"Une Arlette Laguiller made in Brésil"

Dans le monde...

Message par gipsy » 18 Juin 2006, 16:50

issu d'un ancien numéro de convergences révolutionnaires

a écrit : 

DOSSIER : Amérique du Sud : une nouvelle gauche... contre les travailleurs



Le PT brésilien, du « parti large » au parti de gouvernement


Les dernières élections municipales brésiliennes, en octobre 2004, ont permis de mesurer les progrès de l’institutionnalisation du Parti des Travailleurs (PT). En chiffres globaux, il a progressé, recueillant 16,3 millions de voix au premier tour, contre 11,9 millions aux municipales de 2000. Mais, à y regarder de plus près, il a progressé surtout dans les petites villes, où la politique « responsable » de Lula et ses alliances avec certains partis conservateurs semblent lui rallier toujours plus de notables. À remarquer, le fort recul du parti dans les grandes villes ouvrières. Il perd les municipalités de Sao Paulo, Rio de Janeiro, Curitiba, Maringa, Goias, Belem... et un symbole de taille, celle de Porto Alegre, « capitale mondiale du mouvement altermondialiste  ». Ces revers reflètent les désillusions de la base traditionnelle d’un parti, qui avait placé le plus d’espoirs dans l’arrivée de Lula au pouvoir.

Aux origines du PT

La naissance, puis le développement explosif du PT a été un événement majeur du mouvement ouvrier brésilien des trente dernières années. Dans les années 1970, le pays vivait sous la botte d’une dictature militaire. En 1978 et 1979, des centaines de milliers de métallos se mirent en grève. À leur tête Lula, un jeune métallurgiste de Sao Paulo, issu des quartiers pauvres. Il devint une figure politique nationale. Sa lutte pour la reconnaissance des droits syndicaux lui valut d’être emprisonné. Mais le pouvoir militaire, usé, dut s’engager dans un processus de libéralisation politique. La personnalité de Lula servit de catalyseur à la création du Parti des Travailleurs.

Le fait que le parti se soit forgé dans une période de lutte de classes violente n’empêcha nullement, dès sa genèse, ses tendances explicitement réformistes. Lula lui-même était issu des milieux de la gauche catholique, proche de la « Théologie de la Libération ». D’autres politiciens présidant à la fondation du PT étaient encore moins subversifs, tels d’anciens membres du Parti du mouvement démocratique brésilien, l’opposition officielle à la dictature. Pour ceux-là, le PT devait constituer un grand parti capable de moderniser la vie politique brésilienne sans remettre en cause l’ordre social ; un parti dont l’un des mérites, et non le moindre, serait de canaliser, encadrer, domestiquer la contestation ouvrière.

L’extrême gauche : entrisme ou noyade ?

Les organisations d’extrême gauche, notamment trotskistes, s’engagèrent dans la construction du PT. Le caractère réformiste du parti n’impliquait certes pas que les révolutionnaires refusent forcément d’y militer. Comment influencer le mieux, du dedans ou du dehors, les milliers d’adhérents qui affluaient vers ce parti (26 000 adhérents lors de sa création, 70 000 cinq mois plus tard) ? Comment se donner les moyens de gagner aux idées révolutionnaires un nombre important de ces militants, tout particulièrement dans la classe ouvrière ? Mais le pari que le PT puisse offrir une tribune pour défendre des perspectives de transformation révolutionnaire d’une société comme celle du Brésil, où l’exploitation capitaliste présente ses traits du tiers-monde ? D’autant plus compromis qu’on abandonnait l’objectif de construire un parti communiste révolutionnaire, un parti pour la lutte de classe.

Le moins qu’on puisse dire est que la majorité des tendances trotskistes se laissèrent éblouir par l’apparente réussite du PT. Ainsi Démocratie socialiste (DS), la tendance au sein du PT appartenant au Secrétariat unifié (SU) de la IV° Internationale (la branche dont fait partie en France la LCR) : cette organisation déplorait que, dès la fondation, ait été exclue par la direction du PT « la conception qui a présidé au lancement du PT [...] selon laquelle notre parti est un mouvement pour l’indépendance politique des travailleurs ». Mais cela n’empêchait pas la direction du SU de théoriser que la tâche de l’heure était la construction en soi du PT, en se payant de mots : « avec notre poids dans le PT et la qualité de nos cadres, nous pouvons être la force motrice pour gagner la majorité du parti à une conception révolutionnaire ». Dans l’extrême gauche internationale, en France et ailleurs, le PT fut présenté comme le modèle du « parti large » où s’aiguiserait tout naturellement la conscience de classe.

Le pouvoir, cette « expérience inédite »...

Douze ans après sa première candidature, Lula parvint à la présidence du Brésil le 27 octobre 2002. Au fil des campagnes, la radicalité de son propos avait eu le temps de s’émousser, et ses alliances de s’élargir toujours plus à droite. La campagne 2002 ne faisait plus que dans le « Lula light », selon l’expression de certains de ses propres camarades. Le vice-président choisi par Lula pour cette dernière élection était José Alencar, magnat de l’industrie textile, membre du Parti Libéral (dit de centre droit). Tout un programme.

Le dirigeant du PT parlait certes encore d’un plan de réforme agraire censé répondre au mouvement des sans terre. Il continuait à faire des phrases sur le fait que «  le marché doit comprendre que les Brésiliens ont besoin de manger trois fois par jour et que beaucoup de gens ont faim  ». Mais derrière l’énonciation, avec un accent humaniste catholique, de quelques formules keynésiennes, le programme réel du président Lula n’avait plus rien même de réformiste. Au cours de la campagne qui devait porter le PT au pouvoir, le FMI proposa un prêt de 30 milliards de dollars au Brésil, assorti bien évidemment de conditions draconiennes de remboursement et d’un plan d’austérité incompatible avec la moindre politique minimale de « New Deal ». Conditions acceptées par avance par Lula.

Son élection fut saluée par José Sarney, président du Brésil de 1985 à 1990, en ces termes : « Je pense que Lula a rendu un grand service au pays dans cette succession, car avec la crise sociale, le chômage, la violence urbaine, avec la terreur qu’on voit partout, la situation d’agitation nationale, s’il n’était pas l’homme qu’il est et qui a canalisé les espoirs du peuple en assurant une succession calme, alors la campagne présidentielle aurait frôlé l’explosion sociale ».

L’une des premières réformes du gouvernement PT fut le démantèlement du système de retraite des fonctionnaires, n’ayant pas grand-chose à envier à celui opéré au même moment en France par le si peu altermondialiste Raffarin. Les retraites du public furent alignées sur celles (nettement moins avantageuses) du privé, avec augmentation de sept ans de l’âge minimum de départ, création d’un impôt de 11 % sur les retraites dépassant les 320 euros mensuels, et plafonnement des retraites à 730 euros par mois pour tous. Lula affronta à cette occasion sa première grève importante, rassemblant plus de la moitié des fonctionnaires, alors que les responsables de la CUT (Centrale unique des travailleurs), liée au PT, opposés à la grève se faisaient quelque peu chahuter par les syndicalistes du secteur public.
... et si souvent fatale

Les militants des tendances trotskistes restées dans le PT malgré son changement de langage et ses alliances, ont tenu à rester solidaires du pouvoir. Miguel Rossetto, dirigeant de DS, fut nommé ministre « du développement agricole », cautionnant l’ensemble de la politique gouvernementale. Quant aux plans de réforme agraire Rossetto-Lula, ils ne se sont à ce jour pas révélés plus efficaces que ceux du précédent président Cardoso, au même stade de son mandat. Les 75 % des 36 800 familles installées sur des terres lors de la première année de gouvernement PT figuraient déjà dans les projets Cardoso. Les terres distribuées sont situées dans des zones difficilement cultivables.

Le PSOL ou l’éternel recommencement

Les majorités de DS et d’autres courants trotskistes restent solidaires du gouvernement Lula, malgré sa politique profondément anti-ouvrière. D’autres ont quitté le PT ou s’en sont fait exclure. Comme le courant exclu en 1992 pour avoir participé à des manifestations populaires contre le président Collor, accusé de corruption, et qui a fondé ensuite le PSTU. La sénatrice Heloisa Helena, membre de DS et trois parlementaires appartenant à d’autres tendances d’extrême gauche, ont été exclus du PT en décembre 2003 pour avoir refusé de voter la casse des retraites.

C’est autour de ces derniers, et principalement de la sénatrice Heloisa Helena, que s’est constitué il y a quelques mois un nouveau parti, le Parti du socialisme et de la liberté (PSOL). Mais rien dans son programme ne semble indiquer qu’il veuille se définir sur une base politique plus claire que le PT des origines. Et de reprendre au contraire la vieille formule d’un parti qui réaliserait « l’unité des réformistes et des révolutionnaires », avec un slogan « Un nouvel espoir, Heloisa 2006  » (date des prochaines élections présidentielles).

S’il y a des perspectives à proposer aux sympathisants du PT revenus de leurs propres illusions en Lula, ce n’est évidemment pas de les ré-illusionner.

Benoît MARCHAND
gipsy
 
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Message par Raymond » 18 Juin 2006, 17:12

Ancien article paru dans Débat Militant:

a écrit :Brésil : quelle réponse à la crise du Parti des travailleurs ?



La crise du PT brésilien semble désormais avoir atteint un point de non-retour depuis l’été avec la série de révélations en cascade mettant à jour un immense système de corruption au sommet du parti et de l’Etat. C’est une crise aux dimensions multiples qui dépasse largement le seul problème de corruption ainsi que l’a rappelé l’article précédant publié dans Débat Militant n° 74. Simplement la corruption a joué le rôle d’un révélateur.
L’origine du scandale est en effet directement liée aux choix politiques de Lula et de son gouvernement : il s’agissait d’acheter les voix de dizaines de députés de droite afin d’assurer une majorité au parlement qui permette de faire la politique que ces députés de droite auraient pu tout aussi bien faire… sans le PT ! Ce scandale révèle également à quel point il n’y a plus d’issue dans le parti lui-même : les dirigeants directement mis en cause sont justement ceux qui continuent à représenter l’actuel courant majoritaire, comme si rien ne s’était passé ! Quant à l’opposition, elle mène volontairement la bataille sur un terrain abstrait, au nom de la morale et des idéaux  du PT, se refusant toujours à condamner et à se désolidariser de la politique du PT au gouvernement.
L’enjeu de cette crise et le bilan de cette expérience concernent évidemment tous les militants révolutionnaires. En février de cette années, le Comité international de la IV° Internationale publiait un texte (1)  qui, sous prétexte de mener une discussion sur la participation au gouvernement en des termes qui évitent les “ critères abstraits ”, “ abstractions doctrinaires ” et autres “ dogmes ”, évitait surtout soigneusement de répondre à la question de fond : est-il possible pour un parti ouvrier de mener une politique qui défende réellement les intérêts des exploités dans le cadre des institutions bourgeoises ? A d’autres époques, même un Jaurès évitait de répondre par l’affirmative, en condamnant le “ ministérialisme ” d’un Millerand…
Au Brésil, le bilan absolument dramatique de cette expérience du pouvoir pose dans l’immédiat d’autres questions : quelle issue positive donner à la crise du PT ? Et comment en sortir ? Pour faire quoi et avec qui ?
Les réponses que donnent les deux principales organisations trotskystes ou animées par des militants trotskystes sont-elle à la hauteur des enjeux ?

Entre l’abstention révolutionnaire…
Le PSTU est aujourd’hui encore l’une des principales organisations trotskystes (liée au courant moréniste) qui milite au Brésil. Elle s’est construite à l’origine avec des camarades qui avaient été exclus du PT en 1992 pour avoir combattu le cours de plus en plus droitier imposé par Lula déjà à cette époque. Pourtant et assez bizarrement, la crise actuelle du PT n’a pas l’air de beaucoup intéresser ces camarades.
La politique du PSTU est en effet assez paradoxale. La crise de l’heure est celle qui frappe le PT et l’heure n’est pas aux hésitations car c’est évidemment la priorité aujourd’hui d’avoir  une politique à offrir aux militants du PT qui auraient encore envie de militer et de le faire avec des révolutionnaires (car il y a quand même peu de chances qu’une telle occasion se reproduise et que les militants qui ne quittent pas le PT aujourd’hui le quittent un jour, en tout cas sur des bases qui permettraient de rejoindre les révolutionnaires ! L’histoire repasse rarement deux fois le même plat…).
Mais ce n’est pas l’urgence pour le PSTU. L’heure est à la “ bolchevisation ”, à la préparation de “ l’explosion ” sociale qui devrait inévitablement intervenir dans ce contexte de crise selon eux, alors que tous les indicateurs sont au rouge et que le moral de la classe ouvrière est au plus bas. Il y a manifestement un décalage important entre la crise qui traverse certains milieux militants et l’apathie relative qui a gagné la masse des travailleurs. Mais plutôt que d’essayer de résoudre cette contradiction, c’est manifestement la tentation de contourner la difficulté qui l’a emporté, en privilégiant du même coup des objectifs internes : se construire, serrer les boulons, et se donner l’illusion qu’à un ou deux milliers de “ vrais bolcheviques ”, on fera face aux grands événements qui ne manqueront pas de frapper à la porte…
Ce choix est d’autant plus paradoxal que ces militants sont justement issus d’une crise du PT, et qu’ils ont essayé récemment encore d’y intervenir durant la période qui a précédé immédiatement la naissance du P-SOL (entre décembre 2003, date de l’exclusion de quatre parlementaires du PT dont Heloisa Helena, et juin 2004, date de la conférence à Brasilia qui a décidé la construction de ce nouveau parti sans le PSTU). Ils ont essayé, mais finalement bien peu, puisque ce fut apparemment et autant qu’on puisse en juger de loin, avec un mélange de critiques justes destinées à délimiter un peu mieux le programme du futur parti, et une série d’ultimatum (notamment sur le parti révolutionnaire “ centralisé ”) qui ne pouvaient à l’évidence que braquer la plupart des militants et des dirigeants qui venaient tout juste de sortir du PT (2) .
Or fallait-il abandonner aussi vite l’affaire ? Et faut-il désormais se contenter de quelques messages ou “ adresses ” qui serviront surtout d’alibi dans le cas où le PSTU présentera un candidat contre Heloisa Helena aux présidentielles de 2006, au lieu de chercher réellement à convaincre et à entraîner les militants du P-SOL sur une politique commune  ?
Le PSTU est une organisation qui compte et qui a gagné un certain crédit pour avoir pratiquement seule mené une politique indépendante du PT pendant des années. Sa relative absence dans la crise actuelle du PT pèse lourdement mais pas dans le bon sens !

…et l’engagement teinté d’opportunisme
Le P-SOL même dirigé pour l’essentiel par des militants trotskystes a quant à lui une toute autre histoire. Ce n’est pas un parti révolutionnaire. Mais ce n’est pas non plus le Linkspartei du Brésil.
Car à comparer les deux, ce sont plutôt les différences qui frappent. Certes de nombreux dirigeants et militants du P-SOL ont occupé des postes élus parfois importants lorsqu’ils étaient dans le PT, en tant que maires, députés ou sénateurs, mais ils n’en sont pas devenus pour autant des notables de la Social-démocratie... Les dirigeants trotskystes du P-SOL ont mené une vraie bataille politique durant des années, d’abord dans le cadre de tendances de gauche au sein du PT, puis de manière plus frontale contre la politique menée par le PT au gouvernement, notamment sur la question des retraites (jusqu’à l’exclusion de quatre d’entre eux en décembre 2003).
Mais précisément parce que c’est un parti issu de la crise organique du PT, l’avenir du P-SOL reste complètement ouvert et incertain.
En faisant le choix de construire un “ parti anti-capitaliste large ” (c’est à dire un parti où la question stratégique de la réforme et de la révolution n’est pas clairement tranchée), les camarades du P-SOL ont peut être fait pour l’instant un choix qui semble adapté à la crise du PT. C’est un choix qui leur permet en tout cas de s’adresser bien plus facilement que le PSTU aux militants du PT qui ne se reconnaissent plus dans la politique de Lula sans être devenus pour autant de “ vrais bolcheviques ”. Mais c’est évidemment un choix marqué du sceau de l’ambiguïté qui, si il devait se prolonger, poserait évidemment bien plus de problèmes.
Car la crise actuelle du PT vient de loin : il faut sans doute remonter à ses origines de “ parti ouvrier ”, certes indépendant de la bourgeoisie mais pas de ses institutions. La crise en tout cas pose des problèmes de fond : celui de la bureaucratisation des directions du mouvement ouvrier et de leur intégration à l’Etat. Elle pose également le problème des moyens de les combattre.
De ce point de vue, les réponses actuelles du P-SOL ne sont guère satisfaisante sur le plan programmatique : le retour critique sur le passé est manifestement insuffisant.
Elles ne sont pas satisfaisantes non plus d’un point de vue pratique. Car si le P-SOL existe de fait avec toute une série de militants dans les entreprises et dans la CUT, sa vie pour l’instant et jusque en 2006 est presque exclusivement dominée par la nécessité de se faire reconnaître sur le plan institutionnel et par les échéances des élections présidentielles. De ce point de vue, les risques de reconstruire le PT avec les mêmes défauts mais beaucoup plus vite (le PT était né en 1980 dans un autre contexte marqué par les luttes sociales et par la lutte contre la dictature) sont bien réels. Le danger s’est encore accru avec l’accélération récente de la crise du PT : un nombre croissant de députés qui ne sont pas d’extrême-gauche sont en train de rejoindre le P-SOL dans l’espoir sans doute d’éviter le bouillon électoral.
Avec le succès et dans ce contexte, la nécessité d’une clarification politique s’impose plus que jamais.

Le “ parti anticapitaliste ” pour quoi faire ?
La crise du PT et la nécessité d’y apporter non seulement une réponse politique mais également une réponse sur le plan organisationnel (dans la mesure où de nombreux militants du PT sont aujourd’hui prêts à le quitter) posent un problème qui concerne l’ensemble des militants révolutionnaires : quel type d’organisation construire qui permette effectivement d’offrir un cadre à ces militants qui ne sont pas (encore) révolutionnaires, sans pour autant s’engager dans une voie qui pourrait se révéler très vite être une impasse réformiste ?
La question du “ parti anticapitaliste large ” fait débat. Mais ce qui frappe à cette occasion, c’est que manifestement on n’y échappe guère : même lorsqu’on se refuse à l’aborder franchement, la question revient comme une sorte de boomerang et sous une forme parfois inattendue.
C’est le cas notamment pour le PSTU : il n’en veut pas, mais il n’est pas complètement insensible non plus à la situation de crise qui affecte en priorité les milieux militants. A défaut d’une “ parti large ”, le PSTU a donc décidé d’offrir à ces militants une sorte de succédané avec des “ syndicats rouges ” : le PSTU s’est en effet engagé dans une véritable fuite en avant sur le plan syndical en organisant partout et de manière presque systématique la scission de la CUT et l’organisation de nouveaux syndicats dans le CONLUTAS. La réponse peut se révéler désastreuse sur le plan syndical (même si elle correspond aux aspirations de certains militants). Elle est en tout cas évidemment fausse sur le plan politique, car ce n’est pas dans le cadre de syndicats même rouges que l’on peut le mieux opérer les clarifications nécessaires sur l’histoire du PT et sur le type de parti à construire !
Quant au P-SOL, la question du parti anticapitaliste n’est manifestement pas tranchée ni même discutée jusqu’au bout : s’agit-il d’un détour tactique, ou s’agit-il d’un choix stratégique destiné à reproduire pour l’essentiel les choix qui ont présidé à la création du PT il y a 25 ans ? Dans le premier cas on peut toujours se dire qu’il y a des risques à prendre ;  mais dans le second cas c’est un désastre assuré.
Ce qui est sûr, c’est que la question ne peut pas rester indéfiniment dans le flou. Or l’incapacité de l’extrême-gauche à débattre et à chercher ensemble des réponses pèse désormais de manière particulièrement négative. Le “ chacun chez soi ” ne conduit pas -on le voit ici- à une clarification sur la politique des uns et des autres. Il conduit au contraire les uns et les autres à se satisfaire de réponses manifestement insuffisantes.
C’est pourquoi la recherche et la construction d’un cadre unitaire et démocratique pour l’extrême-gauche aujourd’hui n’est pas un vœu pieux. C’est une nécessité inscrite dans la situation politique elle-même qui correspond tout simplement aux responsabilités nouvelles qui incombent désormais aux militants révolutionnaires.


Jean-François CABRAL


1. Publié dans le numéro d’avril 2005 d’Inprecor. Cela dit, toutes ces précautions verbales n’ont semblent-ils guère impressionné Miguel Rossetto, ministre de la réforme agraire du gouvernement Lula et membre de la tendance Démocratie socialiste qui a rétorqué à l’occasion d’un interview publié dans la Folha de Sao Paulo le 5 mars que cette résolution était “ typique de ces petites organisations qui n’ont aucune influence dans la lutte de classes, car partant de formules abstraites ”…

2. Voir notamment le communiqué du PSTU du 31 janvier 2004, traduit dans le bulletin Avanti ! de mars 2004.
Raymond
 
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Message par Combat » 18 Juin 2006, 17:23

Le dernier article ne fait aucune mention du ministre Rossetto. Vont-ils l'exclure du SU ou pas? Commencons par la d'abord.
Combat
 
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Message par Sterd » 18 Juin 2006, 17:26

(Combat @ dimanche 18 juin 2006 à 18:23 a écrit : Le dernier article ne fait aucune mention du ministre Rossetto. Vont-ils l'exclure du SU ou pas? Commencons par la d'abord.
Comme si le SU avait encore suffisament d'autorité pour exclure qui que ce soit
Sterd
 
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Message par Raymond » 18 Juin 2006, 17:28

Sachant que le SU a voté des résolutions dénoncant la politique de la DS et que celle ci ne communique même plus avec le SU on peut dire de fait qu'ils n'en font plus partie de façon pratique puisque les camarades brésiliens collaborant avec le SU sont ceux qui ont formé le courant Liberdade e Revolução au sein du P-SOL et qui publie le bulletin Marxismo Revolucionario Atual.
Raymond
 
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Message par Sterd » 18 Juin 2006, 17:46

Voila, on exclue pas, on cesse toute communication.
Il n'y a pas que des fous de Dieu comme Heloïsa Helena au SU, il y a aussi de sacrés jésuites
Sterd
 
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Message par Combat » 18 Juin 2006, 18:01

Ce qui est quand meme frappant avec le SU c'est que plus ses sections grandissent plus il y a de chance qu'elles sombrent completement dans le reformisme. Ce fut le cas a Ceylan(Sri Lanka) avec le LSSP entrant dans un gouvernment bourgeois, le POR bolivien se mettant a la remorque de la bourgeoisie dans l'histoire de l'assemblee constituante(quoique de maniere moins marquee), la LCR avec l'ambandon de la notion de dictature du proletariat et maintenant la DS qui est carrement passee de l'autre cote de la barricade.
Il faudrait peut etre se poser quelle est la cause de cette deregenescence continuelle.
Combat
 
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Message par gipsy » 18 Juin 2006, 18:07

C'est vrai que la IV donne l'impression de ne jamais dresser un bilan de la politique qu'elle a menée, notamment pour le Brésil et le Ceylan. ( Le cas de la bolivie je connais pas). MAis dire que la LCR sombre complètement dans le réformisme c'est quand même un peu pousser.
gipsy
 
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Message par Combat » 18 Juin 2006, 18:39

Je ne veux pas etre hors sujet mais concernant la LCR il est clair qu'on en n' est pas encore au cas de DS ou du LSSP mais il y a tout de meme des signes tres inquietants. Les memes procedes reproduisant les meme catastrophes, on a au moins le merite de savoir vers ou on se dirige.
Combat
 
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Message par Harpo » 18 Juin 2006, 22:09

a écrit :Je ne veux pas etre hors sujet mais concernant la LCR il est clair qu'on en n' est pas encore au cas de DS ou du LSSP mais il y a tout de meme des signes tres inquietants. Les memes procedes reproduisant les meme catastrophes, on a au moins le merite de savoir vers ou on se dirige.


Des signes très inquiétants, il y en a depuis que la ligue existe. "Ho Ho Ho Chi Minh Che Che Guevara" c'était déjà une sacrée dérive... Mais ils n'ont encore jamais franchi la ligne jaune franchement ; jamais encore participé à un gouvernement bourgeois. Et quand ils laissent entendre qu'ils y sont prëts, c'est avec des conditions totalement irréalisables qui reviennent en fait à exiger d'appliquer le plan d'urgence de LO. A mon avis, ils continueront encore longtemps à faire un pas en arrière puis un en avant. Seule une progression significative de LO ou au contraire un recul grave les pousserait à choisir entre leurs tendances centristes et le communisme.
Harpo
 
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