(Puig Antich @ vendredi 5 janvier 2007 à 01:21 a écrit : D'ailleurs les bolcheviks n'ont pas pris le pouvoir avec des pancartes "dictature du prolétariat", mais "tout le pouvoir aux soviets". Aprés avoir fait de l'agitation pour la "dictature démocratique des ouvriers et des paysans".
Oui bien sûr, mais Lénine a défendu bec et ongles la dictature du prolétariat, y compris contre ceux qui prétendaient la condamner au nom de la "démocratie" (bourgeoise et parlementaire). Je pense ici à «La révolution prolétarienne et le rénégat Kautsky» (1918) voir ici.
Il faut différencier les mots-d'ordre politiques d'agitation et les résolutions de congrès, les programmes de parti. Bien sûr la dictature du prolétariat ne peut jamais être un "mot-d'ordre" en tant que tel, ce serait ridicule, inefficace et sans objet. Dans les mots d'ordre, ce sont les buts et les moyens de la dictature qui sont mis en avant (l'expropriation du capital, les soviets...), c'est-à-dire ce par quoi les masses peuvent saisir la nécessité et la possibilité de la dictature sur la bourgeoisie.
Mais c'est précisément dans ses résolutions de congrès que la LCR a proclamé qu'elle renonçait à la dictature du prolétariat (alors que - faute symétrique - elle en faisait avant, par exemple dans la campagne de 1969, un "mot-d'ordre" prétenduement agitatoire, dans son délire gauchiste-guérillériste). Nul ne songerait à reprocher à la LCR de ne pas "parler aujourd'hui aux masses" de dictature du prolétariat. Mais ce n'est pas de cela qu'il s'agit. C'est d'un reniement programmatique, affirmé devant ses militants, et ce sont les "médias" bourgeois qui en donnent le sens politique, ce qui était précisément recherché par cet "abandon" spectaculaire: "enfin ils sont devenus raisonnables" (autrement dit : ils respectent désormais le cadre, "indépassable", de la société bourgeoise). C'est ainsi que la LCR prend sa (petite) place dans le concert des appareils qui chantent sur tous les tons au prolétariat la soumission à la société bourgeoise.