en direct de l'auteure
Le huitième mort de Tibhirine.
C’est bien qu’on en parle, c’est intéressant, voire décevant de voir que l’on se contente une nouvelle fois de relancer la question du groupe de pression “Qui tue qui ?”, surtout lorsque l’on accepte d’écouter les Algériens, dont certains qui ont survécu à l’assassinat, parfois par leurs parents, de leurs parents.
Les Algériens ont parlé, continue de parler, pourquoi est-ce qu’à Paris et ailleurs en France et en Angleterre, on s’obstine à ne pas les écouter, prendre en compte leurs témoignages ?
Pourquoi est-ce que les instances de la société civile algérienne et d’ailleurs qui lutte au quotidien pour une société plus juste et plus démocratique ne reçoivent pas le plein soutien qu’ils méritent, mais souffrent d’une dislocation voulue ?
Le huitième mort de Tibhirine pose une question fondamentale, celle de la liberté d’expression, ici, Paris intra-muros, dans le hic et nunc de notre réalité de tous les jours. Fait profondément choquant que jusqu’à l’apparition du livre, aucun journaliste à su prendre sa plume pour dénoncer cette campagne calomnieuse mené contre un confrère. Mais crier sur les toits sur ce qui se passe ailleurs leur vient très facilement à l’esprit. Chacun à su trouver une raison de ne pas en parler. Pour dire que l’éthique n’a peut-être pour eux que peu de sens, ne parlons pas d’une valeur comme l’honneur et la dignité d’un être humain.
Ce livre demande une seule chose : que nous nous regardons en face, droit dans les yeux, pour demander qui suis-je face aux co-citoyens qui s’octroient le droit de bafouer le droit à la liberté d’expression d’un des leurs et dont personne ne s’en offusque ? Si déjà, nous assumions la responsabilité, chacun d’entre nous, de répondre à cette question, nous oublierions un peu les querelles inutiles que les Algériens ont si justement, avec ce sens de l’humour puisé dans la détresse que l’on rencontre souvent en Afrique, nommées le “Qui tue qui ?” Appellation qui, pour l’auteur de ces lignes, évoque l’image de têtes parlants posant cette question à répétition, peut-être pour ne pas faire une analyse de fond de l’image que certains continentaux s’obstinent à forger des Algériens, sans tenir compte de leurs témoignages, pourtant disponible pour qui veut les écouter.
À vos plumes pour un débat de fond sur ces questions qui concernent chacun d’entre nous.
Rina Sherman