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[center][b]Si tu n’es pas mon fils, je te mange[/b][/center]
Si le mâle pense avoir été trompé, il préfère manger sa progéniture. Ainsi se comporte le mâle d’un petit poisson tropical d’Indonésie, illustrant un ressort longtemps soupçonné du cannibalisme parental.

[i]Telmatherina sarasinorum (S. Gray)[/i]
Il a déjà été démontré chez de nombreuses espèces animales que le comportement du père vis-à-vis de ses rejetons dépend de la certitude qu’il a de sa paternité. Allant plus loin, des chercheurs ont montré que, pour un petit poisson tropical d’Indonésie, ce sentiment de paternité le conduisait à plus ou moins cannibaliser sa progéniture.
La femelle Telmatherina sarasinorum, un petit poisson coloré du lac Matano, sur l’île de Sulawesi, ne mange jamais ses œufs, contrairement au mâle. La génitrice n’a évidemment aucun doute sur ses liens de parenté avec les rejetons. Le mâle, lui, est en concurrence avec les autres mâles pour fertiliser les œufs.
Suzanne Gray (Simon Fraser University, Canada) et ses collègues ont voulu vérifier que le cannibalisme du mâle était influencé par son sentiment de paternité. De fait, plus il y a de mâles concurrents au moment du frai plus le mâle cannibalise ses rejetons, ont constaté les chercheurs. Le comportement cannibale est amplifié d’un facteur trois lorsqu’un autre mâle est présent, et d’un facteur six lorsque deux mâles ou plus sont présents.
Ce comportement est d’autant plus remarquable que les poissons Telmatherina sarasinorum ne prennent pas soin de leurs petits, soulignent les chercheurs. En effet, chez les espèces dont les parents s’occupent des petits, le cannibalisme peut dépendre d’autres facteurs. La question peut être résumée ainsi : Vaut-il mieux dépenser de l’énergie à élever ses rejetons ou bien les manger pour s’assurer du succès de la prochaine période de reproduction ? La réponse dépend en partie de l’état de santé des rejetons et des ressources disponibles.
C.D.
Sciences et Avenir.com
(22/01/07)
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