abeilles, insecticides et pesticides

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 29 Août 2006, 19:28

a écrit :

[center]Malgré l'interdiction du Régent et du Gaucho, les populations d'abeilles ont diminué[/center]

LE MONDE | 29.08.06 |


Une fois encore, la récolte de miel sera maigre. La sécheresse qui a touché une grande partie de la France, en juillet, et s'est a continué dans le Sud et sur la façade atlantique est en cause. Les fleurs, privées d'eau et grillées par le soleil, n'ont pas produit assez de nectar et de pollen pour rassasier les abeilles.


Les récoltes de miel de lavande, de sapin et de châtaignier sont particulièrement minces. Pour les miels de tournesol et de colza, la situation varie en fonction des apports en eau sur les champs. Selon France Miel, l'unique coopérative nationale, qui commercialise environ 15 % de la production, "2006 est une petite année parmi les petites années". La production commercialisée par l'entreprise devrait atteindre 1 300 tonnes, contre 1 400 tonnes écoulées chaque année depuis cinq ans. Et 1 800 tonnes auparavant.

Le regain attendu par les apiculteurs depuis la suspension de l'usage des pesticides Gaucho et Régent, accusés de décimer les abeilles, n'est donc pas au rendez-vous. L'usage du Gaucho est suspendu depuis 1999 sur le tournesol et depuis 2004 sur le maïs, et celui du Régent depuis 2004 sur toutes les cultures.

Les mortalités d'abeilles observées pendant les deux derniers hivers confirment la persistance de difficultés. Des mortalités "importantes", soit jusqu'à 70 % des populations perdues localement, ont été signalées à la fin de l'hiver à Michel Béraud, président du Syndicat des producteurs de miel de France (SPMF).

Du côté de l'Union nationale des apiculteurs de France (UNAF), fer de lance du combat contre les pesticides, Henri Clément avance une évaluation de "20 % à 25 % de pertes cet hiver, contre 5 % à 8 % une année normale, et 30 % à 40 % avant la suspension du Gaucho et du Régent".

Selon M. Clément, ces mortalités surviennent dans des régions où elles n'avaient pas été observées auparavant. Pour le syndicaliste, le retrait des deux produits a donc des conséquences positives. Mais elles sont contrebalancées par des difficultés liées aux aléas climatiques. Les sécheresses à répétition affectent la vitalité des colonies, selon M. Clément. La rudesse de l'hiver 2005-2006 est aussi tenue pour responsable de mortalités. "Nous avons eu quarante jours de gelées consécutives, explique Jean-Michel Lebrun, responsable des relations avec les adhérents chez France Miel. Quand les abeilles ne peuvent pas sortir trop longtemps à cause du froid, elles développent des maladies dans la ruche. Le Gaucho et le Régent n'ont jamais été les seuls problèmes de l'apiculture, et nous connaissons aujourd'hui davantage de problèmes climatiques que la moyenne."

De multiples causes peuvent en effet expliquer les mortalités. L'appauvrissement de la biodiversité joue un rôle majeur. " Les surfaces de prairies à base de légumineuses ont été divisées par cinq depuis 1970, explique Philippe Lecompte, apiculteur et fondateur du réseau Jachères apicoles. Les fleurs ne sont donc pas forcément présentes dans l'environnement quand les abeilles en ont besoin." Moins de fleurs des champs, moins de bordures de forêts ou de routes, moins de haies...

Cet "appauvrissement massif des ressources", conséquence de l'intensification agricole mais aussi de la politique des directions départementales de l'équipement qui désherbent les bords des routes, entraîne une réduction de l'espérance de vie, et facilite le développement de pathologies.

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) met en relief le rôle d'un autre facteur dans une note baptisée "Recherches sur les mortalités d'abeilles et prévention des risques liés aux insecticides". Il s'agit du varroa, un parasite, "un tueur encore trop sous-estimé en France". Présent depuis les années 1980, "il continue à faire des siennes, et sa présence n'est pas forcément repérable immédiatement par les apiculteurs", relève Michel Aubert, directeur du laboratoire sur la pathologie des petits ruminants et des abeilles de l'Afssa.

Depuis 2003, l'agence mène, sur 25 ruches dispersées dans cinq départements, une étude multifactorielle sur les mortalités d'abeilles dont les conclusions, très attendues, doivent prochainement être rendues publiques. "Nous n'avons constaté aucun effondrement de colonies dans les ruchers suivis, note M. Aubert, qui précise que les chercheurs de l'Afssa ont conseillé les apiculteurs en matière sanitaire.

Dans leur récente note, l'équipe de l'Afssa écrivait : "En matière de Gaucho, nous nous trouvons dans une zone incertaine, mais malgré la forte toxicité du produit et de ses dérivés pour les abeilles (...) un impact néfaste de ce produit sur le terrain en condition normale d'utilisation n'est pas confirmé."

Néanmoins, pour les chercheurs, "il importe, au-delà du cas particulier du Gaucho, de nous situer dans le contexte plus général du déclin, constant depuis des années, des populations d'insectes". Ils appellent à "une utilisation beaucoup plus économe" des pesticides.



Gaëlle Dupont

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Chiffres

Ruches. On en dénombre plus d'un million en France. L'apiculture est pratiquée par de nombreux amateurs et petits producteurs. Il existe 70 000 apiculteurs, dont 92 % possèdent moins de 30 ruches. L'éclatement de la profession rend difficile l'obtention de chiffres fiables sur la production de miel ou les mortalités d'abeilles.



Production. En 2004, de 20 000 à 30 000 t ont été produites en France. Mais 12 000 t de miel de Chine, de Hongrie, d'Allemagne et des pays d'Amérique latine ont été importées. 50 % de la production est commercialisée dans les marchés ou par vente directe.

canardos
 
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Message par lenzo » 29 Août 2006, 20:10

En Suisse,

Dans « 20 minutes » du 27/ 08/ 06 :

a écrit :La tartine au miel va-t-elle disparaître?
Les abeilles se font rares, dit-on. La faute du temps? Des maladies? Plutôt celle des apiculteurs, dont le nombre diminue.

En Suisse, 95% des abeilles sont des abeilles d’élevage, explique le spécialiste Jean-Daniel Charrière, de la station Agroscope. Elles dépendent donc des apiculteurs, qui ont tendance à vieillir. La plupart sont des amateurs, et «c’est un hobby exigeant», selon M. Charrière.

Stéphanie est tombée dedans à 27 ans. Cinq ans plus tard, la passion reste intacte. «Le moment magique, c’est quand tu extrais le miel. J’adore le faire avec des enfants, qui font leur tartine juste à la sortie de l’extracteur. Quand je les rends à leurs parents, ils collent de partout!» rigole-t-elle. Cette maîtresse d’école va visiter ses deux ruchers une fois par semaine en moyenne, dans la campagne vaudoise.

«Deux, c’est peu pour les apiculteurs chevronnés, mais cela me suffit. Je ne fais pas du miel pour le vendre, mais pour l’offrir», confie Stéphanie. La jeune femme apprécie la «paix royale» près de ses ruches ainsi que les discussions avec les passionnés. Mais il y a aussi des moments durs. «Cet hiver, j’ai perdu mes deux essaims. J’étais triste. J’ai vu de solides gaillards dans la même situation qui avaient les larmes aux yeux.»

Ces deux derniers hivers, la Suisse a perdu entre 20% et 30% de ses abeilles. Stéphanie ne se laisse pas décourager pour autant. «Il y a des tas de sujets d’inquiétude, mais je fais avec. Et, cette année, j’ai quand même récolté 36 kg de miel», conclut-elle avec fierté.

Emmanuelle Robert
lenzo
 
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