le trafic d'ivoire menace les éléphants

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 26 Fév 2007, 21:49

a écrit :

Le lundi 26 février 2007

[center]Le carnage des éléphants africains pour leur ivoire menace l'espèce[/center]

Jean-Louis Santini
Agence France-Presse
Washington

Le carnage des éléphants africains par des braconniers pour récupérer leurs défenses et alimenter une demande d'ivoire en forte hausse, surtout en Chine, menace cet animal d'extinction, estiment des experts américains dans une étude publiée lundi.

«Le problème est d'une telle gravité que ces pachydermes pourraient être en voie d'extinction si les pays occidentaux ne réitèrent pas leurs efforts pour faire appliquer la convention internationale de 1989 qui avait permis de mettre quasiment fin au marché noir de l'ivoire quatre ans après son entrée en vigueur», insistent-ils.

Le tonnage d'ivoire de contrebande saisi en 2006 laisse penser que l'abattage des éléphants a atteint un rythme sans précédent depuis l'entrée en vigueur de cette convention, affirme Samuel Wasser, directeur du centre de préservation des espèces de l'Université de l'État de Washington et principal auteur de l'étude publiée dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences du 26 févier.

Pour l'année close en août 2006, les autorités ont intercepté près de 24 tonnes d'ivoire de contrebande. Mais dans la mesure où il est estimé que seulement 10 % sont saisis, le tonnage total est probablement de l'ordre de 234 tonnes, relève ce scientifique.

Pour un tel volume d'ivoire, plus de 23 000 éléphants ont probablement été abattus, ce qui représente environ 5 % de la population de ces animaux en Afrique (environ 500 000), précise Samuel Wasser.

L'éléphant asiatique est dans une situation beaucoup plus précaire puisqu'on en dénombre moins de 30 000.

L'intensification du braconnage des éléphants africains s'explique surtout par la croissance fulgurante de l'économie chinoise qui nourrit une forte demande pour de l'ivoire de contrebande, faisant exploser les prix et attirant le crime organisé, expliquent les auteurs de l'étude.

En 1989, l'ivoire de haute qualité se vendait pour 100 dollars le kg sur le marché noir. Ce prix a doublé en 15 ans pour atteindre 200 dollars en 2004. Mais depuis il s'est envolé, atteignant 750 dollars le kg en 2006.

«Si la mafia est responsable de cette envolée des prix, la seule façon de mettre fin à ce commerce est d'empêcher l'ivoire d'entrer sur le marché noir international», estime Samuel Wasser.

Ce scientifique et ses collègues de l'université de l'État de Washington travaillent en collaboration avec d'autres experts dans le monde et Interpol, l'organisation policière internationale, pour traquer les braconniers.

Au cours des années, Samuel Wasser et ses collègues ont établi un fichier génétique d'une variété de populations d'éléphants africains qui permet d'identifier l'origine des défenses saisies et de concentrer les efforts sur les régions en Afrique où le braconnage est le plus actif.

En juin 2002, les autorités de Singapour avaient saisi un conteneur provenant du Malawi avec 6,5 tonnes d'ivoire de contrebande destinées au marché extrême-oriental. Il s'agissait de la deuxième plus grosse prise depuis l'entrée en vigueur de la convention.

Les analyses des 67 défenses, sur les 532 interceptées, ont révélé qu'elles appartenaient à des éléphants de la savane africaine, et probablement d'une région en Zambie.

Les services de contrôle et de police ont pu ainsi identifier un grand nombre de braconniers responsables, mais à ce jour aucun n'a été poursuivi en justice, déplorent les auteurs de cette étude.

canardos
 
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Message par canardos » 27 Fév 2007, 12:24

a écrit :

[center]La génétique contre le trafic d’ivoire[/center]


Les éléphants d’Afrique sont toujours menacés par le commerce illégal de l’ivoire, avertissent des chercheurs. Grâce à des analyses ADN, ils ont pu retracer les chemins de la contrebande et montrer que des milliers d’éléphants avaient été abattus en Zambie pour fournir le plus gros stock d’ivoire saisi en 18 ans.

Difficile pour la Zambie de ne pas reconnaître que le nombre d’éléphants tués sur son territoire va bien au-delà des 135 bêtes officiellement recensées. Preuves génétiques à l’appui, des chercheurs démontrent que les six tonnes d’ivoire interceptées à Singapour en 2002 lors d’une saisie record proviennent essentiellement de la Zambie. En publiant les résultats de leurs analyses aujourd’hui dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, Samuel Wasser et ses collègues confirment que l’ADN permet de retracer efficacement les chemins de la contrebande d’ivoire.

L’équipe de Wasser (Center for Conservation Biology, University of Wasinhgton, USA) a mis au point une carte des spécificités génétiques des éléphants d’Afrique à partir d’échantillons de peau ou de fèces. En juin 2002, la police a saisi 532 défenses d’éléphants, correspondant à 3.000 à 6.500 éléphants abattus, ainsi que 40.000 hanko, des sceaux en ivoire très prisés au Japon. Il s’agissait de la plus grosse saisie depuis l’interdiction du commerce de l’ivoire en 1989. La cargaison avait quitté le Malawi pour l’Asie du Sud-Est.

Wasser a appliqué sa méthode de ‘’traçabilité’’ pour identifier l’origine des éléphants. Regroupant les défenses selon leurs caractéristiques, il a analysé l’ADN de 67 d’entre elles. Les résultats préliminaires publiés il y a deux ans indiquaient que les défenses venaient de la savane, non de la forêt. Affinant son analyse, Wasser affirme maintenant que cet ivoire illégal provient d’une zone limitée du sud de l’Afrique centrée sur la Zambie.

Ces résultats ont permis à la police d’identifier certains responsables mais aucun n’a encore été poursuivi, indique Samuel Wasser. La Zambie n’a pas les moyens de lutter efficacement contre le trafic de l’ivoire, regrette le chercheur. En novembre 2002, pour la première fois depuis 1997, Le Botswana, l'Afrique du sud et la Namibie ont été autorisés par la CITES* à vendre une quantité donnée d’ivoire pour alléger leurs stocks. La demande de la Zambie avait alors été refusée car la CITES estimait que le pays n’avait pas la capacité d’encadrer ces ventes légales. La précédente autorisation de déstockage, en 1997, avait en effet entraîné la reprise de la contrebande.

Selon les statistiques avancées par les chercheurs, les autorités ont saisi 24 tonnes d’ivoire de contrebande entre août 2005 et août 2006. Sachant qu’il est communément admis que 10% seulement du trafic est intercepté, la réalité se situerait plutôt autour de 234 tonnes –ce qui représenterait 23.000 éléphants tués, a calculé Wasser. La population d’éléphants africains est estimée entre 400 et 600.000 individus.

La tentation du trafic est forte : le prix du kilogramme d’ivoire est passé de 100 dollars (76 Є) en 1989 à 200$ (150 Є) en 2004 et a atteint 750$ (570 Є) l’année dernière, soulignent les chercheurs.

Cécile Dumas
Sciences et Avenir.com
(27/02/07)

*Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction

canardos
 
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Message par canardos » 03 Mars 2007, 08:01

a écrit :

Faune. Saisie record à l'heure de l'engagement sur la protection des espèces.
Clairs-obscurs nippons sur le marché noir de l'ivoire



Par Michel TEMMAN
LIBERATION : mardi 27 février 2007
Tokyo de notre correspondant

Le stratagème était presque parfait. Hiroyuki Tada, 42 ans, et son frère Daisuke, 28 ans, avaient tout prévu. En août 2006, la cargaison qu'ils importent par cargo au nom d'une société, a quitté la Malaisie. Elle transite par la Corée du Sud, avant d'arriver à bon port à Osaka. A la douane, sur les papiers, tout paraît clair. Le chargement, est-il indiqué, contient du faux marbre, bon marché car artificiel. Mais durant l'inspection, des détails bizarres attirent l'attention des douaniers. La marchandise a été littéralement «déguisée», expliquera la police. La supercherie est démasquée. Le faux marbre n'est autre que de l'ivoire brut. Au total, la cargaison pèse 2,8 tonnes. Soit l'équivalent d'au moins 200 éléphants tués. La plus grosse prise au Japon depuis l'entrée en vigueur de la Convention de Washington en 1989 et une saisie de 2 tonnes, en 1991, à Okinawa.

Filière. Curieusement, en ce mois d'août 2006, les autorités nipponnes taisent l'affaire. Pas une ligne non plus dans la presse. Faut-il d'abord que la police nipponne mène l'enquête et démasque les coupables ? Non. Une contrebande de 2,8 tonnes d'ivoire, cela fait tache à l'heure où le Japon négocie un «partenariat commercial» auprès de la Convention sur le commerce international des espèces protégées (Cites.) Car, depuis des années, la filière nipponne tente de faire main basse sur d'importantes réserves de stocks d'ivoire.

Désaveu. La spectaculaire prise d'Osaka (estimée à 3 à 4 millions d'euros) n'est révélée que deux mois plus tard. «La saisie a eu lieu en août, mais les faits n'ont été divulgués officiellement qu'en octobre. Un délai qui a laissé le temps au Japon de négocier son partenariat. Cela soulève d'importantes interrogations sur l'ambiguïté des autorités japonaises», a constaté une déléguée de l'Ifaw (Fonds mondial pour la protection des animaux.)

Car, entre temps, la Cites a voté contre l'autorisation de vendre les stocks, mais a curieusement cédé au pays un statut d' «acheteur agréé». Une décision très critiquée. Du coup, la saisie d'ivoire d'Osaka a été perçue comme un désaveu des choix de la Cites. Ses responsables avaient estimé, l'an passé, que le Japon n'était plus guère impliqué dans le commerce de l'ivoire. Un conservateur estime aujourd'hui que l'archipel demeure, au contraire «l'un des pires marchés noirs de l'ivoire».

La Convention sur le commerce international des espèces protégées a dû exiger des Japonais une sanction sévère à l'égard des frères Tada. Début février, ils ont été finalement arrêtés et risquent une lourde peine de prison. Clairement, pour les détracteurs du commerce, accepter l'envoi d'ivoire au Japon, même en faible quantité, c'est soutenir la loi locale de l'offre et de la demande et encourager un commerce clandestin qui, depuis 2002, s'intensifie. Depuis 1999, plus de 100 tonnes d'ivoire (l'équivalent de 15 500 éléphants) ont été saisies dans le monde, dont une partie en Asie, principalement alimentée par l'Afrique australe.

Il est vrai qu'au Japon (comme en Chine, où 3,9 tonnes ont été saisies à Hongkong en mai 2006, ou encore à Taiwan, où 5 tonnes d'ivoire l'ont été deux mois plus tard, lire Libération du 12 juillet 2006), c'est l'utilisation de l'ivoire au quotidien, au nom de traditions et de coutumes, qui perpétue le commerce. Second importateur d'ivoire avant le moratoire de 1989, le Japon l'utilise pour la fabrication des hanko, ces sceaux avec lesquels les Japonais cachettent leurs lettres et documents officiels. Selon une ONG, la saisie d'Osaka aurait permis de tailler 80 000 hanko. Et à Tokyo, un sceau en ivoire coûte en moyenne, selon l'épaisseur, de 40 à 150 euros. Alors que les modèles laqués, en bois ou plastifiés sont moins chers et font eux aussi l'affaire...

Car c'est l'artisanat qui est aussi mis en cause. Outre le retour (à la mode) d'objets en ivoire que les Japonaises appliquent sur leur obi (ceinture de kimono), le pays redécouvre avec passion l'art d'antan des figurines. Les netsuke et autres okimono, statuettes délicates et miniatures en ivoire puisant leurs influences dans le panthéon des divinités bouddhiques ou dans les légendes animales, ravissent passionnés et collectionneurs.

Pas seulement au Japon, d'ailleurs. En Europe aussi, puisque, depuis le début du XXe siècle, ces pièces en ivoire sont très prisées et peuvent valoir des fortunes. En France, au sein du réseau des salles de vente, Drouot est très active. Sur le marché, le prix d'une pièce peut varier de 150 à 20 000 euros. Comme cet okimono en ivoire adjugé en juin dernier 18 498 euros à un collectionneur français.
Flambée. En fait le commerce juteux de l'ivoire, tenu en Asie par des gangs mafieux et milieux d'affaires très organisés, semble aussi difficile à maîtriser que le braconnage. C'est aussi parce que l'ivoire, plus rare, y est désormais plus prisé. C'est d'ailleurs ce qu'illustre la flambée de ses prix de gros. Alors qu'il y a quinze ans, un kilo d'ivoire brut était vendu en Asie près de 100 dollars US, il s'échange aujourd'hui au moins à 750 dollars US (570 euros). Des prix qui ne laissent aucun répit à des éléphants sans défense.

canardos
 
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