Tout ce que dit Barnabé est extrêmement clair et on pourrait dire qu'il clôt le débat effectivement.
Mais je rappelle que ce fil a été ouvert sur une question qu'a posée Regivanx, en termes philosophiques. Alors je ne sais pas qui est hors sujet quand il dit que les "abstractions non pertinentes nous éloignent de la vraie question"
Il y a vraiment une ambiguité dans tous ces termes de réalité objective, vérité, vérité absolue, relative. Louis oppose même vérité "philosophique" et vérité "scientifique".
C'est vrai que cela n'est pas dans notre "genre" de parler de vérité absolue (haro sur Convive), parce que cela "fait" idéaliste et que nous sommes matérialistes, n'est-ce pas ?
En fait, on peut toujours parler de vérité, même absolue si on veut, à condition de savoir dans quel camp on se place dans la question de savoir : qu'est-ce qui est premier ? La matière ? ou l'Esprit ? (voir les premières pages du "Ludwig Feuerbach" de Engels). Et Convive me semble indéniablement matérialiste.
Concernant Regivanx, sa façon de limiter l'idéalisme à la seule affirmation de la dichotomie entre matière et esprit, et surtout la suite de ses affirmations, me laisse sceptique quant à sa réponse à cette question justement. Il dit :
a écrit :L'idéalisme se situe justement là où on prétend qu'il existe un autre monde ou les conceptes voleraient sans aucun support matériel. C'est la dichotomie entre la matière et l'esprit dont procède le formalisme. Dans la dialectique au contraire, le concept d'un objet et sa réalité effective ne font qu'un.
Effectivement, dans la dialectique, point de dichotomie ou de "dualisme". Mais pour autant, dans la dialectique peut se trouver un idéalisme (mais "moniste" et pas "dualiste") et justement c'était bien le cas de celui de Hegel, cent fois démontré comme tel par Marx et Engels.
Quand Regivanx tu dis "le concept et sa réalité effective ne font qu'un", cela ne nous dit pas si tu considère que ce "concept et cette réalité effective" se trouvent du côté de la matière ou de l'idée (ou du concept, etc.). Chez Hegel, justement, toute la réalité matérielle DECOULAIT du développement DE L'IDEE ET NON L'INVERSE, comme pour les matérialistes.
La plupart de tes affirmations dans ton post de vendredi 9 février 0:21 sonnent de la plus pure eau de l'idéalisme, qui fait décoluer la matière, et même le prolétariat des concepts - concepts qui sont des "réalités effectives" (le prolétariat n'"existe" pas, mais se "manifeste" matériellement, etc) , ou
a écrit :La réalité est constituée "d'essences" -- je vous pris d'être indulgent pour le mot -- qui sous-tendent leur réalisation matérielle. Ces essences, sont, au sens propre du mot, des abstractions, ce qui ne les empêchent pas pour autant d'être effectives.
C'est pourquoi quant Regivanx, tu parles de vrai de faux, etc. cela ne sonne pas comme on a l'habitude de concevoir, en matérialiste le vrai et le faux. Et on te tombe dessus.
D'un autre côté, ce n'est pas notre genre non plus d'être pour des vérités "relatives" parce que là aussi, cela fait celui qui ne croit pas totalement à la réalité de la matière, indépendemment de l'esprit. Le relativiste serait systématiquement celui qui douterait de cette réalité et affirmererait qu'on ne peut jamais être sûr que nos idées soient capables de dire quelque chose de la matière, vraiment, car est-on seulement sûre que celle-ci existe, etc.
Pourtant ce "relativisme" - oh le vilain mot - n'est pas rejeté non plus pas le matérialisme, ... du moment que celui-ci est dialectique. Du moment que l'on croit à l'existence de la matière indépendamment et antérieurement à l'esprit, on peut bien admettre que la connaissance de cette matière est relative, progressive (fonction du développement de nos forces productives pour nous rendre capable d'agir sur elle et en mettre au jour les lois).
Donc Regivanx, il ne suffit pas, à mon avis, de se déclarer "moniste" et dialectique (affirmer l'unicité de la matière et de l'esprit) pour arriver aux "réalités effectives" et "vraies", en tout à celles qui nous intéressent nous, bien concrètes, pour changer le monde, encore faut-il être matérialiste (affirmer l'unicité de la matière et de l'esprit en considérant que c'est la matière qui vient en premier).
Voir le très bel ouvrage de Plekhanov sur le monisme matérialiste (ou le matérialisme moniste, je ne sais plus)