Loin des caméras, le pilonnage de Gaza continue
In "le figaro"
LES PALESTINIENS se sentent, eux aussi, victimes de la nouvelle guerre du Liban. Alors que l'attention médiatique est détournée vers le nord, l'armée israélienne, décidée à en finir avec les tirs de roquettes à partir la bande de Gaza, a la main de plus en plus lourde sur ce qu'elle appelle le «front sud». Elle a achevé hier une incursion de quarante-huit heures dans les quartiers est de Gaza et à Jabaliya, deux bastions du mouvement islamiste Hamas.
Bilan : 29 morts palestiniens, dont au moins 13 membres des groupes armés, mais aussi 3 fillettes, des adolescents et une septuagénaire. Au passage, l'armée a détruit des maisons, défoncé des routes, déraciné des arbres. Un habitant de Gaza, Ryad al-Dohdar, 38 ans, dénonçait hier un «tsunami sioniste».
Les militaires appliquent à Gaza certaines des méthodes utilisées au Liban. Comme le dit un porte-parole militaire, «toutes les maisons qui abritent des stocks d'armes, de munitions ou des terroristes constituent des cibles légitimes». Autrement dit, la vie de ceux qui se trouvent, volontairement ou par hasard, à proximité d'activistes armés, est en péril.
Pour compléter sa panoplie, l'armée israélienne utilise une nouvelle arme «psychologique» : le SMS. Des dizaines de textos d'avertissement ont été envoyés vers les téléphones portables de Palestiniens jugés «suspects», les prévenant qu'ils avaient intérêt à déménager pour se mettre, eux et leur famille, à l'abri. D'autres ont reçu des menaces téléphoniques les prévenant que leur habitation pouvait être détruite à tout moment. Autre mesure d'intimidation : l'armée israélienne brouille les radios locales, dont celle du Hamas, pour diffuser sur leurs ondes ses propres «programmes» soulignant les dangers de collaborer avec les «terroristes».
«Il s'agit d'exercer le maximum de pressions pour que les terroristes se sentent pourchassés, afin qu'ils soient obsédés par leur sécurité personnelle et celle de leurs proches. Ils sont ainsi moins disponibles pour tirer des roquettes vers le sud d'Israël ou préparer des attentats», confie un responsable militaire.
Les responsables militaires affirment que le Hamas, qui dirige le gouvernement palestinien, est proche «du point de rupture». Le diagnostic est à prendre avec précaution. Le principal mouvement islamiste, qui a revendiqué le 25 juin l'enlèvement d'un soldat en territoire israélien, a pour le moment tenu bon. Les coups assénés à ses militants, ses cadres politiques et ses ministres ne lui ont pourtant pas été épargnés depuis un mois.
L'Union européenne tente de parer au plus pressé
Combien de temps la population civile résistera-t-elle ? Les vivres lui sont coupés depuis le gel de l'aide internationale consécutif à l'arrivée au pouvoir du Hamas, en mars. Des dizaines de milliers de fonctionnaires n'ont pas été payés depuis quatre mois. La bande de Gaza est isolée par un blocus quasi hermétique. Consciente des dangers d'une catastrophe humanitaire, l'Union européenne tente de parer au plus pressé. Elle vient d'étendre son assistance au secteur de santé palestinien. C'est une maigre consolation pour les habitants de Gaza.