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[center]Préservatif: pourquoi les jeunes l’utilisent (ou pas) [/center]
L es mêmes ressorts culturels ou sociaux sont présents dans les têtes des jeunes de 15-24 ans à travers le monde quant il s’agit d’utiliser –ou non- un préservatif avec un(e) partenaire. Près de la moitié des nouveaux cas d’infection par le VIH dans le monde se produit chez les 15-24 ans. Pour mieux comprendre ce qui guide l’usage du préservatif chez les jeunes, Cicely Marston et Eleanor King ont analysé 268 études qualitatives sur les comportements sexuels des 15-24 ans menées entre 1990 et 2004 sur les cinq continents.
Plusieurs thèmes présents dans tous les pays, à des degrés divers, se dégagent de ces études, expliquent Marston et King dans la revue The Lancet. Les jeunes jugent la ‘’propreté’’ de leur partenaire (le risque d’être porteur d’une MST) en fonction de son statut social ou de son apparence et réservent le préservatif aux partenaires jugés à risque ou moins sérieux. L’usage du préservatif est associé avec un manque de confiance, constatent les deux chercheuses, et pour les femmes proposer son utilisation peut nuire à leur réputation.
A cela s’ajoute des stéréotypes sociaux comme celui de la réussite du premier rapport sexuel pour les garçons, qui les poussent à ne pas utiliser de préservatif de peur que cela nuise à leur virilité. La difficulté de parler du désir sexuel entre partenaires empêche aussi le dialogue sur la prophylaxie et la contraception, quel que soit le pays considéré.
Le manque d’information ou l’accès insuffisant aux préservatifs ne suffisent pas à expliquer l’échec des politiques de prévention, soulignent Cicely Marston et Eleanor King (London School of Hygiene and Tropical Medicine, GB). Les programmes doivent tenir comptent de ces facteurs sociaux et culturels, des attentes liées à la sexualité chez les jeunes.
La revue médicale The Lancet publie cette semaine une série d’articles sur la sexualité, la reproduction et les problèmes de santé publique qui y sont liés (MST, contraception, avortements…).
Allant à l’encontre de certaines idées reçues, une étude évaluant les comportements sexuels dans 59 pays montre que l’âge du premier rapport sexuel ne diminue pas. Il se situe entre 15 et 19 ans en moyenne.
Dans certains pays développés, notamment en Asie, l’âge du premier rapport a augmenté chez les filles en même temps que l’âge moyen du mariage.
Cette étude révèle aussi que le nombre de partenaires sexuels est plus élevé dans les pays industriels que dans les pays les plus touchés par l’épidémie de sida, comme en Afrique. La monogamie domine mais le mariage ne protège pas forcément contre les MST. En Ouganda par exemple l’épidémie de sida progresse plus vite chez les femmes mariées. On ne peut pas lutter contre la transmission des MST sans tenir compte des inégalités entre les sexes, du statut social et de la pauvreté, analyse l’équipe de Kaye Wellings.
Cécile Dumas
(03/11/06)