Un article du Parisien du 24/03 pour lancer le débat.
a écrit :SYNDICAT. Bernard Thibault veut « révolutionner » la CGT
Le 47 e congrès de la CGT s'ouvre ce matin à Montpellier. Le secrétaire général Bernard Thibault, qui brigue un deuxième mandat, veut transformer la centrale en devenant une force de proposition... mais sans oublier les revendications.
Bernard Thibault devrait être reconduit à la tête de la CGT lors du 47 e congrès de la confédération syndicale.
CONTINUER OU freiner la mutation ? Alors que s'ouvre aujourd'hui à Montpellier (Hérault) le 47 e congrès de la CGT, les délégués auront une semaine pour trouver les réponses à cette question centrale et donner mandat à la nouvelle direction qui sera désignée à l'issue de ce grand rendez-vous syndical. Trois ans après avoir pris la tête du premier syndicat français, Bernard Thibault, qui arbore toujours sa coupe de cheveux à la chanteur pop, sera reconduit sans surprise à son poste de secrétaire général. Un deuxième mandat pour ce quadra pragmatique qui devra affirmer clairement la ligne d'une organisation parvenue, au cours de ces derniers mois, à reprendre une place centrale dans le paysage syndical français grâce à une position plus offensive sur le dossier des retraites, notamment. Couper définitivement le cordon avec le PCF. Le bon score obtenu aux dernières élections prud'homales et la capacité confirmée de la CGT à mobiliser sur les retraites confortent l'idée qu'avec ses quelque 685 000 adhérents, la centrale peut faire encore mieux. Et pour attirer les futurs militants, Bernard Thibault entend d'abord couper définitivement le cordon politique avec le PCF. Le temps où la CGT faisait figure de « courroie de transmission » du Parti communiste est révolu, mais le secrétaire général veut que ce soit encore plus clair. Membre du PCF, Bernard Thibault a donné l'exemple en décidant en octobre 2001 de quitter la direction de ce parti. A l'issue du congrès, plusieurs membres de l'actuelle direction, encore liée au PCF, devraient donc quitter le bureau confédéral. Celui-ci va subir une vraie cure d'amaigrissement : le nombre de ses membres va être réduit de près de moitié, passant de 90 à 50 personnes. Une réduction d'effectifs qui va aussi toucher la commission exécutive (10 membres au lieu de 16). Stopper la prédominance du secteur public. Au-delà de ces remaniements profonds, Bernard Thibault entend mettre l'accent sur l'implantation parmi les salariés du privé. La CGT perçoit le danger qu'il y aurait pour elle à ignorer des mutations lourdes et rapides, en se repliant sur ses bastions du secteur public (SNCF, EDF). S'attaquer aux « déserts syndicaux » que recèlent les PME françaises, en expérimentant de nouveaux modes d'intervention à la rencontre de salariés parmi les plus fragiles, fera donc partie des nouvelles missions des délégués syndicaux. Mais derrière cette ambition d'être un syndicat représentatif du plus grand nombre, pointe un débat sur la mutation de la CGT qui promet d'être très animé durant ce congrès. Le syndicat est aujourd'hui en pleine interrogation. Face aux partisans d'un réformisme plus rassembleur, bon nombre de cégétistes restent attachés à un syndicalisme fondé sur la lutte des classes et redoutent l'évolution de leur centrale vers un syndicalisme d'accompagnement (initié par Louis Viannet). C'est le cas des membres du mouvement Continuer la CGT créé en 1995, qui espèrent bien faire entendre leur voix lors de ce congrès et... pousser Bernard Thibault à dire véritablement jusqu'où il veut aller dans l'ouverture de sa centrale.
Catherine Gasté