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[center]Le café bon pour le Parkinson et le diabète[/center]
Frédéric Garlan
Agence France-Presse
Montpellier, France
Cancérigène, mauvais pour le coeur et lourd pour l'estomac, le café souffre d'une réputation bien noire en matière de santé qui est loin de correspondre à la réalité et ne rend pas justice à ses effets protecteurs contre des maladies graves, affirment des scientifiques.
Même consommé en quantités relativement importantes (six tasses par jour), le «petit noir» n'entraînera pas de dommages cardiaques ou digestifs chez le sujet sain. En revanche, il réduira la possibilité qu'il contracte la maladie de Parkinson ou le diabète, selon des communications tenues à Montpellier lors de la 26e assemblée de l'Association scientifique internationale du café (ASIC).
Le malentendu tient au fait que les études médicales sur le café se sont cantonnées pendant près de deux siècles aux seules études sur la caféine.
«La recherche a longtemps été trop réductrice, en étant largement centrée sur la seule caféine, alors que le café est une boisson extrêmement complexe», relève la scientifique Astrid Nehlig, l'une des meilleures spécialistes françaises de l'interaction café-santé.
Le café contient ainsi des acides chlorogéniques et des mélanoïdes, qui piègent les radicaux libres et sont de puissants anti-oxydants. On y retrouve aussi des minéraux utiles, notamment du potassium et du magnésium.
Le café réduirait de 60 % à 80 % les risques de cirrhose, selon Carlo La Vecchia, de l'institut de recherche pharmacologique Mario Negri (Milan).
Bertil Fredholm (Karolinska Institute de Stockholm) fait état de preuves épidémiologiques solides que la consommation de café peut prévenir l'apparition de la maladie de Parkinson chez l'homme.
Spécialiste du diabète à l'Université d'Helsinski, Jaakko Tuomilehto avance que le risque de diabète de type 2 (lié aux mauvaises habitudes alimentaires et au manque d'exercice) peut être réduit de 50 % pour une consommation de 5 à 6 tasses quotidiennes.
Pour Siegfried Knasmüller (Université médicale de Vienne), le café est plus efficace que les fruits et légumes pour prévenir l'oxydation de l'ADN, source d'une série de maladies graves, cancers en particuliers.
Mais le café recèle parallèlement nombre de substances potentiellement cancérigènes. Le consultant américain en toxicologie James Coughlin en a recensé une trentaine. Pour autant, aucune étude n'est parvenue à établir un lien entre la consommation de café et l'apparition de cancers.
D'où l'intérêt de procéder à des recherches considérant le café comme un tout, au lieu de s'attacher aux effets de ses composantes individuelles, dont les effets peuvent s'annuler mutuellement.
Aujourd'hui, les études épidémiologiques mesurent la consommation de café des populations suivies, mais sont incapables de dire sous quelle forme (long, court, avec du sucre, avec du lait...). Certaines études ignorent... si le café est décaféiné. On ne distingue pas non plus entre robusta et arabica, alors que la teneur en caféine et en anti-oxydants du premier est bien supérieure.
L'analyse de ces enquêtes est complexe, la consommation de grandes quantités de café allant souvent de pair avec celle d'alcool et de tabac.
La plupart des études reposent sur l'ingestion de café allongé, en très grands volumes - 600 millilitres quotidiens - correspondant au mode de consommation prévalant en Europe du Nord et aux États-Unis.
L'épidémiologiste Cuno Uiterwaal (centre médical universitaire d'Utrecht), qui a étudié les risques d'accidents cardiaques chez les buveurs de café, estime que l'état des connaissances permet de rassurer les gros consommateurs. M. Uiterwaal n'est pas pour autant prêt à s'avancer sur une dose recommandée. «C'est toujours très difficile de transcrire des résultats tirés de l'observation en conseil médical».