La polémique

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par roudoudou » 20 Juin 2006, 21:29

a écrit :La polémique sur les extinctions d'espèces relancée par la découverte d'un cratère géant
LE MONDE | 20.06.06 | 13h13  •  Mis à jour le 20.06.06 | 13h13 


Sous plus d'un kilomètre et demi de glace, dans la région antarctique de Wilkes Land, des chercheurs américains disent avoir découvert un cratère géant - près de 500 km de diamètre -, vestige de la formidable collision d'une météorite d'environ 50 km de diamètre avec la Terre. Ces résultats, annoncés fin mai à Baltimore au congrès annuel de l'American Geophysical Union (AGU), n'ont pas encore donné lieu à publication.

CHRONOLOGIE

ORDOVICIEN-SILURIEN. Disparition, il y a 440 millions d'années, des planctons, coraux et trilobites.



DÉVONIEN. Disparition, il y a 365 millions d'années, d'environ 60 % des espèces marines.



PERMIEN-TRIAS. Disparition, il y a 250 millions d'années, de 90 % des espèces du fait d'un volcanisme intense ou de la chute d'une météorite.



TRIAS-JURASSIQUE. Disparition importante, il y a 200 millions d'années environ, des organismes marins.



CRÉTACÉ-TERTIAIRE. Disparition, il y a 65 millions d'années, d'environ 70 % des espèces vivantes, dont les dinosaures. En cause : la chute d'une météorite au Mexique ou un volcanisme intense en Inde.



QUATERNAIRE. Maintenant. La sixième extinction causée par les activités d'Homo sapiens.



Néanmoins, selon les chercheurs, dirigés par Ralph Von Frese, professeur de géologie à l'université d'Etat de l'Ohio, l'impact de Wilkes Land pourrait remonter à 250 millions d'années. Il expliquerait alors l'extinction massive de la fin du Permien, qui a vu s'éteindre presque toutes les formes de vie terrestre. Mieux : il pourrait aussi avoir provoqué la scission entre le supercontinent Gondwana et l'actuelle Australie. L'université d'Etat de l'Ohio a résumé, dans un communiqué daté du 9 juin, les grandes lignes de cette interprétation. Celle-ci fait, depuis, l'objet d'une vive controverse.

Les critiques ne visent pas les observations en elles-mêmes. L'équipe de M. Von Frese a utilisé des données satellitaires de la NASA, afin de cartographier les petites fluctuations du champ gravitationnel terrestre. De telles mesures permettent de révéler, même sous plusieurs centaines de mètres de calotte glaciaire, les variations de densité du sous-sol et, donc, les traces d'impacts météoritiques anciens.

"L'équipe de M. Von Frese est réputée sérieuse, estime le géophysicien Vincent Courtillot, directeur de l'Institut de physique du globe de Paris. Si les données utilisées ont été correctement acquises et traitées - ce dont on ne peut être sûr puisqu'elles n'ont pas été publiées -, on peut penser qu'il y a effectivement un immense cratère d'impact sous l'Antarctique." Une analyse partagée par Ian Dalziel, codirecteur du département de géologie de l'université du Texas à Austin, qui ajoute cependant que les observations de M. Von Frese "pourraient être expliquées autrement" que par la présence d'un cratère d'impact.


DEUX ÉCOLES S'AFFRONTENT


La datation de l'événement est, elle, vivement critiquée. "Sans carottages, il est impossible de dater le cratère", dit M. Courtillot. "Que certains scientifiques s'attendent à trouver quelque part un cratère d'impact datant de 250 millions d'années afin d'expliquer la grande extinction de la fin du Permien ne signifie pas pour autant que le cratère (détecté) remonte à cette époque !", ironise M. Dalziel.

La communication de l'équipe de Ralph Von Frese rouvre ainsi le débat sur les causes des cinq grandes vagues d'extinction qui ont ponctué l'histoire de la Terre. Celle de la fin du Permien est concomitante d'un épisode intense de volcanisme en Sibérie. La plus fameuse - mais pas la plus dévastatrice - est celle qui a entraîné la fin du règne des dinosaures, il y a environ 65 millions d'années. Elle est associée à deux événements : la chute d'une météorite à Chicxulub (Mexique) et un volcanisme intense en Inde.

Lequel des deux phénomènes est-il déterminant ? Deux écoles s'affrontent. Sans nier la réalité de l'impact de Chicxulub, certains, dont M. Courtillot, pensent que le volcanisme est la principale raison des grandes vagues d'extinction. Dans ce cas, le fait que les dinosaures aient disparu alors que s'écrasait, dans l'actuel Mexique, une météorite d'une dizaine de kilomètres de diamètre relèverait de la coïncidence.

Qu'une telle coïncidence se soit produite une fois est statistiquement possible, d'autant que les épisodes volcaniques peuvent durer plusieurs dizaines de milliers d'années. Qu'une telle concomitance ait eu lieu à deux reprises dans l'histoire de la Terre est, en revanche, peu probable sans qu'un rapport de cause à effet soit établi entre météorite et extinctions. "Si M. Von Frese parvient à démontrer que ce cratère date effectivement et précisément de 250 millions d'années, alors il nous faudra revoir la théorie du volcanisme, reconnaît M. Courtillot. Je parierais pour ma part qu'il est plus ancien, à l'image de celui de Vredefort (Afrique du Sud), vieux d'environ 2 milliards d'années."

Quant à l'assertion selon laquelle l'impact de Wilkes Land serait à l'origine de la séparation entre l'Australie et le Gondwana, elle relève d'un pur exercice d'"imagination géologique", estime M. Dalziel qui précise que "l'Australie n'a pas commencé à se séparer de l'est de l'Antarctique avant une époque qui remonte à 80 millions d'années".

Stéphane Foucart
Article paru dans l'édition du 21.06.06










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