(LouisChristianRené @ mercredi 11 octobre 2006 à 23:05 a écrit : je sens que je vais encore me faire accuser de "relancer" et d'etre "provocateur"
mais là il y en a trois ! e, pi et 1
Ou vois tu un autre nombre ???
Relis bien l'expression :
e^(i*pi) + 1 = 0
Moi je vois 5 nombres, et ils sont tous "remarquables" à leur manière...
a écrit :i là n'est pas un nombre, il sert uniquement a signaler qu'on est pas dans l'ensemble R des reel mais C des complexes...
i est un nombre complexe. Ce n'en est pas moins un nombre...
La notion de "nombre" n'est pas aussi immédiate qu'il n'y paraît, et a toute une histoire. On sait que les premiers "nombres" découverts furent ce qu'on appelle aujourd'hui les entiers naturels. C'est déja une construction intellectuelle, une abstraction, d'utiliser le même mot "onze" pour désigner onze pommes ou une longueur de onze pieds...
Assez vite, les "fractions" (c'est à dire les rapports de deux entiers) sont apparues. On appelle aujourd'hui ces nombres les "rationels". Evidemment dans l'antiquité, seuls les rationels positifs et non nuls étaient connus...
Les grecs découvrirent ensuite qu'il existaient des quantités qui ne pouvaient pas s'écrire comme fraction de deux entiers. Typiquement : la longueur de la diagonale d'un carré de côté 1. On appelle aujourd'hui ce nombre "racine carrée de 2", et il est très facile de prouver qu'il ne peut pas s'écrire comme une fraction de deux entiers. Ces nombres qui ne peuvent pas s'écrire comme fraction de deux entiers, on les appelle encore aujourd'hui "nombres irrationnels" ! Et la réunion des deux ensembles (rationnels et irrationnels) s'appelle les "réels".
Plus tard la grande découverte fut le zéro, c'est à dire l'idée qu'on pouvait également inventer un nombre pour désigner la quantité nulle. Un pas de géant dans l'abstraction, et une clé pour des systèmes de numération comme le système arabe (celui qu'on utilise partout maintenant) qui simplifient énormément les calculs.
Ce n'est qu'au Moyen-Âge (d'abord dans le monde arabe) qu'on invente les nombres négatifs, ce qui constitue un pas de plus dans l'abstraction. On les définit comme les résultats de certaines soustractions dont pendant longtemps on a prétendu qu'elles étaient sans solution. De la même manière, en fait, qu'on avait inventé les rationnels pour résoudre les divisions et les irrationnels pour résoudre certains problèmes de géométrie notamment...
Arrivé à la renaissance, se pose le problème de résoudre des équations de degré supérieur à 1. Les solutions de l'équation de degré 2 étaient connues dans un certain nombre de cas notamment grace aux mathématiciens arabes, mais dans d'autres cas il semblait prouvé qu'elles n'admettaient pas de solution parmi les nombres "réels" connus à l'époque. Qu'à cela ne tienne, on inventa une nouvelle classe de nombres, les nombres "imaginaires purs", dont le carré est un réel négatif, et par la même occasion les nombres "complexes" qui sont la somme d'un réel et d'un imaginaire pur. L'invention des complexes tient en une phrase : "je définis le nombre i tel que i^2 = -1". Dès lors les nombres imaginaires purs peuvent s'écrire comme "a*i" avec a nombre réel, et les nombres complexes comme "a*i + b" avec a et b réels.
Dire que i n'est pas un nombre n'est aujourd'hui pas plus justifié que de dire que pi, ou e, ou racine de 2, ou -3, ou zéro, ne sont pas des nombres...