) et de la faiblesse des trotskystes. Il ne s'agissait pas d'entrer en sous-marin, de manoeuvres, mais d'entrer en fraction, ouvertement, de se présenter sur ses bases, et de savoir qu'un jour ou l'autre il faudrait en sortir.

Dans le syndicats, c'est effectivement autre chose. Les communistes que nous sommes tous militent dans des syndicats divers. Le mieux, le plus efficace est d'être dans les syndicats les plus gros. Si possible aussi les plus combattifs, à condition que les plus combattifs ne soient pas archi-minoritaires (comme si on adhérait à la CNT aujourd'hui). A LO j'ai souvent vu pour ces raisons mes camarades privilégier l'adhésion à la CGT.

La question des responsabilités se pose parfois. Si elle reflète l'activité de nos camarades, leur influence malgré leur étiquette politique pourquoi pas, évidemment. La tête de liste de CO, organisation soeur de LO en Martinique, est secrétaire générale de la CGT Martiniquaise par exemple.

Si personne ne connaît leur étiquette politique, il est possible d'occuper des postes responsables, aujourd'hui que les candidats ne se bousculent pas. Mais alors cela n'a aucun intérêt : on est contraint de mettre en oeuvre la politique des bureaucrates en croyant les influencer parce qu'on occupe les places. Et certains y prennent tellement goût qu'ils y restent. A force de se déguiser en bonzes syndicaux, ils le deviennent.

Aucun intérêt et j'ai toujours vu LO y regarder à deux fois avant d'accepter des responsabilités pour ces raisons.
Ottokar
 
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Message par Sterd » 18 Mai 2006, 11:34

(Ottokar @ jeudi 18 mai 2006 à 09:56 a écrit : Si personne ne connaît leur étiquette politique, il est possible d'occuper des postes responsables, aujourd'hui que les candidats ne se bousculent pas. Mais alors cela n'a aucun intérêt : on est contraint de mettre en oeuvre la politique des bureaucrates en croyant les influencer parce qu'on occupe les places. Et certains y prennent tellement goût qu'ils y restent. A force de se déguiser en bonzes syndicaux, ils le deviennent.

Aucun intérêt et j'ai toujours vu LO y regarder à deux fois avant d'accepter des responsabilités pour ces raisons.
Exact, si les révolutionnaires arrivent plus maintenant a occuper des fonctions dans les appareils syndicaux, c'est plus dû à la faiblesse du mouvement ouvrier en général et des gros appareils réformistes qu'à la force des révolutionnaires. La démoralisation est telle qu'il ne reste plus personne pour occuper ces postes hier convoités et ils echoivent par défaut aux seuls militants qui restent qui quelques fois sont révolutionnaires.

J'ai déjà entendu certains groupes se glorifier d'avoir obtenu des places élevées dans la hierarchie syndicale et avoir cru (ou s'être laissé croire) que cela était le résultat d'une radicalisation alors que c'est en réalité le signe de l'exact contraire.

Pardon pour le hors sujet.
Sterd
 
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Message par zeanticpe » 18 Mai 2006, 19:10

he bien merci.
pour moi c est plus clair. tant au niveau du combat au sein d'un syndicat, qu'au niveau de l'entrisme dans un parti réformiste.
Mais est-ce qu on peut appliquer ce raisonnement aux pays pauvres, où la dictature oblige les militants à une clandestinité forcee.
je pense toujours à la cote d'ivoire. je pense aussi beaucoup à plusieurs pays d'amérique du sud, qui ont des partis socialistes importants.
est-ce que dans les pays sous-developpes, l'entrisme est à l'ordre du jour, aujourd hui?
je reconnais qu'on ne peut pas savoir ce qui se passe dans tous les pays, sans y être.
zeanticpe
 
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Message par Combat » 18 Mai 2006, 20:45

La question ne peut pas se poser en CI puisqu'il n'y a pas ou plus de parti de gauche reformiste et que les quatre grandes formations politiques sont claniques et ethniques. Le Front Populaire Ivoirien qui se presentait comme socialiste-social democrate dans les annees 90 et au pouvoir aujourd'hui est ouvertement xenophobe et tribaliste(pas loin des theses de le pen). Par contre il n'y a pas eu de repression feroce dans les annees 90 meme si on etait loin d'un regime democratique bourgeois et cela jusqu'en 99-2000 et il fallait utiliser des voies legales et non sectaires pour progresser, au moins avoir une vitrine legale telle qu'un journal hebdomadaire. Il y avait et il y a une confederation a base ouvriere appelee "Dignite" et dirigee par des opportunistes fleurtant aujourd'hui avec des idees xenophobes. Mais le syndicat est reellement a base ouvriere et fut avant l'arrivee au pouvoir du FPI tres combatif. Malheureusement l'option entriste en son sein n'interessa guere l'extreme gauche. Les partisans locaux du PT par exemple prefererent l'entrisme au sein de la FESACI, syndicat des fonctionnaires et enseignants du superieur...qui composent l'ecrasante majorite de la direction du FPI.
Combat
 
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Message par zeanticpe » 19 Mai 2006, 20:53

merci pour ta réponse, Combat.
Je mesure à quel point les choses sont difficiles en Cote d'Ivoire.
J'espère que si Sarkho s'amène en Cote d'Ivoire, vous lui casserz la gueule.
J'aimerais bien aussi une réponse de El Convive, sur l'Amérique Latine.
:-P
Mais le sujet est vaste, je pense.
zeanticpe
 
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Message par Debord » 07 Juin 2006, 17:52

Il y a toujours des trotskystes au Parti socialiste et d'autres au Parti communiste : les groupes Militant (http://www.le-militant.org) et La Riposte (http://www.lariposte.com).
Debord
 
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Message par eruditrotsk » 13 Juin 2006, 07:36

je me demande à quels partis socialistes en Amérique latine, zeanticpe fait allusion. Celui du Chili ? Ou le PT du Brésil ? Je ne suis pas sûr que l'entrisme soit la solution, même si au Brésil elle a séduit la majorité des trotskystes pendant longtemps.

Le terrain vierge en Amérique latine, comme dans biend 'autres pays, reste le... prolétariat. La majorité des militants trotskystes ne s'y intéresse que lorsque cela bouge et ne cherchent pas à s'y intégrer socialement. Et particulièrement celui des grandes entreprises qui peuvent peser. C'est un travail que certains d'entre eux ont pu faire dans les années 40 50 ou 60 mais que depuis ils ont abaondonné. Et c'est pourtant la clé du développement d'un parti marxiste. le reste c'est des mots.

En passant, l'entrisme proposé par Trotsky en 1934-35 aux trotskystes français consistait à rentrer dans la SFIO au moment où celle-ci attirait de jeunes ouvriers radicalisés par les prémices de Juin 36. Ce n'était pas pour y prendre des postes ou faire de la "haute stratégie" avec le courant de la gauche de Marceau Pivert. Et quand Trotsky a jugé qu'il fallait sortir, à peu près les mêmes qui n'avaient pas voulu d'emblée entrer ne voulait plus sortir...
eruditrotsk
 
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Message par Debord » 13 Juin 2006, 08:59

Visiblement il y a confusion sur le rôle des communistes. Faut-il rappeler la célèbre phrase de Marx dans Le Manifeste "les communistes ne forment pas un parti distinct des autres partis ouvriers" ? Rien de commun donc entre la stratégie et la tactique de Marx mais aussi de Lénine et celles des sectes trotskysantes d'aujourd'hui. Dans le cas du PT il ne s'agit pas d'entrisme mais de la construction avec des courants ouvriers chrétiens, des syndicalistes et des révolutionnaires de différentes tendances d'un parti de masse. Je suis tout à fait d'accord avec la nécessité d'une orientation vers la classe ouvrière industrielle, mais elle ne répond pas en soi aux questions de programme ni même de capacité à capter les courants de radicalisation dans le prolétariat. Pour prendre un exemple non polémique, le tournant des maoïstes vers les usines dans les années 1970 a donné d'excellents résultats en terme "social" mais aussi une série de déviations politiques sévères. Une organisation peut par ailleurs être composée à 100 % de travailleurs industriels et se comporter comme une parfaite secte messianique dans ses relations à la classe. Il y a des exemples nombreux dans le milieu "trotskyste".
Debord
 
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