La lutte des enseignants

Message par Wapi » 18 Déc 2006, 10:23

Aujourd'hui lundi 18, jour de grève et de manifestations dans l'éducation nationale contre une nouvelle série d'attaques en règle contre les personnels et, par ricochet, tous les élèves.

J'espère que les cortèges auront un peu d'allure, et beaucoup de collègues sont convaincus que les coups pleuvent et qu'on ne peut rester sans réagir, même si le pessimisme sur la possibilité de l'emporter est encore le sentiment dominant aujourd'hui. (à mon avis)

Mais beaucoup d'autres ne se mettent pas encore en grève parfois au prétexte que, les gens les voyant dejà comme des privilégiés, (horaires, vacances ...), toute action de ce genre qui colle les mômes dans les pattes des parents un jour où ce n'était pas prévu et les prive de cours est forcément impopulaire voire provocatrice ou contre-productive.
Evidemment, les militants anti-grève s'engouffrent dans cette brèche...

J'ai donc envie de répondre sérieusement à cette objection, mais je manque d'éléments sur ce que pensent ceux qui ne sont pas de ce milieu.

Des discussions autour de vous, sauriez-vous dire si effectivement "les gens" voient encore les profs comme des "privilégiés" (vacances, horaires, salaire ..) ou sont-ils plus nuancés, voire favorables aux réactions contre ces attaques ?

Et puis qui voit les profs comme des "privilégiés", les petits-bourgeois ou les travailleurs ? Et pour quelles raisons ?

En même temps, je connais peu de gens extérieurs à ce milieu qui rêveraient d'essayer de faire bosser, 18h00 par semaine, une classe de 30 à 35 adolescents d'aujourd'hui pendant 40 ans, en commençant à 1350 euros et en finissant à 2700 environ.

Voilà ... merci pour vos contributions. :wavey:
Wapi
 
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Message par yannalan » 18 Déc 2006, 12:54

C'est difficile de répondre d'une façon générale.
Les "couches supérieures" (en gros plus payés que les profs) les prennent souvent pour des ratés qui acceptent un salaire minable par rapport au leur et qui ne bossent pas.
Côté travailleurs, les souvenirs d'école, du passé scolaire jouent. Souvent, ils sont assez solidaires et se rendent compte de ce que c'est d'être seul face àdes gamins ou des ados en groupe : souvent, ils sont déjà débordés avec deux ou trois.
Ce qu'il faudrait c'est une explication claire vers la population, en montrant clairement qu'au delà des horaires des profs, il y a aussi l'intérêt des élèves. Ca n'est pas facile à faire, je n'ai pas de recette, mais franchement il y a des choses à imaginer.
yannalan
 
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Message par Wapi » 18 Déc 2006, 14:45

Avant de créer ce sujet, j'avais envoyé un mot à notre Convive de pierre, pour lui demander comment les gens de sa boîte réagissaient face aux grèves des enseignants.

Je la mets ici sa réponse, initialement en MP, pour alimenter la discussion :

a écrit :
El Convivado de Piedra :

Bien difficile à dire, vu que je n'ai pas fait des etudes ici de l'une.
Mais le cas est que mes colleges se tapent des salaires de 980 euros et 1100 euros pour la moyenne et les mieux lotis (peu des cas, un ou deux) tournent autour de 1300. Il y a un aussi à 1570 mais il y a une prime de déplacement (toute le france...) incluse. Je parle en net. Je ne sais pas combien gagne un prof, mais les gens pensent que plus et quelques uns peut-être trouvent que c'est ps juste cette différence, vu qu'ils n'ont pas la concience pour s'attaquer aux vrais responsables des salaires ci-desus indiqués.
Mais tout le monde est d'accord pour dire que on ferait n'importe quel boulot sauf prof, vu les difficultés et les emmerdes que ça comporte.
En fait, je n'ai jamais entendu parler des profs comme des privilegiés quoique quelques uns envient les longues vacances; bien que cela ne sorte presque jamais en discusion.
Tu sais que je travaille dans une petite boite, alors l'état d'esprit il est aussi etriqué et pas très porté aux bonnes idées malgré mes efforts; mais on discute rarement (au moins devant moi vu qu'ils connaissent mon opinion) des grèves des profs, sauf s'il y a un désagrement provoqué par la grève. Généralement le fait de ne pas savoir que faire des enfants. Ils se fachent un peu, cela les dérrange; mais si on les explique ils reviennent sur une reflexion plus normale. Rien de très grave, les gens savent que la grève est pour gagner quelque chose et que si on pourrait la faire sans risquer gros (ainsi ils le voient).
Le travail de explication n'est pas facile, on lutte contre beaucoup des prejugés encrés et on doit le faire peu à peu au risque de s'isoler. Mais petit à petit les gens comprenenet les choses. Ce qui manque est plus de gens parmi les travialleurs pour expliquer tout ça.



Sinon la manif parisienne n'était pas ridicule (6000 personnes à vue de nez), mais un peu molle, très peu de slogans entendus. Sauf à la fin, les gens de FO pour gueuler "unité syndicale pour le retrait du décret", tandis que quelques militants du SNES essayaient de nous faire gueuler "on veut du respect", ce qui n'a guère motivé les foules. Ah, c'est sûr que s'il n'y a pas d'autres slogans qui surgissent, de Robien n'a guère de soucis à se faire.

Un nouveau rendez-vous de manif (mais pas encore de grève) est pris pour le 20 janvier, un samedi. On verra ce qui se passe dans les établissements au retour des vacances, après "la trêve des confiseurs" (paraît-il).

Wapi
 
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Message par Puig Antich » 18 Déc 2006, 20:44

a écrit : lundi 18 décembre 2006, 18h21
Les enseignants fortement mobilisés

PARIS (AP) - Les enseignants du second degré se sont fortement mobilisés, lundi, contre le projet de décret du ministre de l'Education modifiant leur temps de service et permettant à un professeur d'être affecté sur plusieurs établissements ou plusieurs matières différentes sous certaines conditions.

L'intersyndicale -composée de 15 organisations- a comptabilisé entre 53% et 55% de grévistes en fonction des établissements, le ministère entre 23,62% et 38,94%.

Fortes de cette mobilisation, plusieurs organisations -en tête desquels la Fédération syndicale unitaire (FSU, principale fédération de l'Education)- préparent une manifestation nationale à Paris pour janvier -sans doute le samedi 20- afin de dénoncer l'ensemble de la politique éducative du gouvernement.

Le précédent mouvement de grève intersyndical dans l'Education -le 28 septembre dernier pour dénoncer les conditions de la rentrée- avait mobilisé entre 15,56% et 18,01% des enseignants dans le second degré selon les chiffres du ministère qui, à chaque mouvement, base son décompte sur la totalité des effectifs et non sur le nombre de professeurs réellement prévus dans les tableaux de service pour la journée.

A Paris, une manifestation a rassemblé lundi à la mi-journée 3.200 enseignants selon la police, 10.000 de source syndicale, entre le RER Port-Royal et les abords du ministère de l'Education. Une cinquantaine d'autres rassemblements et défilés étaient prévus dans toute la France.

Les syndicats ont ainsi compté 3.000 à 4.000 manifestants à Marseille, 1.800 à Rennes, 1.200 à Rouen, 1.000 à Toulouse, 800 à Bordeaux, entre 300 et 400 au Havre comme à Strasbourg et Colmar, 300 à Pau, ou encore une centaine à Périgueux et Bayonne.

Dans la capitale, les manifestants ont défilé derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire: "Retrait du projet de Robien sur nos services et nos statuts. Non à la dégradation des conditions d'exercice et des rémunérations. Non à la remise en cause des qualifications et du sport scolaire".

Le projet de décret vise à modifier un texte datant de 1950 et à mettre en place une nouvelle répartition des "décharges horaires" pour certains professeurs, qui peuvent actuellement se consacrer, sur leur temps de cours, à l'organisation du laboratoire pour les sciences de la Vie, ou encore à des activités avec des associations sportives pour les enseignants d'éducation physique.

Présenté en octobre dernier, le projet de décret prévoit aussi qu'un enseignant peut "compléter son service dans sa discipline, dans un ou deux autres établissements publics de la même commune ou d'une autre commune".

Il peut également "être tenu, si les besoins de service l'exigent, de dispenser un enseignement dans une autre discipline dans son établissement d'affectation", selon le texte du projet.

"Il y a là une réintroduction de la polyvalence qui passe outre l'intérêt de nos élèves et qui relève d'une logique purement comptable", a déclaré le président du Syndicat national autonome des collèges et lycées (SNALC) Bernard Kuntz, présent dans le cortège parisien. Pour lui, "l'idée qu'on puisse se servir d'un professeur comme bouche-trou pour faire n'importe quoi, n'importe comment, c'est une politique de gribouille".

"On trouve aujourd'hui un taux de grévistes qui rejoint les niveaux les plus élevés de ces dernières années, ce qui montre le degré d'exaspération", a estimé de son côté le secrétaire général de la FSU Gérard Aschieri.

Pour lui, "le projet de décret a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase après les coups portés ces derniers mois en matière de suppressions d'effectifs et de moyens par exemple. L'Education en a assez d'être la vache à lait qui permet de faire des économies". AP

god/cov/cr
Puig Antich
 
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