Le mouvement anti-Devaquet hiver 86

Marxisme et mouvement ouvrier.

Message par Sterd » 22 Nov 2006, 18:17

(Jacquemart @ mercredi 22 novembre 2006 à 17:03 a écrit :
a écrit :Grandes gueules qui ont rien vu et rien entendu occupés qu'ils étaient à faire leurs études au milieu de la réaction

Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose... :altharion:
:hinhin:

Sinon, ça fait pile 20 ans aujourd'hui que ce mouvement a commencé. Avec les États Généraux du 22 novembre
Sterd
 
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 18:27

J'ai scanné la photo dont j'ai parlé plus haut, elle est parue dans le numéro de janvier 1987 d'Actuel. Quand la presse de gôche, félicite les autonomes pour avoir protégé les flics le 4 décembre :


Image
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 18:41

une photo prise le 5, rue de Rennes dans la soirée d'une des manifs spontanées en protestation au comportement des flics la veille. Photo prise quelques heures avant l'assassinat de Malik Oussekine. C'était comme ça dans tout le centre de Paris, impressionnant.


Image
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Message par Sterd » 22 Nov 2006, 19:14

Une petite séquence vidéo très courte issue du journal télé, montrant le soit disant "SO étudiant" au départ de la manif du 4.

cliquer ici
Sterd
 
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Message par lallemande » 22 Nov 2006, 19:49

(pelon @ mercredi 22 novembre 2006 à 17:07 a écrit :
(logan @ mercredi 22 novembre 2006 à 16:54 a écrit : Merci pour les récits, à quand un roman ?? =D>

Sinon j'ai quelques questions :
La mort de Malik Oussekine aurait pu carrément faire dégénérer la situation, or on a l'impression qu'au contraire cela a plombé le mouvement. :33:


Plombé le mouvement je ne crois pas. L'émotion a été forte et a peut-être précipité la déroute du gouvernement. Comme l'ont expliqué plus haut les camarades, ceux qui manifestaient avaient pour objectif le retrait de la loi Devaquet et point. Ils avaient donc obtenu satisfaction et les manips du PS ne pouvaient donc plus heurter la majorité d'entre eux. La manif silencieuse apres un mort, beaucoup trouvaient cela normal. Je pense que le maximum a été obtenu dans cette lutte et que les ex-jeunes de LO, entre autres, ont bien bossé.

Bonjour tout le monde!
Contente de trouver ce fil... ça nous rajeunit pas dis donc!
Mes impressions en vrac: mouvement apolitique dirigé par l'Unef-id à ma fac, et l'Unef-id était quand même socialo, localement aussi, quoique notre porte-parole soit devenue une élue des Verts au Conseil municipal par la suite.
Pour ma part, j'étais peu politisée, mais croyais l'être beaucoup (jeunesse). je n'avais pas de formation, juste de la déformation idéaliste. J'étais à Amnesty international, anti-raciste et électrice PC depuis peu (c l'année de mon premier vote). Les AG ont surgi brusquement. Pas de souvenir de dates, dsl. On a été envoyés par l'Unef-id "mobiliser" les lycéens, mais avec un argumentaire vraiment très maigre... moi aussi c'était pour draguer en l'occurence. Je me souviens des trains gratuits et d'être allée à Paris une fois pour une manif qui frôlait le million dans les rues (c'est juste, non?). Puis la mort de Malik Oussékine et les quatre autres gars qui ont été gravement blessés, dont au moins un qui a perdu un oeil (personne n'en a parlé pour l'instant, si?). ça m'a émue en tant que droit-l'hommiste évidemment, et je me souviens avoir été très choquée par quelqu'un derrière moi qui disait "c bien, ça va radicaliser le mouvement". La mort de Malik, une chance? Je trouve ça toujours très con.
Sinon, c vrai que ça s'est arrêté net après le retrait. Moi, depuis le début, j'allais manifester évidemment et me foutais de louper des cours, mais je ne comprenais pas que les revendications n'aillent pas plus loin qu'une baisse des droits d'inscription. J'étais franchement étonnée que ça arrive à mobiliser autant de monde. J'avais mon interprétation des faits: Ce gouvernement était trop à droite, avec des salauds comme Pasqua (que je haissais) et je voulais croire que les gens "inconsciemment" manifestaient contre ce gouvernement et par là-même contre la propagande raciste. (Ah Freud, quand tu nous tiens!). Pour répondre à une autre question de logan: il s'est passé un truc étrange à ma fac après le mouvement au niveau des organisations: L'Unef-id qui avait mené tout le mouvement a perdu énormément d'adhérents, en revanche l'Unef, stal, qui était moribonde en a gagné beaucoup. Je me souviens qu'à un moment nous étions 70, ce qui me paraissait énorme! Surtout des étudiants en histoire (pas moi), dont 1 LO, 1 LCR, 1 PCI. mais on a rien fait d'intéressant rapport à la puisance de notre petite orga, car le président a refusé qu'on lâche l'Unef de Paris.

Voilà, c'est tout! Le fil m'a permis de comprendre quelques petites choses et d'étayer largement mes souvenirs. Merci!
lallemande
 
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Message par NazimH » 22 Nov 2006, 19:57

J'ajoute quelques éléments sur la manifestation du 4 décembre. Je ne reviens pas sur le nombre qui était effectivement très très important.
Pendant que certains étaient en queue, d'autres occupaient la tête du cortège.
Il se trouve donc que la délégation étudiante qui devait être reçue par Monory/Devaquet défilait en tête (avec je crois d'ailleurs tous les membres qui le voulaient de la coordination mais là je suis moins sûr). Bon toujours est-il que les lycéens élus pour rencontrer aussi les ministres (cf post précédent) avaient le droit de défiler devant. On (= les «responsables étudiants» je ne sais pas trop qui c'était) nous avait donné une jolie étiquette «délégation lycéenne» et les mêmes «on» avaient dit qu'on avait le droit de circuler comme on voulait. Notamment consigne avait été donné au fameux SO central (qui répondait visiblement aux ordres des militants du PS) de nous laisser passer.
Quand on est arrivé dans le quartier des Invalides c'est vrai que le SO nous dirigea vers la place des Invalides où un podium était dressé (pour passer de la musique et permettre de causer).
Moi je n'ai pas trop vu parce qu'on nous a fait passer les rangs de SO (du SO central) qui bloquaient la route vers l'Assemblée Nationale (il se trouve que le PS ne tenait effectivement pas, par pur respect de l'institution et un peu par puérilité à ce qu'on s'en approche de trop).
Après avoir vu les ministres (j'ai assez peu de souvenir de cela, le seul lycéen, un copain de Lo, qui a essayé de parler s'est fait aligner par Monory et Assouline est venu à son secours) on est ressorti. La situation était à ce moment un peu confuse. Quelques centaines de manifestants s'étaient retrouvés entre le SO central (qui faisait un cordon) et les CRS et faisaient un sit-in.
Et sinon le flot des manifestants qui ne cessaient d'arriver étaient canalisé par le «SO central» vers la place des Invalides où des milliers de gens attendaient.
Il y a eu à ce moment un épisode un peu cocasse car effectivement une des «difficultés» de ces temps «préhistoriques» était qu'on n'avait pas de portable et donc moins de moyens de communiquer. Disons que plein de cortèges lycéens arrivaient à ce moment animés par des copains de Lo et qui seraient bien allés vers l'assemblée. Mais il était très difficile de communiquer. C'est là que les petites étiquettes «délégation» gentiment remises par le SO téléguidé par les socialistes à d'affreux membres de Lo se révélèrent un peu utiles. Elles permirent à quelques copains d'aller et venir tranquillement pour contribuer à organiser une amicale poussée sur les rangs du SO central. Je me souviens d'un échange assez drôle avec un des tous petits responsables de ce SO où après que nous ayons déploré ensemble ces gens qui «allaient nous f... la m...» il nous laissa passer en direction de ces lycéens «mal informés», «pour aller calmer les choses».
Le SO central finit par se retirer (il faut dire que pas mal -enfin au moins quelques centaines- de jeunes poussaient quand même fort et en fait pas tellement à cause de copains).
Après, les choses se calmèrent plutôt un temps. Il y eut un assez long moment où le sit-in se prolongea en direction de l'assemblée sans heurts -du côté de la Seine par contre il me semble qu'assez vite des projectiles partirent vers la police.
Vers 21 heures la police décida d'évacuer la place. Il y avait à ce moment encore des milliers de manifestants (des vrais milliers) et ça allait prendre un certain temps .Un manifestant fut gravement blessé dans cette histoire(à la main si ma mémoire est bonne en renvoyant une grenade)
Après cela les manifestants refluèrent vers le Quartier latin où la manif se prolongea bien jusqu'à minuit passé (plein de bons souvenirs; j'ai lancé un joli pavé tout près de la Sorbonne et j'ai couru très très vite).
NazimH
 
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Message par zejarda » 22 Nov 2006, 22:12

Pour ma part, ce mouvement m'a permis de rencontrer LO, même si je mis plusieur année avant de militer plus sérieusement.

Il me semble que sur la fac de science de Toulouse, la grève fut plus ample, et les AG rassemblaient plus de monde que les gauchos.
Le mouvement était apolitique, je me rappelle même avoir discuter vivement avec des militants del'UEC (Union de Etudiant Communiste) qui diffait des tracs au RU, leur reprochant de politiser le mouvement. :( :emb: On n'avait pas encore tout compris.

Apres sur la Fac, il restait un noyau autour de l'ancien comité de grève, qui faisait quelques activités. L'UNEF-ID sortit de ce mouvement grossie.

La grève m'a permis de valider ce semestre. Ils nous l'on donné :smile:
zejarda
 
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Message par dounia » 22 Nov 2006, 23:01

(sterd a écrit :Mais j'en veux encore aux deux débiles :altharion:   qui ne m'ont pas reveillé un matin, et on trouvé très drole de me laisser dormir dans mon sac de couchage alors qu'un TD de physique ou de chimie démarrait.
:emb: mais quand même, un sommeil aussi lourd c'est incroyable, je ne sais pas si le 2ème forumeur débile nous lit toujours mais il en rit encore c'est sûr :sygus:
dounia
 
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Message par bidule » 22 Nov 2006, 23:20

Jacquemart : "Et c'est aussi là que la coordination a voté un appel à la grève générale, qui n'était pas complètement bidon vu l'atmosphère générale dans le pays. En tout cas, Chirac a préféré faire marche arrière plutôt que voir si ça allait répondre..."

"Chirac a préféré faire marche arrière plutôt que voir si ça allait répondre..." En fait, il a vu ! Pas dans la rue... mais dans les usines, si !

Des copains ont raconté comment on arrivait à entraîner quelques lycéens (jamais plus de 5 ou 6 dans ma province, souvent des enfants d'ouvriers) devant les usines.
Quelle fierté c'était pour nous, jeunes militants ! Et puis, nous étions les seuls à le proposer dans les lycées... Pour moi, qui jusque là passait mon temps dans les lectures marxistes (c'était ce que que souhaitait nos aînés, soucieux de notre "formation"), c'était peut-être même les premières discussions que j'ai eu avec des ouvriers ! Car on arrivait à discuter.
Bon je m'égare.

Le fameux lundi matin après la mort de Malik Oussékine, on avait encore de ces rendez-vous matinaux devant les usines. En plus ce jour-là, les syndicats (lesquels ?) avaient appelé à des débrayages de protestation... qui avaient été très (ou peut-être seulement pas mal) suivis.
Et voilà le soir, Chirac retire son projet !
Je me souviens qu'à l'époque c'était l'explication que l'on donnait du retrait : le gouvernement n'avait pas voulu prendre le risque d'une réaction ouvrière plus visible.
bidule
 
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