(canardos @ samedi 19 août 2006 à 15:33 a écrit :j'hallucine grave avec les propos de Milan.
si j'ai bien compris, le régime tibetain aurait tres bien pu réaliser les réformes démocratiques si le régime chinois n'était pas intervenu.
Mais alors, pourquoi ne les a -t-il pas fait avant 55, avant l'arrivée de l'APL?
(...)
Par ailleurs Milan je te savais inventif en matière de chiffres, puisque tu es capable de connaitre le nombre de prostituées au Tibet dans un pays ou la prostitution est plus ou moins dissimulée mais je ne te savais pas faché avec la géographie!
le Quinghai n'est pas le Tibet et les tibetain n'y ont jamais été majoritaires (40% de la population. Quand aux 900 000 morts que tu évoques lors de la famine liée au grand bond en avant dans cette province, cela parait énorme comparé au 5 millions d'habitants de cette province désertique. Quel est ce fameux institut de recherche pékinois et quelle est cette étude qui aurait abouti à ce chiffre?
Encore une fois les famines du grand bond en avant ont tué des millions, peut-etre meme des dizaines de millions de chinois et de membres des minorité nationales, mais avec de tels chiffres ce serait des centaines de millions qui devrait manquer à l'appel.
On comprend mal dans ces conditions comment entre 55 et 2005 le nombre de membres des minorité nationales est passé de 33 millions à plus de 100 millions d'habitant et la population totale de la chine de 600 millions à plus de 1 300 000 habitants. Aucun démographe ne pourrait etre d'accord avec tes ordres de grandeurs.....heureusement pour les habitants du quinghai et du Tibet....
Le régime théocratique aurait peut-être pu faire certaines réformes, je n'en sais rien. Mais ce n'est pas mon propos. J' insiste sur autre chose : des forces laïques avaient commencé à apparaître, un parti communiste tibétain s'était créé, et tout comme au Népal actuellement, il était possible que des mouvements de masse se développent. Cela aurait sans doute pris du temps, mais cela aurait évité les désastres que le Tibet a connus.
Ce n'est pas moi qui ai estimé le nombre de prostituées de Lhassa, mais une journaliste de Marie-claire, comme je l'ai signalé.
Le Quinghai faisait partie du Tibet de 1950 (c'est la date de l'invasion, et non 1955). Ce qui est devenu la province du Tibet ou "région autonome du Tibet" n'était qu'un morceau du Tibet indépendant. La plus grande partie de l'Amdo a été rebaptisée Quinghai une autre portion étant incorporée à la province chinoise de Gansu. L'est du Kham (autre morceau du Tibet, là où la révolte s'est développée à partir de 1955 ou 1956) a été absorbé par les provinces de Sichuan et de Yunnan.
Eh bien oui, dans certaines régions les décès dus aux famines ont été incroyablement énormes. Quelques dizaines d'années plus tard, les autorités chinoises ont employé le terme d'holocauste pour décrire ce qui s'est passé dans certaines régions. L'institut pékinois dont j'ai évoqué l'étude (datant du début des années 80) est l'Economic System Research Institute. Je n'en sais pas plus dans cette étude. Peut-être trouveras tu des indications dans le livre de Jasper Becker, traduit en français. Il a eu accès à des documents internes du PC chinois et en tant que correspondant de presse a pu mener des enquêtes sur le terrain.
Tu dis qu'avec de tels chiffres, la croissance démographique n'aurait pas pu etre ce qu'elle a été. C'est parce que tu extrapoles le taux de mortalité de certaines provinces à l'ensemble de la Chine. Certaines ont été relativement peu touchées (y compris, semble-t-il, comme je l'ai indiqué, le Tibet central, dit "région autonome du Tibet"). La famine du "grand bond en avant" a fait, je crois, entre 25 et 43 millions de morts selon les estimations. Un autre camarade a donné ici il y a quelques jours un ordre de grandeur analogue. Selon Jean-Philippe Béja, qui a écrit un article sur le livre de Becker dans "Perspectives chinoises" : "Le recensement de 1964, qui levait un coin du voile sur les effets de cette famine, a été maintenu secret jusqu’à 1980".