moins de CO2 en Europe en 2050?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 10 Jan 2007, 08:26

a écrit :

Moins de CO2 pour l'UE, un vœu très pieux
La Commission européenne présente aujourd'hui son plan d'action pour réduire de 60 à 80 % les émissions de gaz d'ici à 2050.



Par Grégoire BISEAU, Sylvestre HUET
Libération: mercredi 10 janvier 2007

Le climat et l'énergie sont cruels. Révélateurs impitoyables des contradictions qui minent la construction européenne, les politiques des Etats et les visions de l'avenir. Aujourd'hui, la Commission doit adopter une «communication» en direction du Conseil européen, donc des gouvernements. Sujet : «Une politique énergétique pour l'Europe.» Objectifs : rien de moins que «la sécurité et la durabilité des sources d'énergie» mais aussi «une nouvelle révolution industrielle» permettant de «diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre de l'Europe d'ici à 2050». Et ce, alors que la Russie vient à nouveau de mettre l'Europe devant le fait accompli en coupant le robinet du pétrole à la Biélorussie, donc à la Pologne et à l'Allemagne. «Les Russes nous aident beaucoup dans la présentation de cette communication», avoue un responsable de la Commission, puisque le geste de Moscou souligne la vulnérabilité de l'Union vis-à-vis de ses fournisseurs d'énergie.

L'ambition de la Commission européenne se veut énorme ­ garantir l'avenir énergétique de l'Union tout en contribuant à relever le défi climatique ­ et va de pair avec la revendication d'un rôle majeur de la commission pour l'énergie. Elle souligne surtout les contradictions dans lesquelles s'engluent la Commission comme les Etats. Libéralisme contre intervention de la puissance publique. Fédéralisme et souveraineté des Etats. Court terme énergivore et long terme sobre. Quête de la croissance et vision édénique d'une Europe low carbon energy .


Promesse.

Obsédée par le démantèlement des opérateurs historiques publics et la création d'un marché commun de l'électricité et du gaz, la Commission s'est attachée à repeindre en vert son action. D'où le soutien aux objectifs de long terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre, à l'horizon 2050, proposés par les scientifiques : le fameux «facteur quatre». Il se retrouve donc dans le texte, avec d'autant plus de facilité que des chefs d'Etats, dont Jacques Chirac, l'ont repris à leur compte. Se projeter si loin favorise la promesse qui n'engage personne. La contradiction survient dès lors que l'on veut paver le chemin d'étapes et de mesures.

Pour parvenir à l'objectif en 2050, la Commission propose une diminution d'au moins 20 % des émissions en 2020. Mais aussi un «plan stratégique pour les technologies de l'énergie» ­ des éoliennes partout, des voitures roulant à l'hydrogène ou au biocarburant, des nouvelles centrales électriques (charbon et gaz) qui stockent leur CO2 dans le sous-sol, des réacteurs nucléaires, des panneaux photovoltaïques, des bâtiments économes en énergie, des piles à combustible pour l'électricité décentralisée.

Contradiction.

Les mauvaises langues auront déjà noté l'étonnante absence de mise en cause des transports aériens intérieurs. Ou l'insistance sur les nouveaux investissements gaziers à réaliser et de nouveaux fournisseurs à trouver (Qatar, Amérique latine) pour satisfaire la soif de gaz de l'Europe. Les mouvements écologistes ont déjà sorti l'artillerie lourde contre la perspective d'une relance du nucléaire. Mais tous auront cherché en vain les moyens permettant d'atteindre les objectifs fixés. A l'exception d'une augmentation des crédits de recherche affectés à l'énergie et de «12 démonstrations» sur des centrales électriques, des technologies de récupération et de stockage du CO2, rien ne vient donner de la crédibilité à ces objectifs. Contradiction logique : si rien n'interdit à la Commission de développer sa «vision stratégique» du futur énergétique, rien non plus ne lui donne les moyens, financiers, techniques, réglementaires ou fiscaux de la mettre en oeuvre.

Le plus grave c'est que la Commission elle-même est traversée de contradictions. Le seul intitulé de ses propositions d'action résume toutes les contorsions : «Un plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, diminuer la dépendance énergétique et stimuler la concurrence». Comme si ces trois objectifs étaient obligatoirement liés les uns aux autres.

Ecartelée. Cet aggiornamento cache en réalité une lente et inachevée évolution. Car, jusqu'en 2005, la politique énergétique de l'Union se résumait à une stricte politique de déréglementation des marchés du gaz et de l'électricité. En clair, un marché «pur et parfait» devait apporter sécurité, baisse des prix aux consommateurs et diversification des sources d'approvisionnement. Mais la hausse récente des prix de l'énergie, le premier black-out européen en septembre 2003, et enfin la crise ukrainienne ont fait (un peu) bouger les mentalités. La notion de «sécurité d'approvisionnement» s'est alors imposée à l'agenda politique de la Commission.

Ecartelée entre tous ces objectifs, la Commission ne choisit pas. Demain, Nelly Kroes, la commissaire à la concurrence, profitera de la publication de sa grande enquête sur le dysfonctionnement du marché du gaz et de l'électricité pour exiger une dose supplémentaire de libéralisation. Avec une revendication : le démantèlement des groupes intégrés comme EDF ou GDF, avec une séparation juridique totale entre la distribution et la production. Et ce malgré l'irritation de Paris et de Berlin.

Bref, la Commission continue de harceler les ex-monopoles français et les géants de l'énergie allemands (RWE, E.ON...) au nom de la concurrence, tout en suggérant que l'Europe a besoin de tels mastodontes pour négocier avec des producteurs comme Gazprom ou pour investir des milliards d'euros dans de nouvelles capacités de production. Qui plus est économes en émission de gaz à effet de serre, donc fatalement plus chères.

Il faut reconnaître que la Commission n'est pas aidée non plus par les Etats membres. Presque à chaque fois, ces derniers refusent de lâcher le moindre pouvoir en matière de souveraineté énergétique. Un seul exemple : tous les acteurs reconnaissent qu'il est urgent que l'Europe se dote d'un régulateur commun des marchés du gaz et de l'électricité. Mais ni la France ni l'Allemagne ne souhaitent lâcher du lest. L'objectif d'entendre l'Europe «parler d'une seule voix» sur le dossier énergétique , comme le revendique la Commission, risque de rester lettre morte.

canardos
 
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Message par canardos » 10 Jan 2007, 11:13

a écrit :

[center]Quand l'Europe aura trop chaud[/center]

[center]Une étude réalisée par la Commission analyse les conséquences économiques du réchauffement sur le continent. Glaçant.[/center]

Par Sylvie BRIET
Libération: mercredi 10 janvier 2007


Plus chaud au nord mais plus chaud au sud également : pour qui la hausse du thermomètre est-elle la plus désagréable ? Un document de travail réalisé par la Commission européenne pointe quelques-uns des coûts du réchauffement pour l'Europe. Les données scientifiques ne permettent pas encore une analyse complète, mais apportent quelques éléments sur l'agriculture, la santé, le tourisme, les systèmes côtiers et fluviaux. Si certaines conséquences sont positives, les effets négatifs l'emportent. Et c'est le Sud qui trinque le plus.

Tourisme.

L'agriculture, d'abord. En tablant sur une augmentation des températures de 2 °C, les premiers résultats prévoient que les récoltes de céréales diminueront de 20 % dans le Sud, à cause du manque d'eau notamment. On comprend que la presse italienne parle de catastrophe et s'alarme des conséquences économiques désastreuses pour le pays. Pareil pour la Grèce et l'Espagne. Dans le même temps, les récoltes augmenteront de 70 % au nord... Même injustice dans le secteur du tourisme : aujourd'hui, 100 millions de touristes migrent vers le Sud, où ils dépensent 100 milliards d'euros. Le flux va nettement diminuer. Mais cette mauvaise nouvelle pour le bassin méditerranéen va ravir les habitants de la Baltique. Les impacts locaux dépendront de la capacité des touristes à s'adapter au changement.

Digues.

L'augmentation du niveau de la mer, qui pourrait aller jusqu'à un mètre, va nécessiter des dépenses énormes pour tous les pays côtiers : il faudra construire des digues et renforcer les plages. Quand aux fleuves, le cas du Danube montre que le coût d'une crue pourrait augmenter de 19 % et concerner 240 000 personnes de plus que celle d'avril dernier.

Côté santé, le document prévoit 11 000 morts supplémentaires à cause de la sécheresse. Mais le bilan est négatif: à la fin du XXIe siècle, les personnes mortes de chaleur seront plus nombreuses que celles épargnées par le froid. Les espèces animales aussi devront s'adapter, et donc remonter au nord ou disparaître. Le processus a déjà commencé avec de nombreux insectes. Il est bien difficile d'imaginer les capacités d'adaptation de la faune et la flore. L'ours polaire, que les Etats-Unis pourraient inscrire sur la liste des espèces menacées, a en tout cas déjà réussi à faire bouger George Bush.

canardos
 
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