Paris: des associations lancent le "ministère de la Cri

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Message par Louis » 01 Jan 2007, 19:08

PARIS (AP) - Au lendemain des voeux de Jacques Chirac, qui a demandé au gouvernement d'avancer sur le droit au logement opposable, plusieurs associations de mal-logés et de "jeunes précaires" ont annoncé lundi qu'une centaine de personnes, dont une dizaine de familles, occupaient un immeuble en plein coeur de Paris, exigeant notamment la réquisition des bâtiments vides appartenant à de gros propriétaires.

"Jacques Chirac a demandé la mise en oeuvre du droit au logement opposable. Et bien Chirac décrète, et nous, nous appliquons", a expliqué avec ironie à l'Associated Press Lionel, l'un des porte-parole de "Jeudis Noirs", collectif d'étudiants et de "jeunes actifs" incapables de se loger décemment en raison de la flambée des loyers.

Ce collectif, ainsi que l'association Droit au logement (DAL) ou encore le Comité des sans-logis (CDSL) sont à l'origine de cette action.

Les occupants comptent faire du bâtiment, vide depuis trois ans et situé rue de la Banque, dans le 2e arrondissement de Paris, le "ministère de la Crise du Logement", pour faire pression sur le gouvernement et "obliger les partis" à se positionner sur la question de l'exclusion durant toute la campagne pour la présidentielle et les élections législatives.

Droit au logement explique ainsi les objectifs de cette occupation. Il s'agit en premier lieu, selon un communiqué de l'association, de "loger et reloger dans l'attente d'un logement durable des familles expulsées, chassées par la pression de la spéculation immobilière, mais aussi des étudiants, des artistes, et, c'est plus nouveau, des jeunes salariés, eux aussi frappés par la hausse incontrôlée des loyers et de l'immobilier".

En outre, les occupants veulent "organiser des actions et des initiatives pour contrer le mal-logement et la pénurie et faire de ce lieu un véritable 'QG associatif contre la crise du logement', rassembleur, ouvert, pragmatique et militant".

"Notre action s'inscrit dans la droite ligne de ce que font les Enfants de Don Quichotte. Et nous espérons tous que cette poussée formidable va permettre de faire craquer les politiques", a expliqué lundi à l'Associated Press le président de DAL, Jean-Baptiste Eyraud.

L'immeuble d'un peu plus de 1.000 m2, haut de six étages -huit niveaux en comptant les sous-sols- est situé au coeur du 2e arrondissement et appartient à la Lyonnaise des Banques. Il abritait jusqu'au 18 décembre 2003 des bureaux du CIC. Situé à deux pas de la Bourse de Paris, deux banderoles ornent désormais les façades: "Application de la loi de réquisition", "Contre la spéculation, réquisition!".

L'immeuble est en bon état. Des sanitaires en état de fonctionner sont installés à chaque étage, et il y a l'électricité.

Les premiers squatteurs sont en fait entrés dans les lieux dans la plus grande discrétion il y a une dizaine de jours, pirouette légale pour éviter tout expulsion manu militari: si les occupants sont en mesure de prouver qu'ils sont dans les lieux depuis 48 heures et qu'il n'y a pas de trace d'effraction, l'évacuation n'est plus possible sans une procédure en bonne et due forme.

La police est passée "très discrètement, une simple voiture", indique Micheline, une militante de DAL, mais les forces de l'ordre n'ont pas cherché à faire évacuer les lieux. AP
Louis
 
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Message par titi » 03 Jan 2007, 20:45

=D> c'est de l'agitation politique très sympathique !
titi
 
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Message par Puig Antich » 04 Jan 2007, 03:11

Oui. Maintenant, une brèche s'est ouverte sur cette question du logement.

La priorité numéro un, c'est de montrer en quoi le droit au logement opposable à la sauce Chirac-Villepin n'est pas un vrai droit au logement opposable.

Les deux vieux bridands font des phrases, mais léguent le dossier au gouvernement suivant, qui continuera la même politique.

En déléguant la tâche aux collectivités territoriales volontaires plutôt qu'à l'état, le gouvernement vide cette revendication de sa substance. En faisant un faux plan sur 5 ans, il essaie d'endormir les masses - et peut compter sur l'indefectible appui de marie george buffet qui voit là une première victoire (elle est moins excusable que les inexpérimentés enfants de don quichotte).

Le flambeau de ce combat vital pour la classe ouvrière doit être repris des mains hésitantes des associations pour échoir dans celles du mouvement ouvrier organisé et des forces communistes. Ce qui ne veut pas dire que les associations et le mouvement spontané n'ont pas de rôle à jouer : elles ont montré encore une fois nos cruelles défaillances à nous saisir des dossiers brulants.


- pour un vrai droit au logement opposable !
- pour la réquisition des logements vides !
- pour un plan de construction de logements à prix abordables !
- pour une conférence populaire unitaire sur le logement pour préciser les revendications et organiser un mouvement national !
Puig Antich
 
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Message par Louis » 04 Jan 2007, 03:45

a écrit :e flambeau de ce combat vital pour la classe ouvrière doit être repris des mains hésitantes des associations pour échoir dans celles du mouvement ouvrier organisé et des forces communistes


Je ne vois pas en quoi ces assos sont "hésitantes" ! En tout cas, je vois mieux en quoi elles sont "complétement en dehors du mouvement ouvrier"... Mais rien n'empéche les bonnes volontés de s'investir la dedans ! D'ailleurs, j'en connais quelques uns (on a le droit d'etre membre d'une assos et militant d'un parti d'extreme gauche, par exemple)
Louis
 
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Message par Puig Antich » 04 Jan 2007, 04:50

(Engels a écrit :" Il est clair comme le jour que l’État actuel ne peut ni ne veut remédier à cette plaie qu’est la pénurie de logement. L’État n’est rien d’autre que le pouvoir total organisé des classes possédantes, des propriétaires fonciers et des capitalistes en face des classes exploitées, des paysans et des ouvriers. Ce que les capitalistes considérés individuellement (les propriétaires fonciers) ne veulent pas, leur État ne le veut pas non plus.

Donc, si les capitalistes pris individuellement déplorent, il est vrai, la crise du logement, alors qu’on peut à peine les décider à pallier superficiellement ses plus terribles conséquences, les capitalistes pris dans leur ensemble, c’est-à-dire l’État, ne feront pas beaucoup plus. Tout au plus l’État veillera-t-il à ce qu’on applique partout uniformément le palliatif superficiel qui est devenu usuel".
Puig Antich
 
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 09:28

Puig a bien raison de rappeler ce propos d'Engels sur la "crise du logement". Avec les propos lénifiants de Chirac, on voit bien que la question est plus que jamais et urgemment politique : quel gouvernement, quel Etat prendront les mesures d'urgence permettant de répondre aux immenses besoins du prolétariat ? Cela suppose effectivement des mesures de dictature qui entaillent profondément le "droit de propriété" capitaliste, à commencer par celui des banques, assurances, trusts immobiliers, institutions financières qui contrôlent la plus grande part de la propriété foncière et immobilière. La "réquisition" pourtant permise par la loi de la Vème république n'est même pas appliquée, alors qu'il faudrait aller beaucoup plus loin : à l'expropriation de la grande propriété foncière et immobilière.

Il y a aussi dans «Le Capital» de Marx-Engels des passages lumineux sur l'absurdité de la propriété du sol au regard des besoins de l'humanité. (Le retour aux "classiques" c'est ce qu'il y a de mieux pour soigner les divagations "théoriques" et pratiques...)
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 09:38

(Louis @ jeudi 4 janvier 2007 à 03:45 a écrit :
a écrit :e flambeau de ce combat vital pour la classe ouvrière doit être repris des mains hésitantes des associations pour échoir dans celles du mouvement ouvrier organisé et des forces communistes


Je ne vois pas en quoi ces assos sont "hésitantes" ! En tout cas, je vois mieux en quoi elles sont "complétement en dehors du mouvement ouvrier"... Mais rien n'empéche les bonnes volontés de s'investir la dedans ! D'ailleurs, j'en connais quelques uns (on a le droit d'etre membre d'une assos et militant d'un parti d'extreme gauche, par exemple)

L'appel aux "bonnes volontés" c'est la charité, c'est «l'Abbé Pierre», c'est le contraire de l'action politique militante, de l'action du mouvement ouvrier organisé, syndicats et partis. Puig a tout à fait raison de dire que c'est l'absence totale des organisations du mouvement ouvrier sur ce terrain qui laisse la place à tous les "machins" caritatifs.

Il est une fois de plus affligeant de voir Louis, et la LCR bien entendu avec lui, marcher au pas de la dictature des médias-charité. Ce n'est que l'envers du soutien aux appareils du mouvement ouvrier dans leur passivité et absence totale sur ce terrain : refus de les mettre en cause, de les interpeller pour des demandes concrètes, de diriger la volonté de se battre vers la force collective existante des organisations que la classe ouvrière a constituées au cours de son histoire, autrement dit : laissons les bureaucrates dormir et endormir les masses, pendant que nous, gauchistes, nous nous agitons dans notre coin avec nos amis les "caritatifs". Lamentable !
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Message par ianovka » 04 Jan 2007, 09:48

Pour info voici un texte du congrès de LO en décembre 2005 qui colle avec l'actualité :

La présente crise du logement

Morceaux choisis :

a écrit :Sous l'angle le plus général, le problème du logement des classes exploitées est aussi ancien que l'organisation capitaliste de la société (voire, sur le fond, la société d'exploitation): « Une société ne peut exister sans crise du logement lorsque la grande masse des travailleurs ne dispose exclusivement que de son salaire... lorsque des crises industrielles violentes et cycliques déterminent, d'une part, l'existence d'une forte armée de réserve, de chômeurs, et, d'autre part, jette momentanément à la rue la grande masse des travailleurs... et que, pour les plus ignobles taudis, il se trouve toujours des locataires, lorsqu'enfin le propriétaire d'une maison en sa qualité de capitaliste a non seulement le droit mais aussi, dans une certaine mesure grâce à la concurrence, le devoir de tirer de sa maison, sans scrupule, les loyers les plus élevés. Dans une telle société, la crise du logement n'est pas un hasard, c'est une institution nécessaire; elle ne peut être éliminée, ainsi que ses répercussions sur la santé, etc., que si l'ordre social tout entier dont elle découle est transformé de fond en comble. » (Engels, La question du logement, 1887).


a écrit : Nous soutenons l'action des associations, DAL, ATD Quart-Monde et bien d'autres, qui défendent ceux qui sont frappés le plus durement par la crise du logement: ceux que l'on cherche à chasser de leur HLM pour défaut de paiement, les squatters expulsés pour donner une image d'homme d'ordre à un ministre de l'Intérieur qui ne respecte même pas la modeste loi sur le logement social dans la ville dont il était maire, ou ceux qui habitent dans des conditions innommables et dont on ne parle que lorsqu'un incendie déplace la télévision.
Mais il ne faut pas réduire la « question du logement » à ces seuls aspects, en la séparant du fonctionnement général de l'économie capitaliste. L'incapacité de la société à satisfaire correctement ce besoin élémentaire qu'est celui de se loger, même dans les pays les plus riches, est un des nombreux maux qui résultent du mode de production capitaliste.


a écrit :Si la classe ouvrière était en situation de peser sur la politique du gouvernement, elle mettrait l'accent de ses interventions dans ce domaine sur des revendications autour de deux axes:

-résoudre immédiatement le problème de ceux qui n'ont pas de logement ou qui vivent dans des taudis par la réquisition de tous les logements inoccupés, ainsi qu'une partie des surfaces habitables sous-occupées par la bourgeoisie. La pénurie de logements ouvriers n'en est une qu'à considérer intouchables les logements des bourgeois sous-occupés, voire inoccupés. Il n'y a aucune raison que des familles ouvrières s'entassent à 7 ou 8 dans des chambres insalubres, pendant que des appartements de 300 ou 400 m² sont occupés par des familles bourgeoises, voire par des personnes seules;

-imposer à l'État qu'il réquisitionne les terrains, y compris dans les quartiers bourgeois, et qu'il consacre une partie de son budget à construire des logements corrects en embauchant directement la main-d'œuvre nécessaire -ce qui permettrait de réduire le chômage- et qu'il les mette en location sans qu'une partie des loyers soit consacrée au profit des promoteurs, à la rente foncière ou aux prélèvements de multiples intermédiaires.

Il ne s'agit pas de résoudre le problème du logement pour l'ensemble des travailleurs, ce qui est impossible dans l'économie capitaliste. Il s'agit de proposer à la classe ouvrière des objectifs de lutte qui l'opposent aux véritables responsables de ses difficultés, y compris dans le domaine particulier du logement: la classe capitaliste et le gouvernement qui la représente.

Il faut surtout imposer des objectifs plus généraux: contrôle et publicité des comptabilités des entreprises, augmentation générale des salaires, échelle mobile des salaires basée sur les besoins réels, y compris le logement et le loyer, interdiction des licenciements collectifs pour les entreprises qui font des profits et répartition du travail entre tous.
"Le capital est une force internationale. Il faut, pour la vaincre, l'union internationale, la fraternité internationale des ouvriers." Lénine
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Message par meichler » 04 Jan 2007, 10:04

Comme toujours, des tas de bonnes choses, d'explications très justes, et puis... cuillérée de goudron dans le tonneau de miel :

a écrit :Si la classe ouvrière était en situation de peser sur la politique du gouvernement


Vraiment, les trotskystes n'ont-ils que cela à proposer du point de vue politique : "peser sur la politique du gouvernement" (Chirac-Villepin-Sarkozy) ? Et rien à dire sur les directions des syndicats, les partis d'origine ouvrière ?

Ne faut-il pas combattre pour un autre gouvernement ? Peut-on attendre le mois de mai ? ...et le bulletin de vote ?
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Message par Jacquemart » 04 Jan 2007, 10:23

a écrit :Ne faut-il pas combattre pour un autre gouvernement ? Peut-on attendre le mois de mai ? ...et le bulletin de vote ?

Non, bien sur, il faut faire la révolution le plus tôt possible. Et tant qu'à faire, mondiale.

Nous l'écrivons d'ailleurs chaque semaine dans notre journal, avec une efficacité qui n'est pas moindre que celle des appels de CPS à phagocyter les buureaucraties syndicales.
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