« La psychose française
Les banlieues : le ban de la République
De Mehdi Belhaj Kacem
Collection nrf
Chez Gallimard
66 pages
5,50 €
avril 2006
La réalité de la lutte des classes
L’auteur de ce pamphlet ne fait pas dans la dentelle…Il tire à vue sur certaines cibles : la droite extrême, celle- officielle-qui reprend les thèses de Le Pen . Il n’oublie pas non plus de tancer le Parti Socialiste qui, au moment des émeutes de novembre-décembre 2005 a rallié les thèses sécuritaires de son « ennemi » ou concurrent.
Le trait est dur, sans nuances…Enfin un auteur qui parle sans frein et qui d’ailleurs a une analyse assez fine sur la situation actuelle dans les « banlieues françaises » où des exclus, des sans droit n’ont comme horizon : l’exclusion sociale.
Mais est-ce sans espoir ? La gauche militante qui n’a pas épousé le libéralisme n’a telle pas déserté certains quartiers :
« Les mêmes partis ne s’interrogent pas sur leur incapacité criante à avoir si peu que ce soit politisé ces pauvres masses adolescentes et désœuvrées, qu’ont révélées ces troubles. »
L’extrême gauche parlementaire n’est pas exempt de critiques de la part de l’auteur de cet essai même si « l’attaque » ne se situe pas sur le même registre .
N’a t-elle pas manqué le coche par des hésitations , longues et laborieuses ?
Mehdi Belhaj Kacem s’interroge et nous interroge sur la nature même de ces révoltes… Son propos est juste même s’il peut être suivi d’interprétations diverses :
« …si cette conscience politique avait été, si peu que ce soit présente dans les émeutes, elles auraient revêtu la dimension politique d’une insurrection. Une insurrection sans politique, ce n’est « qu’un » ensemble d’émeutes invertébrées ; et pourtant l’ampleur des conséquences de ces émeutes a bien été politique, ce qui n’est jamais le cas des émeutes, mais seulement des insurrections ; Cette singularité historique est assez remarquable pour être analysée pour elle-même ».
Ce livre, ce réel brûlot nous parle de lutte de classe , en France ? en Europe et ailleurs et si je ne le suis pas dans toutes ses analyses notamment celles relatives à la révolution russe, j’apprécie ce langage que beaucoup d’hommes et de femmes réellement à gauche oublient trop volontairement.
« La lutte des classes est le réel insécable de la mondialisation en voie d’accomplissement ».
Ce « jeune intellectuel français d’origine tunisienne »-c’est ainsi qu’il se présente- dresse une analyse personnelle mais souvent pertinente de la situation mondiale .
Certains lecteurs et certaines lectrices le trouveront bien pessimiste sur les « perspectives 2007 » en France puisqu il n’entrevoit actuellement qu’une victoire : celle de la droite dite raisonnable mais extrême de fait…Le tableau est noir…peut être … N’avance t-il pas plus loin que : « le point le plus important, et absolument inédit dans l’Histoire, est le suivant : le combat ne portera pas sur le contenu d’une démocratie, que sa forme a rendue inopérante, mais sur cette forme même »
Quelle que soit l’appréciation que j’ai portée sur telle ou telle argumentation développée par l’auteur, j’avoue que je me suis régalé mais, vraiment 66 pages c’est court.
Valière