Depeche AFP d'aujourd'hui
Le travail a repris mardi en Guinée, au lendemain de la nomination comme Premier ministre du diplomate Lansana Kouyaté, qui a d'emblée promis la "paix" et le "changement" dans ce pays qui tente de sortir d'un mois et demi de crise politico-sociale."Je crois que nous pourrons relever les défis de la paix, de la réconciliation et du changement", a affirmé mardi cet ancien secrétaire exécutif de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) peu après son arrivée à Conakry en provenance d'Abidjan.
"Il faut très rapidement que nous nous retroussions les manches et que nous puissions donner une chance à notre pays pour aller de l'avant", a ajouté Lansana Kouyaté.
"Je sais que la tâche n'est pas facile", a-t-il poursuivi, saluant la mémoire de "tous ceux et toutes celles qui ont perdu leur vie" pendant la crise, accompagnée d'une vague de contestation durement réprimée, qui a fait au moins 113 morts depuis janvier.
Principale cible de la contestation, le président Lansana Conté, au pouvoir depuis 23 ans, a nommé lundi ce négociateur expérimenté à la tête du gouvernement conformément à la promesse faite la veille aux syndicats et à la société civile.
De leur côté, les syndicats ont suspendu dès ce mardi la grève générale illimitée lancée le 10 janvier et réactivée le 12 février après une pause de deux semaines.
M. Kouyaté assumera la fonction de chef du gouvernement, rôle rempli par le chef de l'Etat depuis l'indépendance de l'ancienne colonie française en 1958.
Doté de ces pouvoirs élargis, le Premier ministre aura pour lourde tâche de relever un pays de 9,4 millions d'habitants riche en ressources naturelles mais au plus mal économiquement, situation encore aggravée par la crise qui a paralysé l'activité pendant plusieurs semaines.
Répondant à l'appel des syndicats, la plupart des employés des commerces, banques et administrations de Conakry ont repris le travail mardi matin, et les principaux marchés faisaient de nouveau le plein autant en banlieue que dans le centre, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Piétons, taxis et minibus de transport en commun circulaient en masse dans le centre de la capitale, où le trafic était de nouveau encombré sur certains axes.
"On est vraiment soulagé, ça fait du bien de travailler", s'est réjoui Abdoulaye Djouma, vendeur de journaux du centre-ville, qui suivait le mouvement de grève depuis janvier.
Marie-Adeline Salama, employée d'une agence de voyages, a assuré : "c'est bien mieux que de rester à la maison et de vivre au jour le jour".
"J'ai vécu à crédit pendant la grève, et le prix du pain et du riz avaient doublé, ce n'était plus possible", a-t-elle poursuivi, souhaitant que le nouveau Premier ministre puisse "au moins rétablir l'eau et l'électricité".
"Le peuple est maintenant le vrai dépositaire du pouvoir", a plaidé un fonctionnaire du ministère du Plan de retour à son bureau du centre-ville.
"M. Kouyaté devra prendre en compte cette nouvelle situation en Guinée. Il a la confiance du peuple car c'est un bon professionnel", a-t-il estimé sous couvert de l'anonymat.
Dans les principales villes de province, l'activité a repris plus timidement mais de nombreux commerces ont rouvert leurs portes, selon des habitants joints au téléphone par l'AFP.
A l'issue d'une réunion de "conciliation" convoquée dimanche par des médiateurs de la Cédéao, le chef de l'Etat, 72 ans, avait accepté de remplacer son Premier ministre Eugène Camara, dont la nomination le 9 février avait déclenché la colère des syndicats.
Le jugeant trop proche du président, alors qu'un premier accord conclu le 27 janvier avec les autorités prévoyait la nomination d'un Premier ministre "de consensus", les syndicats avaient alors réactivé leur grève.
Sans parti revolutionnaire, impossible de mener le processus de la realisation des taches democratiques jusqu'au bout, donc a sa phase socialiste. Tel est l'enseignement malheureux des derniers evenements en Guinee. Esperons que des travailleurs et jeunes sauront tirer les consequences de la trahison des bureaucrates syndicaux, alors que le gouvernement etait a genoux, pour etudier le marxisme et mettre sur pied un parti communiste.