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[center]Des animaux clonés incapables d'attraper la vache folle[/center]
Pierre Asselin Le Soleil Le jeudi 04 janvier 2007
Des chercheurs américains ont créé, à l'aide des techniques du clonage, un premier troupeau de vaches qui est incapable de développer la maladie de la vache folle.
La compagnie de biotechnologie Hematech a annoncé avoir créé un troupeau de 12 vaches qui ne peuvent pas produire la protéine responsable de la maladie.
On a enlevé, par la technique dite du knock-out, le gène qui est responsable de la production de prions. Cette protéine cause la maladie quand une mutation l'amène à changer sa forme normale.
Selon le professeur François Pothier, de l'Université Laval, il ne s'agit pas d'une percée en soi. «N'importe qui qui connaissait le gène responsable de la production de prions aurait pu faire la même chose ici au Québec. C'est presque classique. À partir du moment où on peut faire du clonage, on peut prendre une cellule, faire sauter un gène et reproduire l'individu qui n'aura pas ce gène-là, ce qui n'était pas possible avant le clonage.»
La compagnie Hematech veut produire des médicaments pour humains, des anticorps, à partir du sang de la vache, explique le chercheur, qui a lui-même travaillé à la production de médicaments par le sperme du porc.
«C'est une bonne précaution de leur part, aux fins de production médicale, que de produire des animaux qui n'auront jamais la maladie de la vache folle. C'était presque une obligation pour eux. S'il fallait qu'ils produisent des médicaments contaminés ce serait une catastrophe.»
Cette nouvelle n'annonce toutefois pas l'arrivée des troupeaux entiers de vaches génétiquement modifiées pour les mettre à l'abri de la maladie, selon lui.
Cher et compliqué
«La maladie de la vache folle, c'est grave mais c'est pas si répandu et on attrape les animaux avant qu'il ne soit trop tard. On n'aurait donc pas intérêt à faire ça parce que ça coûterait cher et que ça serait compliqué, même si en théorie c'était possible d'avoir des troupeaux exempts de la maladie. D'ailleurs, la technique du clonage n'est pas efficace à 100 %. Pour un troupeau de quelques vaches, ça en valait le coup, mais à grande échelle c'est autre chose.»
La création de ces premiers bovins, qui auront bientôt deux ans, exempts de prions semble indiquer que les animaux peuvent vivre sans cette protéine. On ne sait encore que peu de chose sur le rôle des prions bien que certains indices laissent penser qu'ils pourraient avoir un rôle à jouer pour la mémoire à long terme.